Archive mensuelle de août 2022

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L’Enjeu des logiciels quantiques et défis software

L’Enjeu des  logiciels quantiques et défis software

 

 Par Yehuda Naveh, cofondateur et CTO de Classiq dans la Tribune

 

 

Les ordinateurs quantiques comprennent des qubits – l’équivalent quantique des bits classiques « 0 ou 1 » – et des portes qui les modifient. Aujourd’hui, les entreprises rivalisent sur de nombreux aspects : le nombre de qubits, le type de portes disponibles, la connectivité entre les qubits, les taux d’erreur, la température de fonctionnement, etc. Le rythme de ces progrès est absolument fulgurant. IBM, notamment, proposait un calculateur quantique de pointe de 65 qubits, et prévoit une version de 433 qubits pour cette année, et une autre de 1.000 qubits pour 2023.

Aussi important que le hardware puisse paraître, le software est également essentiel pour propulser cette révolution quantique. En informatique classique, une unité centrale moderne est inutile sans un système d’exploitation et des logiciels pour développer des applications, et nous pouvons supposer qu’il en sera de même pour les ordinateurs quantiques. Sans logiciels puissants, l’informatique quantique ne pourra tenir ses promesses.

Toutefois, le développement de software quantique n’en est actuellement qu’à ses prémices. Les langages de programmation quantique tels que Q# de Microsoft, Qiskit d’IBM ou encore Cirq de Google, fonctionnent principalement au niveau de la porte ou du bloc de construction. Si par exemple un bloc de construction requis n’est pas encore mis en œuvre, l’utilisateur doit spécifier la séquence exacte des interconnexions entre les qubits et les portes quantiques.

Ce processus est similaire à la création d’un circuit numérique en plaçant laborieusement des portes logiques « traditionnelles ». Cette méthode peut fonctionner lorsqu’il y a des dizaines de portes logiques, mais est pratiquement impossible à mettre à l’échelle de milliers ou de millions de portes.

Le caractère complexe de la conception de logiciels quantiques entraîne un autre aspect défavorable : la difficulté de trouver des ingénieurs software. La programmation quantique étant différente de la programmation classique, les ingénieurs en logiciels quantiques se font rares. Ils doivent être des experts en théorie de l’information quantique et avoir une compréhension pratique de la physique quantique ainsi qu’une maîtrise de l’algèbre linéaire.

Aujourd’hui, ces ingénieurs sont généralement titulaires de doctorats de grandes universités. Les profils possédant ces qualifications sont peu nombreux, et les entreprises ont du mal à les embaucher au sein de leurs branches quantiques nouvellement créées.

En outre, les ingénieurs en logiciels quantiques n’ont pas d’expertise dans le pricing d’options, la biologie moléculaire, l’optimisation de la supply chain, ou tout autre domaine que les équipes souhaitent traiter. La nécessité de définir de nouveaux algorithmes au niveau des portes rend très ardue l’intégration d’experts de domaines spécifiques dans les équipes quantiques.

Lorsque vous prenez une magnifique photo de vacances et que vous souhaitez accentuer les couleurs du coucher de soleil, vous n’avez probablement pas envie de le faire pixel par pixel, surtout si votre photo en compte des millions. Vous utiliseriez plutôt Photoshop ou un autre logiciel de retouche d’images qui vous permettrait de spécifier vos souhaits et de trouver un moyen de les réaliser pixel par pixel.

De la même manière, si vos équipes développent un nouvel algorithme quantique, elles ne voudront pas le coder – ou le corriger et le maintenir – porte par porte. Ils chercheront un langage de pointe pour traduire les nouveaux concepts en implémentation au niveau des portes quantiques.

Nous avons fait plus haut l’analogie entre la programmation quantique et la conception de circuits numériques. L’évolution de leur conception peut servir d’inspiration à la résolution des défis software.

À mesure que les circuits numériques devenaient plus complexes (un processeur Intel 8086 compte environ 20 000 transistors, alors qu’un i7 moderne en compte plus de 4 milliards), des langages de conception comme le VHDL sont venus à la rescousse. Avec VHDL, Verilog et autres langages de description hardware similaires, les concepteurs sont en mesure de développer des codes lisibles décrivant les objectifs, puis des programmes informatiques traduisent ces écritures en interconnexions de portes détaillées.

Ces langages ont permis de concevoir des circuits extrêmement sophistiqués et d’en assurer efficacement le débogage et la maintenance. Ces langages favorisent également la réutilisation des codes, de sorte qu’il ne soit pas nécessaire de les reconcevoir à chaque fois.

Nous assisterons bientôt à l’application d’une approche similaire au VHDL à l’informatique quantique. Si les structures du langage quantique peuvent être très différentes de celles du design électronique, le principe de cette « conception d’algorithmes quantiques » reste le même : se recentrer sur un objectif et laisser le programme informatique le traduire en qubits et en portes. Comme le VHDL a connu beaucoup de succès et que nous pouvons en tirer plusieurs enseignements, son équivalent quantique devrait se développer beaucoup plus rapidement et avec beaucoup moins d’incertitude.

Pour affronter cette révolution quantique et ces nouvelles plateformes logicielles, les entreprises peuvent :

  • Initier les experts de leur domaine aux concepts de l’informatique quantique, sans pour autant leur demander d’apprendre la programmation de bas niveau,
  • Éviter de se lancer tête baissée dans les qubits et les portes, il faudra tout d’abord créer un langage de haut niveau, compréhensible, pour définir les fonctions de l’algorithme quantique,
  • Continuer à explorer le marché des plateformes pouvant transformer des langages de modélisation de pointe en code quantique de bas niveau optimisé.

Sans progrès notables dans le software, l’informatique quantique stagnera. Les logiciels de conception d’algorithmes quantiques permettront non seulement de mettre en œuvre des algorithmes plus sophistiqués sur des machines plus avancées, mais aussi d’élargir le vivier de talents disponibles, permettant ainsi à des experts de domaines spécifiques de travailler avec des ingénieurs quantiques de haut niveau.

C’est en intégrant le hardware, le software et les ressources humaines que nous pourrons tenir la grande promesse de l’informatique quantique.

Plaidoyer pour le vélo du quotidien en France

Plaidoyer pour le vélo du quotidien en France

 

 

 

Force  est de constater que la passion des Français pour la petite reine s’exerce davantage devant l’écran que sur les routes. À l’heure où la mobilité cristallise les débats, il serait opportun que la popularité d’un tel événement permette d’accélérer les pratiques, à petite comme à grande échelle. Par Denis Saada, président de Betterway dans la Tribune.

 

4%, comme le nombre de Français qui se déplacent quotidiennement à bicyclette. Moins de 2%, comme la part modale du vélo en France, loin des 9% ambitionnés par le gouvernement français (source). Les chiffres ne sont guère flatteurs pour le pays du Tour de France. Pire, l’hexagone affiche un retard important sur ses voisins européens. Dans des villes réputées pour leur cyclabilité comme Copenhague ou Amsterdam, 35% des habitants se déplacent tous les jours à vélo. En Allemagne et en Suède, ce taux s’élève à 19%, à 15% en Belgique et à 13% en Italie. (source)

Le constat est clair : les Français aiment le vélo, c’est une certitude, mais ne l’utilisent que peu fréquemment. Parmi eux, 28 millions de salariés représentent une véritable ressource pour notre pays et sont un immense levier de changement. Et pour instaurer ce dernier, les entreprises ont un rôle prescripteur à endosser pour promouvoir la pratique du vélo auprès de leurs collaborateurs.

