Nucléaire iranien : L’impossible accord ?
Une relance de l’accord de 2015 semble impossible alors que le régime iranien se radicalise et accélère son programme nucléaire, estiment, dans une tribune au « Monde », l’eurodéputée Nicola Beer et l’universitaire Peter Neumann, spécialiste des questions de sécurité.
Alors que la guerre en Ukraine continue à faire la « une », un autre conflit a atteint un point critique. Après dix mois de négociations, la tentative de réactiver l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien – aussi connu sous le nom de Plan d’action global commun – est au point mort. Il pourrait bien se solder par un échec retentissant. Même l’envoyé spécial du président Biden, Robert Malley, a décrit la dernière tentative de négociation au Qatar comme une « perte de temps ».
Au cours de ces derniers mois, le programme nucléaire iranien a accéléré. Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique, l’Iran aurait accumulé 43 kg d’uranium hautement enrichi. C’est plus que suffisant pour produire au moins une bombe nucléaire. En juin, le pays des mollahs a éteint plusieurs caméras de sites nucléaires. Et il y a seulement quelques jours, l’Iran a commencé à enrichir de l’uranium dans l’usine souterraine de Fordo, alors qu’il avait promis qu’elle ne serait utilisée qu’à des fins civiles.
Il semblait naturel d’essayer de relancer l’accord que le président Trump avait unilatéralement et imprudemment déchiré. Sans succès, l’Europe doit maintenant envisager des alternatives. Si l’on s’accroche par dogmatisme à l’idée que poursuivre des négociations conduira d’une manière ou d’une autre au succès, nous courons droit vers une situation faisant écho à celle de la Russie, dans laquelle une puissance profite du temps diplomatique pour préparer ou intensifier ses agressions.
En effet, il ne fait aucun doute que, sous la nouvelle présidence de l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi, l’Iran s’est radicalisé. Sur place, des milliers de personnes ont été emprisonnées et torturées pour opposition au régime, pendant qu’une centaine de personnes se trouve dans le couloir de la mort pour des crimes tels qu’« insulte au Prophète ». Selon Amnesty International, les femmes continuent d’être confrontées à une « discrimination enracinée » dans la loi et en pratique. Des minorités religieuses, telles que les Bahais, sont brutalement réprimées.
Depuis que Raïssi est au pouvoir, le rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur l’Iran s’est vu refuser l’entrée dans le pays. Et alors que des proches du pouvoir utilisent librement Twitter, le gouvernement a fait de l’accès aux réseaux sociaux occidentaux un crime pour les Iraniens.
L’Iran reste une source majeure d’instabilité au Moyen-Orient. En essayant d’étendre sa zone d’influence, le gouvernement a parrainé des milices comme le Hezbollah libanais et les houthis au Yémen, qui ont conduit ces dernières années des opérations « hors zone » ciblant des civils en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis.
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