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Archive mensuelle de juillet 2022

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Croissance mondiale : Nouvelle révision en baisse par le FMI

 

 

Croissance mondiale : Nouvelle révision en baisse par le FMI

L’économie internationale s’approche dangereusement d’une récession selon le FMI.  Dans la dernière mise à jour de ses perspectives mondiales dévoilées ce mardi 26 juillet, le FMI a révisé à la baisse ses chiffres de croissance du PIB mondial pour 2022 à 3,2% contre 3,6% en avril dernier (-0,4 point). Pour 2023, l’activité devrait accélérer à 2,9% contre 3,6% auparavant (-0,7 point).

« Il se peut que nous soyons à la veille d’une récession mondiale deux ans seulement après la dernière », a averti l’économiste en chef de l’institution Pierre-Olivier Gourinchas lors d’un point presse. « Les principales économies au monde connaissent un fort ralentissement », a ajouté l’économiste français.

Aux  Etats-Uni, la  croissance de l’activité pourrait ainsi passer de 5,7% en 2021 à 2,3% en 2022 et à 1% en 2023. Pour 2022 (-1,4%) et 2023 (-1,3%), il s’agit de la plus grande révision à la baisse du Fonds par rapport aux projections du printemps dernier.

En Chine, le  FMI table sur une hausse du PIB de 3,3% en 2022 (-1,1% par rapport à avril) et 4,6% en 2023 (-0,5% par rapport à avril). Le premier semestre 2022 a été marqué par de nombreuses mesures de restrictions anti-Covid en Chine qui ont fortement perturbé l’activité notamment manufacturière du pays, et par ricochet, l’activité mondiale. Une nouvelle flambée épidémique, accompagnée de la politique zéro-Covid du gouvernement chinois, pourrait provoquer un enlisement du ralentissement économique en Chine, entraînant « d’importantes répercussions à l’échelle mondiale », selon le FMI qui évoque aussi un risque lié à la crise du secteur immobilier chinois.

 En Russie, la guerre a précipité l’économie vers une récession brutale estimée à – 6% cette année. et les effets devraient se faire sentir plus que prévu en 2023, année pour laquelle le FMI anticipe une récession de l’économie russe de 3,5%, soit 1,2 point de moins que ses prévisions précédentes.

 En Europe ,  après avoir bondi à 5,4% en 2021, la croissance du PIB pourrait augmenter de 2,6% cette année contre 2,8% au printemps. Surtout, l’institution basée à Washington a revu fortement ses chiffres pour 2023 à seulement 1,2% contre 2,3% en avril (-1,1%).

En Allemagne, la croissance du PIB pourrait ainsi passer de 2,9% en 2021 à 1,2% en 2022 et 0,8% en 2023. Dans le contexte du conflit en Ukraine, le FMI a brutalement révisé ses chiffres pour 2022 (-0,9%) et 2023 (-1,9%). L’industrie allemande, fortement dépendante du gaz russe, traverse une violente zone de turbulences depuis le printemps. A cela s’ajoutent les difficultés d’approvisionnement en provenance de Chine et d’Asie. Compte tenu du poids de l’industrie dans l’économie outre-Rhin, l’activité globale est fortement pénalisée.

En France, la croissance pourrait bien retomber à 2,3% en 2022 contre 2,9% prévu au printemps. Après un fort rebond à 6,8% en 2021, les moteurs de l’activité s’essoufflent dans l’Hexagone. La consommation des ménages a reculé au premier trimestre, plombée par les effets de l’inflation.

En Italie, Après une croissance à 6,6% en 2021, l’activité devrait freiner à 3% en 2022 et 0,7% en 2023. La récente démission du président du Conseil, Mario Draghi, après plusieurs revers au Parlement risque de déstabiliser la situation politique à Rome, alors que de nouvelles élections sont prévues à l’automne.

Le récent durcissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) a ravivé le souvenir de la crise des dettes souveraines en 2012, en zone euro, où l’Italie avait particulièrement souffert. Quant à l’Espagne, la croissance devrait également s’essouffler en passant de 5,1% en 2021 à 4% en 2022 et 2% en 2023. La fin de l’année s’annonce particulièrement difficile sur le Vieux continent.