Bien sûr, elles méritent aussi d’être accompagnées pour proposer des dispositifs susceptibles d’encourager de nouvelles habitudes : système de vélo partagé, parking à vélo, bornes de recharge, etc. et les incitations financières restent nécessaires. Si le Forfait Mobilité Durable a, en deux années, contribué à initier un virage notable (38% des employeurs du privé ayant déclaré l’avoir déployé) incitant nombre de salariés à privilégier des modes de transports alternatifs à la voiture, il connaît néanmoins des freins non négligeables qui limitent l’essor d’un autre paradigme.

Et si pour lever les difficultés dans sa mise en œuvre, il s’agissait de penser d’ores et déjà plus largement et d’imaginer, la mise en place d’un Budget Mobilités Universel qui viendrait remplacer l’abonnement aux transports en commun et le Forfait Mobilités Durables. Ouvert à toutes les solutions de mobilités durables, il permettrait de motiver le plus grand nombre à changer facilement et à moindre coût ses habitudes de déplacement.

La puissance publique doit, elle aussi, se muer moteur en matière de mobilité. Depuis une quinzaine d’années, les collectivités investissent massivement en faveur du vélo en construisant des pistes cyclables, des véloroutes et des voies vertes. Les budgets ont d’ailleurs augmenté de 40% en 10 ans passant de 328 à 468 millions d’euros. Ce volontarisme n’est pas sans effet, mais les résultats se concentrent quasi exclusivement sur les grandes villes. En effet, selon une étude menée en 2020 par l’Ademe, entre 2010 et 2018, l’usage du vélo a augmenté de 30% à Paris et de 10% par an à Lyon pendant que celle-ci diminuait sur l’ensemble du territoire.

Par ailleurs, les sommes investies dans l’hexagone restent bien inférieures à celles consacrées par les Pays-Bas par exemple. Et ce même dans des villes particulièrement vélo friendly comme Grenoble, Strasbourg, Nantes et Bordeaux où les dépenses dans la politique vélo représentent 15 à 20 euros par habitant par an contre 33 euros depuis quarante ans dans les villes néerlandaises. Face à ce constat, les investissements doivent se poursuivre pour construire les conditions d’une pratique sereine du vélo aussi bien en zones urbaines que rurales. Pour cela, il est important de continuer à créer des zones dédiées – pistes cyclables, voies vertes – mais aussi de réduire les zones d’accès aux véhicules motorisés en ville pour garantir la sécurité des cyclistes.

Dans les banlieues, les zones périurbaines, ou dans les milieux ruraux, la bicyclette est délaissée, surtout par les plus jeunes d’entre nous. En 1982, 82% des écoliers européens se rendaient en classe à pied ou à bicyclette. Aujourd’hui, ils ne sont que 14%, alors même que les pratiques de mobilité des jeunes influencent leurs pratiques futures. Un travail de sensibilisation de la jeunesse est donc particulièrement nécessaire. Des mécanismes qui encouragent les jeunes Français à effectuer leurs trajets à vélo doivent être pensés : challenge à l’école, sorties scolaires à vélo, dispositifs de sécurisation des trajets-école – maison, …

Pour massifier la pratique du vélo, tout le monde doit prendre sa part. État, collectivités, entreprises et citoyens, chacun à un rôle important à jouer aussi bien sûr les infrastructures, la sensibilisation que sur les incitations et la volonté de changer ses habitudes. Des investissements plus conséquents sur les espaces dédiés au vélo, ainsi qu’une politique d’incitation en direction de la jeunesse, semblent désormais incontournables. Comme la nécessaire mise en place d’un Budget Mobilités Universel qui regorge d’un potentiel de mobilisation des salariés inégalé.

Denis Saada

 

Sénégal :Le pouvoir en place première victime du conflit ukrainien

Sénégal :Le pouvoir en place première victime du conflit ukrainien

 

Macky Sall,  président sénégalais et président en exercice de l’union africaine contesté dans les urnes et sans doute aussi première victime du conflit ukrainien.. En effet, la coalition au pouvoir au Sénégal, Benno Bokk Yakaar (BBY), a perdu la large majorité dont elle disposait au Parlement, obtenant seulement deux sièges de plus que deux coalitions d’opposition à l’issue des élections législatives, a annoncé jeudi la commission électorale.

En 2017, lors des précédentes élections législatives, BBY avait remporté 125 sièges. C’est la conséquence d’une gestion très contestée du pouvoir en place à Dakar mais aussi le premier effet de cette guerre en Ukraine qui risque de créer une crise alimentaire. Le président sénégalais a récemment tenté d’aller quémander auprès de Poutine les tonnes de céréales supposées éteindre l’incendie politique dans son pays.

Pour le président sénégalais l’échec est social, économique mais aussi politique. Sans parler de l’hypothèse d’un troisième mandat pour l’intéressé en violation du droit sénégalais.

 

 

 

 

Taïwan : ne pas humilier Pekin ! ( » le Monde »)

Taïwan : ne pas humilier Pekin ! ( » le Monde »)

 

En se rendant à Taipei, la présidente de la Chambre des représentants, troisième personnage des Etats-Unis, a pris le risque de provoquer Pékin dans une conjoncture politiquement très délicate estime un papier du « Monde ».

 

Le journal reprend le sentiment d’une partie de l’intelligentsia  qui adopte  une attitude de type munichoise aussi bien vis-à-vis de Pékin que de Moscou. Ce papier est révélateur de la résignation d’une grande partie de l’opinion occidentale prête à plier devant les dictateurs comme Poutine pour ne pas avoir à diminuer le chauffage d’un degré cet hiver.

Cette position est largement partagée par nombre d’experts qui proposent la diplomatie molle et  le renoncement aux valeurs démocratiques fondamentales pour n’avoir pas à subir de conséquences économiques des crimes russes et chinois. De quoi préparer un choc de civilisation au profit des dictatures criminelles. (NDLR)

Le papier du monde :

 

La visite de Nancy Pelosi à Taïwan a été inopportune et périlleuse dans le contexte qui prévaut en Asie orientale. La présidente de la Chambre des représentants, premier dignitaire américain de ce niveau à se rendre sur l’île « rebelle » depuis 1997, a mis de l’huile sur le feu dans un endroit du monde hautement inflammable. Elle a provoqué le courroux de Pékin dans une région qui peut aisément se passer d’une crise de plus : des manœuvres militaires chinoises particulièrement agressives viennent de commencer tout autour de l’île, provoquant un quasi-blocus.


