Archive mensuelle de août 2022

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Macron : le faux procès de l’abondance

Macron : le faux procès de l’abondance

 

 

Faut-il verser dans ce malthusianisme 3.0 servi matin, midi et soir par nos Diafoirus de la décroissance ? S’interroge un papier de l’Opinion

 

Emmanuel Macron s’est-il converti au modèle Amish ? Septembre 2020 : le Président moquait les écologistes partisans de « la lampe à huile » au prétexte de sauver la planète. Septembre 2022 : tête-à-queue. Dans une allocution aux accents graves, il a annoncé mercredi à des Français encore la tête en vacances : « Nous vivons la fin de l’abondance. » Que la guerre en Ukraine plonge l’Europe dans une économie de pénurie exceptionnelle, que l’été caniculaire provoque une prise de conscience sur l’urgente nécessité de modifier nos usages, nul n’en disconviendra. Faut-il pour autant verser dans ce malthusianisme 3.0 servi matin, midi et soir par nos Diafoirus de la décroissance ?

Oubliée la promesse d’un retour des jours heureux ! Entravé au Parlement, sans vision politique, le chef de l’Etat trouve intérêt à se présenter en gestionnaire de la « grande bascule », en hyper-protecteur de ménages sommés d’enterrer leur insouciance. Il préside, soit. Il prépare à l’effort national, soit. Mais lui qui a tant abusé de la dette – moins pour investir que pour préserver le niveau de vie – donne aussi le sentiment de manœuvrer, en cédant au climat idéologique du moment qui fait de la lutte contre le réchauffement climatique un anticapitalisme mâtiné de technophobie et de contrôles.

Plutôt que de jouer sur la peur, le Président devrait rappeler que la créativité humaine a toujours permis de franchir l’obstacle de la rareté, que la croissance – portée par l’innovation et le travail – restera le moteur de notre modèle social. La crise de l’abondance n’est pas la fin de l’abondance. Poser un diagnostic faux, c’est risquer d’engager de mauvaises politiques. Justifié vu le contexte, ce changement de ton ne doit pas annoncer un changement de ligne. Il affaiblirait plus encore le pays.

 

POUTINE: Le risque de l’apocalypse

POUTINE: Le risque de l’apocalypse 

Michel Eltchaninoff était l’invité ce mercredi matin d’Apolline de Malherbe dans Face à face de BFM , à l’occasion des six mois de l’invasion de l’Ukraine par les troupes de Vladimir Poutine. Le philosophe et essayiste spécialiste de la Russie, auteur du livre Dans la tête de Vladimir Poutine, a estimé que les suites du conflit dépendraient entièrement de la psychologie et de la vision du monde de l’autocrate russe.

Il y a six mois, l’armée russe envahissait l’Ukraine où la guerre fait toujours rage. Ce mercredi, c’est le philosophe et spécialiste de la Russie, Michel Eltchaninoff, qui était l’invité du Face à face de notre journaliste Apolline de Malherbe pour revenir sur l’événement. Selon l’auteur de l’essai Dans la tête de Vladimir Poutine, l’évolution et l’issue du conflit dépendent entièrement du président russe.

« Vladimir Poutine est dans une politique où il va aux limites du rationnel pour faire plier l’adversaire, et l’adversaire ce sont donc les Ukrainiens mais aussi les Européens et les Américains », a observé l’intellectuel.

Citant les combats autour de la centrale nucléaire de Zaporijia, celui-ci a même repris: « Les Russes flirtent avec les limites de l’apocalyptique. Il est évident que la Russie ne souhaite ni une guerre nucléaire ni un accident mais on est à un tel degré de radicalisation… ».

Une radicalité qui est donc avant tout celle de Vladimir Poutine selon Michel Eltchaninoff: « Il est persuadé qu’il suit une mission historique. Faire retrouver à la Russie le faste de l’empire russe ou de l’Union soviétique, retrouver des terres historiques de la Russie. Il a commencé par la Géorgie, puis la Crimée et le Donbass en 2014″.

Le philosophe voit dans cet état d’esprit de l’autocrate du Kremlin l’influence d’Alexandre Douguine, dont la fille vient d’être tuée samedi dans un attentat que la Russie attribue à l’Ukraine malgré les dénégations de Kiev.

« Si Poutine ne passe pas des coups de fil à Douguine pour savoir ce qu’il doit faire, il a été influencé par cette pensée extrême », a-t-il ouvert.

« Douguine est le symbole du front idéologique de cette guerre. Il fait depuis 20 ans l’apologie d’une Russie devant entrer dans une guerre de civilisation à mort ». « La Russie serait la civilisation de la terre contre la civilisation de la mer incarnée par les Anglo-saxons », a caractérisé Michel Eltchaninoff.

Et cette vision du monde nourrit l’approche des relations internationales de Vladimir Poutine, assure Michel Eltchaninoff.

« Pour Poutine, l’Europe est faible car elle est démocratique, il considère les valeurs européennes comme décadentes. »

De toutes façons, pour le président russe, la situation est simple: il n’a de compte à rendre qu’à son opinion publique. « C’est un homme qui ne supporte pas de perdre, qui ne veut pas perdre la face devant son peuple », a décrit l’essayiste.

Tandis que les autorités ukrainiennes, le président Volodymyr Zelensky en tête, ont affirmé craindre une action particulièrement violente de la Russie à compter de ce mercredi de fête nationale célébrant l’indépendance de 1991, Michel Eltchaninoff a confirmé:

« Vladimir Poutine est prêt à aller très loin. Il a dit que les choses sérieuses n’avaient pas encore commencé. »

Le spécialiste a estimé que cette guerre, désormais vieille d’un semestre, pouvait encore s’inscrire dans la durée car « Vladimir Poutine a le temps pour lui ».

« Il est au pouvoir depuis 22 ans, la constitution – qu’il a modifiée – lui permet d’y rester jusqu’en 2036″, a-t-il expliqué.

Autant dire que notre expert n’est pas optimiste quant à l’aboutissement du processus de paix: « S’il y a un arrêt des combats ce ne serait qu’une pause, avec une guerre qui reprendrait un an après par exemple. Une pause qui n’empêcherait pas les Ukrainiens de mener des actions, ou la Russie de préparer une offensive par exemple sur Odessa, l’un de leurs objectifs. »

Certes, les rumeurs vont bon train concernant la santé de Vladimir Poutine. Toutefois, Michel Eltchaninoff a appelé à la prudence: « Il y a des rumeurs mais tout dépend d’un état de santé de Vladimir Poutine duquel on ne sait rien ». Le 7 octobre prochain, Vladimir Poutine atteindra d’ailleurs ses 70 ans. « Vladimir Poutine fait très attention à sa santé, et il est entouré d’une dizaine de médecins », a achevé Michel Eltchaninoff.

Borne : un fonds de peinture verte de 1,5 milliards

Borne : un fonds de peinture verte de 1,5 milliards

 

 

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Élisabeth Borne a annoncé ce samedi le déblocage d’un « fonds vert » doté d’1,5 milliard d’euros destiné aux collectivités locales pour les aider à lutter contre le changement climatique, dans un entretien au Parisien.Une sorte de fonds de peinture verte pour masquer la grande indigence de la transition écologique pourtant annoncée à grand renfort de trompettes

« Nous allons mettre en place un fonds vert doté d’1,5 milliard d’euros à destination des collectivités pour les aider dans l’accélération de leur transition écologique », a affirmé la Première ministre.

Élisabeth Borne suggère d’utiliser ce fonds pour « la réhabilitation de friches pour limiter l’étalement urbain », pour rénover « énergétiquement les bâtiments publics comme par exemple certaines écoles », pour ramener « de la nature dans les villes » ou encore installer « des parkings relais » à leur entrée.

 

Politique- Des Médicis à Nicolas Sarkozy….. et Macron ?

 Politique- Des Médicis à Nicolas Sarkozy…..  et Macron ?

OPINION. Les réseaux d’influence sont clefs en politique: des techniques nées à la Renaissance et amplement maîtrisées par nos contemporains. Par Luca Cortinovis, Université de Lille.

 

Un papier intéressant à lire mais qui fait sans doute une comparaison excessive entre l’influence des Médicis et de Sarkozy. Par contre,  on aurait pu aussi parler de l’influence des réseaux financiers vis-à-vis de Macron et réciproquement NDLR

 

Le 1er mars 2021, le tribunal correctionnel de Paris condamnait Nicolas Sarkozy à une peine de prison de trois ans, dont un an ferme, pour corruption et trafic d’influence dans le cadre de l’affaire Bismuth (dite aussi « des écoutes »). Si l’ancien président de la République a immédiatement interjeté appel de la décision, ce verdict a tout de même engendré un véritable tremblement de terre pour les supporters de celui qui fut le parangon de la droite jusqu’à ses échecs à la présidentielle de 2012, puis lors de la primaire de la droite et du centre en 2016.

Cette condamnation a entraîné une litanie de réactions de la part de la classe politique, entre déclarations de soutien à droite – agrémentés d’attaques contre « l’acharnement d’un pouvoir judiciaire aux ordres » – et tweets satisfaits – voire moqueurs – à gauche.