Santé : pour une formation plus adaptée au monde contemporain

Santé : pour une formation plus adaptée au monde contemporain

 

La formation privilégie une approche individualiste alors qu’une prise en charge réussie des patients nécessite aujourd’hui de savoir identifier ses faiblesses et de miser sur le groupe, regrettent dans une tribune au « Monde » des médecins de l’association Facteurs humains en santé.(dans le Monde)

 

tribune 

 

En avril 2022, des étudiants d’AgroParisTech proclament lors de la remise des diplômes : « Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir faire mine d’être fiers et méritants d’obtenir ce diplôme à l’issue d’une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours. »

Début juin, ils sont suivis par une étudiante de HEC qui déclare ressentir un « profond malaise » en comprenant que les métiers auxquels mènent ces études sont « la principale cause » de l’effondrement environnemental. Puis c’est au tour d’étudiants de Sciences Po, de l’Ecole normale supérieure de Paris ou de l’École Polytechnique de prendre la parole.

 

Tous regrettent que leurs études ne soient pas plus adaptées au monde actuel, anticipant le monde de demain. Tous regrettent d’être promis à un métier qui ne correspond pas au sens qu’ils veulent donner à leur vie. Ces prises de parole publiques reflètent un tournant auquel l’ensemble du corps enseignant se doit de réfléchir.

Si ce mouvement s’amorce au sein de ces grandes écoles, on peut s’interroger sur son probable développement en médecine. Aujourd’hui, les étudiants en médecine peinent à se mobiliser, alors qu’ils ont de nombreuses raisons de le faire. Ils évoluent au sein d’un système de santé à bout de souffle. Leur formation est longue et éreintante, et leur souffrance est de plus en plus visible.

Selon l’intersyndicale des internes, on compte dans cette catégorie d’étudiants un suicide tous les 18 jours. Certaines universités introduisent de nouvelles disciplines comme l’informatique, l’éthique ou la philosophie. La simulation en santé connaît un fort développement. Mais les apprentissages proposés durant le cursus initial restent globalement peu diversifiés tant sur le fond que sur la forme.

L’étude du fonctionnement organisationnel et humain nous apprend pourtant à identifier la normalisation de la déviance. Ce phénomène intervient quand les acteurs d’une organisation, tellement habitués à des comportements déviants, ne les considèrent plus comme tels. Triste justification de cette normalisation, il est fréquent de s’entendre dire : « On a toujours fait comme ça. » Il faut pourtant changer de cap.

Si un fonctionnement dégradé provoque une diminution de la qualité du soin, on occulte aussi souvent l’impact qu’il peut avoir chez les soignants et les étudiants en santé. En effet, ils expriment une perte de sens et se trouvent en décalage avec l’image qu’ils avaient de leur métier. Cette distorsion est une source de souffrance.

Cameroun et droits humains

Cameroun et droits humains 

Des chercheurs de Human Rights Watch et Amnesty International posent  dans le Monde  la question des droits humains à l’occasion de la visite du chef d’État français au Cameroun. Une question légitime  mais qui doit aussi intégrer le fait que la France est de plus en plus marginaliséeen Afrique par de grandes puissances qui ne prêtent guère attention à ces droits voire même y portent atteinte ( Chine, Russie et autres). Il ne faudrait pas accepter  une partition des responsabilités et des rôles entre grandes puissances : la France chargée de rappeler les droits, la Chine détournant les richesses et la Russie développant partout des régimes de dictature NDLR.

 

Tribune.

 

Le président français, Emmanuel Macron, est attendu au Cameroun, les lundi 25 et mardi 26 juillet, dans un contexte de répression aggravée et deux ans et demi après avoir promis à un citoyen camerounais qui l’interpellait à Paris au sujet de la situation des droits humains au Cameroun qu’il mettrait « le maximum de pression [sur le président camerounais Paul Biya] pour que cette situation cesse ».

