Archive mensuelle de août 2022

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Énergie : un risque systémique

Énergie : un risque systémique

 

 

Les trois économistes à l’institut Bruegel Ben McWilliams, Simone Tagliapietra et Georg Zachmann appellent, dans une tribune au « Monde », à un accord historique des pays de l’Union européenne sur l’énergie créant « un grand marché » pour mettre en échec le chantage énergétique de Poutine et, à long terme, réduire la consommation de combustibles fossiles.

 

Un article intéressant qui évoque un risque systémique notamment économique et politique pour l’Europe. Ce risque est  cependant sans doute encore plus grand nombre de pays en développement plus fragiles économiquement et démocratiquement. NDLR

L’Europe se trouve au milieu d’une tempête énergétique sans précédent. Au cours des derniers mois, trois chocs simultanés ont poussé l’Union européenne (UE) vers la pire crise énergétique qu’elle n’ait jamais connue.

Le premier choc, qui affecte les marchés mondiaux de l’énergie, est une séquelle de la pandémie. Au plus fort de la crise due au Covid-19, en 2020-2021, les investissements dans le pétrole et le gaz ont fortement diminué, entraînant un profond déséquilibre entre l’offre et la demande d’énergie. Dès lors, tous les marchés des carburants ont connu une pénurie d’approvisionnement et des prix élevés.

Ensuite est venu le choc russe, qui a commencé bien avant l’invasion de l’Ukraine, le 24 février. La Russie a manipulé les marchés européens du gaz naturel depuis l’été 2021, en réduisant considérablement ses exportations et en ne remplissant pas les sites de stockage appartenant à Gazprom dans l’UE.

Depuis le printemps, la Russie se sert de ses approvisionnements restants comme d’un levier pour obliger les différents pays à assouplir les sanctions sur les transactions financières et les technologies. Depuis début juillet, elle n’envoie plus qu’un tiers des volumes prévus. Les prix du gaz dans l’UE ont par conséquent plus que décuplé et les gouvernements européens essaient de protéger les consommateurs contre ce choc tarifaire, en distribuant des milliards de subventions.

Enfin, plusieurs fâcheuses coïncidences ont aggravé la situation énergétique déjà tendue en Europe.

Des problèmes de corrosion ont poussé la France à fermer la moitié de ses réacteurs nucléaires, augmentant les besoins en gaz pour la production d’électricité. Une grave sécheresse a fait baisser les rivières et les lacs européens à des niveaux extrêmement bas, compromettant non seulement la production d’hydroélectricité, mais aussi les centrales thermiques, qui ont un besoin de refroidissement, ainsi que les centrales au charbon, qui dépendent des voies navigables pour acheminer le charbon.

En raison de ces trois chocs, l’Europe ne disposera pas, au cours de l’hiver 2022, de suffisamment d’énergie pour répondre à la demande. Cela représente le plus grand risque systémique pour l’Europe à l’heure actuelle, tant du point de vue économique que politique.

Une crise énergétique désordonnée n’entraînerait pas seulement l’UE dans une spirale de récession économique et de tensions sociales, mais exposerait son unité politique au risque de protectionnisme énergétique. Cela affaiblirait sa politique étrangère, et notamment sa position contre l’agression russe en Ukraine.

La bataille de l’inflation et le risque de récession

La bataille de l’inflation et le risque de récession

 

Si le bilan des banques centrales pour la décennie écoulée appelle légitimement la critique, il n’y a pas d’alternative à la hausse des taux pour contrer la montée des prix. Mais elle devra être administrée avec le souci d’éviter une casse sociale qui la rendrait inacceptable estime papier du Monde.

 

Une évidence car le choix est dans le dosage de l’évolution des taux d’intérêt et de la justice sociale. Sinon trop inflation et trop de taux risquenet  de tuer la consommation, la croissance et l’emploi NDLR

La quiétude cossue de Jackson Hole, dans le Wyoming, risque de détonner avec la tension entourant la réunion annuelle des banquiers centraux qui y est prévue du 25 au 27 août. Ces derniers sont aujourd’hui la cible de toutes les critiques, faute d’avoir anticipé le retour tonitruant de l’inflation, au sortir de la crise provoquée par la pandémie de Covid-19. Ils sont accusés d’avoir laissé s’échapper hors de la cage des taux directeurs un monstre dont ils seraient aujourd’hui incapables de reprendre le contrôle, ou seulement à un coût exorbitant pour les économies.

Il est vrai que le bilan des banques centrales pour la décennie écoulée appelle légitimement la critique. Bien avant l’ère du « quoi qu’il en coûte » entraîné par un choc sanitaire sans précédent dans l’époque moderne, le maintien d’une politique d’argent gratuit, ou presque, longtemps après la crise financière de 2008 a provoqué de nombreux dérèglements. Son efficacité est restée sujette à caution, sans parler de ses effets négatifs sur les inégalités. En outre, l’inflation était peut-être invisible au niveau des prix à la consommation, mais bien présente au travers de la hausse irrationnelle des actions et des prix de l’immobilier.

Il fait peu de doute, également, que les banquiers centraux, à commencer par le plus puissant d’entre eux, Jerome Powell, qui dirige la Réserve fédérale aux Etats-Unis, se sont fourvoyés dans leur lecture des premiers signes inflationnistes apparus au cours de l’année 2021. Ils les ont présentés invariablement comme conjoncturels, liés à des goulets d’étranglement imputables au fort rebond économique qu’entraînait la disparition progressive de la crise sanitaire, avant d’être contraints d’admettre qu’ils devenaient structurels.

A leur décharge, cette myopie a été massivement partagée. Et le gigantesque plan de relance adopté en 2021 par le Congrès américain sous l’impulsion de Joe Biden n’a pas peu contribué par ailleurs au retour de l’inflation aux Etats-Unis. Enfin, il était impossible d’anticiper la guerre en Ukraine et l’accélérateur d’inflation qu’ont constitué les tensions accrues tout autant que durables sur les prix de l’énergie que l’invasion russe a déclenchées.

Même si les leçons de cette décennie d’argent magique doivent être tirées, la priorité doit porter à présent sur la bataille à livrer contre une hausse des prix qui atteint déjà des niveaux difficilement soutenables dans de nombreux pays. Or il n’existe pas d’alternative à une hausse des taux pour espérer casser cette spirale.

Le risque est bien connu. Cette hausse risque de se traduire par une cascade de récessions. La remontée des taux opérée par la Réserve fédérale des Etats-Unis a déjà été suivie par la contraction du produit intérieur brut au cours des deux premiers trimestres de l’année, même si le marché de l’emploi a montré sa résilience en achevant d’effacer en juillet l’ensemble des destructions de postes entraînées par la pandémie. Le ralentissement de la hausse des prix constaté en août constitue cependant un premier signal encourageant, qui doit être encore confirmé.

La zone euro, qui a encore plus tardé à réagir, fait face au même défi, et au même risque de stagflation. Que sa monnaie soit désormais à la peine face au dollar, pour la première fois depuis deux décennies, dit bien ses difficultés. Partout, la pilule amère de la hausse des taux devra être administrée avec le souci d’éviter une casse sociale qui la rendrait inacceptable, mais elle devrait rester préférable à une inflation hors de contrôle.

Un renouveau de la social-démocratie ?

 Un renouveau de la social-démocratie  ?

 

La reconstruction d’une force politique rassemblant ceux qui aspirent à voir la gauche reconquérir le pouvoir est indispensable, relèvent, dans une tribune au « Monde », des jeunes militants et élus socialistes qui dénoncent l’alliance contre-nature de leur parti et rappellent leur engagement européen.

 

L’alliance avec la NUPES est évidemment un choix contre nature compte tenu de l’idéologie marxiste-léniniste qui l’anime ( Insoumis et écolos gauchos) en contradiction avec la démocratie et l’universalisme de la social-démocratie. Reste à savoir si un nouveau parti social démocrate ne serait pas une troisième version aussi édulcorée d’un parti socialiste après la SFIO et le PS (NDLR )

 

Jeunes de toute la France, militantes et militants du socialisme démocratique engagé(e)s ou non dans un parti, nous appelons aujourd’hui à la reconstruction d’une force politique rassemblant tous ceux aspirant à voir la gauche reconquérir le pouvoir.

