La corruption politique est contagieuse !

La corruption politique est contagieuse !

 

Une étude de la Barcelona Graduate School of Economics montre que la révélation de scandales politico-financiers augmente les vols… dans les supermarchés, rapporte, dans Le Monde, l’économiste Pauline Grosjean.

 

« Panama Papers », puis « Pandora Papers » dénonçant l’évasion fiscale à grande échelle, utilisation d’argent public à des fins personnelles, emplois fictifs : les révélations de scandales de corruption visant les personnalités politiques abondent dans les médias. Au-delà des appels (souvent sans suite) aux réformes des systèmes fiscaux et financiers et des gesticulations politiques invoquant la « République exemplaire » ou dénonçant la « corruption du système », quel est l’impact de ces scandales sur les valeurs morales et le comportement des citoyens eux-mêmes ? Comment le contrat social résiste-t-il face à ces mises en exergue des privilèges, passe-droits et appropriation de biens publics par certains de nos représentants ?

Répondre à cette question est éminemment difficile. D’abord, il faut pouvoir mesurer la réponse des citoyens. Puis il faut s’assurer qu’un changement de comportement est causé par ces scandales politico-financiers plutôt que par d’autres événements survenant au même moment. Par exemple, observer que l’évasion fiscale des contribuables suit la même évolution que l’évasion fiscale des personnalités politiques n’établit aucun lien de cause à effet : cela peut simplement être dû au fait que les cabinets d’avocats des paradis fiscaux deviennent plus performants pour recruter leurs clients…

Une étude récente parvient cependant à établir que la corruption politique écorne bel et bien le contrat social (« Contagious Dishonesty : Corruption Scandals and Supermarket Theft », Giorgio Gulino et Federico Masera, Working Paper n° 1267, Barcelona Graduate School of Economics, 2021). Les auteurs ont observé les vols dans une grande chaîne de supermarchés italienne en ayant accès à 260 000 contrôles réalisés auprès des clients.

Pour que l’acheteur économise du temps (et le supermarché des coûts de personnels), il peut scanner lui-même ses achats avec un scanner portatif. Les clients peuvent commettre des erreurs, en scannant le mauvais objet ; ils peuvent aussi voler, en scannant systématiquement des produits moins chers. De façon aléatoire, le supermarché effectue (rarement) des contrôles. Ces contrôles révèlent 6 % de cas dans lesquels les clients ont commis des erreurs en scannant plus que la valeur de leur chariot, et 14 % de cas dans lesquels ils ont scanné moins que la valeur de leur chariot – la différence de proportion entre ceux qui se trompent dans un sens ou dans l’autre pouvant être imputée à un comportement de vol.

Les auteurs ont alors observé le comportement des clients lorsque des scandales de corruption sont révélés dans les journaux. En utilisant uniquement les scandales locaux et en comparant le comportement des clients originaires des villes où un scandale a éclaté par rapport au comportement, le même jour et parfois dans le même supermarché, de clients originaires de villes « sans scandale », les auteurs montrent une augmentation significative des vols corrélée au scandale de corruption. Ils estiment que la probabilité de vol augmente de 30 % pendant au moins quatre jours après la révélation du scandale. Plus l’affaire est grave et plus les journaux locaux donnent de l’importance aux affaires de corruption (par exemple, les jours où il n’y a pas de match de football), plus les clients volent !

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