On peut comprendre et partager la satisfaction de nombreux Taïwanais pour lesquels tout soutien étranger, et particulièrement celui des Etats-Unis, leur allié le plus puissant et le plus proche, est bienvenu : le régime communiste chinois ne cesse de multiplier les provocations à l’endroit de l’île qui incarne le contre-modèle démocratique absolu face à l’un des régimes les plus autoritaires de la planète. On peut aussi estimer, à juste titre, que la Chine n’a aucun droit d’empêcher le gouvernement taïwanais, à la tête d’un pays souverain, de recevoir les invités qu’il veut et quand il le veut : Taïwan a besoin et mérite d’être soutenu, alors que Xi Jinping, le numéro un chinois le plus autoritaire depuis l’ère Mao, semble prêt, dans un futur encore indéterminé, à prendre le contrôle de l’île.

 

Mais Nancy Pelosi, troisième personnage dans la hiérarchie du pouvoir américain, ne pouvait plus mal choisir son moment. Sa visite a eu lieu dans une conjoncture politiquement très délicate pour l’« empereur » Xi, qui entend devenir « dictateur à vie » en se faisant réélire pour un troisième mandat à la suite du 20e Congrès du PCC, l’hiver prochain. Depuis la fin de l’ère Deng Xiaoping, les numéros un chinois ne pouvaient dépasser les deux mandats d’affilée. Xi Jinping, dont les fonctions cumulent celles de président, de chef du Parti communiste et de la direction militaire centrale, est en outre affaibli en raison des conséquences économiques désastreuses dues à son obsession du « zéro Covid », qui a fait basculer son pays au bord de la récession.

Pour le président de la République populaire, les enjeux sont donc à la hauteur du destin qu’il rêve pour lui et pour la Chine. Après s’être enorgueilli de la façon dont il avait initialement géré la pandémie, Xi Jinping sait que la brutalité de sa politique ne lui vaut pas que des amis au sein du régime : éradication musclée de la corruption, dont les victimes ont surtout été ses concurrents directs, embastillement impitoyable de ses adversaires politiques – et cela aux plus hauts niveaux civil et militaire –, obsession centralisatrice du pouvoir. Paradoxe de cette visite : outre les dangers d’embrasement régional, elle permet aussi au numéro un chinois de faire une démonstration de force militaire et nationaliste…

Joe Biden est apparu lui-même peu enthousiaste à l’idée de voir Mme Pelosi se rendre à Taïwan. Les caciques de l’armée américaine se sont également montrés hostiles à ce voyage, qui tombe d’autant plus mal que la guerre en Ukraine et le tango géopolitique dansé par Pékin et Moscou incitent les Américains à certaines concessions : Washington veut éviter que la Chine n’arme les Russes, ce que celle-ci s’est soigneusement abstenue de faire jusqu’à présent. Au lieu de se montrer réaliste, Mme Pelosi s’en est vaillamment allée tirer la moustache du Tigre. Les rugissements attendus en retour sont devenus source d’inquiétude non seulement pour Taïwan, mais pour d’autres pays d’Asie.

Le Monde

Pour l’emploi des seniors

Pour l’emploi des seniors 

 

Le sociologue Serge Guérin  estime, dans une tribune au « Monde », que, avant de relancer le projet de réforme des retraites, le gouvernement devrait chercher à revaloriser l’emploi des plus de 50 ans, évincés en grand nombre du marché du travail.

 

Emmanuel Macron remet sur la table la réforme des retraites. A chaque fois le même psychodrame, les mêmes inquiétudes et postures. L’âge légal de départ à la retraite cristallise les débats. Les uns, au nom de l’équité sociale et d’un regard négatif sur le travail, souhaitent le retour à la retraite à 60 ans. Les autres, au nom du réalisme démographique et de l’équilibre des comptes, penchent pour un retour à l’âge de 65 ans pour partir à la retraite. Rappelons que l’âge de 65 ans avait été fixé par le Conseil national de la Résistance (CNR), en 1945. Ce fut la règle jusqu’en 1982.

Les Français se distinguent des Européens par un refus très majoritaire de travailler plus longtemps. Mais un refus largement corrélé par rapport au positionnement social : 77 % des classes moyennes inférieures et modestes et 85 % des plus pauvres sont favorables à la retraite à 60 ans, contre seulement 35 % du côté des catégories aisées, selon un sondage Ifop publié en février. De même, si 42 % des Français se déclarent prêts à travailler jusqu’à 64 ou 65 ans pour avoir une bonne retraite, 62 % des cadres sont dans cette perspective, mais seulement 39 % des ouvriers, d’après le baromètre du Cercle de l’épargne/Amphitéa de mai.

Les retraités sont les plus sceptiques devant un retour à la retraite à 60 ans. Toujours selon le même sondage Ifop, ils ne sont que 53 % à se déclarer favorables à une retraite généralisée à 60 ans alors que 71 % des Français défendent cette position. Pour autant, même les retraités ne sont guère favorables à l’allongement de la durée de travail. Les Français de plus de 65 ans refusent à 49 %, le droit aux seniors de ne pas partir en retraite, contre 38 % du côté des seniors belges et 17 % pour les seniors allemands, comme le démontre le baromètre de la Fondation Korian et Ipsos pour le bien-vieillir, 2018.

Les lobbys de la mal-bouffe

 

Les lobbys de la mal-bouffe

Les interventions « systémiques » de l’industrie agroalimentaire en matière de santé publique sont dénoncées dans deux ouvrages, l’un du professeur en épidémiologie nutritionnelle Serge Hercberg, l’autre des sociologues Daniel Benamouzig et Joan Cortinas Muñoz. ( » dans le Monde » Par Mathilde Gérard)

 

 

Dire que l’étiquette nutritionnelle Nutri-Score a donné lieu à une bataille de lobbys relève de l’euphémisme. Avant que ce logo de cinq couleurs, renseignant la qualité nutritionnelle d’un aliment, ne soit adopté fin 2017 par la France comme logo officiel (bien que non obligatoire), de grands groupes agroalimentaires ont livré un âpre combat contre cette étiquette, déployant toute la palette des stratégies d’influence possibles : entretien du doute sur la validité scientifique du dispositif, proposition de contre-logo, multiplication des échanges avec la sphère politique – officiels et officieux –, dénigrement des équipes qui ont conçu et testé le logo, personnalisation des enjeux… Un véritable cas d’école du lobbying mené par une filière, décrypté dans deux récents ouvrages.

Le premier, Mange et tais-toi, de Serge Hercberg, est un récit personnel des nombreuses pressions reçues par ce professeur en épidémiologie nutritionnelle, qui a présidé le Programme national nutrition santé en France de 2001 à 2017 ; une plongée saisissante dans les coulisses de la prise de décision en santé publique. Le second, Des lobbys au menu, écrit par Daniel Benamouzig (Centre de sociologie des organisations, CNRS et Sciences Po) et Joan Cortinas Muñoz (chercheur associé à la chaire santé de Sciences Po), est une enquête sociologique sur les différents types d’intervention de l’industrie agroalimentaire dans la sphère publique. Une recherche menée sur deux ans, qui démontre, au-delà des conflits d’intérêts individuels, l’existence d’activités d’influence « systémiques ».