Le premier quinquennat d’Emmanuel Macron a marqué l’avènement d’un néolibéralisme débridé, couplé à une pratique du pouvoir présidentialiste qui, après ces cinq années, a fini de fragiliser nos institutions déjà chancelantes. L’opposition, polarisée autour des extrêmes, de droite comme de gauche, a été dans l’incapacité de proposer un projet alternatif crédible, annihilant tout espoir pour les Français.

L’absence de perspectives, de clarté et l’abaissement du niveau du débat politique ont conduit à l’élection de quatre-vingt-neuf députés Rassemblement national, à l’absence de majorité absolue et à la fin du front républicain. Jeunes engagés dans tous les territoires, nous refusons d’abdiquer face au combat contre l’extrême droite qui est le moteur de notre engagement.

L’union de la gauche autour de la radicalité et les errements de la majorité présidentielle ont fracturé le camp républicain. La lutte se mène projet contre projet, avec pour ambition de convaincre les électeurs des classes insécurisées ayant fait le choix de l’extrême droite.

L’offre politique présentée à gauche aux législatives n’a pas convaincu les Français : un taux d’abstention record (jusqu’à 80 % dans les quartiers populaires), une France qui a voté très majoritairement à droite (26 % pour l’union de la gauche, 74 % pour la droite et l’extrême droite), et des électeurs de gauche restés sur le bord du chemin, avec seulement 43 % des sympathisants socialistes qui déclarent avoir voté pour la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) (« Analyse d’une fin de cycle électoral », 24 juin 2022, Fondation Jean-Jaurès).

Le Parti socialiste a fait le choix d’une union contre-nature. Pourtant, l’espace politique pour une gauche de gouvernement est plus important que jamais. La jeunesse, désabusée, ne demande qu’à se mobiliser pour se faire entendre et pour un renouveau de la social-démocratie.

A ceux prêts à rogner sur nos principes fondamentaux pour quelques postes, nous opposons une défense sans faille de l’universalisme républicain et de la laïcité, une lutte sans relâche contre le communautarisme et la promotion du vivre-ensemble comme espoir d’une France ouverte et unie.

Que nos institutions soient à bout de souffle ne doit jamais justifier de les fragiliser. Rééquilibrer les pouvoirs, renforcer notre justice et notre sécurité, accentuer la place des corps intermédiaires et amorcer un nouvel acte de décentralisation sont les premiers enjeux que nous devons relever.

Covid France 27 août 2022 : 18 116 cas supplémentaire en 24 heures

Covid France 27 août 2022 : 18 116 cas supplémentaire en 24 heures

On enregistre vendredi 26 août 2022: 18 116 cas supplémentaire en 24 heures,  815.839 cas de contaminations au total dont au moins +18.116 ces dernières 24h. On recense ce vendredi 26 août 2022, +51 morts en 24h soit 153.857 au total. Le nombre total de décès en EHPAD et EMS fait état de 29.097 (+1) décès au total. Le nombre total de décès en milieu hospitalier est lui de 124.760 (+50 en 24h). 53.647.662 personnes sont totalement vaccinées contre la covid-19 en France.

Climat- Sécheresse : la crise supplémentaire

Climat- Sécheresse : la crise supplémentaire

La sécheresse atteint une intensité inédite en France cette année. Un phénomène qui, amplifié par le réchauffement climatique, est devenu une menace supplémentaire à l’échelle mondiale, avec pour conséquence de faire de l’eau une ressource rare devenue plus que jamais vitale. Par Charaf Louhmadi, ingénieur-économètre chez Natixis, et Mariem Brahim, enseignante-chercheuse à Brest Business School.

 

La terre contient 96,5 % d’eau salée et 3,5 % d’eau douce. L’essentiel de cette eau douce se trouve dans les glaciers et dans les nappes phréatiques. On dénombre à peine 0,3 % d’eau douce potable disponible pour l’espèce humaine.

Face à une demande en eau sans cesse croissante, les ressources restent de plus en plus limitées. L’augmentation de la demande en eau s’explique par l’accélération de l’urbanisation, l’essor de la démographie mondiale et les besoins croissants en eau dans les secteurs de l’agriculture et de l’industrie.

Selon un rapport de la Banque mondiale, 70 % de l’eau douce est utilisée par l’agriculture, 22 % par l’industrie et 8 % par les particuliers. A noter également que près de 7 personnes sur 10 ont accès à l’eau potable à domicile et que sa disponibilité sur le plan géographique est fortement variable.

Les ressources en eau se font de plus en plus rares. Le stress hydrique mondial est désormais un fait et une crise internationale de l’eau dans les décennies à venir semble inévitable. Selon le World Resources Institute, d’ici 2040, la plupart des pays n’auront plus assez de ressources pour répondre à leur demande en eau. Les activités industrielles et agricoles font que l’espèce humaine puise énormément et de plus en plus dans les nappes phréatiques et les aquifères qui, rappelons-le, ont mis des millénaires à se former.

Pour illustrer la gravité de ce fléau, notons que dans certaines régions, au Maghreb par exemple, il faut creuser plus de 200m sous terre pour trouver de l’eau. De plus, le réchauffement climatique aggrave cette crise hydrique car les précipitations seront de moins en moins abondantes dans les prochaines décennies. Les villes commencent à envisager de plus en plus des scénarii de coupures ponctuelles d’eau. On parle même de « jour zéro », une journée entière sans eau. Dans certaines villes du Maghreb, la réduction des débits d’eau potable est d’ores et déjà à l’ordre du jour, à Berrechid, non loin de Casablanca, la réduction aura lieu à partir du 1er août.

La crise écologique accentue les phénomènes de sécheresse et de pénurie d’eau, en particulier dans des zones de la planète touchées par l’extrême pauvreté. La pénurie d’eau sera, sans doute, un fléau permanent majeur du 21e siècle et risque d’entraîner des tensions voire guerres locales et régionales

L’Europe n’est pas épargnée par la sécheresse. La France hexagonale affronte une sécheresse grave et historique, plus de 100 communes sont privées d’eau potable. Au mois de juillet, on observe un déficit pluviométrique supérieur à 80% et des températures fortement et historiquement élevées. Des niveaux d’alertes, à échelles de gravité variables, sont déclenché sur tout le territoire. La Première ministre Elisabeth Borne a activé, vendredi 5 août, la cellule interministérielle de crise.

En outre, les niveaux sont de plus en plus bas dans le Rhin. Des minimums non observés en plus de quinze ans sont retrouvés dans certaines villes allemandes. Cela a un impact au niveau énergétique car les navires sont contraints de diminuer leurs cargaisons. Or le fleuve revêt une position névralgique en ce qui concerne le commerce maritime européen. Le gaz russe étant coupé, l’Allemagne, locomotive économique européenne se tourne désormais vers le charbon pour s’approvisionner ce qui entraîne donc la hausse du prix du charbon et fragilise ipso facto notre voisin outre-Rhin.

Les pays du sud de l’Europe se retrouvent face à la canicule, aux incendies et à une sécheresse accrue. Dans le nord de l’Italie, la production agricole est terriblement fragilisée. Cinq régions sont déclarées en état d’urgence. Coldrietti, une des plus grandes associations agricoles italiennes, estime les dégâts à 3 milliards d’euros, soit près de 5% de la production agricole à l’échelle du pays. Dans les îles Canaries, à Tenerife, plusieurs centaines d’habitants ont été évacués et 2.500 hectares ont brûlé.

Lors du premier semestre 2022, les températures en Italie ont augmenté de 2 degrés et les volumes de précipitation et de neige ont baissé respectivement de 80% et de 60%. On assiste à la pire sécheresse depuis plus de sept décennies. La France a connu également courant juillet une canicule sévère et une série d’incendies.

La sécheresse et la pénurie d’eau sont également des problèmes vitaux en Afrique. Ce continent paye au prix fort les conséquences du réchauffement climatique. La corne de l’Afrique subit une des sécheresses les plus sévères depuis plus de 40 ans. C’est la troisième année consécutive de sécheresse et 20 millions de personnes sont menacées dans 4 pays : le Kenya, la Somalie, l’Ethiopie et Djibouti.

