Royaume-Uni : Liz Truss condamnée au grand écart et à l’échec
Le politiste Brett Meyer, Chercheur invité au Tony Blair Institute, estime, dans une tribune au « Monde », que le principal défi à relever pour la nouvelle première ministre britannique sera de conserver le soutien des électeurs de gauche conquis par son prédécesseur, Boris Johnson.
Une sorte de de grand écart difficile à tenir surtout face aux différentes crises que connaît le Royaume-Uni. Cette posture encore plus contradictoire celle de Boris Johnson pourrait la conduire à l’échec. NDLR
Après huit longues semaines de campagne, de réunions et de luttes intestines chez les tories, Liz Truss est désormais la 56e première ministre du Royaume-Uni. Lors de sa campagne, elle a promis des baisses d’impôts pour stimuler la croissance économique. Cette promesse centrale dans son programme lui a permis de remporter les suffrages des membres du Parti conservateur. Cependant, elle contraste fortement avec la politique de son prédécesseur, Boris Johnson, qui s’était attaché à augmenter les aides publiques aux régions défavorisées du pays.
Aussi la stratégie de Liz Truss n’est-elle pas sans risques. Elle pourrait, notamment, repousser les électeurs qui se positionnent à droite sur le plan culturel, mais à gauche sur le plan économique. Or, c’est en particulier grâce à eux que les tories ont décroché une majorité de quatre-vingts sièges à la Chambre des communes aux législatives de 2019.
Traditionnellement, les élections britanniques se jouent sur des questions économiques ; l’électorat de gauche vote pour le Parti travailliste (Labour) et celui de droite pour le Parti conservateur. Mais le Brexit et sa promesse de « reprendre le contrôle » des frontières et des lois du pays ont largement séduit les Britanniques, qui se situent culturellement à droite. Parmi eux, beaucoup défendent des valeurs économiques de gauche et votent habituellement Labour.
Après le Brexit, les experts ont parlé d’un réalignement de la politique britannique : au lieu de s’opposer sur des questions économiques, les deux grands partis le faisaient désormais sur des valeurs culturelles. Le Parti travailliste est devenu le parti des citadins cosmopolites et progressistes, le Parti conservateur celui des habitants des petites villes et des zones rurales, également plus patriotes.
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