Mais elle a également soulevé de nombreuses questions sur le devenir politique de l’ex-leader des Républicains. En effet, le politologue Jérôme Jaffré, invité le 2 mars sur le plateau du Figaro Live, s’interrogeait sur « la capacité » de Nicolas Sarkozy à influer sur l’avenir politique du pays. Lui qui s’imaginait encore jusqu’à peu comme le véritable « maître du jeu de la présidentielle de 2022 », ne devait-il pas perdre tout son pouvoir d’influence ?

Il est vrai que depuis presque dix ans, l’ancien président, malgré son absence de mandats et ses défaites électorales successives, est parvenu à conserver un pouvoir considérable sur sa famille politique. La recherche de son soutien semble être devenu un sésame inestimable pour qui veut briguer le titre de champion de la droite. Pour ceux qui furent ses compagnons de route, Nicolas Sarkozy a au fur et à mesure du temps endossé le costume de parrain - analogie que n’aurait pas renié feu Charles Pasqua, une de ses figures tutélaires.

Loin de l’image du ministre – puis du président – tape-à-l’œil qui lui collait tant à la peau lors des années 2000, Nicolas Sarkozy a peu à peu mué pour se fondre dans une autre forme d’action politique.

Si sa fonction passée et ses différentes affaires l’ont évidemment obligées à ne pas disparaître totalement de la scène médiatique, c’est finalement dans les coulisses qu’il a œuvré principalement pour peser sur la chose publique et préparer un hypothétique retour. Les relations forgées lors de sa première carrière politique – avant la fin de la présidence – lui ont permis de brasser un large panel d’hommes et de femmes (ministres, parlementaires, élus locaux, capitaines d’industrie etc.) qui lui assurent par leur amitié ou leur loyauté – l’aspect mentoral des politiques en France n’est pas à négliger – une capacité d’influence substantielle.

Certains ont pu comparer la stratégie sarkozyste post-2012 au clientélisme politique ou encore à la réseaucratie. Ces concepts ont une connotation négative aujourd’hui puisqu’on les a assimilés à la corruption, au recours à des moyens illicites – ou peu honorables – pour s’arroger du pouvoir. Historiquement pourtant, la construction et l’usage d’un réseau important a souvent permis à des hommes, parfois dans l’ombre, de gouverner de manière effective, sans se retrouver dans l’illégalité.

L’ascension des Médicis à Florence au XVe siècle en est un exemple intéressant et peut amener à une comparaison avec les méthodes d’influence d’hommes politiques contemporains comme Nicolas Sarkozy.

Entre le XIVe et le XVIIe siècle, le pouvoir en Italie est réparti entre différentes puissances. Cités-états, républiques, duchés et royaumes cohabitent dans une zone géographique assez restreinte. Cette période, la Renaissance, recèle en son sein une grande part des forces qui vont façonner nos sociétés modernes.

L’approche de la politique et de l’histoire change. On se détache peu à peu des carcans médiévaux pour entrer dans une nouvelle ère, où l’ambition et la quête de gloire deviennent – à nouveau – des fins en soi. Le mouvement humaniste, par son approche novatrice des savoirs et des actions des Anciens – les hommes de l’Antiquité -, va amorcer ce phénomène.

L’historien Jacob Burckhardt a écrit en ce sens que « c’est l’alliance intime entre l’Antiquité et le génie italien » qui a permis la régénération du monde occidental.

La République de Florence est l’un des foyers les plus importants de l’humanisme. Une grande part des érudits de la Renaissance – comme Coluccio SalutatiLeonardo Bruni ou Machiavel - vont s’y faire connaître.

C’est également dans cette ville qu’émerge l’idée selon laquelle les intellectuels doivent prendre une part active dans les affaires publiques, en s’impliquant politiquement pour permettre aux citoyens de jouir de leurs lumières. On souhaite combattre la tyrannie (les principautés du Nord, en particulier Milan, sont visées) et préserver la république coûte que coûte ; c’est ce que Hans Baron a appelé « l’humanisme civique ». Au début du XVe siècle, Florence est donc tributaire d’une tradition politique complexe où démocratie, oligarchie, corporationnisme et factionnisme se sont mélangés pour aboutir à un régime évoluant au gré des fluctuations du temps. C’est dans ce contexte particulier que se distingue de plus en plus la famille des Médicis.

Le premier membre d’importance de cette famille est Jean de Médicis (1360-1429). Travaillant au côté de son oncle Vieri, il prend la tête des affaires de sa famille en 1393, avant de fonder sa propre banque à Florence en 1397. La fameuse Banque des Médicis devient progressivement l’une des plus puissantes banques d’Italie et d’Europe. En bons Florentins, les Médicis prennent, comme de coutume, part à la chose publique. Marqués par le souvenir de leurs ancêtres – lors de la révolte des Ciompi de 1378, Salvestro de Médicis, un des leaders du Popolo (en somme, ceux qui ne sont pas nobles), a oeuvré en vain à établir un régime populaire par la force, jetant le déshonneur sur son nom – et sous l’impulsion de Jean, la famille va prudemment placer ses pions pour gagner de plus en plus de pouvoir.

À cette époque, Florence est gouvernée de manière quasi oligarchique : une élite sociale, composée des anciennes lignées nobles et des familles ayant fait fortune, se partage hégémoniquement les charges publiques. Celles-ci sont fort nombreuses et chacune à un mode d’acquisition particulier (tirage au sort, vote, cooptation). Les rapports de pouvoir se font essentiellement via les relations nouées entre familles. Des partis informels se créent au gré des aspirations et des avantages promis. Le clan qui saura se constituer le plus grand « réseau d’amis » aura le plus de chance d’influer sur la République. Cette manière d’agir, loin de la flamboyance des révoltes ou des entreprises audacieuses, constitue un des particularismes de la politique florentine. L’influence devient le levier principal permettant l’accomplissement de son ambition. Et à ce jeu, les Médicis n’auront – presque – pas d’équivalent. Cosme de Médicis (1389-1464), le fils de Jean, poussera la méthode à son plus haut degré.

Suivant la voie tracée par son père, Cosme s’est évertué à consolider l’assise de sa famille auprès de la population de Florence, élargissant par ses libéralités son « cercle d’amis ». Intelligent, tempéré, prévenant auprès de tous ceux qui viennent requérir son aide, celui qui va devenir « le Père de la Patrie » use de la fortune de sa famille pour asseoir méthodiquement son emprise sur les institutions. Il devient par exemple l’un des plus grands mécènes d’art de son temps, faisant venir à Florence les plus prodigieux artistes ; il fait des dons à de nombreuses institutions (couvents, prieurés, académies) ou financent les études d’enfants de « ses amis » ; il organise défilés et spectacles pour ravir le peuple. En somme, il se sert de sa richesse pour gagner la reconnaissance du plus grand nombre.

Il sait pertinemment que le meilleur moyen d’échouer politiquement à Florence est d’exposer son ambition. Il se cache en conséquence derrière ses alliés, pesant de son poids pour que les organes de pouvoir soient toujours composés d’une majorité de ses partisans, choisissant tel prieur ou tel gonfalonier – qui détiennent le pouvoir exécutif de la ville.

En 1433, une cabale orchestrée par des grandes familles nobles – réticentes à voir les Médicis devenir si puissants – va presque abattre Cosme. Il parvient in extremis à être condamné à l’exil. Néanmoins, dès l’année suivante, grâce à ses soutiens politiques et à sa manne financière, le chef des Médicis revient à Florence sous les hourras d’une foule qu’il a su conquérir. Toujours officiellement simple citoyen, il ne cessera jusqu’à sa mort, en 1464, d’être le dirigeant effectif de la puissante république de Toscane. Son influence est telle que le futur pape Pie II – alors archevêque de Sienne – déclare que Cosme « [« a »] toutes les attributions d’un roi, sans en avoir le nom ».

Les deux situations sont évidemment distantes, temporellement et dans l’effectivité de la chose. Les Médicis – Cosme à fortiori, mais ses descendants Pierre et Laurent également – ont usé de leur influence comme un moyen concret de prendre le pouvoir puis de le conserver. Nicolas Sarkozy s’efforce quant à lui de ne pas disparaître complètement de la scène politique.

L’ancien président a placé ses pions pour garder prise sur un jeu politique qu’il a longtemps dominé.

Il suffit de voir les membres du gouvernement d’Emmanuel Macron pour s’en rendre compte. Le ministère de l’Intérieur, service ô combien symbolique, n’est-il pas occupé par Gérald Darmanin, celui que Nicolas Sarkozy considère comme un « fils spirituel » ? Celui-là même qui lui a apporté tout son soutien malgré sa condamnation en première instance ? Quid du premier ministre Jean Castex, ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée de 2011 à 2012 ? Pour qui s’intéresse un peu à l’histoire de la Renaissance, l’accusation de népotisme qui toucha l’ancien Président en 2009, avec la proposition de nomination de son fils à la tête de l’EPAD, a de quoi faire sourire. N’était-ce pas là le moyen privilégié des Grands pour s’assurer une gouvernance paisible ?

Dans tous les cas, Médicis et Sarkozy ont eu recours à ces méthodes pour ne pas être mis au ban des jeux de pouvoir. Une agglomération de talents a pu de cette manière se constituer autour d’eux, se révélant des liens solides pour ne jamais dépendre uniquement de leur seule fortune. L’influence semble sous cet angle demeurer une des clés de la vie politique, aussi importante que peut-être – surtout aujourd’hui – la captation des projecteurs. Les époques comme les régimes changent ; les hommes et leurs méthodes un peu moins.