Rein Paulsen, directeur de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (ONUAA), affirme que « le temps presse » et que ces pays sont indéniablement au bord de la catastrophe. Michael Dunford, directeur régional du Programme Alimentaire Mondial (PAM) de l’ONU pour l’Afrique de l’Est, mentionne que : « Les récoltes sont ruinées, le bétail meurt et la faim augmente. »

L’Afrique et plus précisément les pays du Maghreb connaissent un inquiétant stress hydrique, lui aussi conséquence du réchauffement climatique. Si l’on se rapporte à la définition de l’ONU, un pays ou une région est en stress hydrique si on y prélève plus de 25% des ressources phréatiques. Aux pays du Moyen Orient et du Maghreb, on prélève en moyenne plus de 80% des ressources. C’est ce qu’on appelle un stress hydrique extrême. Au Maroc, les barrages se vident à grande vitesse.

Une étude de l’Economist Intelligence Unit confirme que les causes de la pénurie d’eau et de la pression sur les systèmes d’approvisionnement en eau se ramènent à la crise climatique mais également à la forte croissance démographique et l’accélération de l’urbanisation. De plus, l’élévation du niveau des océans, accentue le risque d’inondation, et donc de pollution des ressources d’eau potable.

Dans une étude publiée en octobre 2021, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) souligne la situation critique du stress hydrique dans le monde et confirme qu’une nouvelle crise se profile, celle de l’eau. Celle-ci va s’ajouter à la conjonction des crises que connaît l’humanité au début de ce 21e siècle : crise pandémique, crises financières, crises politiques…

Selon l’OMM, en 2020, plus de 2 milliards de personnes vivaient dans des pays connaissant des stress hydriques ; 3,6 milliards de personnes ne disposaient pas d’assainissement gérés de manière sûre et 2,3 milliards manquaient d’eau pour l’hygiène de base.

Toujours selon l’OMM, plus de 107 pays ne sont pas sur la bonne voie en termes de gestion de ressources hydriques à l’horizon 2030. Par ailleurs, plus de 5 milliards d’individus seront exposés à échéance si leurs pays ne mettent pas en place des politiques durables et écologiques en vue de préserver cette ressource qui se raréfie

L’eau fait son entrée dans l’économie de marché. La bourse de Chicago a procédé  le 7 décembre 2020 au lancement des contrats à terme sur l’eau. C’est la première fois que des produits dérivés sur l’eau sont négociés sur les marchés financiers.

Le sous-jacent de ces contrats dérivés est le Nasdaq Veles California Water, un indice noté NQH20, qui a pour unité le dollar par acre-pied, soit environ un dollar par 1,2 million de litres. Il a été créé en 2018 par le Nasdaq en partenariat avec Veles Water et WestWater Research. La capitalisation boursière au lancement des contrats à terme est d’environ 1,1 milliard de dollars. Cet indice reflète les échanges d’eau effectués dans les plateformes souterraines les plus importantes de l’État de Californie. Selon le Chicago Mercantile Exchange (CME), le marché des indices de l’eau a enregistré plus de 2,6 milliards de dollars de volume de transactions entre 2012 et 2019.

L’indice NQH20, dont la cotation est hebdomadaire en fonction des achats d’eau effectués la semaine précédente, a bondi de plus de 66,3% en « year-to-date », entre le début de l’année et début juillet 2022, il est à son plus haut historique, dépassant 1.140 points. Entre octobre 2018 et juillet 2022, sa valeur a plus que doublé enregistrant un mouvement de 123%. Cela confirme l’intérêt croissant et l’appétit des investisseurs pour le produit financier « eau ».[1]

Les fonds spéculatifs, dont certains dits « fonds vautours » (cette expression ayant massivement été utilisée lors de la crise immobilière en Espagne), anticipent déjà la pénurie d’eau dans les années et décennies à venir. De plus en plus d’économistes estiment que l’eau deviendrait au cours du 21e siècle la première matière première traitée sur les marchés, devant l’or. Willem H. Buiter, ancien économiste en chef de Citigroup, partage cet avis.

L’Australie, continent le plus chaud de la planète, où la sécheresse sévit et les barrages ne sont remplis parfois qu’à hauteur de 20%, a instauré une bourse de l’eau. Le « Water Act », mis en place par le gouvernement australien, permet de définir un système de quotas d’eau, dans les secteurs industriels et agricoles, au-delà desquels l’eau est échangée dans des marchés spécifiques.

Les fonds spéculatifs et les investisseurs y ont vu l’opportunité de réaliser d’importants profits notamment dans les régions australiennes les plus arides. Ils ont vu juste car les prix y ont considérablement augmenté et dépassent 500 dollars le million de litres. Les investissements sont également particulièrement lucratifs avec des taux de rendements dépassant parfois 25%. Les agriculteurs modestes sont touchés par ces pratiques spéculatives.

Cette politique australienne des quotas de l’eau ne date pas d’hier. Depuis les années 1990, le pays des kangourous fixe des volumes maximaux d’extraction à ne pas dépasser et les droits de détention sont également négociés dans des marchés spécifiques.

L’Australie n’est pas le premier pays à privatiser l’eau. Le gouvernement Thatcher a expérimenté cette politique en 1989 en adoptant une loi privant les mauvais payeurs de cette ressource vitale. Ces lois, portées par la « Dame de fer », considérées ex post comme inhumaines et scandaleuses vis-à-vis des classes défavorisées, ont été abrogées dix ans plus tard.

Comme mentionné plus haut, les investisseurs s’intéressent de plus en plus à l’eau en tant que produit financier. A Wall Street, on s’amuse à utiliser l’expression de « pétrole du 21e siècle ». Les économistes et stratégistes de Citibank estiment dans le rapport « Solutions for the global water crisis » publié en 2017 que le marché de l’eau dépassera le milliard de dollars à l’horizon 2025.

L’Organisation des Nations Unies estime que d’ici 2030, 40% de la population mondiale sera impactée par la raréfaction d’eau et que la demande mondiale bondira de plus de 50%, ce qui est particulièrement alarmant. En même temps, les fonds spéculatifs chercheront de plus en plus à tirer un maximum de profit en lien avec ces tensions et ces déséquilibres offre/demande sur l’eau. Quelles solutions pour parer au problème de pénurie ?

La désalinisation est de plus en plus utilisée, notamment dans les pays du golfe, très touchés par la pénurie d’eau.

Les systèmes de désalinisation sont généralement basés sur des mécanismes liés à la pression appliquée à l’eau. On sait que pression et température sont liées par les lois de la physique. Parmi les techniques de dessalement, on retrouve l’osmose inverse, des techniques industrielles de distillation dont les origines remontent à l’antiquité, la congélation de l’eau de mer ou encore l’électrodyalyse. Les technologies de désalinisation semblent de plus en plus inéluctables avec la crise mondiale de l’eau qui se profile, toutefois leurs impacts écologiques sont parfois très nocifs et les coûts énergétiques y associés particulièrement élevés, notamment lorsque les énergies fossiles sont utilisées dans ces procédés.

Des groupes industriels notamment français portent dans les pays du golfe des projets de désalinisation à base d’énergies renouvelables. Suez et Veolia sont impliqués à Abu Dhabi, dans le cadre de la ville durable « Masdar ».

En France, on note également quelques projets de désalinisation industrielle, à Port Melin à Groix notamment, où une usine de dessalement sera installée. En outre, la start-up Chartraines Mascara a mis en place un processus de désalinisation non polluant, visant à alimenter les régions françaises souffrant d’un manque d’eau.

Transformation de l’air ambiant en eau potable : Exemple de la start-up Kumulus

Pour faire face au stress hydrique extrême dans les pays du Maghreb et du Moyen Orient, au Maroc par exemple, où les niveaux de réserve des barrages ne cessent de diminuer, du fait de l’assèchement progressif des fleuves, la start-up tunisienne Kumulus a produit une machine permettant la transformation de l’air ambiant en eau potable. Elle cible tout particulièrement les marchés maghrébins et orientaux. Kumulus s’appuie et réplique le phénomène de rosée matinale, et grâce à cette technologie innovante, la start-up arrive à produire 20 et 30 litres d’eau potable par jour et par unité. Le projet est testé en Tunisie, dans une école située à El Bayadha, non loin de la frontière algérienne.

