La sobriété énergétique passe par des investissements et l’IA

La sobriété énergétique passe par des investissements et l’IA

Il  faudra  d’importants investissements et recourir aux outils de pilotage basés sur l’intelligence artificielle pour que cette sobriété soit réellement efficiente estimenet dans La Tribune José Iván García, PDG de Substrate AI, et Christopher Dembik, économiste et membre du conseil d’administration de Substrate AI.

 

Quelles sont les dépenses les plus énergivores pour un ménage et pour une entreprise ? En haut de la liste, on retrouve en général le triptyque chauffage, ventilation et climatisation (ou CVC, dans le jargon).

Prenons le cas des salles de cinéma. La France en compte environ plus de 2.000 réparties sur tout le territoire. Selon un rapport du Centre national du cinéma et de l’image animée rendu public le 8 juin dernier, le chauffage, la ventilation et la climatisation comptent pour 69 % des dépenses énergétiques. C’est énorme. L’ampleur est tout aussi importante dans de nombreux autres secteurs d’activité. Au moment où les prix énergétiques ne cessent de grimper (la semaine dernière, le prix de l’électricité en France a atteint un niveau record à 495 euros le MWh pour une livraison dans un an), beaucoup d’entreprises sont dans l’urgence de réduire leur facture énergétique.

S’ajoutent à cela les impératifs de la transition énergétique. Plusieurs décrets ces dernières années incitent les entreprises à adopter une trajectoire de réduction de la consommation énergétique. Par exemple, le décret « tertiaire » de 2019 oblige les bâtiments à usage tertiaire et dont la surface d’exploitation est supérieure ou égale à 1.000 m2 à atteindre 40 % d’économies d’énergie d’ici 2030. C’est demain. Une grande partie du parc français de salles de cinéma est concernée. Mais d’autres activités aussi.

Comment faire des économies d’énergie ? La sobriété énergétique est la réponse immédiate. Vous allez entendre cette expression quasiment quotidiennement dans les médias dans les mois à venir. Cela consiste à consommer moins, consommer autrement, comme l’indique en toutes lettres le plan sobriété énergétique du gouvernement présenté le 8 juillet dernier. Concrètement, cela implique trois types d’actions :

1° Travailler sur le regroupement des besoins. Il s’agit, par exemple, de travailler avec les municipalités et les associations pour qu’elles aient des créneaux horaires qui soient regroupés sur des périodes plus restreintes afin de ne pas distiller le chauffage ou encore travailler avec les entreprises du tertiaire afin que le télétravail se massifie et ainsi réduire les températures de consignes ces jours-là (c’est ce que prévoit le plan d’efficience énergétique espagnol présenté en mai dernier pour les administrations publiques)

2° Les écogestes. Les possibilités sont presque infinies : baisser d’un degré la température dans les bâtiments, réduire les horaires d’ouverture des piscines municipales, ne pas recharger son ordinateur portable pendant les heures de pointe sur le réseau électrique mais la nuit (les performances des nouvelles puces M1 et M2 d’Apple sont extraordinaires en termes de consommation), ne plus porter de cravate comme le préconise le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, ou encore demander à son fournisseur d’énergie un double tarif avec heure pleine/heure creuse afin de consommer intelligemment. Il faudra parfois mettre en concurrence les fournisseurs pour y parvenir. Tout cela suppose, au préalable, une campagne de sensibilisation du gouvernement à destination du grand public.

3° Prévoir des équipements et/ou des travaux afin d’économiser l’énergie. Plusieurs options sont possibles : installer des capteurs et objets connectés qui permettent de réguler l’énergie des sites en prenant en compte les périodes où il n’y a personne ou encore opter pour le relamping qui consiste à remplacer l’éclairage ancien par des luminaires LED. Simple mais efficace.

Les deux premiers types d’action n’ont un effet positif réel sur la consommation énergétique qu’à condition qu’il y ait une prise de conscience collective. C’est incertain. En revanche, certaines actions peuvent entraîner des conséquences positives immédiates et impressionnantes, comme le relamping qui peut diminuer la consommation électrique parfois jusqu’à 80 % ! Ce sont des actions rapides et impactantes. Elles peuvent être mises en œuvre dès aujourd’hui. Mais il faut aussi prévoir de s’inscrire dans le temps long, afin de baisser encore plus et durablement la consommation.

L’intelligence artificielle (IA) est une des solutions possibles. Cela peut induire d’opter pour des sources d’énergies renouvelables (comme la récupération de chaleur) couplées avec des outils de pilotage se basant sur l’IA. C’est ce que propose Dalkia, spécialiste français de la transition énergétique des industriels, avec Dalkia Analytics, par exemple. En Espagne, le groupe d’ingénierie SENER (un géant local) a révolutionné l’énergivore segment du CVC grâce à une technologie adossée à de l’IA. Sa technologie Respira s’intègre dans une couche supérieure du système SCADA (Système de contrôle et d’acquisitions de données en temps réel) en utilisant tous les systèmes d’infrastructure existant sans investissements importants (système Plug & Play). C’est un point important. Beaucoup d’entreprises sont disposées à fournir des efforts dans le domaine de la transition énergétique mais le contexte est peu favorable à des investissements immédiats coûteux. A ce système s’ajoute une brique technologique IA qui, par exemple, s’assure d’un niveau minimal de qualité de l’air ou détermine automatiquement et en temps réel le degré de confort des utilisateurs à l’intérieur des installations. Il n’y a plus besoin d’intervention humaine. Un système de maintenance prédictive permet également de détecter de manière précoce les pannes éventuelles. Les résultats sont impressionnants. Dans le métro de Barcelone (128 stations souterraines, 324 ventilateurs, plus d’un million d’usagers par jour), cela a permis de réduire de 25,1% la consommation énergétique moyenne, de diminuer la température de 1,3°C en moyenne et d’augmenter la satisfaction des usagers de plus de 10%.

Si la Russie décide de couper définitivement l’approvisionnement en gaz à l’Europe (ce qui n’est pas exclu), il faudra s’attendre à un rationnement de l’énergie cet hiver (voire dans certains cas à un blackout – c’est lorsque la puissance appelé par les consommateurs ne peut plus être produite par les usines d’électricité, incapables de fournir toute la puissance demandée). La sobriété énergétique est une priorité de politique publique. Les écogestes sont une solution de court terme. Il n’est pas certain pour autant que cela permette d’éviter un rationnement. En revanche, nous pouvons éviter dès à présent de mettre en péril les objectifs de réduction de la consommation dans le cadre de la transition énergétique. Cela suppose d’investir dès maintenant dans les nouvelles technologies qui vont permettre de réduire significativement et sur le très long terme la consommation. C’est en particulier l’IA.

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