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Par Luca Cortinovis, Doctorant, Université de Lille.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Eau: effets pervers du stockage

Eau:  effets pervers du stockage

 Le stockage de l’eau dans des réservoirs est aujourd’hui la principale réponse aux sécheresses : elle n’est pourtant pas toujours efficace voire peut accroître la dépendance à l’eau. Par Florence Habets, École normale supérieure (ENS) – PSL

 

Les vagues de chaleur et de sécheresse sans précédent en France et plus largement en Europe continentale, avec une succession d’incendies et assèchement des nappes phréatiques seront, selon les projections des hydrologues, de plus en plus fréquentes, voire la « nouvelle norme ». Ces phénomènes, qui s’accélèrent, sont par ailleurs constatés dans différentes régions du monde.

On entend par sécheresse un déficit en eau par rapport à une situation normale : elle peut se traduire par le niveau des précipitations, de l’eau du sol ou des débits. On parle alors de sécheresses météorologiques, agronomiques ou hydrologiques, les trois pouvant se produire en même temps, mais ayant souvent une dynamique propre.

Ces phénomènes sont directement impactés par le dérèglement climatique, et on anticipe dans le futur des sécheresses plus fréquentes, plus étendues et plus intenses sur une grande partie du globe, et tout particulièrement en France.

Pour lutter contre les sécheresses, le stockage de l’eau est souvent prôné comme une solution. L’idée est de faire des réserves avec l’eau disponible en périodes pluvieuses (hiver) afin d’en conserver pour des usages ultérieurs (en été).

Cela se traduit notamment par la volonté de construire des barrages ou réservoirs, comme l’indiquent les projets dits de territoires, visant à stocker de l’eau et à la partager dans une même zone.

Le monde compterait plus de 16 millions de barrages, totalisant une capacité de stockage estimée entre 7 000 et 10 000 km³. Soit 2 à 3 fois les volumes d’eau contenus dans les rivières du globe.

Les quantités stockées ont fortement augmenté depuis le début du XXe siècle, afin de répondre à une demande croissante d’eau pour les activités humaines. Cela a permis d’étudier l’impact de ces retenues, à la fois sur la ressource et sur la demande, et d’identifier des conséquences sur l’occurrence de sécheresses.

En stockant de l’eau durant les périodes d’abondance pour en favoriser l’usage lors des périodes de basses eaux, les retenues permettent de réduire l’impact de nombreuses crues et sécheresses.

Cette efficacité est toutefois limitée aux événements peu intenses. De fait, de nombreuses études montrent que l’efficacité des barrages est très réduite pour les sécheresses longues (comme, par exemple, dans la péninsule ibérique, en Autriche ou aux États-Unis).

Au Nord de la Chine, durant les 30 dernières années, les activités humaines ont amplifié la sévérité et la durée des sécheresses – certaines durant jusqu’à plus de deux ans. En Espagne, l’analyse des sécheresses entre 1945 et 2005 a mis en évidence que les épisodes secs les plus sévères et les plus longs avaient lieu sur les bassins les plus régulés par la présence de barrages. Cela conduit en outre à un renforcement des sécheresses à l’aval des bassins.

Il apparaît ainsi que la création de grands volumes de stockage d’eau pour l’irrigation ne permet pas d’assurer une alimentation en eau lors des longues sécheresses, du fait à la fois de la difficulté à remplir les barrages et d’un usage de l’eau supérieur à la ressource.

L’amplification des sécheresses par les activités humaines est si marquée qu’a émergé la notion de sécheresse « anthropique » : elle implique uniquement les épisodes secs dus aux prélèvements et à la gestion par des réservoirs, indépendamment des conditions climatiques.

Il ne s’agit pas que d’une fatalité, liée à un besoin en eau, mais d’un cercle vicieux : un déficit en eau – c’est-à-dire un usage de l’eau supérieur à la ressource – conduit à des dégâts socio-économiques et génère une pression pour créer de nouveaux stocks d’eau : on augmente alors les réservoirs et les volumes stockés.

Mais ce gain de réserves est en fait compensé par une augmentation des usages : par exemple, l’augmentation des surfaces irriguées ou la croissance démographique qui élève la consommation en eau potable. Ces évolutions sont aggravées par des facteurs climatiques qui évoluent. De nouveaux déficits en eau apparaissent alors, et avec eux d’autres dégâts socioéconomiques.

Plutôt que de développer des stratégies de réduction des consommations, on induit une dépendance accrue aux infrastructures d’approvisionnement en eau : ce qui renforce la vulnérabilité et les dégâts économiques en cas de pénurie d’eau.

Or, le changement climatique implique de façon quasi-certaine la multiplication de ces carences.

Des études s’intéressent spécifiquement aux impacts de la gestion de l’eau sur les futures sécheresses à l’échelle globale. Mais elles n’intègrent pas ce mécanisme de cercle vicieux, et anticipent donc un nombre de réservoirs constant dans le temps. Seuls les volumes pour l’irrigation varient en fonction du climat. Dans ce contexte, qui ne tient pas compte de l’évolution des besoins en eau potable, les aménagements humains permettront de réduire de 10 % la hausse des sécheresses agronomiques, c’est-à-dire, le déficit d’eau dans les sols, mais conduiront à une augmentation de 50 % de l’intensité des sécheresses en rivière

 

La multiplication des retenues d’eau nuit à leur fonctionnalité, en limitant leur capacité de remplissage, puisqu’elles sont plus nombreuses à partager une même ressource limitée. Même si ces réservoirs ne font pas l’objet de prélèvement pour des activités humaines, ils connaissent des pertes par évaporation, ce qui réduit la ressource en eau.

Ces facteurs sont particulièrement aggravés lors de sécheresses longues, événements malheureusement voués à devenir plus fréquents dans le contexte du dérèglement climatique. Toutes les actions de réduction de la consommation en eau seront bénéfiques pour diminuer notre vulnérabilité lors de ces événements.

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Par Florence Habets, Directrice de recherche CNRS en hydrométéorologie, professeure, École normale supérieure (ENS) – PSL.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Fin de l’abondance : Le dérapage de Macron

 Fin de l’abondance : Le dérapage de Macron

Dans un papier de la Tribune, on s’interroge sérieusement sur la pertinence de l’expression  » fin de l’abondance » déclarée par Macro, qui évidemment prépare des hausses de prix et des mesures d’austérité.

 

Emmanuel Macron a trouvé sa nouvelle ligne politique : nous pourrir la rentrée. Sans attendre les premiers pavés de la colère sociale que l’inflation galopante des prix de l’énergie laisse présager, comme on le voit déjà venir en Angleterre qui a décidé de jouer la carte de la vérité des prix du gaz et de l’électricité plutôt que de la maquiller dans la dette publique, le président de la République a pris les devants dès le conseil des ministres de rentrée par des propos glaçants venus ponctuer un été caniculaire.

« Je crois que ce que nous sommes en train de vivre est de l’ordre d’une grande bascule ou d’un grand bouleversement (…) Nous vivons la fin de ce qui pouvait apparaître comme une abondance ». Des propos étonnants de la part du champion estival du jet sDe la tribune, on s’interroge sérieusement sur la pertinence de l’expression fin de l’abondance déclarée par macro qui évidemment prépare au moins des deux prix et des mesures d’austéritéki dont le ministre des Transports Clément Beaune dénonce l’usage abusif des jets privés par les milliardaires. Quand on appelle chacun à ne pas céder à la démagogie, peut-être faut-il commencer par se l’appliquer à soi-même…

Pour Emmanuel Macron, nous vivons aussi la « fin des évidences » avec « la montée des régimes illibéraux et le renforcement des régimes autoritaires » ainsi que « la fin d’une forme d’insouciance ». N’en jetez plus, et prenez un Xanax… Grande bascule, grand bouleversement, régimes autoritaires… il n’en fallait pas plus pour réveiller la sphère complotiste qui a vu dans le choix de ces termes une référence au « Big Reset », la grande réinitialisation appelée de ses vœux par Klaus Schwab, le fondateur du forum de Davos vilipendé pour avoir prédit, tel Cassandre, les malheurs qui nous sont ou vont nous arriver : de la pandémie (Covid) à la pénurie (crise de l’énergie), il n’y a plus qu’un pas à franchir, celui justement de la fin de l’abondance, qui n’est pas, comme son nom l’indique faussement, ce fromage à la pâte pressée demi-cuite, fabriqué en Savoie avec le lait des vaches du même nom… Mais bien l’arrivée à maturité du fameux « monde d’après » annoncé dès le premier jour du premier confinement. Mise en cause de la consommation ostentatoire - l’usage immodéré des jets, l’arrosage des golfs- au prix d’une poussée de la démagogie amplifiée par les réseaux sociaux, angoisse climatique extrême, polarisation d’une société minée par les inégalités et à plusieurs vitesses : voici ce qui advient lorsque le point de bascule est atteint… c’est un peu cela aussi que dit et semble craindre Emmanuel Macron, dans une version moderne du célèbre Sapeur Camember : lorsque les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites.

Les années 2020 ont commencé par une fermeture générale mais heureusement temporaire, de toutes les activités humaines (ou presque)… 2022 s’achève dans un climat tropical sur fond au pire de menaces nucléaires, de troisième guerre mondiale entre les Etats-Unis, la Russie voire la Chine, et de famines, au mieux de coupures de gaz et d’électricité. Macron-Cassandre, tout en appelant à ne pas céder à la démagogie, a la prévenance de nous en prévenir : Winter is coming.

