Guerre en Ukraine: La faute à Poutine ou à la Russie ?

Guerre en Ukraine: La faute à Poutine ou à la Russie?

Le débat qui s’est ouvert en Ukraine, en Pologne et dans les pays baltes, sur les conséquences que pourrait avoir une défaite de la Russie après son agression du 24 février, pose la difficile question de la responsabilité collective, estime, dans sa chronique, Sylvie Kauffman, éditorialiste au « Monde ».

 

Il y a eu un moment difficile, samedi 10 septembre, à Kiev, à la fin d’une conférence de haut niveau sur l’Ukraine, Yalta European Strategy, organisée par la Fondation Pinchuk. Le ministre de la défense, Oleksii Reznikov, était à la tribune, presque exubérant ; la contre-offensive des forces ukrainiennes commençait à progresser de manière spectaculaire sur le front et l’on débattait de la forme que pourrait prendre une victoire sur la Russie. L’ancien ambassadeur allemand Wolfgang Ischinger, longtemps président de la Conférence de Munich sur la sécurité, s’est levé et a suggéré que l’on pense, au-delà de la victoire, à organiser la paix. Il a cité l’exemple de son pays, vaincu en 1945, mais invité, à peine quelques années après, à rejoindre ceux qui sont aujourd’hui ses alliés. Réfléchissons aussi, a-t-il avancé, « à la réconciliation ».

 

Un froid poli a accueilli sa proposition. Puis l’ex-présidente d’Estonie Kersti Kaljulaid s’est levée à son tour et l’a, gentiment mais fermement, recadré. « Ce que vous décrivez, a-t-elle dit, s’est passé après que l’Allemagne a été jugée. C’est l’erreur qui a été commise avec l’Union soviétique : les Soviétiques n’ont jamais eu à répondre de ce qu’ils ont fait – et c’est pour ça que l’on se trouve aujourd’hui dans cette situation. L’Allemagne a fait ce qu’il fallait, et j’espère vraiment que la Russie suivra ce chemin. » Tonnerre d’applaudissements dans la salle.

En quelques phrases, Mme Kaljulaid, 52 ans, venait de résumer un sentiment qui monte au sein des élites ukrainiennes, mais aussi polonaises et baltes : dans cette guerre lancée le 24 février par la Russie contre l’Ukraine, une victoire militaire sur l’agresseur ne suffira pas. Il faudra, bien sûr, imposer des réparations. Il faudra aussi que la justice internationale fasse son œuvre, puisque le droit international a été violé ; le débat déjà fait rage, entre le recours au Tribunal pénal international, que les Etats-Unis ne reconnaissent pas, et la création d’un tribunal spécial chargé de juger le crime d’agression. Mais, au-delà de la procédure, la question posée dans ces pays qui ont été victimes de l’URSS ou de son héritière, la Russie – voire des deux, comme l’Ukraine –, est celle de l’accusé.

Est-ce Vladimir Poutine qui dirige la Russie d’une main ferme depuis vingt-deux ans ? Est-ce son équipe ? Est-ce le système ? Est-ce la Russie ? Ou bien est-ce la population qui, pour autant que l’on puisse croire les études d’opinion, soutient majoritairement cette guerre ? Cette guerre, d’ailleurs, souvent qualifiée de coloniale ou d’impériale, est-elle la guerre de Poutine ou la guerre de la Russie ?

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