Economie-Inflation et Fiscalité : Un débat flou et dogmatique

Economie-Inflation et Fiscalité : Un débat flou et dogmatique

Un édito du « Monde » souligne que depuis l’ouverture de la session parlementaire, la bataille autour de la taxation des superprofits vire à l’affrontement idéologique entre le gouvernement et la gauche, empêchant toute réflexion sérieuse autour de la fiscalité.

 

Un papier intéressant mais un peu général qui passe notamment à côté des facteurs explicatifs de l’inflation. On peut s’étonner qu’en France peu d’observateurs demandent clairement une enquête parlementaire sur les facteurs conjoncturels et structurels de la hausse des prix y compris celles qui résultent  de la spéculation NDLR 

 

papier du « Monde »:

 

La bataille fiscale a repris de la vigueur en France à l’occasion de la crise ukrainienne, qui fait flamber les prix de l’énergie et des transports et permet à certains secteurs d’engranger de très confortables bénéfices. Lundi 1er août, au Sénat, le gouvernement a essuyé l’offensive des centristes et de la gauche, qui voulaient taxer de 20 % à 25 % les superprofits des entreprises concernées. En toile de fond, la publication, le 28 juillet, du résultat net semestriel de TotalEnergies, qui s’est élevé à 18,7 milliards de dollars (18,3 milliards d’euros), près de trois fois celui engrangé au premier semestre 2021.

Face aux amendements déposés, le gouvernement est resté inflexible, comme il l’avait déjà été à l’Assemblée nationale. Fustigeant « le réflexe pavlovien de la taxe », le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a de nouveau défendu le principe d’une aide directe au consommateur, comme celle que l’Etat a obtenue du pétrolier au terme d’insistantes pressions sur ses dirigeants. Dans les stations-service du groupe, le prix du litre d’essence baissera à la rentrée, ce qui amplifiera l’effet de la ristourne décidée par l’Etat pour soutenir le pouvoir d’achat et contenir les pressions inflationnistes.

Depuis l’ouverture de la session parlementaire, le Parlement est devenu le théâtre d’une lutte sans merci entre deux camps. Le premier revendique de passer par l’impôt pour donner un signal de justice par temps de crise, comme l’ont déjà fait l’Italie et l’Espagne ; le second assume au contraire d’emprunter d’autres chemins que l’impôt pour tenter de corriger les effets d’aubaine dont profitent quelques chanceux.

Le débat est d’autant plus tendu qu’il est devenu très dogmatique. Depuis 2017, Emmanuel Macron ne veut rien entreprendre qui puisse compromettre la politique de l’offre qu’il a lancée. Il veut démontrer que la suppression très décriée de l’impôt de solidarité sur la fortune a accru l’attractivité du pays, dopé la croissance et fait reculer le chômage. Il a besoin de la durée pour tenter de le démontrer et ne veut pas voir son message brouillé par le vote de nouvelles taxes, fussent-elles passagères. La gauche, de son côté, continue de faire de la fiscalité son principal marqueur et son dénominateur commun : pas de justice sociale sans prendre davantage aux riches, tel est le message unanime qu’elle martèle des rangs de La France insoumise jusqu’à ceux du Parti socialiste.

Cette fracture, abondamment soulignée par Bruno Le Maire, a pour effet de rapprocher chaque jour un peu plus la majorité présidentielle de la droite, mais au prix de sérieux états d’âme internes : une partie des macronistes de gauche étaient favorables à la taxation des superprofits, les centristes aussi, qui le font désormais ouvertement savoir. Ces tiraillements intramajoritaires montrent les limites des postures trop affirmées dans un environnement qui requiert, au contraire, beaucoup de souplesse.

S’interdire par principe, comme le fait le gouvernement, de relever certains impôts sous le prétexte que la France souffre d’être la championne des prélèvements obligatoires est réducteur. La transition écologique, pour ne prendre qu’un exemple, ne pourra être menée à bien sans une réflexion approfondie sur la façon de moduler l’impôt. Encore faut-il que le débat puisse s’ouvrir.

Faire de la fiscalité l’alpha et l’oméga de la justice sociale comme le fait la gauche est tout aussi paresseux, car cela l’empêche de s’interroger sur l’efficacité des politiques publiques par temps d’endettement record. Si le citoyen veut y trouver son compte, chaque camp va devoir s’extirper de cette guerre de tranchées trop complaisamment mise en scène.

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