Ces deux livres regorgent d’exemples. Serge Hercberg se remémore ainsi un combat emblématique, celui de l’interdiction des distributeurs automatiques de snacks dans les écoles en 2004, qui avait valu au professeur de recevoir de nombreux courriers hostiles, jusqu’à un appel téléphonique anonyme de menace.

Daniel Benamouzig et Joan Cortinas Muñoz relatent un autre épisode : lors de l’examen du projet de loi santé de 2015, dans lequel était discutée la mise en place de l’étiquetage nutritionnel, un directeur d’affaires publiques de la filière se plaint auprès de l’Elysée de ne pas réussir à rencontrer la ministre de la santé. « On s’est un peu énervés auprès de l’Elysée et de Matignon, en disant : “Ecoutez, on ne comprend pas, on arrive à voir le président de la République, on arrive à voir le premier ministre, on arrive à voir à peu près tous les ministres du gouvernement (…). Ce n’est pas normal”, relate ce responsable. L’Elysée finit par obliger Marisol Touraine à nous rencontrer, et elle nous boude et nous envoie son directeur de cabinet. » Réputé plus hermétique au secteur privé, le ministère de la santé présente néanmoins une lacune principale, selon Serge Hercberg : son « faible poids (…) dans la hiérarchie gouvernementale face à des ministères pesant beaucoup plus lourd, comme celui de l’agriculture ou celui de l’économie ».

Covid France 5 août 2022 :+33.799 ces dernières 24h

Covid France 5 août 2022 :+33.799 ces dernières 24h

 

En France, le dernier bilan fourni par les autorités sanitaires concernant la pandémie de covid-19 fait état d’au moins 2.541.761 cas de contaminations au total dont au moins +33.799 ces dernières 24h.

On enregistre ce jeudi 4 août 2022, +87 morts en 24h soit 152.457 au total. Le nombre total de décès en EHPAD et EMS fait état de 29.031 (+2) décès au total. Le nombre total de décès en milieu hospitalier est lui de 123.426 (+85 en 24h). 53.627.492 personnes sont totalement vaccinées contre la covid-19 en France.

Economie, politique, société: les plus lus (4 août 2022 – 7h15)

L’euro numérique : L’inquiétude des banques

L’euro numérique : L’inquiétude des banques

. Par Pierre-Edouard Batard, directeur général de la Confédération nationale du Crédit Mutuel.

 

 

Pour Pierre-Edouard Batard, directeur général de la Confédération nationale du Crédit Mutuel, la BCE ne doit pas se positionner comme concurrente des banques. D’une certaine manière, Pierre Édouard Batard exprime l’inquiétude existentielle des banques vis-à-vis de la banalisation d’une monnaie digitale européenne ( Dans la Tribune)

La monnaie digitale créée et hébergée par la Banque centrale européenne (BCE) sera de facto concurrente des moyens de paiement des banques commerciales. On aura beau penser – et rappeler au public ! – que ces monnaies se valent exactement et qu’elles répondent aux mêmes besoins des entreprises et des particuliers, le fait que la BCE garantisse « son euro » distillera le sentiment, conscient ou non, que les monnaies scripturales et électroniques tenues dans les comptes des banques commerciales, pourtant surveillées par la même BCE, ne présenteraient pas le même degré de confiance.

Prêts à fournir les efforts nécessaires de pédagogie et de communication, nous attendons de l’Europe qu’elle prenne sa part de ce travail en faveur de la clarté.

La confusion, si elle devait amener les usagers à privilégier la nouvelle monnaie digitale, provoquerait la fuite des dépôts au profit de la BCE et menacerait la rentabilité de l’activité des banques, les amenant à durcir l’accès au crédit. Pour les derniers réseaux bancaires qui, à l’instar du Crédit Mutuel, persistent à investir dans la proximité et porter leurs services au cœur des territoires, cette tension sur la santé du secteur peut avoir de graves conséquences stratégiques.

Alors que la BCE place l’inclusion bancaire au rang de ses priorités, il serait pour le moins paradoxal que l’accès des usagers au crédit et le financement des projets économiques soient les victimes collatérales de l’euro numérique. Là encore, toutes les parties prenantes doivent rappeler au public et aux citoyens qu’ils disposent d’ores et déjà, sous la supervision de la Banque de France, de la garantie d’utiliser l’euro sous toutes ses formes sans exclusion de population et sans tarification. Ne laissons pas s’installer l’idée selon laquelle l’euro numérique viendrait en sauveur d’un système défaillant : le système actuel fonctionne et il est protecteur.

L’anonymat des transactions est une attente légitime des citoyens européens : elle ne sera pas satisfaite par une technologie blockchain ; elle doit l’être dans la garantie du secret bancaire et la préservation de l’intimité numérique.

Par ailleurs, la détection des agissements des filières de blanchiment ou de financement du terrorisme et les procédures de contrôle qui la permettent ne sauraient connaître de relâchement. Hors ces cas de fraude, les banques traditionnelles protègent la confidentialité des usages bancaires du quotidien vis-à-vis des instances publiques, par le respect strict de plusieurs cadres réglementaires (RGPD, cybersécurité, non-monétisation des données…) et le Crédit Mutuel a même inscrit dans ses statuts le principe de leur défense.

Demain, quand nos transactions courantes seront directement opérées par la BCE, nos clients doivent bénéficier des mêmes garanties et disposer des mêmes recours. Sur ces deux terrains délicats, les banques françaises appliquent les dispositions en vigueur sous le contrôle de la DGCCRF, elles constituent un rempart efficace pour le consommateur et une force de proposition fiable pour la BCE.

Je forme le vœu qu’en parallèle du lancement de l’euro numérique, l’Europe monétaire en quête de souveraineté s’attaque à la régulation des cryptomonnaies, chantier primordial et crucial. Il est urgent d’imposer aux acteurs de leur émission et leur circulation ce même cadre réglementaire qui nous incombe pour l’émission et la circulation de l’euro et/ou des instruments financiers : que la vente de bitcoins soit moins encadrée que celle des actions du CAC 40 est sidérant, voire délirant !

D’autre part, alors que la BCE vient d’affirmer la prépondérance des critères climatiques et environnementaux dans ses décisions stratégiques, il devient indispensable que soit clairement estimé, annoncé et débattu le coût environnemental de cette nouvelle monnaie digitale à l’échelle du continent.

Les plus pessimistes vont jusqu’à formuler l’hypothèse d’une BCE, pourtant régulateur et superviseur bancaire, qui se positionnerait en concurrente voire en remplaçante des banques commerciales, devenues alors ses supplétives. Pire : le reliquat serait confié à des acteurs extra-communautaires, un comble pour ce projet annoncé au renfort de la souveraineté européenne. Ces craintes ne relèvent pas de la science-fiction.

Pour toutes ces raisons économiques, stratégiques et éthiques, le Groupe bancaire Crédit Mutuel contribuera activement aux réflexions et aux débats qui vont marquer les mois à venir.

Nous y défendrons notre capacité d’innovation technologique face aux acteurs du numérique, notamment sur la protection de la vie privée et la création de solutions aux défis du paysage européen des paiements. Nous réaffirmerons également ces principes du mutualisme qui nous portent et demeurent une saine boussole pour tout notre secteur.

