Salman Rushdie : refuser le crime de l’islam défiguré
Dans une tribune collective pour « Le Monde », plus de 200 personnalités issues des sociétés civiles tunisienne, algérienne, marocaine ou de l’immigration maghrébine en Europe dénoncent l’agression commise contre Salman Rushdie « au nom d’un islam défiguré ».
Nous, responsables d’organisations ou d’associations et personnalités indépendantes ayant en partage avec l’humanité tout entière les valeurs universelles de vie, d’égalité entre les êtres humains, de libertés fondamentales des peuples, des groupes et des individus sans discrimination ou exclusive, nous refusons qu’en notre nom soit commis le crime.
Face à la barbarie qui s’est abattue sur l’écrivain Salman Rushdie, le 12 août, trente ans après l’ordre de mise à mort émis par l’ayatollah Khomeiny au motif de blasphème et d’atteinte au sacré, nous formons nos vœux pour qu’il vive et pour que sa plume ne se tarisse pas.
Nous considérons de notre devoir de dénoncer l’odieuse agression commise contre lui, au nom d’un islam défiguré, qui ne peut assouvir ses adeptes sanguinaires que par la haine, le sang, la mort et le chaos.
Nous refusons de garder le silence sur ces infamies commises au nom de l’islam, patrimoine civilisationnel commun à l’humanité, qui n’admet pourtant ni médiateur ni Eglise.
Nous refusons de mêler notre culture, nos valeurs humaines et nos noms à ces furieux qui sèment l’effroi et le déshonneur, en faisant taire par l’épée et le crime toute voix discordante, toute pensée libre, toute création culturelle, tout souffle novateur, toute différence et toute diversité.
Nous avons mené ce même combat dans nos pays pour que les libertés de conscience, de pensée, de religion, de culte, d’expression, de création littéraire, culturelle et artistique soient reconnues et respectées. Nous continuerons de le mener partout et ne céderons pas à la régression qui guette et au discours de haine qui se répand.
Parmi les signataires : Adel Abderezak, universitaire et militant du Hirak et des droits humains ; Sanhadja Akrouf, féministe, militante associative ; Fathi Bel Haj Yahya, écrivain, militant associatif ; Ahlem Belhadj, cheffe de service santé publique, militante féministe ; Bochra Belhaj Hmida, avocate, présidente de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe) ; Souhayr Belhassen, présidente d’honneur de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) ; Sana Ben Achour, juriste, présidente de l’association Beity ; Yadh Ben Achour, juriste, ancien doyen, membre du Comité des Nations unies des droits civils et politiques ; Madjid Benchikh, ancien doyen de la faculté de droit d’Alger ; Sihem Ben Sedrine, présidente de l’Instance vérité et dignité (IVD) ; Raja Ben Slama, universitaire ; Sophie Bessis, historienne ; Anouar Brahem, compositeur ; Nadia Chaabane, militante politique, ancienne députée de l’Assemblée nationale constituante ; Khémaïs Chammari, ancien ambassadeur ; Khadija Cherif, sociologue, militante des droits humains ; Nacer Djabi, sociologue ; Ihsane El Kadi, journaliste ; Driss El Yazami, président de la Fondation euroméditerranéenne de soutien aux défenseurs des droits de l’homme ; Mohamed Fellag, acteur, humoriste et écrivain ; Wahid Ferchichi, professeur de droit ; Mohammed Harbi, historien ; Kamel Jendoubi, ancien ministre des droits humains tunisien ; Zied Krichen, journaliste ; Abdellatif Laabi, poète ; Kamel Lahbib, défenseur des droits de l’homme ; Latifa Lakhdar, historienne, ancienne ministre de la culture tunisienne ; Ali Lmrabet, journaliste ; Ahmed Mahiou, juriste, universitaire ; Ali Mezghani, professeur de droit ; Khadija Mohsen-Finan, politologue ; Rabea Naciri, sociologue ; Fatma Oussedik, sociologue ; Messaoud Romdhani, militant du Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT) ; Khaoula Taleb-Ibrahimi, professeure des universités ; Nadia Tazi, philosophe ; Wassyla Tamzali, essayiste ; Mokhtar Trifi, président d’honneur de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH).
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