L’objectif, on le mesure bien, n’est pas de casser le moral des troupes : le chef de l’Etat use et abuse comme à son habitude de la dramatisation (souvenons-nous du martial « nous sommes en guerre… » de mars 2020) pour appeler à la mobilisation : la solution est en toi, peuple de France, il va juste falloir travailler plus, pas forcément pour gagner plus, mais pour avoir un toit bien chauffé cet hiver.

La fin de l’abondance annonce donc avec certitude une nouvelle ère de réformes sociales dont Elisabeth Borne précisera ce lundi lors des Rencontres des Entrepreneurs de France (REF), ex Université d’été du Medef, à l’hippodrome de Longchamp, le programme des réjouissances : à commencer par celle de l’assurance-chômage, avec une modulation des règles selon les régions pour encourager à la reprise d’un emploi les fainéants qui persistent à ne pas travailler alors que l’emploi lui est abondant si l’on en croit le nombre d’offres non pourvues ; mais aussi allongement progressif de l’âge de départ à la retraite des seniors vers les 65 ans, ainsi que la fin programmée, progressive elle-aussi des 35 heures, via l’encouragement à coup d’exonérations fiscales au rachat par les entreprises des jours de RTT en 2023 et sans doute au-delà. Un petit coup de pouce au pouvoir d’achat des salariés et un gros coup de pouce à la productivité.

Bref, on l’aura compris, la fin de l’abondance a bon dos, elle prépare surtout un changement de braquet vers plus de rigueur, l’austérité n’étant pas loin de la sobriété comme on le verra fin septembre lors de la présentation du budget lorsqu’il faudra payer la facture de la douce négligence des dernières années.

On aurait pu espérer une communication moins plombante : après le sang et les larmes annoncées par Macron, la Première ministre, devenue plus populaire que le président, aura la lourde tâche de vendre aux Français son grand plan pour une sobriété choisie plutôt que subie, une sobriété juste et équitablement répartie. Et pourquoi pas nous vendre la sobriété comme une chance, une opportunité, celle de changer de modèle. Présenter l’inflation comme une « chance » est toutefois difficile à vendre, car la transition, à l’évidence, ne se fera pas sans douleur ni peine : même le président de la puissante Fed, la banque centrale américaine, l’a dit à Jackson Hole, la grande réunion annuelle des grands argentiers, face aux montagnes éternelles du Wyoming : « la lutte contre l’inflation va faire souffrir les ménages et les entreprises américains » et « va prendre du temps », mais « y renoncer serait encore plus dommageable » pour l’économie. Il n’en fallait pas plus pour plomber la rentrée des marchés financiers, qui ont été aussi glacés par la dureté de Powell que les Français par la franchise de Macron.

Alors que les prix du gaz et de l’électricité atteignent des sommets sur le marché de gros, au-delà des 1000 euros le mégawattheure, c’est bien le fonctionnement du marché de l’énergie en France qui révèle ses failles, analyse Marine Godelier. Dans une enquête fouillée, elle en décrypte les causes et les conséquences : entre arbitrage sur l’ARENH, revente d’électricité à prix fort, couverture peu sérieuse et offres mensongères, certains fournisseurs auraient multiplié les combines, au détriment du consommateur. A travers trois épisodes, la Tribune vous propose une immersion dans un univers plus que jamais sous tension : celui du marché de la fourniture d’électricité.

En attendant, le gouvernement cherche des solutions innovantes, comme par exemple faire payer moins cher ceux qui acceptent de se restreindre pendant les pics de demande : en gros, tu ne te laves pas, ne te chauffes pas et ne fais pas de lessives pendant quinze jours par mois et tu auras droit à une réduction sur ta facture annuelle…

En fait, ce qui surprend un peu, c’est le hiatus entre la sombre tonalité du discours de rentrée de Macron et les propos plus rassurants de son ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, qui passe son temps à corriger le tir. Le Maire, qui parlera mardi pour la deuxième journée des rencontres du Medef aura le beau rôle, celui de dire qu’après la pluie, viendra le beau temps… Avec réalisme, toutefois : le pic d’inflation, maintes fois repoussé, n’interviendra pas avant Noël prochain. De là à promettre qu’il faudra manger des patates en grelottant de froid sous des couvertures avec des chaussettes en laine, il ne faut pas pousser l’abondance dans les orties de peur qu’elle ne se retourne contre son promoteur.

Prix de l’énergie : hausses « contenues » (Lemaire)

Prix de l’énergie : hausses « contenues »  (Lemaire)

 

 Les hausses de facture d’énergie des Français seront « contenues », continue d’affirmer Bruno Le Maire, qui assure ne pas être « pris de court » sur le terrain budgétaire.

 

Le seul problème , c’est que le gouvernement ne dispose pas des mêmes moyens selon qu’il s’agit du pétrole, du gaz ou de l’électricité. Pour le pétrole, les prix dépendront en réalité surtout de la croissance mondiale et de l’attitude de l’OPEP.  Pourb le gaz l’action du gouvernement sera limitée aux tarifs réglementés mais sera impactée par les cours mondiaux. Enfin pour l’électricité, le gouvernement va continuer de diminuer les hausses d’EDF dont l’avenir pourrait être assuré davantage par le contribuable que par l’utilisateur.

La hausse des tarifs d’électricité et de gaz pour les consommateurs sera « contenue » en 2023 malgré l’envolée des prix sur les marchés de gros, a assuré samedi à Metz ce samedi le ministre de l’Économie et des Finances.

« Le plafonnement à 4% (du tarif réglementé, NDLR) sera maintenu jusqu’à la fin 2022, il n’y aura pas de rattrapage sur ce plafonnement en 2023, et les hausses dont a parlé le président de la République et la Première ministre seront des hausses contenues », a précisé le numéro deux du gouvernement en marge d’une réunion des cadres de la majorité.

Ces « hausses contenues » à venir en 2023 devraient aussi toucher le tarif du gaz, sans plus de précisions. Sur les marchés de gros, les prix de l’électricité pour 2023 ont franchi vendredi la barre record de 1.000 euros le mégawatt/heure (MWh), alors même qu’il coûtait le MWh coûtait 85 euros il y un an. Il en est de même du gaz qui atteint des sommes historiques à plus de 300 euros le MWh.

 

Eau: changer de braquets

Eau:  changer de braquets

 

Un papier du Monde insiste sur la nécessité face à la sécheresse structurelle de changer de politique et de comportement. Jusque-là en effet ce sont surtout des mesures assez anecdotiques comme l’interdiction de laver les voitures qui ont été prises et rien ou pas grand-chose concernant l’avenir de l’agriculture face à la raréfaction de la ressource NDLR

 

Depuis plusieurs mois, la France traverse un épisode de sécheresse historique que les vagues de chaleur estivales ont sensiblement aggravé. La quasi-totalité des départements sont concernés par ce stress hydrique, et plus d’une centaine de communes sont actuellement privées d’eau potable.

Ce type de crise, qui était encore vécue il y a une vingtaine d’années comme un phénomène exceptionnel, devient de plus en plus fréquent sous l’effet du réchauffement climatique. Cette dégradation de l’accès à l’eau dans notre pays doit amener à une prise de conscience collective sur la nécessité de changer les comportements en matière d’utilisation et de préservation des ressources.

Si les mesures d’urgence consistant à rationner ponctuellement l’accès à l’eau peuvent résoudre certaines situations à court terme, elles ne sont pas à la hauteur pour répondre aux enjeux qui se posent dès aujourd’hui et vont devenir de plus en plus cruciaux dans les prochaines années. Le ministre de la transition écologique, Christophe Béchu, a pointé il y a quelques jours le sujet des déperditions lors de l’acheminement de l’eau vers les utilisateurs. Un litre sur cinq n’atteint pas sa destination. Eviter les gaspillages relève du bon sens, mais au-delà, c’est toute notre approche du cycle de l’eau qu’il faut revoir de fond en comble.

Quand l’eau devient une ressource de plus en plus précieuse, la première des priorités devrait consister à protéger les réserves existantes. Or, du fait d’une agriculture intensive, surconsommatrice de nitrates et de pesticides, un tiers des points de captage, souillés, ont été rendus inutilisables. Ce gâchis monumental n’était déjà pas admissible à l’époque où l’eau était abondante. Avec sa raréfaction, cette pollution devient encore plus aberrante.

Pour peser véritablement sur la gestion de l’eau en France, il convient de s’interroger sur les pratiques de l’agriculture, qui représente près de la moitié de la consommation en moyenne annuelle, et même les quatre cinquièmes en été. Le Varenne de l’eau et de l’agriculture face au changement climatique, une concertation lancée par le gouvernement qui s’est achevée en février, a pris des engagements de réduction des prélèvements agricoles sur les ressources hydriques. Mais les objectifs restent trop timides car, en toile de fond, il n’y a pas de remise en cause réelle d’un modèle de production agricole qui considère encore l’eau comme inépuisable.

Des solutions existent pourtant. Il s’agit de développer des systèmes d’irrigation plus efficaces, comme le goutte-à-goutte, de mettre en place des capteurs pour mesurer les taux d’humidité dans les sols, de choisir des cultures moins gourmandes en eau et surtout de faire davantage appel à l’agroforesterie.