L’écologie est-elle soluble dans les démocraties capitalistes ?

L’écologie est-elle soluble dans les démocraties capitalistes ?

 

Faire face au changement climatique semble compromis dans le cadre de nos organisations politiques contemporaines. Par Albin Wagener, Université Rennes 2

 

Un propos qui mérite d’être entendu mais relativement teinté politiquement. En effet on pourrait faire la même critique quant au caractère insoluble de l’écologie dans des démocraties autoritaires voiredes dictatures. Pire, la problématique environnementale y est souvent contestée. NDLR

 

 

 

Suite aux élections législatives de 2022, la toute récente reparlementarisation de la vie politique française pourrait faire évoluer la place des questions écologiques et environnementales, tout en soulignant les tensions qui existent entre urgence climatique et choix démocratiques et politiques. Le tout dans un contexte qui montre que les événements liés à l’urgence climatique deviennent désormais la norme, en France comme ailleurs.

À ce titre, plusieurs travaux ont montré que les programmes des partis situés à gauche du spectre politique étaient plus cohérents avec les accords de Paris, notamment EELV et LFI.

Au-delà de ce contexte, il est important de se poser cette question : une démocratie capitaliste est-elle compatible avec une politique écologique ambitieuse, susceptible de répondre aux effets du changement climatique ?

Cette question est d’autant plus pertinente, lorsqu’on sait à quel point il peut être difficile de prendre des décisions radicales, capables de répondre aux urgences, dans un moment où les positions hégémoniques du néolibéralisme font pression pour conserver une politique des « petits pas ».

».

Le philosophe et juriste Sam Adelman a ainsi montré que le principe même du « développement durable » repose sur des objectifs de croissance économique, rigoureusement incompatibles avec les défis de l’urgence climatique.

Si la question peut paraître un brin provocatrice, remettre en question le modèle économique de croissance basé sur un extractivisme matérialiste qui transforme biens, vivants et humains en ressources, semble nécessaire. D’autant que dans beaucoup de cas, lorsque l’écologie est prise en considération, elle relève du greenwashing. Ou, pour le dire autrement, l’écologie elle-même devient une ressource pour la communication et le marketing, avant d’être transformée en politique ambitieuse.

Pour le professeur Pieter Leroy, qui enseigne la politique environnementale aux Pays-Bas, la réponse est claire : notre organisation politique ne nous permettrait pas de pouvoir répondre dignement aux effets liés au changement climatique. Même lorsque des grands conglomérats proposent de baisser la consommation d’énergie par exemple, cela sert d’abord des buts économiques et financiers.

En réalité, la question est peut-être mal posée : il n’y a pas de démocratie contemporaine qui fonctionne en dehors du régime économique capitaliste, comme l’avait d’ailleurs identifié l’économiste Francis Fukuyama il y a 30 ans ; alors que l’inverse est vrai, puisque plusieurs régimes autoritaires prospèrent dans le monde, tout en adoptant une économique capitaliste.

S’agit-il d’un hasard ou d’un lien consubstantiel ? Sommes-nous incapables de rendre une démocratie fonctionnelle sans idéologie de croissance ni prédation économique ? Et, dans ce cas de figure, quelle peut être la véritable place de l’écologie dans un tel système, qui définit la planète, l’environnement, le vivant et l’humain comme un ensemble de ressources à exploiter ?

En réalité, cette question est loin d’être nouvelle puisqu’elle date du début des années 2000 à tout le moins ; mais à l’heure où chaque mois compte pour tenter de rendre le changement climatique le moins catastrophique possible, il est intéressant de se pencher sur ces questions qui lient succès démocratique et essor de l’économie de marché capitaliste.

Il y a 30 ans déjà, la philosophe américaine Nancy Fraser expliquait que le succès du modèle démocratique libéral ne devait pas nous faire oublier qu’aucun modèle politique n’est parfait, et que la critique est toujours saine et indispensable.

Pour Nancy Fraser, cette critique met notamment en exergue le fait qu’une démocratie fonctionnelle dispose d’un espace public libre, dans lequel chacun est libre de donner un avis, débattre et exercer son droit au désaccord – mais que cet espace public peut être saturé de lobbies et de groupes d’intérêt qui vont influencer les décisions politiques et les opinions publiques.

Pour le dire simplement, ces espaces de liberté peuvent être des sources d’émancipation, ou bien de redoutables terrains où prospère l’inaction climatique.

En 2004, la politiste Wendy Brown associe les difficultés et les écueils des démocraties contemporaines à l’essor du capitalisme néolibéral, en expliquant notamment que :

« la rationalité néo-libérale [...] soumet chaque aspect de la vie politique et sociale au calcul économique : plutôt que de se demander, par exemple, ce que le constitutionnalisme libéral permet de défendre, ce que les valeurs morales et politiques protègent et ce dont elles préservent, on s’interrogera plutôt sur l’efficacité et la rentabilité promues – ou empêchées – par le constitutionnalisme. »

Dans cette optique, où le constitutionnalisme libéral est à entendre comme l’exaltation des libertés individuelles face au pouvoir étatique, le politique ne devient qu’un instrument au service de la rentabilité – rendant de facto toute réforme écologique et environnementale difficile à implanter, à partir du moment où elle menace des intérêts économiques et financiers immédiats.

Un peu plus tard, en 2009, la professeur de science politique Jodi Dean va encore plus loin dans un ouvrage qui propose une critique de la version néolibérale des démocraties. Selon elle, les démocraties se retrouvent menacées par une confusion entre libre expression et stratégies de communication ; en d’autres termes, rien ne permet de distinguer les intérêts de celles et ceux qui utilisent leur droit à la liberté d’expression dans la sphère publique.

Ainsi, la sphère publique démocratique représente un véritable marché de la liberté d’expression où se mêlent tendances énonciatives, stratégies de persuasion, fabrication du consentement, opinions privées, argumentations élaborées et influences médiatiques. Cette confusion ne devient compréhensible et lisible qu’à l’aide d’un réel outillage critique, qui peut permettre à chacune et chacun d’exercer ses droits citoyens ; hélas, cet outillage n’est pas accessible à tous et il est difficile de l’appliquer dans le bruit ambiant.

Au sein de ce marché de la libre expression émerge alors non plus une démocratie réelle, mais une illusion de démocratie, réduite à une incarnation simpliste de liberté d’expression publique et d’abondance de production de messages. Cette analogie du marché n’est pas innocente : elle témoigne, une nouvelle fois, de la gémellité entre économie de marché capitaliste et démocraties contemporaines, soulignée entre autres par le politologue allemand Wolfgang Merkel, dans un article particulièrement lumineux paru en 2014.

Quid alors de l’urgent besoin de réaction face à l’incroyable violence des changements climatiques à venir ?

Si le modèle démocratique présente autant de dangers ou de vicissitudes liés à sa consanguinité avec l’économie de marché capitaliste, il est aisé de voir que les mesures écologiques nécessaires pour changer de modèle de société semblent littéralement vouées à l’échec.

