Sécheresse : Pour une évolution durable de l’agriculture

Sécheresse : Pour une évolution durable de l’agriculture

 

Treize universitaires appellent, dans une tribune au « Monde », le gouvernement à sortir d’une gestion de crise perpétuelle du secteur de l’élevage et à orienter la consommation vers d’autres produits, moins gourmands en eau. Ils prônent une évolution durable de l’agriculture, loin du modèle actuel.

 

Le problème sera évidemment celui de la transition car on ne saurait passer  brutalement d’un modèle quasi industriel d’agriculture à un modèle plus proche du maraîchage NDLR

 

Il fait chaud et sec depuis des mois… La sécheresse, qui sévit encore dans une grande partie de l’Europe, sera  la pire depuis le début des relevés, en 1959, et peut-être même depuis cinq cents ans. Alors que ces épisodes restaient localisés sur certains bassins-versants en fin d’été, ils sont devenus plus fréquents et plus étendus. De la Norvège à l’Espagne, les fleuves rétrécissent, les lacs se vident, les nappes phréatiques s’abaissent. Si les humains continuent à émettre des gaz à effet de serre au rythme actuel, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévoit une augmentation de la température de 3,9 °C d’ici à 2050, qui causerait des sécheresses de cette ampleur au moins une année sur deux.

Parmi les victimes : l’élevage. Selon les statistiques du ministère de l’agriculture, le déficit de récolte des prairies était de 21 % au 20 juillet 2022, mais, depuis, la sécheresse s’est accentuée, induisant plus de pertes. En août, les éleveurs donnent déjà au bétail la nourriture prévue pour l’hiver. En ajoutant la hausse des prix des engrais, des céréales et des oléoprotéagineux renforcée par l’invasion russe en Ukraine, la situation devient intenable pour les éleveurs français dont une partie pourrait disparaître faute de pouvoir compenser l’augmentation des prix de production.

Faudrait-il alors augmenter les subventions pour le secteur de l’élevage ? La politique agricole commune (PAC) lui consacre déjà des sommes considérables sans modifier le système de production en profondeur.

L’élevage, déjà critiqué d’une part pour sa forte contribution aux émissions de gaz à effet de serre (méthane) et d’azote (ammoniac, nitrates) et d’autre part pour sa faible efficience protéique, est maintenant fragilisé par la sécheresse. Par exemple, la production de 1 kilo de protéines de viande bovine française demande en moyenne 12,5 kilos de protéines végétales. Pour le porc, dont l’essentiel de la ration est comestible pour les humains, 1 kilo de protéines animales requiert l’utilisation de 2,4 kilos de protéines végétales. Il en résulte un fort prélèvement de ressources, un besoin accru d’eau et de surface. Ainsi, selon Greenpeace, 71 % des terres agricoles européennes servent à nourrir le bétail.

En France, les céréales accaparent 71 % des surfaces agricoles irriguées. Et le maïs, à lui seul, utilisé surtout pour nourrir les animaux, en occupe la moitié. Quant aux prairies, leur arrosage a triplé depuis dix ans. L’alimentation des vaches laitières comprend de l’herbe (36 % en moyenne), mais aussi du maïs fourrager (42 %), des céréales et des oléoprotéagineux, dont le soja, ainsi que divers compléments alimentaires (22 %). Or, ces végétaux ont besoin d’immenses quantités d’« eau bleue » issue de prélèvements dans les nappes phréatiques, les rivières, les fleuves et les retenues d’eau. Alors qu’il suffit de 38 litres d’eau bleue pour faire pousser 1 kilo de haricots, il faut en prélever en moyenne 315 litres pour produire 1 kilo de bœuf et 406 litres pour 1 kilo de porc français.

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