La réutilisation des eaux usées traitées représente également un potentiel pour certains usages comme l’irrigation agricole, l’arrosage des espaces verts ou encore le nettoyage de la voirie. Quand l’Italie réemploie environ 10 % de ses eaux usées et l’Espagne 15 %, le taux en France n’est que de 0,1 %. Même si cette solution ne constitue pas la panacée, elle constituerait une mesure d’appoint utile.

La quantité d’eau disponible en surface et dans les nappes phréatiques est amenée inéluctablement à diminuer dans les années à venir. Le changement climatique ne va pas s’inverser à court terme. La solution passe donc par un changement de nos comportements, à commencer par une agriculture plus responsable et plus consciente que, sans eau c’est son existence même qui sera remise en cause.

Economie, politique, société: les plus lus (27 août 2022 – 7h30)

Un gouvernement technocratique sans idéal

Un gouvernement technocratique sans idéal

«Ce gouvernement technocratique n’a aucun idéal. Il dirige le pays comme un manager une entreprise, en faisant reposer la pérennité de celle-ci sur la rentabilité» Par Alain Houpert, Sénateur LR. ( dans l’Opinion)

 

 

Il y a quelques jours, le président de la République appelait les Français au sacrifice au nom de la liberté. Ce 24 août, le chef de l’Etat est allé plus loin, annonçant la fin d’une insouciance, d’une époque, de l’abondance. En résumé, la fin de l’espoir pour les générations futures. Par ces propos martiaux, le chef de l’Etat cherche surtout à préparer les esprits à l’échec cuisant de sa politique libérale, antisociale et menée avec violence à l’égard des Français.

Derrière cette injonction à oublier le monde d’avant pour un monde d’après, fait de sacrifices et de désespoir, Emmanuel Macron révèle l’anéantissement de la pensée politique au profit d’une pensée froide analytique qui, si elle est apte à compter, est inapte à proposer un idéal et des solutions. 
Derrière cette posture, qu’il souhaiterait être celle d’un homme d’Etat, n’hésitant pas à utiliser le pays au service de sa gloire et de sa postérité, demeure un comportement dangereux pour la nation et l’esprit même des Français. La nation, disait Renan, ce sont des êtres différents conduits vers un même idéal. Dans la France macroniste, l’idéal n’a plus de pilote.

Déjà en mars 2020, le chef de l’Etat, face à une épidémie qu’il avait appelé une guerre, avait exhorté les Français à la peur. Aujourd’hui, il les enjoint de nouveau à craindre l’avenir. Jamais, durant ces deux années, Emmanuel Macron n’a appelé au courage des Français, comme le firent ceux dont il semble rêver le destin : Winston Churchill, le général de Gaulle… Pourquoi ?

Parce qu’à la différence des grands hommes qui conduisirent la France plongée dans de grands tourments, ce gouvernement technocratique n’a aucun idéal. Il dirige le pays comme un manager une entreprise, en faisant reposer la pérennité de celle-ci sur la rentabilité. Sans jamais se soucier du long terme, sans jamais se poser la question de la condition humaine.

Il y a quelques jours, Olivier Dussopt, ministre du Travail, enterrait la sociale démocratie, appelant au progressisme, soit la sujétion de l’homme aux ambitions économiques du pays. Aujourd’hui, le chef de l’Etat appelle à enterrer la France, à oublier le modèle démocratique au profit du pragmatisme, l’idéal humaniste au profit de la gestion comptable du pays.

« Devant l’échec de sa politique sur un plan diplomatique, économique, social, Emmanuel Macron accusait hier l’Europe. Aujourd’hui, il accuse le climat mondial »

Ces propos sont-ils audibles de la part d’un président de la République garant des institutions et, de fait, d’un modèle républicain construit depuis des décennies par la volonté des Français.

Ces propos sont-ils dignes de la part d’un homme qui se voudrait d’Etat ou d’un homme qui se rêve politique ? Quel est le but de tous ces discours belliqueux à l’égard des pays étrangers, des affronts aux dirigeants d’Afrique ? Quel avenir offrir à la France dans un monde où notre modèle démocratique subit depuis cinq ans les attaques incessantes de ceux censés le défendre ?  Les Français ne veulent pas s’isoler sur la scène internationale. Les Français ne veulent pas de cette guerre à laquelle le président de la République semble rêver le matin en se rasant, allant jusqu’à supprimer, en plein chaos international, le corps diplomatique, une fierté nationale, qui est la seule clef viable d’une négociation entre dirigeants.

Les Français ne veulent pas d’un pays administré le plus souvent contre leurs intérêts, mais rêvent d’une nation guidée.

Devant l’échec de sa politique sur un plan diplomatique, économique, social, Emmanuel Macron accusait hier l’Europe. Aujourd’hui, il accuse le climat mondial. Au final, derrière toutes ces excuses ne demeure qu’une seule réalité : après avoir entaché la souveraineté de la France, le président de la République enterre un modèle qui fut la lumière de l’Europe durant des siècles, reléguant les discours francophiles à des postures nationalistes.

Aujourd’hui, Emmanuel Macron tente de nous faire croire qu’aimer la France, c’est être déconnecté des enjeux du monde parce que dans ce monde globalisé, lui et son gouvernement ont été incapables de défendre le modèle français. Aimer la France, ce n’est pas haïr l’autre. Aimer la France, c’est la rêver prestigieuse dans la grande marche du monde et certainement pas demander à son peuple de la sacrifier au profit d’un nouvel ordre mondial qui serait inévitable.

Alain Houpert est sénateur LR de la Côte-d’Or, membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.

Crises : les Français pessimistes

Crises : les Français pessimistes

 

Les Français partagent le pessimisme Macron quant à la multiplication des crises mais lui imputent souvent la responsabilité. 85 % des personnes interrogées estiment que contrairement au gouvernement l’inflation va durer et près de 60 % pensent qu’elle va s’installer. Un papier des Echos  rend compte de l’insatisfaction des Français.

Si Emmanuel Macron ne cache pas son pessimisme pour les mois qui viennent, il est en phase avec l’opinion. Mercredi dernier, à l’occasion du Conseil des ministres de rentrée, le président de la République n’a pas mâché ses mots, évoquant « la fin de l’abondance », « la fin de l’insouciance » et préparant les Français à des « efforts » et des « sacrifices » au cours des prochains mois.

Les Français avaient déjà le message en tête. Selon une étude coordonnée par le think tank Destin commun, ils ne cachent pas non plus leur pessimisme face au cocktail composé de la guerre en Ukraine et de ses conséquences (retour de la guerre, hausses des prix, craintes de pénurie d’énergie) et de l’accélération du dérèglement climatique, comme l’ont montré les incendies record de l’été.

La hausse des prix est particulièrement mise en avant. 85 % des personnes interrogées (selon l’étude menée par Yougov) se déclarent inquiètes de son impact, alors que 57 % évoquent des difficultés pour y faire face. Il y a aussi le sentiment que l’inflation va durer, puisque 41 % des personnes interrogées estiment « ne pas être sûres qu’elle se terminera un jour ».

« Il y a chez les Français un sentiment de ne pas voir le bout du tunnel, avec les crises qui s’enchaînent depuis le Covid », note Laurence de Nervaux, directrice de Destin Commun.

Sans surprise, les perspectives sur le climat social s’assombrissent. Deux personnes interrogées sur trois anticipent des grèves de grande ampleur dans les prochaines semaines, voire des troubles à l’ordre public à l’image du mouvement des « gilets jaunes » au cours de l’hiver 2018-2019. Ce mouvement continue d’exister dans les esprits des Français : 40 % se déclarent favorables à sa reprise.

« Si le soutien aux « gilets jaunes » a toujours été relativement important, il pourrait potentiellement bénéficier d’un renfort parmi de vastes catégories de la population dans le cadre d’une reprise du mouvement », écrit Destin commun.

Une des clés de cette tension sociale réside dans l’incompréhension des raisons de la hausse des prix, dont le déclin n’est pas attendu avant l’année prochaine , selon le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Deux Français sur trois ont le sentiment de ne pas comprendre les raisons de la hausse des prix, dont un tiers qui estime ne pas les comprendre du tout. Cette incompréhension est une spécificité française par rapport à des pays comme l’Allemagne ou la Grande-Bretagne, où l’inflation est beaucoup plus forte.

Les raisons de cette incompréhension sont multiples, entre une défiance à l’encontre de la classe politique, le manque de pédagogie du gouvernement ou encore le rôle des médias. Cette incompréhension est beaucoup plus forte chez ceux qui se déclarent en difficulté pour faire face à la hausse des prix.

Enfin, elle nourrit des thèses proches du complotisme, puisque près d’un Français sur deux (46 %) estime que l’augmentation des prix du pétrole et du gaz fait partie d’un plan du gouvernement pour forcer le pays à passer aux énergies renouvelables !

Si la guerre de la Russie en Ukraine arrive en tête des explications à cette hausse des prix, deux autres explications arrivent juste derrière : la politique du gouvernement et les entreprises de l’énergie. « Les Français désignent la Russie mais pointent aussi le gouvernement. C’est une lecture politique de la crise. Par principe, l’exécutif est responsable de tous les maux », ajoute Laurence de Nervaux. Ce sentiment est bien évidemment plus massivement partagé chez les électeurs de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon.