Comment faire voter des individus contre l’intérêt propre de leur confort personnel en termes de consommation, ou empêcher des groupes d’intérêt de peser lorsque leurs propres intérêts financiers sont en jeu ? Comment permettre à des partis politiques et aux femmes et aux hommes qui les représentent de proposer un programme qui ira à l’encontre d’un certain nombre de partis-pris économiques habituels de l’économie de marché capitaliste – notamment la fameuse idéologie de croissance ?

Avec de telles limites, il semble difficile, voire impossible de pouvoir mettre en place une réelle transition écologique, au sens plein du terme, dans un système démocratique contemporain. Le fait qu’économie et démocratie fonctionnent en miroir sur un certain nombre de paramètres exploitables de l’environnement, que ceux-ci soient externes (ressources minières, terres à cultiver, animaux à élever, etc.) ou internes (ressources cognitives et affectives des individus, besoins anthropologiques élémentaires) n’est vraisemblablement pas le fruit du hasard ; ceci montre, comme je le développe dans Ecoarchie, qu’économie capitaliste et démocratie contemporaine, dans la version que nous connaissons, partagent en réalité un ADN commun.

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Par Albin Wagener, Chercheur associé l’INALCO (PLIDAM) et au laboratoire PREFICS, Université Rennes 2.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

La sobriété énergétique passe par des investissements et l’IA

La sobriété énergétique passe par des investissements et l’IA

Il  faudra  d’importants investissements et recourir aux outils de pilotage basés sur l’intelligence artificielle pour que cette sobriété soit réellement efficiente estimenet dans La Tribune José Iván García, PDG de Substrate AI, et Christopher Dembik, économiste et membre du conseil d’administration de Substrate AI.

 

Quelles sont les dépenses les plus énergivores pour un ménage et pour une entreprise ? En haut de la liste, on retrouve en général le triptyque chauffage, ventilation et climatisation (ou CVC, dans le jargon).

Prenons le cas des salles de cinéma. La France en compte environ plus de 2.000 réparties sur tout le territoire. Selon un rapport du Centre national du cinéma et de l’image animée rendu public le 8 juin dernier, le chauffage, la ventilation et la climatisation comptent pour 69 % des dépenses énergétiques. C’est énorme. L’ampleur est tout aussi importante dans de nombreux autres secteurs d’activité. Au moment où les prix énergétiques ne cessent de grimper (la semaine dernière, le prix de l’électricité en France a atteint un niveau record à 495 euros le MWh pour une livraison dans un an), beaucoup d’entreprises sont dans l’urgence de réduire leur facture énergétique.

S’ajoutent à cela les impératifs de la transition énergétique. Plusieurs décrets ces dernières années incitent les entreprises à adopter une trajectoire de réduction de la consommation énergétique. Par exemple, le décret « tertiaire » de 2019 oblige les bâtiments à usage tertiaire et dont la surface d’exploitation est supérieure ou égale à 1.000 m2 à atteindre 40 % d’économies d’énergie d’ici 2030. C’est demain. Une grande partie du parc français de salles de cinéma est concernée. Mais d’autres activités aussi.

Comment faire des économies d’énergie ? La sobriété énergétique est la réponse immédiate. Vous allez entendre cette expression quasiment quotidiennement dans les médias dans les mois à venir. Cela consiste à consommer moins, consommer autrement, comme l’indique en toutes lettres le plan sobriété énergétique du gouvernement présenté le 8 juillet dernier. Concrètement, cela implique trois types d’actions :

1° Travailler sur le regroupement des besoins. Il s’agit, par exemple, de travailler avec les municipalités et les associations pour qu’elles aient des créneaux horaires qui soient regroupés sur des périodes plus restreintes afin de ne pas distiller le chauffage ou encore travailler avec les entreprises du tertiaire afin que le télétravail se massifie et ainsi réduire les températures de consignes ces jours-là (c’est ce que prévoit le plan d’efficience énergétique espagnol présenté en mai dernier pour les administrations publiques)

2° Les écogestes. Les possibilités sont presque infinies : baisser d’un degré la température dans les bâtiments, réduire les horaires d’ouverture des piscines municipales, ne pas recharger son ordinateur portable pendant les heures de pointe sur le réseau électrique mais la nuit (les performances des nouvelles puces M1 et M2 d’Apple sont extraordinaires en termes de consommation), ne plus porter de cravate comme le préconise le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, ou encore demander à son fournisseur d’énergie un double tarif avec heure pleine/heure creuse afin de consommer intelligemment. Il faudra parfois mettre en concurrence les fournisseurs pour y parvenir. Tout cela suppose, au préalable, une campagne de sensibilisation du gouvernement à destination du grand public.

3° Prévoir des équipements et/ou des travaux afin d’économiser l’énergie. Plusieurs options sont possibles : installer des capteurs et objets connectés qui permettent de réguler l’énergie des sites en prenant en compte les périodes où il n’y a personne ou encore opter pour le relamping qui consiste à remplacer l’éclairage ancien par des luminaires LED. Simple mais efficace.

Les deux premiers types d’action n’ont un effet positif réel sur la consommation énergétique qu’à condition qu’il y ait une prise de conscience collective. C’est incertain. En revanche, certaines actions peuvent entraîner des conséquences positives immédiates et impressionnantes, comme le relamping qui peut diminuer la consommation électrique parfois jusqu’à 80 % ! Ce sont des actions rapides et impactantes. Elles peuvent être mises en œuvre dès aujourd’hui. Mais il faut aussi prévoir de s’inscrire dans le temps long, afin de baisser encore plus et durablement la consommation.

L’intelligence artificielle (IA) est une des solutions possibles. Cela peut induire d’opter pour des sources d’énergies renouvelables (comme la récupération de chaleur) couplées avec des outils de pilotage se basant sur l’IA. C’est ce que propose Dalkia, spécialiste français de la transition énergétique des industriels, avec Dalkia Analytics, par exemple. En Espagne, le groupe d’ingénierie SENER (un géant local) a révolutionné l’énergivore segment du CVC grâce à une technologie adossée à de l’IA. Sa technologie Respira s’intègre dans une couche supérieure du système SCADA (Système de contrôle et d’acquisitions de données en temps réel) en utilisant tous les systèmes d’infrastructure existant sans investissements importants (système Plug & Play). C’est un point important. Beaucoup d’entreprises sont disposées à fournir des efforts dans le domaine de la transition énergétique mais le contexte est peu favorable à des investissements immédiats coûteux. A ce système s’ajoute une brique technologique IA qui, par exemple, s’assure d’un niveau minimal de qualité de l’air ou détermine automatiquement et en temps réel le degré de confort des utilisateurs à l’intérieur des installations. Il n’y a plus besoin d’intervention humaine. Un système de maintenance prédictive permet également de détecter de manière précoce les pannes éventuelles. Les résultats sont impressionnants. Dans le métro de Barcelone (128 stations souterraines, 324 ventilateurs, plus d’un million d’usagers par jour), cela a permis de réduire de 25,1% la consommation énergétique moyenne, de diminuer la température de 1,3°C en moyenne et d’augmenter la satisfaction des usagers de plus de 10%.