Depuis, la situation a empiré. C’est pourquoi il est crucial que le président français ne se contente pas de renforcer les relations économiques, politiques et culturelles entre les deux pays et d’exprimer la solidarité de la France dans le conflit qui oppose depuis 2013 les forces de sécurité camerounaises au groupe armé Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord.

En rencontrant le président Paul Biya, arrivé au pouvoir en 1982, le président français devrait clairement exprimer son inquiétude quant aux violations des droits humains commises par les forces de sécurité dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis 2016, et à la répression à l’encontre de toute personne dans le pays qui ose critiquer le pouvoir. Aujourd’hui au Cameroun, arrestations, détentions arbitraires et torture sont monnaie courante.

Depuis la violente répression, en 2016 et 2017, des manifestations contre la marginalisation ressentie par la minorité anglophone en matière d’éducation et de justice, le quotidien des habitants du Nord-Ouest et du Sud-Ouest est rythmé par les affrontements entre l’armée et des groupes séparatistes armés de mieux en mieux équipés. Ces derniers diffusent les images de leurs exactions sur les réseaux sociaux : notamment des tueries visant des élèves et des attaques contre des enseignants et des écoles. En réponse, l’armée tue des personnes et incendie des villages entiers accusés de soutenir les séparatistes. Les défenseurs des droits humains qui dénoncent ces exactions sont menacés de mort.

Les conséquences humanitaires de ces violences sont désastreuses. Près de 600 000 personnes sont déplacées dans les deux régions anglophones, plus de 75 000 ont fui au Nigeria voisin.

L’impunité reste l’un des principaux moteurs de la violence et alimente de nouveaux abus. La reconnaissance par l’armée de sa responsabilité dans la mort de neuf personnes dans le village de Missong, le 1er juin, est une étape importante dans la lutte contre l’impunité. Mais l’affirmation de la volonté des autorités de sanctionner les crimes reste encore à démontrer, le gouvernement n’ayant, à maintes reprises, pas tenu ses engagements dans ce sens. Plus de deux ans après le massacre de Ngarbuh, le 14 février 2020, au sujet duquel le gouvernement a également reconnu l’implication de l’armée, le procès de 21 individus accusés d’être impliqués dans le meurtre de 21 personnes traîne depuis dix-neuf mois.

Consommateur de politique ou citoyen ?

Consommateur de politique  ou citoyen ?

 

« Donner à penser que la politique se consomme comme tout le reste, n’est-ce pas admettre que ne pas voter est une option tout aussi normale que l’autre ?, s’interroge dans le Monde.  Daniel Payot. [...] Ceux ne vont pas voter répètent, les jours de scrutin, l’attitude qu’ils ont quand ils passent devant un supermarché sans y entrer ».

 

 

 

Certains commentateurs, pour expliquer le phénomène d’une abstention qui bat régulièrement ses records à chaque nouveau scrutin, l’imputent à la faiblesse de « l’offre politique ». Cette explication revient à identifier le geste de voter à celui de parcourir les rayons d’un supermarché et, selon ses moyens et ses envies, de choisir l’un ou l’autre produit ou, aPolitique : consommateur ou citoyen l’interrogation contraire, de continuer son chemin sans rien déposer dans son caddie.

On se réjouit de la pluralité des marques proposées pour un même produit, des qualités et prix différents, des couleurs plus ou moins attrayantes des emballages, des indications plus ou moins lisibles relatives aux composants et aux modes de préparation ; en examinant toutes ces données, on affine ses propres options, on établit ses listes de courses et on les affine. Parler d’« offre politique » insatisfaisante, terne, insuffisamment renouvelée, manquant d’attrait, trop chichement emballée, c’est assimiler les positions et les programmes des candidats à des produits de consommation.

Et si cette assimilation était précisément l’une des raisons de l’abstention galopante ? Donner à penser que la politique se consomme comme tout le reste, n’est-ce pas admettre que ne pas voter est une option tout aussi normale que l’autre ? On fait ses courses en fonction de ses besoins ; si l’on n’a rien à acheter, on reste chez soi ou on va se promener, et qui pourrait s’en formaliser ?

