Pour l’emploi des seniors
Le sociologue Serge Guérin estime, dans une tribune au « Monde », que, avant de relancer le projet de réforme des retraites, le gouvernement devrait chercher à revaloriser l’emploi des plus de 50 ans, évincés en grand nombre du marché du travail.
Emmanuel Macron remet sur la table la réforme des retraites. A chaque fois le même psychodrame, les mêmes inquiétudes et postures. L’âge légal de départ à la retraite cristallise les débats. Les uns, au nom de l’équité sociale et d’un regard négatif sur le travail, souhaitent le retour à la retraite à 60 ans. Les autres, au nom du réalisme démographique et de l’équilibre des comptes, penchent pour un retour à l’âge de 65 ans pour partir à la retraite. Rappelons que l’âge de 65 ans avait été fixé par le Conseil national de la Résistance (CNR), en 1945. Ce fut la règle jusqu’en 1982.
Les Français se distinguent des Européens par un refus très majoritaire de travailler plus longtemps. Mais un refus largement corrélé par rapport au positionnement social : 77 % des classes moyennes inférieures et modestes et 85 % des plus pauvres sont favorables à la retraite à 60 ans, contre seulement 35 % du côté des catégories aisées, selon un sondage Ifop publié en février. De même, si 42 % des Français se déclarent prêts à travailler jusqu’à 64 ou 65 ans pour avoir une bonne retraite, 62 % des cadres sont dans cette perspective, mais seulement 39 % des ouvriers, d’après le baromètre du Cercle de l’épargne/Amphitéa de mai.
Les retraités sont les plus sceptiques devant un retour à la retraite à 60 ans. Toujours selon le même sondage Ifop, ils ne sont que 53 % à se déclarer favorables à une retraite généralisée à 60 ans alors que 71 % des Français défendent cette position. Pour autant, même les retraités ne sont guère favorables à l’allongement de la durée de travail. Les Français de plus de 65 ans refusent à 49 %, le droit aux seniors de ne pas partir en retraite, contre 38 % du côté des seniors belges et 17 % pour les seniors allemands, comme le démontre le baromètre de la Fondation Korian et Ipsos pour le bien-vieillir, 2018.
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