Si la Russie décide de couper définitivement l’approvisionnement en gaz à l’Europe (ce qui n’est pas exclu), il faudra s’attendre à un rationnement de l’énergie cet hiver (voire dans certains cas à un blackout – c’est lorsque la puissance appelé par les consommateurs ne peut plus être produite par les usines d’électricité, incapables de fournir toute la puissance demandée). La sobriété énergétique est une priorité de politique publique. Les écogestes sont une solution de court terme. Il n’est pas certain pour autant que cela permette d’éviter un rationnement. En revanche, nous pouvons éviter dès à présent de mettre en péril les objectifs de réduction de la consommation dans le cadre de la transition énergétique. Cela suppose d’investir dès maintenant dans les nouvelles technologies qui vont permettre de réduire significativement et sur le très long terme la consommation. C’est en particulier l’IA.

Cryptomonnaie : Nouveau piratage de 8000 portefeuilles

 

 Cryptomonnaie : Nouveau piratage de 8000 portefeuilles

Une nouvelle déconvenue pour le monde de la cryptomonnaie  dans la technologie est pourtant vantée pour sa sûreté totale ! La cryptomonnaie Solana devait faire partie des jetons numériques les plus prometteurs du secteur, à l’aube du « Web 3″, des NFT, et de ses nouveaux échanges dans les mondes virtuels du Metaverse. Mais l’ »altcoin » (jeton alternatif) SOL, créé en 2018 pour concurrencer les succès du bitcoin et de son rival l’ether, enchaîne les déconvenues. Dernier en date, un deuxième piratage en moins d’un an confirmé ce mercredi 3 août par l’entreprise sur le compte Twitter « Solana Status ».

Au total, 7.767 portefeuilles détenteurs de cette cryptomonnaie sont concernés par le piratage. La valeur du butin volé sur ces comptes atteindrait plus de 6 millions de dollars, selon plusieurs cabinets d’étude capables de comptabiliser les mouvements de l’adresse cryptée utilisée par le hacker.

Comme les chaînes de blocs des autres crypto-actifs, la blockchain Solana promet des échanges plus rapides, sécurisés, et plus facilement intégrables dans une nouvelle génération d’applications et de services Web. L’Américain se positionne aussi comme un actif de référence pour acheter et vendre des NFT (non fungible tokens). De cet actif est même né la plateforme spécialisée « Solanart » pour vendre des œuvres numériques.

En terme de poids sur le marché des cryptos toujours dominé par le protocole Bitcoin (446 milliards de dollars de valorisation), Solana se classe au 9e rang des cryptomonnaies, à plus de 13 milliards de dollars de valorisation, selon le site Cryptoslate. L’actif bénéficie d’ailleurs d’un fort soutien des communautés. Suite à l’annonce du piratage, son cours reculait de près de 5%, s’échangeant à plus de 40,1 dollars, dans un secteur qui reprend timidement des couleurs après le krach du printemps.

Tandis que les piratages de portefeuilles numériques se multiplient, c’est un deuxième coup dur pour les crypto-fans qui ont déjà subi le krach du bitcoin en mai dernier, emporté par les craintes de la finance traditionnelle et la remontée des taux d’intérêts de la Réserve fédérale américaine.

Un premier piratage impliquant Solana avait eu lieu en février dernier entre des protocoles informatiques pour des services de finance décentralisée (DeFi) et des portefeuilles numériques. Les sommes – 320 millions de dollars au total - avaient finalement pu être récupérées suite à des négociations avec le hacker, rapportait Bloomberg. De quoi faire tout de même reculer alors le cours de la crypto de 11% en 24 heures.

Dans la foulée de ce nouveau piratage, la fondation Solana, qui porte le projet, a mis en ligne un formulaire pour recevoir les témoignages et plaintes des propriétaires des portefeuilles.

Jeanne Dussueil

Nucléaire, gaz russe, charbon : l’Allemagne fait marche arrière

Nucléaire, gaz russe, charbon : l’Allemagne fait marche arrière

 

 

L’Allemagne envisage désormais de prolonger la durée d’exploitation des trois dernières centrales en activité dans le pays. De même pour le charbon: Berlin compte augmenter le recours à cette énergie fossile très polluante qui devait pourtant disparaître du pays en 2030.

L’Allemagne dépendait à plus de 50 % du gaz russe qui constitué l’axe stratégique de sa politique énergétique. Aujourd’hui ce gaz russe représente plus que 30 % et devrait tomber à 10 % voire à zéro. Du coup, l’Allemagne remet  complètement en cause le contenu de sa politique énergétique. En plus du gaz russe, l’Allemagne comptait sur les énergies alternatives qui constituent un véritable fiasco notamment les éoliennes. Forcé de trouver une solution - au-delà de demander aux ménages d’adopter des habitudes de sobriété énergétique en prenant, en prenant par exemple des douches plus courtes et plus froides (!), Olaf Scholz a justifié les réflexions en cours sur le sujet du nucléaire par le fait que le développement des énergies renouvelables, censées remplacer l’énergie nucléaire et le charbon, est plus lent que prévu. Et il est « très différent d’une région à l’autre en Allemagne », a-t-il dit, pointant du doigt l’énergie éolienne .  Du coup l’Allemagne développe surtout des centrales à charbon. Pire l’Allemagne à travers des propos de son chancelier n’exclut plus de recourir davantage au nucléaire !

En effet,’une des pistes actuellement envisagées par le gouvernement est de se tourner de nouveau vers le nucléaire. Une énergie que l’Allemagne avait pourtant décidé d’abandonner à la fin de l’année. Néanmoins, ce mercredi, le chancelier allemand a estimé que cela « peut faire sens » de prolonger la durée d’exploitation des trois dernières centrales nucléaires en activité en Allemagne même si elles « ne sont pertinentes que pour la production d’électricité et seulement pour une petite partie de celle-ci ».

La consommation de charbon était pourtant déjà en hausse avant le déclenchement de la guerre en Ukraine et la flambée des prix qui s’en est suivie. L’Allemagne s’était davantage appuyée sur cette énergie fossile pour pallier la sortie du nucléaire et en attendant que les énergies renouvelables se développent suffisamment. En 2021, la production d’électricité à partir de charbon avait crû de près de 18%. De même, 28,9% de l’électricité injectée dans le réseau du pays provenait encore de centrales à charbon au premier trimestre 2021, « contre 13% en moyenne dans l’Union européenne », selon une note de l’Institut Jacques Delors sur le sujet. La demande de ce combustible a toutefois été divisée par trois depuis 1990 en Allemagne.

 

Emmanuelle Wargon, nouvelle Présidente de la CRE: du reclassement politique

 

 

Emmanuelle Wargon, nouvelle Présidente de la CRE: du reclassement politique

 

 

 

Une fois de plus, Macron a choisi une personnalité complètement incompétente  cette fois pour gérer la question de la régulation de l’énergie. Une incompétence qui d’ailleurs rejoint celle des deux sous ministre en charge de l’écologie complètement ignorants de la problématique environnementale.

