La bataille de l’inflation et le risque de récession

La bataille de l’inflation et le risque de récession

 

Si le bilan des banques centrales pour la décennie écoulée appelle légitimement la critique, il n’y a pas d’alternative à la hausse des taux pour contrer la montée des prix. Mais elle devra être administrée avec le souci d’éviter une casse sociale qui la rendrait inacceptable estime papier du Monde.

 

Une évidence car le choix est dans le dosage de l’évolution des taux d’intérêt et de la justice sociale. Sinon trop inflation et trop de taux risquenet  de tuer la consommation, la croissance et l’emploi NDLR

La quiétude cossue de Jackson Hole, dans le Wyoming, risque de détonner avec la tension entourant la réunion annuelle des banquiers centraux qui y est prévue du 25 au 27 août. Ces derniers sont aujourd’hui la cible de toutes les critiques, faute d’avoir anticipé le retour tonitruant de l’inflation, au sortir de la crise provoquée par la pandémie de Covid-19. Ils sont accusés d’avoir laissé s’échapper hors de la cage des taux directeurs un monstre dont ils seraient aujourd’hui incapables de reprendre le contrôle, ou seulement à un coût exorbitant pour les économies.

Il est vrai que le bilan des banques centrales pour la décennie écoulée appelle légitimement la critique. Bien avant l’ère du « quoi qu’il en coûte » entraîné par un choc sanitaire sans précédent dans l’époque moderne, le maintien d’une politique d’argent gratuit, ou presque, longtemps après la crise financière de 2008 a provoqué de nombreux dérèglements. Son efficacité est restée sujette à caution, sans parler de ses effets négatifs sur les inégalités. En outre, l’inflation était peut-être invisible au niveau des prix à la consommation, mais bien présente au travers de la hausse irrationnelle des actions et des prix de l’immobilier.

Il fait peu de doute, également, que les banquiers centraux, à commencer par le plus puissant d’entre eux, Jerome Powell, qui dirige la Réserve fédérale aux Etats-Unis, se sont fourvoyés dans leur lecture des premiers signes inflationnistes apparus au cours de l’année 2021. Ils les ont présentés invariablement comme conjoncturels, liés à des goulets d’étranglement imputables au fort rebond économique qu’entraînait la disparition progressive de la crise sanitaire, avant d’être contraints d’admettre qu’ils devenaient structurels.

A leur décharge, cette myopie a été massivement partagée. Et le gigantesque plan de relance adopté en 2021 par le Congrès américain sous l’impulsion de Joe Biden n’a pas peu contribué par ailleurs au retour de l’inflation aux Etats-Unis. Enfin, il était impossible d’anticiper la guerre en Ukraine et l’accélérateur d’inflation qu’ont constitué les tensions accrues tout autant que durables sur les prix de l’énergie que l’invasion russe a déclenchées.

Même si les leçons de cette décennie d’argent magique doivent être tirées, la priorité doit porter à présent sur la bataille à livrer contre une hausse des prix qui atteint déjà des niveaux difficilement soutenables dans de nombreux pays. Or il n’existe pas d’alternative à une hausse des taux pour espérer casser cette spirale.

Le risque est bien connu. Cette hausse risque de se traduire par une cascade de récessions. La remontée des taux opérée par la Réserve fédérale des Etats-Unis a déjà été suivie par la contraction du produit intérieur brut au cours des deux premiers trimestres de l’année, même si le marché de l’emploi a montré sa résilience en achevant d’effacer en juillet l’ensemble des destructions de postes entraînées par la pandémie. Le ralentissement de la hausse des prix constaté en août constitue cependant un premier signal encourageant, qui doit être encore confirmé.

La zone euro, qui a encore plus tardé à réagir, fait face au même défi, et au même risque de stagflation. Que sa monnaie soit désormais à la peine face au dollar, pour la première fois depuis deux décennies, dit bien ses difficultés. Partout, la pilule amère de la hausse des taux devra être administrée avec le souci d’éviter une casse sociale qui la rendrait inacceptable, mais elle devrait rester préférable à une inflation hors de contrôle.

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