Dans le contexte d’un consumérisme généralisé, où tous les gestes et toutes les données de l’existence sont interprétés sur le modèle de produits lancés sur le marché et offerts à une transaction financière, rendre compte en ces mêmes termes du déficit démocratique revient peut-être à l’aggraver, en tout cas à le conforter.

Les politiques qui « vendent » leur programme dans des termes qu’ils empruntent sans écart à ceux du marketing sont responsables de cet état de fait ; mais aussi ceux qui, quelles que soient leurs bonnes intentions, oublient d’expliquer que voter, ce n’est pas la même chose que choisir une marque de yaourt, que voter, dans un régime démocratique, c’est participer à la détermination collective d’une orientation qui engage tout le monde et chacun.

Ceux qui – au nom de l’indifférence, de la lassitude ou du refus du système – ne vont pas voter, répètent, les jours de scrutin, l’attitude qu’ils ont quand ils passent devant un supermarché sans y entrer : ils accomplissent le geste le plus néolibéral qui soit, celui de leur liberté individuelle de consommateur.

Si nous voulons retrouver le sens de la démocratie, la concevoir comme un geste collectif, d’intérêt général, constitutif d’un peuple (et non seulement addition mécanique d’individus consommateurs), si nous voulons la revendiquer comme une réalité qui protège la liberté de tous et celle de chacun et dont la confiscation, on le vérifie chaque jour, est un drame pour les peuples et pour les individus, commençons par dissocier politique et consommation et retrouvons, loin des slogans et des mots d’ordre du marketing, les mots et les phrases qui correspondent vraiment aux décisions collectives engageant des orientations communes.

Daniel Payot, Strasbourg

Ukraine : Jusqu’où iront les Russes ?

 Ukraine : Jusqu’où iront les Russes ?

 

 

Jusqu’où iront les Russes s’interroge , la chercheuse en géopolitique Christine Dugoin-Clément dans le Monde

 

L’attention des Occidentaux qui soutiennent l’Ukraine contre l’invasion russe se focalise sur la région du Donbass, à l’est, et le bassin minier. Des villes comme Severodonetsk et Lyssytchansk sont tombées, d’autres – Poltava, Krementchouk et Bakhmout – sont massivement bombardées. La région limitrophe, au sud-est, n’est pourtant guère évoquée, alors même qu’elle constitue un enjeu stratégique beaucoup plus important. Les deux camps parlent d’offensives et de futures contre-offensives où le facteur humain – c’est-à-dire les capacités de mobilisation – et le matériel joueront un rôle essentiel.

En dépit de pilonnages d’artillerie particulièrement impressionnants, les lignes de front évoluent peu dans le Donbass, et les gains territoriaux russes restent très limités. Au sud, en revanche, ils se sont emparés, dès le début de l’offensive, du port de Kherson, mais, dans cette région comme dans celle de Zaporijia, les lignes de front sont plus mobiles, et les objectifs stratégiques nombreux avec une centrale nucléaire, la plus grande du pays, occupée par les forces russes dès le début de l’intervention mais toujours encerclée par les forces ukrainiennes, et plusieurs gazoducs.

Ces territoires permettent aussi le contrôle du fleuve Dniepr, ouvrent une voie vers la mer Noire et un accès à la flotte russe qui y stationne. Un enjeu essentiel alors même que le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, clame que l’offensive russe ne vise pas à s’emparer du seul Donbass. La prise de contrôle totale par les forces russes de ces zones leur permettrait de couper l’Ukraine en deux. La ville de Dnipro, point de passage et verrou sur le fleuve, est un élément-clé pour la logistique et l’approvisionnement des troupes actives dans le bassin minier.