Etats-Unis :Une longue guerre contre l’inflation structurelle (Fed)

Etats-Unis :Une longue guerre contre l’inflation structurelle (Fed) 

 

Le patron de la banque centrale américaine a été beaucoup plus clair que beaucoup d’autres de ses collègues de banques centrales en déclarant que la guerre contre l’inflation serait longue car de nature structurelle. Le contraire de ce qu’affirme depuis des mois certains experts proches du gouvernement français et le gouvernement lui-même à travers la voix du ministre des finances. Ce dernier est la BCE ont longtemps affirmé que l’inflation n’était que conjoncturelle et qu’elle avait atteint son pic NDLR . 

Un papier de la Tribune rend compte  de la récente prise de position du président de la Fed sur l’inflation.

L’économie américaine aura besoin d’une politique monétaire restrictive « pendant un certain temps » avant que l’inflation ne soit maîtrisée, ce qui signifie une croissance plus lente, un marché de l’emploi plus faible et « une certaine douleur » pour les ménages et les entreprises, a déclaré vendredi le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell.

Dans une déclaration résolue et d’une rare franchise, prononcée à la conférence des banquiers centraux de Jackson Hole (Wyoming), le patron de la Banque centrale américaine a averti que la Fed userait « vigoureusement de ses outils » en relevant les taux. Le ralentissement de l’inflation en juillet, mesuré notamment par l’indicateur PCE publié vendredi, n’est pas suffisant pour baisser la garde, a-t-il également commenté.

 

Selon l’indice PCE publié vendredi par le Département du Commerce, l’inflation aux Etats-Unis s’est légèrement repliée en juillet de 0,1%, contre une hausse de 1% en juin. Sur un an, les prix ont aussi ralenti leur hausse à 6,3% contre 6,8% en juin, selon cet indicateur privilégié par la Banque centrale américaine, la Fed. Sans compter les coûts volatils de l’énergie et de l’alimentation, l’inflation sur le mois a progressé de 0,1% contre 0,6% en juin; sur un an, elle s’établit à 4,6% contre 4,8% le mois d’avant.

Ces chiffres sont un peu meilleurs que les prévisions des analystes qui misaient sur un indice PCE en légère hausse de 0,1% sur le mois et de 0,3% pour l’inflation sous-jacente. Un autre indicateur d’inflation, l’indice des prix à la consommation CPI, publié le 10 août et généralement supérieur au PCE, s’était inscrit à 8,5% en juillet, contre 9,1% en juin, montrant également un tassement de la hausse des prix.

Jerome Powell n’a toutefois donné aucune indication sur ce qui pourrait être décidé lors de la réunion de septembre. Mais les contrats à terme sur les taux d’intérêt suggèrent une probabilité de 56,5% d’une nouvelle hausse de taux de 75 points de base, contre 46,5% avant la prise de parole du président de la Fed. Bien que les difficultés s’accentuent, il ne faut pas s’attendre à ce que la Fed réduise rapidement ses taux tant que le problème de l’inflation ne sera pas réglé, a souligné le patron de la Fed. La décision de remonter les taux « dépendra de la totalité des données reçues et de l’évolution des perspectives », a-t-il indiqué.

Des investisseurs estiment que la Fed pourrait infléchir son discours si le chômage augmente trop rapidement, certains prévoyant même des baisses de taux d’intérêt l’année prochaine, une perspective à laquelle les responsables de la banque centrale américaine se sont pourtant fortement opposés ces dernières semaines. Certains membres de la Fed ont indiqué que même une récession ne les dissuaderait pas d’agir tant que l’indice des prix à la consommation ne se rapproche pas de manière convaincante de l’objectif de 2% fixé par l’institution.

Après ce discours, en Bourse, tous les secteurs européens ont fini dans le rouge vendredi. Les marchés boursiers européens ont accusé le coup : Francfort (-2,26%), Milan (-2,49%), Paris (-1,68%) et Londres (-0,70%) ont décroché après la très attendue prise de parole de Jerome Powell. La pression des forts prix du gaz et de l’électricité a aussi pesé sur les indices.

Wall Street était également dans le rouge : le dollar reculait après un repli de l’inflation américaine et un discours du président de la Réserve fédérale (Fed) à la réunion des banquiers centraux de Jackson Hole.

En Europe aussi, l’inquiétude est de mise. Les gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) se sont montrés de plus en plus préoccupés de voir l’inflation s’installer à un niveau élevé. Dans le compte-rendu de la réunion de juillet, publié jeudi, ils ont jugé que la courbe de la hausse des prix représente un risque suffisamment important pour justifier une remontée de taux plus importante qu’annoncé initialement.

La Banque centrale européenne avait déjà relevé en juillet dernier ses taux directeurs de 50 points de base pour tenter de lutter contre l’inflation. Mais cette dernière, continuant de grimper et atteignant en juillet 8,9% sur un an, pousse les gouverneurs de l’institution à plaider en faveur d’un nouveau resserrement du même ordre en septembre.

Algérie : du gaz contre des visas ?

Algérie : du gaz contre des visas ?

 

Pour remplacer le gaz russe, Emmanuel Macron tente de se rabibocher avec Alger.

 

Une sorte de marchandage urgent est en cours sans doute pour échanger le gaz précieux qui manque notamment contre des visas NDLR

Dans le cadre de sa diplomatie du gaz, la nouvelle visite d’Emmanuel Macron en Algérie marquera-t-elle un nouveau départ dans la relation avec la France ? Après les ratés des premiers voyages, l’élection d’un nouveau président aurait pu en offrir l’espoir, avec à la clef plus de coopération économique. Mais après la polémique sur la « rente mémorielle » et celle sur l’existence d’une nation algérienne, la réconciliation reste de façade. Le président Tebboune doit d’ailleurs partir prochainement en visite officielle à Moscou et à Pékin.( papier de la Tribune)

 

Jusqu’à présent, l’Algérie n’avait guère porté chance à Emmanuel Macron ! Et ce n’est pas faute d’essayer ! Dès sa campagne présidentielle de 2017, le futur président avait ainsi tenu à établir une relation forte avec ce géant de la Méditerranée et de l’Afrique. À l’époque, le candidat Macron s’était même déplacé avec toute une partie de son staff durant deux jours à Alger, multipliant les prises de contact, notamment avec les oligarques algériens, pourtant symboles d’un « système » à bout de souffle. Comme à son habitude, il avait alors fait de nombreuses promesses.

Malheureusement, lors de ce voyage à Alger, les couacs se multiplient. Par exemple, le candidat se recueille sur la tombe de Roger Hanin, héros de la série télévisée « Navarro ». Il fleurit alors la sépulture du comédien, ce qui ne se fait pas dans la tradition juive, s’y rend sans prévenir les proches du défunt, et encore mieux, se retrouve accompagné d’une personne se revendiquant comme faisant partie de la famille ce qui n’était pas le cas… Un épisode révélateur du manque d’expérience du futur président et de son équipe…

On s’en souvient encore, Emmanuel Macron avait aussi créé lors de ce déplacement une énorme polémique en France en expliquant à un journaliste de la télévision algérienne que la colonisation française avait été un « crime contre l’humanité ». Ces paroles avaient suscité un tollé en France, notamment chez les Pieds Noirs. Mais surtout, la principale imprudence que commet à l’époque le candidat Macron, c’est de se lier avec l’ensemble des vieux réseaux du pouvoir politique et économique algérien, ceux-là même qui seront contestés par le peuple algérien lors de la révolution du Hirak au printemps 2019. Du jour au lendemain, plusieurs connaissances d’Emmanuel Macron vont se retrouver en prison. Et ces liens vont peser ensuite bien lourds dans les relations entre les deux États.

Fin 2019, l’élection d’un nouveau président, Abdelmadjid Tebboune, aurait pu être l’occasion d’un nouveau départ pour Emmanuel Macron en Algérie. À l’inverse, les relations vont se dégrader encore un peu plus. Début 2020, un projet de voyage du président français à Alger est reporté. À l’automne 2021, les tensions aboutissent à un point de quasi non retour, à quelques mois de la présidentielle française. Lors d’une rencontre avec des jeunes algériens et franco algériens à l’Elysée et un journaliste du Monde, le président use d’un langage peu diplomatique : il dénonce alors l’utilisation d’une « rente mémorielle » par les autorités algériennes, assure que l’histoire officielle de l’Algérie est « totalement réécrite », et ose se demander s’il existait une nation algérienne avant la colonisation française, tout en rappelant que l’Algérie avait été aussi colonisée par les Turcs…

Ces propos chocs provoquent immédiatement un tollé en Algérie. Et ils tombent au plus mal : deux jours plus tôt, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé que la France allait réduire de moitié l’octroi des visas pour l’Algérie et le Maroc, et l’Algérie avait déjà, en réaction, rappelé son ambassadeur en France. Résultat, l’Algérie décide d’interdire le survol du pays aux avions militaires français qui participent à l’opération Barkhane au Sahel. Dans les jours qui suivent, la tension monte encore d’un cran. Alger multiplie les « cartes postales » inamicales à l’égard du président français. Mais après une assez longue période de latence, la situation revient peu à peu à la normale, notamment après un voyage éclair à Alger de Jean-Yves Le Drian, alors ministre des Affaires étrangères, début décembre 2021, « pour amorcer la réconciliation franco-algérienne », selon un conseiller élyséen.

