La politique monétaire classique risque de provoquer une crise de la dette

La politique monétaire classique risque de provoquer une crise de la dette 

 

L’économiste Laurence Scialom appelle, dans une tribune au « Monde », à un aggiornamento de la doctrine anti-inflation des banques centrales pour faire face aux investissements nécessaires à la « reconstruction » d’une économie décarbonée.

 

Le grand retour de l’inflation renoue avec le narratif des années 1970 : choc énergétique, stagflation, boucle prix-salaires… Mais c’est faire fi des profondes mutations socio-économiques qui séparent nos deux périodes et de leur impact majeur sur les processus inflationnistes : désindexation et individualisation des salaires, concentration industrielle, libéralisation des marchés et situations de rente (dans la finance, le numérique, le secteur pharmaceutique, les énergies fossiles, etc.). C’est aujourd’hui davantage dans une boucle prix-profits que dans une boucle prix-salaires que s’entretient la dynamique inflationniste.

L’histoire que l’on se raconte aurait peu d’importance si elle ne conditionnait pas la tentation de renouer avec les vieilles recettes économiques et monétaires, aujourd’hui inappropriées, qui y sont associées.

L’inflation que nous vivons est appelée à durer. Certes, la sortie de la phase aiguë de la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ont nourri les hausses de prix par leur impact sur la désorganisation des chaînes de valeurs et sur le prix de l’énergie et des céréales. Mais elles révèlent également des fragilités préexistantes et structurelles. Les racines de l’inflation actuelle sont largement non monétaires.

Dans les années 1970, l’accélération de l’inflation avait été le révélateur de la crise du régime de croissance des « trente glorieuses », amorcée dès les années 1960 par la baisse de la productivité. Aujourd’hui, l’inflation est de nouveau un symptôme, celui de la fin annoncée du régime de croissance financiarisé, globalisé et réputé autorégulé qui s’était installé précisément en réponse à la crise des années 1970.

L’inflation est l’une des expressions macro-économiques des tâtonnements vers un nouveau régime susceptible de surmonter les incohérences et l’insoutenabilité environnementale du modèle néolibéral. Les distorsions de prix relatifs reflètent les ajustements des prix aux pénuries sectorielles (énergies, produits agricoles, composants-clés de l’industrie du numérique, etc.), souvent favorisées par le dérèglement climatique.

Cette idée d’une inflation d’origine climatique est partagée par certains banquiers centraux. Isabel Schnabel, membre du directoire de la Banque centrale européenne, met l’accent sur plusieurs sources d’inflation liées au climat, notamment ce qu’elle a qualifié, lors d’un séminaire à Francfort, le 17 mars, d’« inflation climatique » et de « fossilflation » (« Monetary Policy and Climate Change »). La première désigne les impacts du réchauffement climatique sur l’activité économique et financière qui accroissent l’inflation (baisse des rendements agricoles, de la productivité, perturbations des chaînes d’approvisionnement…). La seconde traduit notre dépendance aux énergies fossiles, dont les prix sont appelés à rester élevés.

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