C’est dans cette logique que Moscou intensifie la russification des zones déjà conquises de cette région. La mise en scène de reconstructions de bâtiments, la substitution de noms russes à ceux ukrainiens des villes et quartiers, les campagnes de communication visant à montrer l’adhésion de la population à la Russie, la nomination d’officiels russes à des postes administratifs comme la délivrance de la nationalité russe aux nouveau-nés visent à montrer clairement qu’il n’y aura aucun retour de ces régions sous l’autorité de Kiev. Les autorités occupantes prennent en main les médias et imposent des programmes russes pour raviver une histoire que Moscou veut commune. Le rouble est devenu la seule monnaie dans plusieurs villes, notamment à Kherson, malgré la résistance de la population qui pendant deux mois a continué à échanger ses roubles contre la monnaie ukrainienne, la hryvnia. Les autorités locales évoquent aussi la tenue de référendums pour un rattachement à la Russie ou une indépendance.

Covid France 27 juillet 2022:11 195 personnes contaminées en 24 heures

 

 

  • On enregistre 11 195 personnes  contaminées en 24h au 25 juillet, en baisse de 36 % sur les sept derniers jours. Le taux de positivité est de 30,2%. Par ailleurs, le nombre de personnes hospitalisées baisse sur une semaine, avec 8 118 hospitalisations sur les 7 derniers jours, soit une baisse de 7% en 7 jours. Au total, 20 769 personnes sont actuellement hospitalisées. Mais le nombre de décès demeure en hausse : 642 sur les sept derniers jours (+20%). 
  • Cependant  »les indicateurs se maintiennent à un niveau très élevé et l’augmentation du nombre de décès se poursuit », selon le bulletin épidémiologique de Santé Publique, publié ce 21 juillet. En semaine 28 (du 11 au 17 juillet 2022), la circulation du SARS-CoV-2 a diminué sur l’ensemble du territoire avec un R-effectif inférieur à 1 et un taux d’incidence en baisse de 16%, néanmoins « toujours à un niveau très élevé » et de façon « moins marquée chez les 60-79 ans ».
  • Les indicateurs hospitaliers restaient en outre « élevés, en particulier chez les 70 ans et plus tandis que le nombre de décès continuait d’augmenter », souligne. « L’effort de vaccination doit s’accentuer pour améliorer la couverture vaccinale qui reste insuffisante, notamment dans les territoires ultra-marins et chez les plus âgés, rappelle encore SPF. Seuls 39,5% des 80 ans et plus et 45,4% des résidents en EHPAD qui y étaient éligibles avaient reçu la seconde dose de rappel. » Dans le contexte de la circulation active du SARS-CoV-2 et des congés estivaux, l’application des gestes barrières reste nécessaire pour limiter la diffusion de l’épidémie. En cas de symptômes, de test positif ou de contact à risque, il reste primordial de suivre les mesures préconisées.

Economie, politique, société: les plus lus (26 juillet 2022- 6h36)

Politique : Une Assemblée nationale non représentative

Politique : Une Assemblée nationale non représentative

 

La démocratie française souffre notamment de deux maux fondamentaux à savoir la faiblesse du nombre de votants, d’autre part une représentativité des élus complètement déformée par la domination des cadres  fonctionnaires.

L’analyse sociologique des députés démontre à l’évidence que la représentation nationale n’est absolument pas représentative de la population française. Ainsi les cadres et professions supérieures représentent environ 60 % des députés dans l’assemblée dont une très grande majorité de fonctionnaires et assimilés. Les retraités environ 12 % , les personnes sans activité 8 %, les professions intermédiaires 8 %, les artisans commerçants et chef d’entreprise 6 % , les employés, 5 %, les agriculteurs 1 % ,les ouvriers moins de 1 %.

 

Par ailleurs la plupart de ces députés ont été élus par un nombre insignifiant d’électeurs. On compte en effet environ 50 % d’abstention et de non-inscrits ou mal inscrits. Au total de députés n’ont recueilli qu’autour de 10 % des voix au premier tour. ( Même Macron n’a recueilli que 20 % des inscrits au premier tour).

D’un certain point de vue ,cette composition de l’assemblée constitue un scandale démocratique. On ne fera croire à personne qui n’existe pas parmi les artisans, les ouvriers, les commerçants ou encore les agriculteurs des responsables potentiels capables d’appréhender les problématiques nationales. En réalité, le champ politique est noyauté par une espèce de caste qui  a le temps de faire de la politique et ou qui en a les moyens financiers. On retrouve notamment ainsi les permanents des organisations politiques, les assistants parlementaires, les diplômés des instituts politiques, les hauts fonctionnaires qui utilisent leur passage dans les cabinets ministériels comme accélérateur de carrière. ( Dernier exemple en date la première ministre dite de « gauche »).