Huit mois plus tard, la visite d’Emmanuel Macron en Algérie est donc placée sous le signe de la jeunesse et de l’innovation. Comme à son habitude, le président français va profiter de son voyage pour rencontrer de jeunes entrepreneurs algériens mais aussi des artistes. Ce sera aussi l’occasion pour Emmanuel Macron de rencontrer la nouvelle organisation patronale en Algérie, le Crea (le conseil du renouveau économique algérien), présidé par Kamel Moula, qui rassemble des entreprises privées et publiques et souhaite rompre avec l’affairisme des dernières années du président Bouteflika. Voilà pour la « communication ».

L’Elysée préfère minimiser l’aspect business du voyage. Pas question pour le château de laisser entendre que la France tente de se rabibocher avec l’Algérie pour cause de guerre en Ukraine et de crise énergétique. Pas question non plus de laisser entrevoir la signature de gros contrats alors les espoirs de Paris dans ce domaine sont minces au vu du niveau de la « relation bilatérale » depuis plusieurs années. « Les relations sont vidées de tout contenu probant et convainquant. Elles se limitent à la sécurité, au Sahel, à la question migratoire, à la « mémoire » », tacle un bon connaisseur des relations entre Algérie et France.

Dans la délégation française, on trouve toutefois des poids lourds. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire est accompagné de Rémy Rioux de l’Agence Française de Développement et Nicolas Dufourq de la BPI. Les grands patrons Xavier Niel et Rodolphe Saadé (CMA CGM), tous deux proches d’Emmanuel Macron, sont également du voyage, ainsi que Catherine MacGregor, la directrice générale d’Engie qui vient de signer un nouveau contrat avec la Sonatrach, la société d’hydrocarbure algérienne, ou le haut cadre d’Ardian, François Touazi, très proche d’Emmanuel Macron. À noter également, la présence notable d’Arnaud Montebourg, devenu, depuis 2018, le président de l’association France Algérie. Selon plusieurs sources, on assiste en coulisses à un rapprochement de l’ancien ministre du Redressement productif avec Emmanuel Macron. Un soupçon d’union nationale dans l’équipe France ?

C’est que pour la France, l’urgence est là. Alors que les forces françaises se sont retirées du Mali et que la Russie pousse ses pions partout en Afrique, son influence décroit à vitesse grand V sur tout le continent. Au Maghreb, la France n’a pas que des difficultés avec Alger, les relations entre Emmanuel Macron et le roi du Maroc, Mohammed VI, sont devenues « exécrables », selon plusieurs observateurs. Une situation périlleuse alors que la France cherche à diversifier ses approvisionnements énergétiques depuis la guerre en Ukraine, et en particulier en gaz. Les Algériens l’ont bien compris et se laissent courtiser, mais pas à n’importe quelles conditions.

À l’image de la Turquie, l’Algérie maintient une diplomatie efficace et surtout tous azimuts. Entre son armée qui dispose des liens forts avec la Russie, ses excellentes relations avec les pétroliers américains, ses entrées en Iran et en Turquie, ses ressources minières, notamment en métaux rares, et son ouverture à la Chine, le pays sait largement se débrouiller économiquement sans la France. Selon nos informations, le président Tebboune doit d’ailleurs partir prochainement en visite à Moscou et à Pékin.

Dans ce contexte, la partie pour Emmanuel Macron est loin d’être gagnée. Si TotalEnergies a également signé un nouveau contrat de gaz en juillet dernier, la concurrence reste rude entre pays européens. L’Italie, qui dispose d’un gazoduc direct avec l’Algérie, a ainsi signé un contrat de gaz géant au printemps dernier, sans concertation avec ses voisins du « vieux continent ». En cette fin d’été, alors que l’opinion publique française craint désormais l’arrivée de l’hiver, la France tente ainsi de se placer dans cette voie italienne vis-à-vis de l’Algérie. « Macron essaye de se placer en sauveur de l’Europe sur le dossier du gaz », ironise un franco algérien proche du cabinet Tebboune. L’Elysée espère profiter des très mauvaises relations que le pays entretient avec l’Espagne depuis plusieurs mois. L’Espagne qui, comme l’Italie, dispose également d’un gazoduc direct avec les ressources du Sahara.

Reste que l’Algérie ne pourra pas résoudre l’équation européenne d’approvisionnement en gaz. Si ses ressources restent très bon marché par rapport au gaz de schiste américain, le fameux « gaz de la liberté », poussé par Biden après avoir été poussé par Trump, les sous investissements de ces dernières années dans la filière algérienne du pétrole et du gaz l’empêche d’augmenter largement sa production face à l’urgence européenne. Et il faudra encore un peu de temps avant que le projet d’un gazoduc entre Lagos et Alger voit le jour. Cette voie transsaharienne, permettrait alors à l’Europe de pouvoir puiser, via les gazoducs algériens, dans les nouveaux gisements de gaz au large du Nigéria, qui jusqu’à présent est obligé d’exporter en GNL. Une chose est sûre : il est bel et bien fini le temps où les Européens pouvaient imposer leurs vues au continent africain. Que les occidentaux le veuillent ou non, assisterait on l’établissement d’un ordre international plus juste, malgré la montée des tensions entre super puissances ?

Fournisseurs d’énergie : La faillite du système de concurrence

 

Fournisseurs d’énergie : La faillite du système de concurrence

Un papier de la Tribune souligne la faillite du système de concurrence des fournisseurs d’énergie et les conséquences néfastes  notamment pour l’utilisateur NDLR

C’est un scénario noir qui semblait, il y a quelques mois encore, hautement improbable. Et pourtant, les cours de l’électricité témoignent de la catastrophe énergétique à venir en France : pour décembre, le mégawattheure (MWh) s’échange ce vendredi à plus de 1.600 euros sur les bourses, contre 80 euros à la même période l’an dernier – un niveau déjà considéré comme anormalement haut. Alors que la guerre en Ukraine s’est couplée aux déboires actuels du parc nucléaire d’EDF pour former un cocktail explosif, le marché anticipe en effet une grave défaillance cet hiver.

Pris au dépourvu, les fournisseurs alternatifs d’électricité (c’est-à-dire autres qu’EDF) se trouvent dans la tourmente. Alors qu’une partie d’entre eux appellent désormais leurs clients à les quitter pour rejoindre le tarif réglementé de vente (TRV, l’offre d’EDF encadrée par les pouvoirs publics), d’autres décident d’augmenter brusquement les tarifs cet hiver, et de supprimer leurs offres au tarif indexé sur le TRV d’EDF. A les entendre, ces derniers n’auraient pas le choix : « La hausse exceptionnelle des coûts d’approvisionnement en électricité, liée à la crise de l’énergie, ne permet plus de maintenir les tarifs actuels », explique GreenYellow (groupe Casino) dans un mail envoyé jeudi informant d’une hausse de 70% à la rentrée. « Nous sommes obligés de se désindexer du TRV », fait-on valoir chez Ohm Energie, dont les clients ont découvert début août des doublements de leurs mensualités dès septembre.

Et pourtant, dans la jungle de la concurrence, l’un d’eux semble pour l’heure résister à la tempête : avec ses quelque 40.000 abonnés particuliers, Plüm Energie maintient de son côté ouverte la souscription à son offre indexée au TRV, contre vents et marées. Pourquoi alors certains se disent-t-ils forcés d’imposer des hausses drastiques des prix afin de survivre en ces temps troublés, quand d’autres affirment pouvoir « maintenir le cap » ?

Dans les faits, les fournisseurs devraient être capables d’approvisionner leurs clients abonnés à une offre indexée au même prix qu’auparavant cet hiver. Et pour cause, afin de permettre aux fournisseurs alternatifs de rivaliser avec EDF, la construction du TRV repose sur les conditions économiques théoriques d’un de ses concurrents. « Pour parvenir à un tarif équivalent, il suffit donc de le répliquer : on achète de l’électricité à l’avance pour couvrir les besoins des clients, en miroir de ce que la Commission de régulation de l’énergie affiche pour le TRV », explique Vincent Maillard, cofondateur de Plüm Energie.

« Ensuite, l’Etat compense financièrement la différence avec le TRV induite par le bouclier tarifaire : il n’y a donc aucune raison de faire face à des impayés cet hiver, et d’augmenter les tarifs », poursuit-il.

En avril dernier, le fondateur d’Ohm Energie, François Joubert, affirmait d’ailleurs lui aussi à La Tribune s’être couvert en conséquence, et pouvoir ainsi rester « solide quelle que soit l’évolution des conditions de marché ».

Comment se fait-il alors que ses clients soient informés en août d’une modification substantielle de leur contrat, qui, de l’aveu même de François Joubert, entraînera de nombreuses résiliations ? Pour nombre de connaisseurs du secteur, pas de doute : « Le but est justement de se défaire d’une partie des clients, malgré ce qu’en dit Ohm », glissent à La Tribune plusieurs sources.

Pourtant, il y a encore quelques semaines, la petite entreprise harponnait les clients avec d’importants rabais sur l’été, promettant des tarifs « toujours inférieurs au TRV ». A l’instar de Marc*, qui a souscrit à une offre « très alléchante » courant juin, avant d’apprendre en août que sa mensualité, initialement fixée à 109 euros, augmentera à 272 euros dès le 1er septembre.