[1] Historique de l’indice NQH20, 2018-2022

VERS UNE CRISE ÉCONOMIQUE MONDIALE ?

VERS UNE CRISE ÉCONOMIQUE MONDIALE ?

 

Les crises successives depuis le début de la pandémie de Covid-19 font planer une menace sur l’économie mondiale. Certains pays ne devraient pas échapper à la récession dans les prochains mois ( analyse  de Paul Louis avec Julien Marion - BFM)

Covid-19, guerre en Ukraine, tensions géopolitiques, épisodes de sécheresse inédits… « Le moment que nous vivons peut sembler être structuré par une série de crises graves (…) et il se pourrait que d’aucuns voient notre destin comme étant perpétuellement de gérer les crises ou des urgences », a déclaré Emmanuel Macron mercredi lors de l’ouverture du conseil des ministres.

Au cours de son allocution au ton grave, le chef de l’Etat a dit croire « que ce qu’on est en train de vivre est de l’ordre d’une grande bascule ou d’un grand bouleversement » du monde. Au fond, nous vivons la fin de l’abondance, celle des liquidités sans coût – on devra en tirer les conséquences économiques – celle de produits et de technologies qui nous paraissaient perpétuellement disponibles, la rupture des chaînes de valeurs. La rareté de telle ou telle matière ou technologie réapparaît, comme celle de l’eau. Nous aurons des dispositions à prendre », a ajouté le président de la République.

Dans la foulée, le Haut-commissaire au Plan François Bayrou a dit être sur la même ligne qu’Emmanuel Macron, allant jusqu’à craindre « la crise la plus grave que la France ait connu depuis la guerre« . Catastrophisme ou lucidité? L’avenir le dira. Ce qui est sûr en revanche, c’est que les événements des derniers mois affectent déjà l’économie tricolore et plus largement l’économie mondiale. Certains signaux sont là pour en témoigner. Le risque de récession, lui, se renforce un peu plus chaque jour.

Conséquence des perturbations du commerce mondial lors de la reprise post-Covid puis de la guerre en Ukraine, la hausse généralisée des prix touche désormais toutes les régions du monde: 8,9% en zone euro en juillet sur un an, 10,1% au Royaume-Uni, 8,5% aux Etats-Unis, 7,8% en Afrique du Sud. Des niveaux jamais vus depuis plusieurs dizaines d’années. En Asie, l’inflation demeure modérée mais accélère mois après mois. Elle s’est notamment établie à 2,7% en Chine en juillet et à 2,3% au Japon.

Devant l’envolée des prix, les banques centrales sont montées au créneau, bien que trop tardivement pour certains. Pour refroidir la machine économique, au risque de plomber sérieusement la croissance, la Fed a annoncé fin juillet sa quatrième hausse de taux directeurs depuis mars outre-Atlantique. Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre a actionné ce levier à plusieurs reprises depuis le mois de décembre, tandis que la BCE a augmenté ses taux pour la première fois en dix ans il y a quelques semaines.

Si l’action des banques centrales a vocation à ralentir l’inflation, le relèvement des taux directeurs ne va pas stopper l’envolée des prix du jour au lendemain. En France, le taux d’inflation est attendu proche des 7% en fin d’année, contre 6,1% aujourd’hui (6,8% en IPCH). La situation est encore plus préoccupante outre-Manche où la Banque d’Angleterre table sur plus de 13%.

Au final, l’inflation devrait atteindre 6,6% en moyenne dans les pays développés cette année et 9,5% dans les pays émergents, selon les prévisions du FMI. Soit une révision à la hausse de 0,9 et 0,8 point par rapport aux dernières prévisions. L’institution monétaire s’attend également à ce qu’ »elle reste élevée plus longtemps ».

Pétrole, gaz, électricité… Les prix de l’énergie ont atteint des sommets ces derniers mois. Entamée au second semestre 2021 sur fond de forte reprise de l’économie mondiale, l’envolée s’est accentuée avec la guerre en Ukraine. Le prix du gaz naturel européen en particulier a explosé et été multiplié par quatre (+315%) depuis le début de l’année. Mercredi, il a dépassé brièvement les 300 euros le mégawattheure, un niveau plus vu depuis le record historique enregistré en mars, au début de l’invasion russe en Ukraine.

En cause, l’annonce par Gazprom d’une suspension complète de l’approvisionnement de l’Europe en gaz via Nord Stream 1 pour une période de trois jours du 31 aout au 2 septembre. Les prix ont également été soutenus par les conditions climatiques en Europe, entre sécheresses et vagues de chaleur, « ce qui a entraîné une augmentation de la demande d’énergie pour le refroidissement de l’air », expliquent les analystes de Société Générale. Ils citent également parmi les facteurs haussiers l’effort des nations européennes de reconstituer leurs stocks de gaz naturel avant l’hiver, une entreprise d’autant plus ambitieuse « avec des flux de gaz toujours faibles à travers le gazoduc principal alimentant l’Europe occidentale ».

Cette récente flambée des cours a également provoqué un envol des prix de l’électricité pour l’année prochaine en France comme en Allemagne, sans atteindre les records historiques atteints plus tôt dans la semaine. Désormais, le Vieux continent qui cherche à se passer du gaz russe se prépare à un hiver difficile. Dans plusieurs pays européens, des restrictions de consommation d’énergie ont d’ores et déjà été mises en place pour limiter le risque de pénurie. En France, alors qu’Emmanuel Macron a évoqué la « fin de l’abondance », « un grand plan de sobriété » sera présenté prochainement.

Fin juillet, le FMI a mis ses prévisions de croissance à jour, avec un constat clair: « les trois plus grandes économies du monde (Etats-Unis, Chine, Zone euro) marquent le pas, et les conséquences pour les perspectives mondiales sont importantes ». L’institution de Washington table ainsi sur une croissance mondiale 3,2% cette année et 2,9% en 2023, soit une dégradation de 0,4 et 0,7 point par rapport aux prévisions d’avril.

Dans le détail, l’activité aux Etats-Unis devrait progresser de seulement 2,3% cette année et 1% l’année prochaine. A 3,3%, la croissance chinoise 2022 s’établirait quant à elle à son plus faible niveau depuis plus de quarante ans (hors pandémie). Enfin, celle de la zone euro est estimée à 2,6% cette année et 1,2% en 2023.

Des prévisions revues à la baisse que l’institution de Washington justifie en évoquant notamment les « répercussions négatives de la guerre en Ukraine » avec « une inflation plus forte que prévu » aux Etats-Unis et en Europe, ainsi qu’un ralentissement « plus prononcé qu’attendu » en Chine « sur fond de flambées de Covid-19 et de confinements ». Au point que la production mondiale s’est contractée au deuxième trimestre cette année.

A cela s’ajoute le resserrement des politiques monétaires qui devraient accentuer le ralentissement de l’économie mondiale. Voire faire entrer certains pays en récession. D’ailleurs, même si le sujet fait débat outre-Atlantique, les Etats-Unis sont déjà techniquement en récession déjà puisque l’économie américaine s’est contractée durant deux trimestres consécutifs. Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre prévoit quant à elle une contraction de la production chaque trimestre entre les trois derniers mois de 2022 et les trois derniers de 2023. Ensuite, « la croissance restera faible ».

La zone euro échappe encore à la récession. Mais Bruno Le Maire lui-même n’a pas écarté l’hypothèse d’une dégradation sérieuse de l’activité dans les mois qui viennent: « tout va dépendre des décisions de Vladimir Poutine sur le gaz. Si jamais il décide de couper le gaz pour l’UE et la zone euro, nous évaluons l’impact sur la croissance, pour la seule France, à un demi-point de PIB, et sans doute davantage pour d’autres économies plus dépendantes du gaz russe que nous », a déclaré le ministre de l’Economie mercredi sur France 5. « C’est sur la question du gaz russe que se jouera une partie de la croissance en Europe dans les mois qui viennent », a-t-il ajouté.