En gros, les couches moyennes et les catégories défavorisées sont absentes ou presque de l’Assemblée nationale.

Il est clair que la plupart de ses représentants du peuple n’ont qu’une idée approximative des conditions de vie économique, sociale voire sociétale des populations qui vivent avec environ 1000 € par mois

Société- Plaidoyer pour la mondialisation ! (par Pascal Lamy)

Société- Plaidoyer pour la  mondialisation !  (par Pascal Lamy)

On peut être évidemment plus ou moins un accord avec l’éloge de la mondialisation chère à Pascal Lamy qui a grandement facilité l’internationalisation de l’économie notamment lorsqu’il était directeur général de l’organisation mondiale du commerce ( aujourd’hui un peu mise entre parenthèses). Mais cette interview de Pascal Lamy mérite lecture dans la mesure où l’intéressé incarne le phénomène de globalisation connue jusque-là et qui d’après lui continuera mais avec des formes différentes. Une vision très partagée dans des cercles du pouvoir qui ont fait le deuil de l’industrie nationale- délocalisée dans les pays en développement- et  remplacée par les services. Le seul problème étant que les pays en développement sont aussi capables de s’approprier les services et les nouvelles technologies ( exemple TiK-Tok chez les chinois ou encore l’équivalent chinois de l’avion  A320 neo.(dans la Tribune)

La vision d’un « socialiste » en fait très néolibérale, proche de celle de Macron, qui fait du « business » la valeur centrale de la société en abordant de manière très anecdotique les questions sociales, environnementales et sociétales et de manière un peu légère les questions géopolitiques. 

Dans une longue interview accordée à La Tribune, Pascal Lamy, ancien commissaire européen pour le commerce de 1999 à 2004 et ancien directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de 2005 à 2013, analyse en profondeur les conséquences géoéconomiques et géopolitiques du choc provoqué par la guerre en Ukraine et des sanctions occidentales qui l’ont accompagnée. Pour lui, le monde n’est pas entré dans une phase de démondialisation ou de mondialisation fragmentée. « Les facteurs de globalisation sont en effet supérieurs aux facteurs de fragmentation ». Et la Russie, du point de vue du commerce international et de la globalisation, reste un « épiphénomène ». Plus que la globalisation, la Russie ou la place de la Chine, les enjeux prioritaires de l’Europe sont doubles : accélérer l’intégration de l’Union européenne et faire en sorte que l’Afrique gagne absolument son combat contre la démographie dans les vingt ans qui viennent. A ce titre, « l’Afrique est le problème numéro 1 pour l’Europe », estime-t-il.

 

Pascal Lamy a été commissaire européen pour le commerce de 1999 à 2004 et directeur général de l’Organisation mondiale du commerce du 1ᵉʳ septembre 2005 au 31 août 2013. (Crédits : DR)

LA TRIBUNE- Certains voient dans la guerre en Ukraine le début d’une « démondialisation », d’autres d’une « fragmentation de la mondialisation » avec l’émergence de blocs de pays constitués sur des considérations géopolitiques, échangeant peu ou pas du tout entre eux. Quelle est votre analyse ?

PASCAL LAMY- Après la chute du mur de Berlin en 1989 on a pu penser que la géoéconomie allait l’emporter sur  la géopolitique. Depuis la crise de 2008, nous assistons à une évolution inverse comme peuvent le laisser penser plusieurs événements comme l’arrivée de Donald Trump à la présidence américaine, le Brexit, la montée des populismes un peu partout dans le monde, la montée des tensions sino-américaines et in fine l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Avons-nous pour autant changé de paradigme au point d’affirmer que la géopolitique va dominer la géoéconomie au cours des prochaines décennies et fracturer ce monde? Je ne le crois pas. Si je reconnais qu’il y a des changements importants, je pense que les facteurs de globalisation restent, dans l’ensemble, supérieurs aux facteurs de fragmentation. Et ce, même si la tendance générale à la globalisation sera moins forte que par le passé  -c’est ce qu’on appelle la « slowbalisation »- et que la globalisation de demain aura des formes différentes de celle d’aujourd’hui. La réduction actuelle du ratio entre l’augmentation en volume du commerce international et la croissance, est un signe de ralentissement de la globalisation, pas de régression.

