Pékin -Moscou: Même dictature de la pensée

 Pékin -Moscou: Même dictature de la pensée 

 

Les autocraties se défendent en vantant les mérites de la « rééducation » des peuples ou des pays déviants. Une expression qui renvoie aux pires moments du stalinisme et du maoïsme, explique, dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde ».

 

Les situations sont différentes, mais les mots sont les mêmes et l’intention semblable. Moscou veut « dénazifier » l’Ukraine. Comprendre : « russifier » ou « rerussifier » ce grand voisin du Sud tenté par « l’occidentalisation » – mal absolu, selon Vladimir Poutine. Et Pékin, de son côté, prévoit de « resiniser » Taïwan, accusé de dérive antichinoise. Ce n’est pas seulement l’autonomie ou l’indépendance de facto de l’île qui est visée, mais, d’abord et surtout, sa pratique de la démocratie, « à l’occidentale ».

Les autocraties se défendent en vantant les mérites de la « rééducation » des peuples ou des pays déviants. L’expression renvoie aux pires moments du stalinisme et du maoïsme – les camps et la terreur. Mais les héritiers du pouvoir à Moscou et plus encore à Pékin croient dans l’ingénierie politico-psychologique, la manipulation des esprits par la force. On peut former un homme nouveau, forcer les consciences et lessiver les cerveaux, en somme faire d’un soi-disant « Ukrainien » un bon Russe, et d’un Ouïgour un grand Han (ethnie dominante en Chine) ! Mauvais souvenirs.

Poutine disait en février que l’Ukraine, terre de culture russe au sens large, était en passe d’être dérussifiée et, selon lui, tant d’ingratitude justifiait la guerre – les milliers de morts, les millions de réfugiés, la destruction de l’économie de ce voisin que l’on assure chérir ! Dans les 20 % de l’Ukraine aujourd’hui conquis par la Russie, on s’attache à « rééduquer ».

 

Fini l’ukrainien, il n’y a plus qu’une seule langue, le russe, qu’une seule devise, le rouble, qu’un seul mot d’ordre : « Nous formons un peuple unique. » Les panneaux de signalisation sont en russe. Le réseau téléphonique ukrainien est condamné, les territoires occupés sont raccordés au réseau de la Russie. On va changer les livres d’histoire, place aux manuels scolaires importés de Moscou. Internet est censuré. Aujourd’hui exilé, Dmytro Butriy, ancien fonctionnaire de la mairie de Kherson, cette ville du sud du pays capturée dès le début de la guerre, dit au Financial Times (du 5 août) : « Toutes leurs actions n’ont qu’un objectif, détruire l’identité ukrainienne. »

Tristement célèbres pour avoir été testés en Tchétchénie, des « camps de filtration » se chargent de « trier » parmi les Ukrainiens occupés. Citant des témoignages recueillis sur place par la presse ou auprès de diplomates occidentaux et d’ONG, le New York Times (du 1er août) décrit le sort réservé aux éléments jugés irrécupérables : « Enlèvements, tortures et exécutions de responsables politiques et culturels ukrainiens. »

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