Sécheresse : Une autre gestion de l’eau potable

Sécheresse : Une autre gestion de l’eau potable

 

Dans une tribune au « Monde », l’économiste Alexandre Mayol et le professeur en sciences de gestion Simon Porcher mettent en exergue deux enjeux économiques majeurs face à la sécheresse qui sévit : la construction du prix de l’eau en France et la mesure de sa consommation réelle par les ménages.

 

Une tribune intéressante mais qui ne pose pas avec suffisamment de clarté la perspective de séparation de l’eau potable destinée aux besoins alimentaires et celle de l’eau destinée à d’autres usages. NDLR 

 

Alors que la France fait face à l’une des plus grandes sécheresses de son histoire moderne, les propositions de mesures pour limiter la consommation d’eau se multiplient. Eric Piolle, maire de Grenoble, a suggéré de mettre en place une tarification progressive, avec un prix de l’eau qui augmenterait en fonction de la consommation. Plus récemment, Julien Bayou, député de Paris, a proposé d’interdire les piscines privées en cas de sécheresses répétées.

La gestion de l’eau est un sujet de débat récurrent. En 2021, une commission d’enquête parlementaire, créée par le groupe La France insoumise, a formulé 76 propositions pour améliorer la gestion de l’eau en France. Dans un contexte d’urgence environnementale, il faut activer des leviers efficaces pour agir à la fois sur l’offre et la demande d’eau potable.

Selon l’Observatoire national des services publics de l’eau et de l’assainissement, 20 % de l’eau produite sont perdus chaque année, en raison de fuites sur les réseaux de distribution. Cela représente 1 milliard de mètres cubes d’eau, soit la consommation annuelle de 18 millions d’habitants. Le réseau d’eau potable a été développé au cours de la première moitié du XXe siècle. Depuis, certains réseaux ont été largement renouvelés tandis que d’autres sont devenus vétustes, particulièrement dans les zones rurales. Il apparaît urgent, non seulement de réduire les fuites, mais d’investir également pour intégrer les nouvelles technologies de recherche de fuites sur l’ensemble des réseaux. . Quelques leviers devraient être activés rapidement pour améliorer la qualité du réseau : obligations réglementaires d’un taux de fuite minimal à atteindre au terme d’un délai fixé par la loi ; assortir le non-respect de ces délais de sanctions dissuasives pour inciter à ces investissements.

L’innovation est un enjeu essentiel de l’amélioration de l’offre. Les deux plus grandes entreprises mondiales de gestion de l’eau sont françaises [Veolia et Suez] et ont autour d’elles un écosystème d’hydroentrepreneurs. Face à la raréfaction de la ressource en eau, il faut investir dans les technologies de dessalement de l’eau, dans la géo-infiltration, qui consiste à réinjecter de l’eau d’une nappe à l’autre, ou encore dans l’économie circulaire de l’eau. La valorisation des eaux usées, pour un usage agricole par exemple, est un bon moyen de diminuer les tensions sur les milieux naturels. Les solutions développées spécifiquement pour certains territoires en France et l’expérience des pays touchés par un manque d’eau, comme Singapour, doivent être sources d’inspiration.

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