Du coup, cette  candidature d’Emmanuelle Wargon  à la présidence de la séreuse a été sérieusement contesté au Parlement.

Jérôme Nury (LR) a dénoncé « un recasage en règle », après l’échec d’Emmanuelle Wargon aux dernières élections législatives. L’ex-ministre avait, en effet, présenté sa candidature dans le Val de Marne mais a été éliminée dès le premier tour, le 12 juin dernier. « Ce jeu de chaises musicales jette un discrédit et une suspicion sur votre nomination. Où est l’impartialité ? Où est l’indépendance? », s’est interrogé Philippe Brun (socialiste – Nupes), quand un autre député de l’opposition a même jugé « raisonnable » que l’ex-ministre « retire sa candidature ».

Passée, entre autres, par la Cour des comptes, le ministère de la Santé, le Haut-commissariat aux Solidarités actives et l’Agence du médicament, cette énarque a réalisé l’essentiel de sa carrière dans le service public, avec toutefois un passage dans la sphère privée en tant que directrice générale des affaires publiques et de la communication chez Danone de 2015 à 2018. Emmanuelle Wargon ne fait son entrée en politique qu’en 2018, en rejoignant le gouvernement d’Edouard Philippe comme secrétaire d’Etat à la transition écologique. Elle devient ensuite ministre du Logement dans le gouvernement de Jean Castex.

Lors de ces deux auditions, Emmanuelle Wargon a aussi clarifié sa position vis-à-vis du nucléaire. Initialement favorable à la fermeture de 12 réacteurs nucléaires à l’horizon 2035, l’ex-membre du gouvernement a affirmé devant les sénateurs : « Je suis favorable à l’électricité nucléaire, clairement. J’y suis sur le maintien des réacteurs existants et sur le développement du nouveau nucléaire ».

Par ailleurs, Emmanuelle Wargon a dit vouloir renforcer les contrôles sur la manière dont les fournisseurs alternatifs, bénéficiant de l’Arenh (mécanisme qui oblige EDF à vendre de l’électricité nucléaire à prix bradés à ses concurrents), fixaient leur prix. La nouvelle présidente de la CRE souhaite, en effet, s’assurer que ce dispositif bénéficie bien aux consommateurs finaux et ne constitue pas une rente pour les fournisseurs alternatifs.

Sur ce sujet très sensible, elle a voulu appuyer sa différence avec son prédécesseur : « Jean-François Carenco était un avocat de l’Arenh à 150 TWh, ce n’est pas mon cas. Je pense que 120 TWh est un maximum », a-t-elle indiqué. Emmanuelle Wargon a aussi plaidé pour une réforme du marché européen de l’électricité en soulignant que, dans ce domaine, la CRE avait un rôle d’expertise, d’analyse et d’influence.

 

Inflation et Fiscalité : Un débat flou et dogmatique

Inflation et Fiscalité : Un débat flou et dogmatique

Un édito du « Monde » souligne que depuis l’ouverture de la session parlementaire, la bataille autour de la taxation des superprofits vire à l’affrontement idéologique entre le gouvernement et la gauche, empêchant toute réflexion sérieuse autour de la fiscalité.

 

Un papier intéressant mais un peu général qui passe notamment à côté des facteurs explicatifs de l’inflation. On peut s’étonner qu’en France peu d’observateurs demandent clairement une enquête parlementaire sur les facteurs conjoncturels et structurels de la hausse des prix y compris celles qui résultent  de la spéculation NDLR 

 

papier du « Monde »:

 

La bataille fiscale a repris de la vigueur en France à l’occasion de la crise ukrainienne, qui fait flamber les prix de l’énergie et des transports et permet à certains secteurs d’engranger de très confortables bénéfices. Lundi 1er août, au Sénat, le gouvernement a essuyé l’offensive des centristes et de la gauche, qui voulaient taxer de 20 % à 25 % les superprofits des entreprises concernées. En toile de fond, la publication, le 28 juillet, du résultat net semestriel de TotalEnergies, qui s’est élevé à 18,7 milliards de dollars (18,3 milliards d’euros), près de trois fois celui engrangé au premier semestre 2021.

Face aux amendements déposés, le gouvernement est resté inflexible, comme il l’avait déjà été à l’Assemblée nationale. Fustigeant « le réflexe pavlovien de la taxe », le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a de nouveau défendu le principe d’une aide directe au consommateur, comme celle que l’Etat a obtenue du pétrolier au terme d’insistantes pressions sur ses dirigeants. Dans les stations-service du groupe, le prix du litre d’essence baissera à la rentrée, ce qui amplifiera l’effet de la ristourne décidée par l’Etat pour soutenir le pouvoir d’achat et contenir les pressions inflationnistes.

Depuis l’ouverture de la session parlementaire, le Parlement est devenu le théâtre d’une lutte sans merci entre deux camps. Le premier revendique de passer par l’impôt pour donner un signal de justice par temps de crise, comme l’ont déjà fait l’Italie et l’Espagne ; le second assume au contraire d’emprunter d’autres chemins que l’impôt pour tenter de corriger les effets d’aubaine dont profitent quelques chanceux.

Le débat est d’autant plus tendu qu’il est devenu très dogmatique. Depuis 2017, Emmanuel Macron ne veut rien entreprendre qui puisse compromettre la politique de l’offre qu’il a lancée. Il veut démontrer que la suppression très décriée de l’impôt de solidarité sur la fortune a accru l’attractivité du pays, dopé la croissance et fait reculer le chômage. Il a besoin de la durée pour tenter de le démontrer et ne veut pas voir son message brouillé par le vote de nouvelles taxes, fussent-elles passagères. La gauche, de son côté, continue de faire de la fiscalité son principal marqueur et son dénominateur commun : pas de justice sociale sans prendre davantage aux riches, tel est le message unanime qu’elle martèle des rangs de La France insoumise jusqu’à ceux du Parti socialiste.

Cette fracture, abondamment soulignée par Bruno Le Maire, a pour effet de rapprocher chaque jour un peu plus la majorité présidentielle de la droite, mais au prix de sérieux états d’âme internes : une partie des macronistes de gauche étaient favorables à la taxation des superprofits, les centristes aussi, qui le font désormais ouvertement savoir. Ces tiraillements intramajoritaires montrent les limites des postures trop affirmées dans un environnement qui requiert, au contraire, beaucoup de souplesse.

S’interdire par principe, comme le fait le gouvernement, de relever certains impôts sous le prétexte que la France souffre d’être la championne des prélèvements obligatoires est réducteur. La transition écologique, pour ne prendre qu’un exemple, ne pourra être menée à bien sans une réflexion approfondie sur la façon de moduler l’impôt. Encore faut-il que le débat puisse s’ouvrir.

Faire de la fiscalité l’alpha et l’oméga de la justice sociale comme le fait la gauche est tout aussi paresseux, car cela l’empêche de s’interroger sur l’efficacité des politiques publiques par temps d’endettement record. Si le citoyen veut y trouver son compte, chaque camp va devoir s’extirper de cette guerre de tranchées trop complaisamment mise en scène.

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