Vers la prolétarisation du métier d’enseignant (UNSA)

Vers la prolétarisation du métier d’enseignant (UNSA)

 

Même avec un salaire minimum de 2000 € mensuels pour les jeunes enseignants, la prolétarisation du métier est largement en route et participe aussi d’une certaine manière du niveau actuel de l’éducation

«Notre système d’éducation se rapproche d’un point de rupture», a déclaré Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa, un des principaux syndicats dans le primaire et le secondaire, au cours d’une conférence de presse.

Pour prévenir ces difficultés, il appelle, comme l’a fait mardi le Snuipp-FSU, à recruter immédiatement l’ensemble des listes complémentaires des concours afin de sécuriser les effectifs. Et souligne le besoin de sécuriser le statut des contractuels et de revoir la grille des salaires des titulaires. Emmanuel Macron a rappelé jeudi devant les recteurs et rectrices, réunis à la Sorbonne, l’engagement du gouvernement à assurer un salaire d’au moins 2000 euros nets mensuel à tout enseignant débutant.

 

 

Fin de » l’abondance de l’insouciance » : le sommet de la condescendance !

Fin de » l’abondance de l’insouciance » : le sommet de la condescendance !

 

Il faut vraiment que le chef de l’État soit coupé des réalités sociales et sociétales pour employer  une sémantique aussi condescendante vis-à-vis de l’opinion. Exemple en matière d’énergie dont il souligne la crise alors que récemment avant les élections pour obtenir quelques voix écologistes il a fermé la centrale de Fessenheim. Et plus tard de décider la construction de six nouvelles centrales EPR. En attendant , la France importe de l’électricité !

Même chose concernant l’inflation complètement sous-estimée que par le gouvernement qui n’a cessée d’affirmer pendant des semaines et des mois que le phénomène était très conjoncturel que la hausse des prix devrait connaître une inversion dans la deuxième partie de 2022. Aujourd’hui , le ministre des finances admet que cette inflation va durer. En attendant les mesures suffisantes n’ont pas été prises pour faire face à une inflation aux facteurs explicatifs pertinents ( hausse du prix des matières premières, hausse de l’énergie, dysfonctionnements logistiques, guerre en Ukraine notamment ) mais aussi à une vague spéculative dans la plupart des secteurs.

Certes on ne reprochera pas au gouvernement la vague d’incendies qui a affecté la France suite à la grande sécheresse mais suite  aussi à des comportements irresponsables voire criminels sans parler d’un aménagement du territoire anarchique et d’une gestion des forêts incohérente.

Le discours de macron aujourd’hui rompt nettement avec celui qu’il a tenu avant les élections présidentielles et législatives. Avant il promettait la lune, maintenant l’enfer.

En préambule ce mercredi de ce conseil des ministres de rentrée à l’Elysée, lors d’une allocution devant les ministres exceptionnellement retransmise, Emmanuel Macron a en effet appelé le gouvernement à « l’unité » face à « la grande bascule » marquée par « la fin de l’abondance », « des évidences » et « de l’insouciance ».

« Le moment que nous vivons peut sembler être structuré par une série de crises graves (…) et il se pourrait que d’aucuns voient notre destin comme étant perpétuellement de gérer les crises ou des urgences. Je crois pour ma part que ce que nous sommes en train de vivre est plutôt de l’ordre d’une grande bascule ou d’un grand bouleversement », a déclaré Emmanuel Macron devant les ministres.

Des propos très graves peut-être pour préparer l’opinion à une phase d’austérité comme si celle-ci n’était déjà pas en marche avec une inflation à 6 % alors que les salaires n’augmentent que de l’ordre de 3 %. Les Français payent déjà l’addition des bouleversements évoqués et de l’inconsistance de la politique du gouvernement.

Macron est vraiment mal fondée à renverser le poids de la responsabilité sur les Français.

 

Economie, politique, société: les plus lus (26 août 2022 – 6h52)

Électricité : des prix moins chers en Espagne et au Portugal !

Électricité : des prix moins chers en Espagne et au Portugal !

 

 

Contrairement à la France, les pays de la péninsule ibérique maitrisent les prix de l’électricité sur leurs marchés de gros. Une différence qui s’explique par un mécanisme de subvention différent, lié à la source d’énergie utilisée par la centrale qui fournit la production marginale. Par Charles Cuvelliez, Patrick Claessens, Pierre Henneaux, Ecole Polytechnique de Bruxelles, Université de Bruxelles. ( la Tribune)

 

Tribune

Pendant que les prix du MWh explosent sur les marchés de gros dans nos pays, l’Espagne et le Portugal arrivent à maintenir les leurs sous contrôle, avec un ordre de grandeur 3 x inférieur. Comment y sont-ils arrivés ?  Ils ont plaidé pour découpler leur marché de gros du reste de l’Europe auprès de la Commission européenne et l’ont justifié par la faible interconnexion entre la péninsule ibérique et la France. C’est à contre-courant du marché unique et de ses promesses et cela marche. Faut-il donc revenir à des marchés nationaux au plus grand bénéfice de ceux qui ont la chance de ne pas dépendre du gaz (la France) pour leur électricité ?

 

Les prix de gros sont en effet fixés par la centrale marginale, c’est-à-dire la dernière centrale qu’on doit mettre en route pour équilibrer offre et demande d’électricité. C’est la plus chère à faire tourner, celle au gaz, souvent, sauf en France où (si le parc nucléaire n’était pas déficient) elle serait (le plus souvent) nucléaire ou hydroélectrique, à faible coût. C’est à se demander pourquoi ce mécanisme, qui semble être antinomique aux intérêts français, a été mis en place. Ce mécanisme a des vertus :  avec la centrale marginale qui dicte un prix élevé au marché, la production d’électricité à partir de renouvelable, à coût marginal quasi-nul, bénéfice de marges intéressantes. C’est un incitant à investir encore plus dans le renouvelable, de ne plus devoir le subventionner et, avec le temps, d’avoir la centrale marginale de moins en moins souvent sollicitée. Une baisse des prix généralisée s’enclenche. Le mécanisme de la centrale marginale incite aussi à allouer efficacement les ressources : les producteurs ont intérêt à faire tourner les centrales les moins couteuses d’abord pour dégager une marge maximum.

Ce plan était raisonnable avec des prix de gros stables aux environs de quelques dizaines d’euros par MWh observés pendant la dernière décennie. Ce n’est plus vraiment le cas : le modèle entraine désormais une spirale haussière dont les gouvernements espagnols et portugais semblent se sortir. Ils dépendent pourtant du gaz.

Les gouvernements de ces deux pays ont décidé de subventionner le gaz quand il est utilisé pour produire de l’électricité. Ce plan prévoir que les producteurs d’électricité achètent leur gaz à 40 euros le MWh puis, depuis juillet, graduellement plus cher (+5 euros le MWh par mois) pour atteindre 70 euros le MWh fin 2022.

C’est la faible interconnexion entre les réseaux électriques espagnol et français qui permet que ce subside ne profite pas à toute l’Europe puisqu’il fera baisser le prix du gaz et donc le prix de l’électricité produite à partir de ce dernier. Les gouvernements espagnols et portugais ne comptent pas non plus se laisser étrangler par leurs subsides :  les acheteurs sur les marchés de gros doivent restituer une partie de leurs gains et le surplus d’électricité qui ira de l’Espagne à la France, du fait des prix plus intéressants outre-Pyrénées, crée un revenu de congestion que le gestionnaire de réseau devra aussi restituer aux autorités. Ce mécanisme donne l’impression de reprendre dans une poche ce qui a été donné dans l’autre poche. Il permet surtout de limiter le montant de l’aide d’Etat tout en s’efforçant de demeurer efficace. S’il fonctionne, c’est parce que le subside réduit le coût de fonctionnement de la centrale marginale et donc le prix de gros de l’ensemble de la production électrique ibérique.

Ce mécanisme peut-il s’appliquer en France où il ne faudrait même pas appliquer des subsides puisque l’électricité n’y est pas produite avec du gaz. Mais la France n’est pas isolée du reste de l’Europe. Tout mécanisme qui réduirait en France les prix de gros attirerait mécaniquement les pays voisins et au-delà.