« Concrètement, l’idée est de recruter un maximum de clients en été, puis de s’en délester dès septembre afin de maximiser les droits à l’ARENH pour 2023 », estime un expert du secteur.

L’ARENH, pour Accès régulé à l’électricité nucléaire historique, est le quota d’électricité vendu à prix coûtant par EDF à ses concurrents, et que chaque fournisseur alternatif peut réclamer en fonction de la consommation de ses clients. Si de tels soupçons se portent sur Ohm Energie, c’est parce que le calcul de ces « droits ARENH », qui garantissent l’accès aux précieux électrons pour 46 euros seulement le MWh, sont calculés principalement en été, quand la consommation est la plus faible.

De fait, dans un mail daté de novembre 2021 qu’a pu consulter La Tribune, la jeune entreprise aux 250.000 compteurs informe l’un de ses clients d’une hausse provisoire des tarifs du fait de la flambée des cours, et lui conseille de rejoindre un autre fournisseur « pour éviter de payer plus cher que le tarif réglementé cet hiver ». Avant de lui proposer une « remise de 50 euros » sur son prochain contrat en cas de re-souscription chez Ohm Energie dès le 1er mai 2022, date à laquelle « l’offre reviendra à son niveau de remise initial ».

De son côté, François Joubert dément formellement toute pratique de ce genre, puisque l’ancien président de la filiale de trading d’EDF expliquait en avril à La Tribune ne jamais avoir modifié ses tarifs. Il n’empêche, le procédé semble se répéter cette année : alors que l’entreprise a fait valoir en août qu’elle serait « contrainte » d’augmenter substantiellement ses prix dès le 1er septembre, la grille tarifaire qui s’appliquera à nouveau à partir du 31 mars 2023, déjà disponible sur Internet, affiche des prix très compétitifs (alors même que les prix sur les marchés à terme flirtent avec les 600 euros le MWh sur la période). Une politique non liée à l’ARENH, affirme François Joubert, qui défend son « droit de proposer des offres attractives » et de les « modifier »,

Une chose est sûre : la pratique est vue d’un mauvais œil par le médiateur national de l’énergie, Olivier Challan Belval (chargé de recommander des solutions aux litiges entre les consommateurs et les fournisseurs). Celui-ci se réserve d’ailleurs la possibilité d’alerter la répression des fraudes pour contrôler ce qu’il estime être une « pratique trompeuse ».

« J’ai reçu jeudi François Joubert et lui ai demandé de prendre aujourd’hui l’engagement que les prix annoncés aujourd’hui et activables en avril ne seront pas modifiés. Mais il a noyé le poisson », explique Olivier Challan Belval.

Cependant, en l’état, cet éventuel arbitrage sur l’ARENH n’est pas répréhensible, malgré le contrôle de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). « Certains ont industrialisé le processus. Il existe bien une clause de complément de prix, censée vérifier qu’un fournisseur n’a pas trop demandé d’ARENH par rapport à la consommation de ses clients en été, avec une pénalité prévue. Mais il n’y a, pour l’heure, aucun mécanisme clair qui pénaliserait les fournisseurs attirant les clients entre avril et septembre », explique un acteur du marché. D’autant qu’il est toujours possible de vendre sur le marché à des prix pharamineux les MWh correspondant à ces droits ARENH acquis à moins de 50 euros.

Plus généralement, chacun peut, a priori, spéculer comme il l’entend sur les marchés en se délestant de clients au moment où l’affaire rapporte, y compris en-dehors de l’ARENH.

« Pour cet hiver, arbitrer sur le marché est, en toute hypothèse, plus rentable que de fournir. Si une entreprise a acheté fin 2021 des électrons pour 2022 à 120€/MWh et qu’il peut les revendre à 1.530€/MWh ce jour pour le premier trimestre de 2023, on comprend qu’il ne tienne spécialement pas à garder ses clients », pointe un connaisseur du secteur.

La faillite d’Hydroption à la fin de l’année dernière illustre ces lacunes profondes de la régulation : « Ce fournisseur s’était mal couvert, il a donc vu son autorisation de fourniture retirée. Par conséquent, il n’avait plus de client à approvisionner, mais conservait une certaine couverture d’achat d’électricité sur les marchés de gros. Quand il l’a vendue, il a donc récupéré de l’argent ! Dans ce système, un fournisseur qui n’est pas sérieux peut donc s’enrichir » souligne un alternatif.

Si ces arbitrages peuvent ne pas affecter immédiatement le client, étant donné que la résiliation en tant que telle n’implique pas de frais, le piège peut parfois se refermer sur certains d’entre eux. « Les fournisseurs ont le droit de changer d’offre en cours de route, mais cela doit se faire en toute transparence et loyauté, et chacun doit en être informé des nouvelles conditions un mois avant, en vertu de la loi », précise le médiateur de l’énergie. Seulement voilà : plusieurs clients d’Ohm Energie contactés par La Tribune affirment n’avoir reçu aucun mail, SMS ou appel les informant de la hausse du 1er septembre avant le 16 août, y compris en épluchant leurs spams. « Le mail a été envoyé à la base de clients en temps et en heure », assure de son côté François Joubert.

Quoi qu’il en soit, « c’est au fournisseur de prouver que l’information a bien été reçue, et que son destinataire n’est pas passé à côté, d’autant plus lorsqu’on parle d’augmentations de plus de 100% », fait valoir le médiateur de l’énergie. Sans quoi celui qui pensait jusqu’alors avoir fait une bonne affaire risque d’être pris au dépourvu en recevant sa facture.

Le prénom a été modifié.

Enseignement : un projet trop flou chez Macron

Enseignement : un projet trop flou chez Macron

 

Le constat d’échec que le chef de l’Etat a dressé, jeudi, devant les recteurs d’académie, était nécessaire. Mais si le diagnostic semble juste, il reste à trouver des remèdes qui n’aggravent pas l’état du malade estime un papier du Monde.

 

Comme parfois chez Macron on peut partager le constat par contre les orientations manquent de contenu et on peut s’interroger sur la volonté de redresser réellement le système éducatif. NDLR

Des discours destinés à « refonder » l’école, des « concertations nationales », des « grands débats », l’éducation nationale en a connu davantage que toute autre administration. Les ministres qui les ont lancés sont souvent oubliés, leurs résultats perdus dans les sables. Il faut souhaiter que l’appel à la « révolution copernicienne » lancé par Emmanuel Macron, jeudi 25 août, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, ne subisse pas le même sort pour une raison à la fois dramatique et simple : le système scolaire, pierre angulaire de notre République, institution cruciale tant pour la démocratie que pour la bonne santé de l’économie, est en crise.

L’urgence est double : les enseignants, pourtant respectés dans l’opinion, sont maltraités financièrement par l’Etat puisqu’un débutant perçoit 1,2 fois le smic contre 2,3 fois dans les années 1980 ; l’efficacité du système, aussi bien en termes de performance des élèves que de lutte contre les inégalités sociales, est à la traîne parmi les pays développés.

La crise de recrutement que connaît « ce beau métier », selon l’expression de M. Macron, fait douter, à une semaine de la rentrée scolaire, de la présence d’un enseignant dans chaque classe. Elle se double d’un état d’exaspération et de défiance des professeurs, aggravé par le Covid-19 et l’autoritarisme du précédent ministre.

M. Macron semble avoir compris que le retour de la confiance passe à la fois par un ministre plus à l’écoute et par une substantielle revalorisation des traitements. La décision, confirmée jeudi, de porter à 2 000 euros net le salaire en début de carrière apparaît comme un socle minimal pour engager les réformes de fond de nature à améliorer les performances du système. L’effort promis sur l’enseignement professionnel et sur l’orientation, deux parents pauvres, va aussi dans la bonne direction.

En prenant lui-même la parole devant les recteurs d’académie, fait exceptionnel, le président de la République a solennisé sa volonté de faire de l’éducation une priorité de son second quinquennat. Lucide, le constat d’échec qu’il a dressé était nécessaire. Mais si le diagnostic semble juste, il reste à trouver des remèdes qui n’aggravent pas l’état du malade.

Pour sortir du mal-être des professeurs exaspérés par la pluie incessante de règles et de réformes venues d’en haut, l’appel aux initiatives locales, au volontariat, à la responsabilité paraît une piste logique. Les enseignants ne peuvent se dire méprisés et rejeter a priori un discours de confiance leur donnant de nouvelles marges d’initiative, gage d’une adaptation pédagogique aux réalités des différents terrains.

L’uniformité et le centralisme ont montré leur impuissance face aux inégalités. Il reste à trouver un juste équilibre entre la nécessité de souplesse et d’autonomie locales, et le maintien de garanties nationales, notamment en matière de programmes, d’examens et de juste répartition des postes d’enseignants. La pérennité des moyens à accorder aux projets locaux s’avère également déterminante.

Le piège serait que la nouvelle feuille de route présentée par Emmanuel Macron ne serve à masquer un projet, inacceptable, de mise en concurrence des établissements, qui ne ferait qu’exacerber les inégalités territoriales et sociales. S’il veut, comme il l’affirme, reconquérir la confiance des partenaires du système scolaire, le président doit clarifier ses perspectives. Sinon, son projet risque de finir, comme bien d’autres, au cimetière des occasions manquées.

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