Il faudrait tout simplement subventionner – au niveau de l’Europe continentale – le gaz utilisé pour faire tourner la dernière centrale qu’on met en route quelque part pour équilibrer l’offre et la demande.

En subventionnant un peu de gaz, on entraine vers le bas les prix de gros alignés sur la centrale la plus chère qui tourne (au gaz) à un moment donné et qui devient ainsi moins chère. Il ne faut même pas stopper les interconnexions entre la France et le reste de l’Europe pour ce faire : c’est tant mieux car la France ne pourrait sinon plus exporter son électricité (comme elle le fait souvent) ou en importer (comme aujourd’hui) pour pallier les arrêts de ses unités.

Bien sûr, pour que ce mécanisme fonctionne, il faut qu’il y ait bien plus de production à bas coût (renouvelable, nucléaire) que de production basée sur les énergies fossiles pour que le niveau de subside reste faible.

Mais qui dit subside, dit aide d’Etat. La Commission européenne l’a accepté car les prix du gaz impactent fortement les prix de l’électricité qui frappent fortement les économies locales. La mesure est aussi limitée dans le temps. Cette mesure était d’ailleurs prévue dans les lignes directrices de la Commission pour permettre aux Etats d’intervenir sur les marchés de l’énergie. Serait-elle notre issue de secours ?

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(1) Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions — Interventions sur le marché de l’énergie à court terme et améliorations à long terme de l’organisation du marché de l’électricité, 18 mai 2022, COM (2022) 236 final

Grande démission : Surtout une quête de sens

Grande démission : Surtout une quête de sens

 

Le brown-out désigne une forme d’épuisement professionnel résultant d’une perte de sens : pourquoi faire ce que je fais ? En quoi et à qui est-ce utile ?… Un syndrome plus insidieux que le burn-out, parce que plus difficile à déceler, et pour lequel la crise sanitaire a joué un rôle certain d’amplificateur. Par Jérôme Crest, CEO cofondateur de Holivia et Nathan Guichard-Marsal, psychologue.( La Tribune)

 

Certains signes ne trompent pas : la hausse spectaculaire de la demande pour les bilans de compétences, le nombre croissant de reconversions professionnelles, les démissions en cascade dans certains secteurs… Ces signes du temps témoignent de la volonté des travailleurs de trouver du sens à ce qu’ils font. Cette volonté n’est certes pas nouvelle, mais la crise sanitaire lui a donné de la largeur d’épaules. Le climat d’incertitude des deux dernières années, les confinements successifs, ainsi que l’expérience soudaine et massive du télétravail ont conduit chacun et chacune à une forme d’introspection professionnelle, à « faire le point ».

Parce que la quête de sens est partout, la perte de sens a fait son coming out. On met des mots sur des maux et l’on s’autorise à parler émotions, doutes, désarroi : comprendre le « brown-out », dans un monde du travail où le sens n’est plus secondaire, c’est-à-dire subordonné au salaire ou au statut, est essentiel pour les organisations qui ont à cœur de favoriser le bien-être de leurs collaborateurs. L’expression « brown-out » renvoie à une baisse de courant dans un circuit électrique : baisse de tension qui se manifeste par une démission mentale chez le salarié qui ne comprend plus son rôle dans l’entreprise, l’utilité de sa fonction, voire de son métier. Il continue à effectuer sa tâche, mais sans entrain, sans motivation, mécaniquement, et jusqu’à la rupture, si rien n’est fait.

 

Seulement voilà : le « brown-out » est insidieux et difficile à identifier, tant pour ceux et celles qui en souffrent que pour les organisations. C’est pourquoi il faut s’interroger à la fois sur les mécanismes qui y conduisent et sur les moyens d’accompagner les salariés en perte de sens. Là encore, il y a des signes qui doivent alerter (repli sur soi, humeur morose, cynisme, désinvolture, désengagement…) et des outils à mettre en place pour prendre au quotidien le pouls de ses équipes et favoriser une parole libérée de la crainte du jugement. La communication et la réflexion autour du bon interlocuteur (manager, personnel RH, membre d’un CSE, psychologue) sont capitales : on ne sort pas de la spirale du « brown-out » sans une main tendue et une oreille attentive.

De fait, la question du sens est en elle-même bien difficile à appréhender. Un salarié qui ne perçoit plus sa valeur, ou celle de son travail, soit parce qu’il n’en tire aucune reconnaissance, soit parce que la tâche elle-même lui paraît dénuée d’intérêt ou d’utilité pour l’entreprise, a besoin de temps et de recul. Soit il parvient à réduire la dissonance entre le sentiment de sa propre valeur et la valeur qu’il donne à son travail, et se réengage, soit la dissonance est trop grande et il vaut mieux partir.

Bien sûr, quitter son emploi est plus facile à dire qu’à faire : mais quand on le peut, ce grand saut dans le vide est salutaire en ce qu’il oblige à reconsidérer son parcours et sa place, ses besoins, ses envies. C’est le temps propice au changement, le temps d’un second souffle professionnel où s’épanouir est le premier critère, dans un autre métier, une autre entreprise, ou même en créant la sienne. Il s’agit d’aller vers soi et ce qu’on veut vraiment, d’interroger sa raison d’être. Comme disait Mark Twain :

« Les deux jours les plus importants de votre vie sont le jour où vous êtes né et le jour où vous comprendrez pourquoi. »

 

Enfin, la perte de sens résulte parfois de l’incapacité, pour le salarié, à comprendre le dessein général auquel il participe. Sa fonction ne fait pas sens parce qu’on ne s’est pas donné la peine de lui expliquer comment elle bâtit de la valeur et pourquoi elle est importante.

Beaucoup de collaborateurs sont trop dans l’opérationnel et pas assez dans la stratégie : on leur parachute une ambition sans préciser en quoi ils constituent un maillon essentiel de la chaîne qui permet de la toucher du doigt. Or dans ce monde post-covid (espérons-le !), où chacun a revu ses priorités et où il n’est plus question de « perdre sa vie à la gagner », les entreprises ne peuvent plus faire l’économie d’une vision et d’une raison d’être claires, irriguant chacune de leurs strates et ne laissant personne sur le bord de la route, sans direction. On n’a jamais le bon vent quand on ignore vers quel port tendre.

Jérôme Crest et Nathan Guichard-Marsal

Les cadeaux de la BCE aux banques

Les cadeaux de la BCE aux banques

 Les taux négatifs auxquels la banque centrale a accordé certains prêts jusqu’en juin 2022 constituent une forme de subventions aux banques pour qu’elles empruntent auprès de l’Eurosystème. Par Eric Dor, IÉSEG School of Management

 

De septembre 2019 à décembre 2021, la Banque centrale européenne (BCE), par le biais des banques centrales nationales, a octroyé aux banques 10 séries de prêts dits TLTRO 3 (Targeted Longer-Term Refinancing Operations, ou opérations ciblées de refinancement de long terme) pour un montant total de 2339 milliards d’euros.

Ce sont des séries de prêts à 3 ans dont la maturité s’échelonne de septembre 2022 à décembre 2024. Si elles le souhaitent, les banques ont la possibilité, tous les 3 mois, de procéder à des remboursements précoces, mais elles ont très peu utilisé cette possibilité jusqu’à présent. L’encours total est encore de 2263 milliards d’euros.

Le taux à payer par les banques sur ces emprunts à l’Eurosystème, qui regroupe la BCE et les banques centrales nationales des États membres de la zone euro, est fonction de la quantité de prêts éligibles qu’elles octroient au secteur privé. Jusqu’au 23 juin 2022, le meilleur taux possible sur les TLTRO 3, pour les banques qui maintiennent leur quantité de prêts au-dessus d’une certaine limite, a été de -1 %.

Ce meilleur taux négatif possible représentait ainsi une énorme subvention aux banques, payées pour emprunter à l’Eurosystème. Tout récemment, il impliquait une recette maximum mensuelle de 1832 millions d’euros pour les banques de la zone euro, sous l’hypothèse que toutes peuvent bénéficier du meilleur taux. Cette recette excédait le coût mensuel estimé à 1499 millions d’euros, pour les banques de la zone euro, du taux négatif de -0,5 % sur la facilité de dépôt et leurs réserves excédentaires en compte courant, après déduction par le système de « tiering » de l’excédent de liquidité non soumis au taux négatif. Il y avait ainsi un gain net pour les banques.

À partir du 24 juin 2022, le meilleur taux possible sur les prêts TLTRO 3 est la moyenne du taux de la facilité de dépôt, c’est-à-dire le taux d’intérêt fixé par la banque centrale auquel elle rémunère les dépôts des banques et établissements financiers placés chez elle, depuis leur émission jusqu’à leur maturité. Ce taux est différent pour chacune des 10 séries puisque leurs dates d’émission et de maturité diffèrent.

Ce meilleur taux est donc encore inconnu puisque, s’il est partiellement fonction du taux passé déjà connu de la facilité de dépôt, il va dépendre aussi de son évolution future. Pour chaque série de prêts TLTRO 3, il convient donc d’estimer le meilleur taux possible sur base d’hypothèses sur la trajectoire que la BCE va décider pour le taux de la facilité de dépôt.

Nos simulations considèrent d’une part un scénario de resserrement léger de la politique monétaire, et d’autre part un scénario de resserrement fort.

Le scénario de resserrement léger suppose des décisions d’augmentations successives du taux de la facilité de dépôt à partir de la réunion de juillet 2022, pour arriver à 0,75 % en décembre 2022, et rester là jusqu’en décembre 2024. Le 21 juillet, un premier palier a été franchi avec une hausse, supérieure aux attentes, de 0,5 point.

Le scénario de resserrement fort suppose qu’ensuite la BCE déciderait encore d’augmentations supplémentaires successives du taux de la facilité de dépôt lors des réunions suivantes, pour arriver à 2 % en juin 2023, et rester là jusqu’en décembre 2024.

Nos simulations montrent que, quel que soit le scénario, pour chaque série de prêts TLTRO, le meilleur taux possible à payer, entre juillet 2022 et la date de maturité, reste inférieur à la moyenne du taux de la facilité de dépôt sur la même période. Les banques de la zone euro ont donc intérêt à garder leurs emprunts TLTRO 3 jusqu’à leur maturité, et les investir simplement sur la facilité de dépôt de la BCE, pour bénéficier d’un gain net certain.

Les simulations permettent de calculer les résultats d’une telle stratégie.

Sous les hypothèses du scénario de resserrement léger, la différence entre le meilleur taux possible sur les TLTRO 3 et la moyenne du taux de la facilité de dépôt, entre juillet 2022 et la maturité, excède 0,6 % pour certaines séries. Au total, pour toutes les séries, de juillet 2022 à décembre 2024, les banques de la zone euro pourraient dégager un gain net maximum de 14,661 milliards d’euros.

Sous les hypothèses du scénario de resserrement fort, la différence entre le meilleur taux possible sur les TLTRO 3 et la moyenne du taux de la facilité de dépôt, entre juillet 2022 et la maturité, excède 0,8 % pour certaines séries. Au total, pour toutes les séries, de juillet 2022 à décembre 2024, les banques pourraient dégager un gain net maximum de 21,064 milliards d’euros.

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Par Eric Dor, Director of Economic Studies, IÉSEG School of Management.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Chute de l’euro : Inconvénients et atouts

Chute de l’euro : Inconvénients et atouts

L’euro a atteint cette semaine son plus bas niveau face au dollar en 20 ans. Cette dépréciation de la devise européenne a des répercussions très concrètes sur le prix des importations en France. Beaucoup d’entreprises dépendantes de l’étranger doivent faire face à une explosion de leurs coûts et répercutent une partie de ces hausses sur les prix à la consommation. Résultat, le pouvoir d’achat des Français risque encore une fois de se réduire par Grégoire Normand dans la Tribune.

 

Un papier intéressant qui met en parallèle inconvénients et avantages de la baisse de l’euro par rapport au dollar. Parmi les inconvénients,  évidemment le renchérissement des importations et les conséquences sur l’inflation et le pouvoir d’achat des ménages. Par contre,  un atout pour la compétitivité et l’emploi. Notons d’ailleurs que les Chinois pour redresser leur  croissance agissent de manière artificielle pour faire baisser la monnaie. Le problème est de trouver le point d’équilibre afin que l’inflation ne tue pas complètement la croissance et le pouvoir d’achat. 

 

Les nuages s’amoncellent au dessus de l’économie européenne. Après un coup de frein des indices des directeurs d’achats (PMI) au mois d’août, la monnaie européenne continue d’évoluer sous la parité avec le dollar ce jeudi 25 août. Au plus bas depuis 20 ans, l’euro a remonté brièvement face au billet vert mardi soir et mercredi, sans vraiment retrouver de la vigueur. En juin 2021, l’euro était au plus haut face au dollar, dans le contexte du fort rebond post-pandémie mais depuis, la monnaie unique n’a cessé de s’effondrer.

L’éclatement de la guerre en Ukraine il y a six mois jour pour jour a précipité cette chute de l’euro alors que l’inflation continue de flamber partout en Europe. « L’euro s’est fortement déprécié par rapport au dollar mais il s’est maintenu par rapport aux autres monnaies. Ce n’est pas une dépréciation générale », a déclaré l’économiste d’ING Charlotte de Montpellier en charge de la zone euro interrogée par La Tribune. « La politique monétaire agressive de la Réserve Fédérale (Fed) explique une partie de cette dépréciation. Le choc énergétique touche plus particulièrement l’Europe. Il y a une fuite des capitaux vers les Etats-Unis. Tous ces éléments ont des conséquences importantes en zone euro », a-t-elle ajouté. En effet, il faut rappeler que le dollar s’est fortement apprécié dans le même temps. Bien que contestée, l’hégémonie du billet vert demeure dans une grande partie des échanges sur la planète.

 

Cette faiblesse de l’euro a des répercussions désastreuses sur l’économie française. Sur le front du commerce extérieur, la dépréciation de l’euro est clairement une mauvaise nouvelle pour les entreprises importatrices. En effet, beaucoup de biens et services importés en France sont libellés en dollar. C’est par exemple le cas dans le domaine de l’énergie. Une grande part des importations de pétrole, de gaz, de matières premières sont facturées en devise américaine en France et dans la zone euro.

«En zone euro, près de 50% des biens importés sont libellées en dollars. Cela rend le coût des importations pour les ménages et les entreprises plus élevé. Les entreprises qui doivent importer se retrouvent dans une situation difficile, voire dramatique parfois. Ces coûts sont répercutés sur les prix à la consommation. L’inflation risque de rester élevée dans les prochains mois », anticipe l’économiste.

En revanche, la chute de l’euro peut être aussi une aubaine pour la compétitivité hexagonale. Beaucoup d’industries peuvent ainsi exporter leurs produits à moindre coût. C’est par exemple le cas dans l’aéronautique, l’automobile, le luxe ou encore l’agroalimentaire. Dans le tourisme, les ventes de services ont bondi à l’étranger en parallèle de la levée des mesures de restriction sanitaires. Résultat, un flot de touristes américains est venu en France cet été après les deux années catastrophiques de pandémie. «Le résultat de cette dépréciation sur les exportations est encore difficile à mesurer mais les gains de compétitivité ne vont probablement pas compenser la hausse des coûts liée à l’énergie», relativise Charlotte de Montpellier.

« Sur le papier, la dépréciation de l’euro est plus favorable pour les exportations mais cela va dépendre de la composition des coûts de production. En Europe, les coûts de la main d’œuvre ne se sont pas envolés par rapport aux Etats-Unis. Le grand problème en ce moment pour les entreprises est le coût de l’énergie. Les gains de compétitivité liés à la chute de l’euro ne sont pas compensés par la hausse des coûts de l’énergie », poursuit l’économiste.

 

Du côté des ménages, la dépréciation de l’euro pèse sur le pouvoir d’achat. En effet, une grande partie des produits importés et consommés par les ménages en zone euro sont d’abord facturés en dollars. Les produits importés perdent en compétitivité et sont donc plus chers. Cela contribue à pousser l’indice des prix à la consommation vers des sommets. En France, l’inflation a atteint 6,1% en juillet selon l’Insee. Et il n’y a pas d’amélioration à prévoir avant début 2023, d’après Bercy. «Le choc inflationniste est très important. Le pic d’inflation est probablement encore devant nous. La hausse de l’indice des prix harmonisé à la consommation pourrait atteindre 10% à l’automne dans la zone euro », a récemment déclaré Hélène Baudchon, économiste chez BNP-Paribas à La Tribune.

Même si le gouvernement a fait voter un paquet pouvoir d’achat cet été pour limiter cette flambée, la désindexation des salaires (hormis le SMIC) a entraîné une chute des revenus réels depuis le début de l’année. Résultat, le niveau de vie des Français recule, miné par l’explosion des factures d’énergie. Beaucoup de ménages sont obligés de se serrer la ceinture.

Sur le plan énergétique, cette dépréciation de l’euro a aussi mis en lumière la forte dépendance de l’économie européenne aux énergies fossiles. En Allemagne, les mauvais signaux s’accumulent depuis la guerre en Ukraine. L’industrie allemande est prise au piège d’une forte dépendance au gaz russe. Une coupure de gaz dans les prochaines semaines plongerait la première économie de la zone euro dans de vastes difficultés.

Plus largement, toute l’économie du Vieux continent pourrait être déstabilisée par une telle décision au cours de l’hiver prochain. Beaucoup d’économistes redoutent des effets en cascade sur l’industrie et les services alors que la zone euro sort de deux ans et demi de pandémie. Cette épée de Damoclès va obliger les Etats a accélérer leur transition énergétique s’ils ne veulent pas continuer à subir les effets de cette forte dépendance.

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé à la fin du mois de juillet un resserrement de sa politique monétaire en annonçant une hausse de taux de 50 points de base. La BCE a été plus agressive que prévu au mois de juillet pour tenter de limiter cette faiblesse de l’euro. «Cette annonce a eu lieu avant la flambée des prix du gaz. Cela n’a pas permis de limiter un affaiblissement de l’euro », souligne Charlotte de Montpellier.

En septembre, l’institution de Francfort pourrait à nouveau dégainer une hausse de 50 points de base mais les marges de manœuvre sont limitées. En effet, de plus en plus d’économistes évoquent le risque d’une récession en Europe dans les mois à venir. Une normalisation très agressive de la politique monétaire pourrait plonger l’économie européenne dans un épais brouillard.

Economies d’énergie en France : Aller plus vite !

Economies d’énergie en France : Aller plus vite !

A l’approche de la rentrée, et compte tenu de l’urgence, le cercle de réflexion Terra Nova suggère d’aller bien au-delà des écogestes, en instaurant une sobriété collective fondée sur l’exemplarité et sur la pédagogie. (Le Monde)

 

Des propositions de bon sens mais finalement assez marginales et qui ne sauraient constituer une réelle stratégie de régulation des économies d’énergie . Bref une réflexion un peu courte NDLR

Ne plus éclairer les monuments la nuit à certaines périodes, inclure un point énergie dans le bulletin météo… A l’approche de l’hiver, qui s’annonce à haut risque tant sur le plan des coupures d’électricité que sur celui de la « cohésion sociale », le cabinet de réflexion Terra Nova, think tank social-démocrate, invite, dans une note publiée ce mardi 23 août, à se mobiliser pour impulser une sobriété collective. « Pour aller aujourd’hui cinq fois plus vite que ce que nous avons fait dans le passé, les seules économies d’énergie immédiatement accessibles et rentables et les petits gestes seront bons à prendre, mais ne suffiront pas à remplir l’objectif que s’est fixé le gouvernement, à savoir 10 % d’économies d’ici à deux ans », relève Nicolas Goldberg, responsable énergie chez Terra Nova.

Compte tenu du délai imparti, trop court, la première piste, qui peut sembler évidente, mais qui constituerait le « gisement le plus important et le plus rapide d’économies » – « de l’ordre du térawattheure » –, réside dans l’application pure et simple des mesures déjà inscrites dans la loi et qui, pour l’heure, ne sont pas respectées. Si le chauffage en terrasse est interdit depuis mars 2022, et que la loi prévoit une amende de 1 500 euros en cas de récidive, aucune verbalisation, n’a, par exemple, à ce jour, été constatée, rappelle la note.

Il y va également des réglementations imposant des limites de températures pour le chauffage (19 °C maximum) et la climatisation (26 °C) dans les locaux à usage de bureaux ou recevant du public. A ce sujet, il faudrait « prévoir un dispositif de suivi des collectivités et des administrations pour qu’elles appliquent et contrôlent l’application de ces dispositions légales et verbalisent le non-respect des normes », poursuit l’auteur, qui propose de lancer une campagne de sensibilisation auprès des gestionnaires techniques de bâtiments (GTB), des particuliers et des copropriétés.

Terra Nova souhaiterait sensibiliser les chaînes d’information à la « météo de l’énergie » en incluant le sujet dans les bulletins d’information météo cet hiver

Pour embarquer le plus de monde possible, ces experts en énergie estiment primordial que l’Etat fasse montre d’exemplarité en s’attaquant aux consommations superflues. « Demander à nos concitoyens de faire attention à leur consommation en éteignant le Wi-Fi ou en modérant leur chauffage demeure contradictoire avec le maintien de grands éclairages ou d’écrans publicitaires », insiste-t-il, alors que ces questions de partage s’illustrent en ce moment par le débat sur les jets privés.

Un avenir pour la NUPES ?

Un avenir pour la NUPES ?

 

C’est dans la construction d’un nouvel imaginaire émancipateur que réside l’avenir de cette « Nouvelle Union », souligne un collectif de responsables associatifs, dont Pierre Khalfa, de la Fondation Copernic, et Susan George, d’Attac, qui appellent, dans une tribune au « Monde », à son ouverture à des forces non partidaires.

 

Un espoir sans doute davantage qu’une perspective crédible tellement les positions sont divergentes au sein même de la NUPES. Le plus gros clivage étant  entre une vision clairement communiste et une vision démocratique NDLR

 

La création de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) constitue un événement politique majeur, et ce, de deux points de vue. D’une part, elle s’est constituée sur la base d’une rupture claire avec le néolibéralisme et le productivisme, écartant ce qui a été une des causes de l’échec de la gauche, en particulier lors du quinquennat de François Hollande, dont la politique a fini par apparaître largement au service du capitalisme financier.

Certes des divergences, certaines sérieuses, existent entre les différentes forces politiques constitutives de la Nupes. Cela est normal, mais un défi à l’avenir sera de savoir comment construire les débats et les décisions sur ces sujets.

D’autre part, élément décisif, ce cadre unitaire qui se veut pérenne a rendu crédible, donc possible, une alternative démocratique, sociale et écologique recréant ainsi un espoir qui avait largement disparu.

Tout est loin d’être cependant réglé. Une partie importante des classes populaires, employés et ouvriers, victimes des politiques néolibérales, continue de s’abstenir ou d’être attirée par le Rassemblement national (RN) dont la progression se confirme. S’il n’y a aucune fatalité à cette situation, encore faut-il en analyser les raisons.

Le vote RN est certes lié aux difficultés sociales et à un sentiment bien réel d’abandon. Cependant, ce qui rend difficile le fait de détacher les électrices et électeurs du RN, c’est le fait que les questions sociales sont vues à travers le prisme du ressentiment envers celles et ceux qui, dans l’échelle sociale, sont vécus comme en dessous d’eux : les bénéficiaires des minima sociaux traités « d’assistés » ou les immigrés, ressentiment qui peut tourner à la xénophobie et au racisme surdéterminant des affects puissants comme la peur, où les passions mises en œuvre renvoient surtout à la haine de l’autre.

Il ne s’agit pas là d’un simple affect superficiel qui pourrait être facilement éradiqué en se contentant d’avancer des exigences sociales plus ambitieuses que celles du RN ou en luttant seulement contre l’abandon dont elles sont victimes, même si évidemment cela est primordial.

Gagner des électrices et des électeurs aujourd’hui acquis à l’extrême droite suppose d’abord de rester ferme dans le combat et l’argumentation contre le racisme et la xénophobie. Toute concession sur ce terrain ne peut que les renforcer dans leurs convictions et crédibiliser encore plus les formations politiques qui en ont fait leur doctrine.

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