En quoi cette mondialisation sera-t-elle différente ?

Elle sera différente dans son développement et ses flux, lesquels ont toujours obéi aux progrès de la technologie et à la contraction du temps qu’elle permet. La technologie modifie la distance. Le temps de l’échange, qui l’a longtemps freiné, est en train de se contracter. Davantage d’ailleurs dans les services que dans les biens. La digitalisation, surtout quand on la couple à la servicification des économies, est aujourd’hui un puissant moteur d’échange international. Au cours des vingt ans qui viennent par exemple, 50 millions de médecins indiens vont entrer dans le marché global du télédiagnostic. La technologie et la servicification de l’économie continueront donc de pousser en faveur de la globalisation. En face, il y a aussi des facteurs de déglobalisation ou de réduction des interdépendances, à commencer par la rivalité sino-américaine, qui restera le fond de tableau de la géopolitique et de la géoéconomie mondiale des 50 ans qui viennent.

Janet Yellen, la secrétaire d’Etat américain au Trésor mais aussi Christine Lagarde, la patronne de la BCE, parlent de « friend-shoring », friend-sharing », et de friend-shopping », un système qui viserait à sécuriser les chaînes de production en les organisant entre pays « amis ».  Qu’en pensez-vous ?

La crise du Covid a fait apparaître la fragilité de certaines chaînes de production. On l’avait déjà vu d’ailleurs lors de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima en 2011 ou au moment d’inondations en Asie du sud-est à la fin des années 90, mais c’est la première fois qu’on observe ce phénomène de cette ampleur. Certes, il y a une partie de « reshoring », de « safe-shoring »,  un peu de « friend-shoring », versions plurielles de diverses relocalisations de la production. Mais il y a d’autres moyens de remédier à la fragilité des chaînes de production, à commencer par la diversification des approvisionnements, laquelle augmente d’ailleurs l’échange international. Si vous passez d’un fournisseur chinois, à trois fournisseurs, un chinois, un vietnamien et un bangladais, vous contribuez à la globalisation.

La modification des flux n’est-elle pas un facteur de mutation de la mondialisation ?

Certes, mais la géographie des flux a toujours changé. Quand le salaire minimum chinois augmente de 15% par an, ou si le prix du carbone passe à 100 euros, cela change la géographie des flux. Mais ce n’est pas de la déglobalisation. C’est une globalisation avec des reliefs différents. Cela dépend des secteurs, des changements des prix relatifs, des parcours de décarbonation des uns et des autres, des évolutions des réglementations

Faut-il néanmoins s’attendre à des relocalisations en Europe ?

Un peu. Pas beaucoup, parce que le coût est élevé pour les entreprises. Bien sûr qu’il y a des éléments de « reshoring » dans l’industrie. L’impression 3D, par exemple, va, dans certains secteurs, favoriser des relocalisations. Il y a également des métiers qui, au regard de l’augmentation des salaires en Chine et dans quelques années au Vietnam et au Bangladesh, préfèreront relocaliser. Mais ce n’est pas la tendance principale, ne serait-ce qu’en raison de la géographie des marchés en croissance la plus rapide, là où il faut être, et d’abord sur le pourtour du Pacifique. Quant aux éléments de « friend-shoring », il y en a. Mais cela reste marginal, car cela coûte cher. Les rabais amicaux sont rares.

La multiplication des sources d’approvisionnement ne coûte-t-elle pas cher également ?

Pas forcément. Si vous prenez les fournisseurs du sud est Asiatique, ils ont de la place pour rogner sur leurs marges d’exportateurs.

Les critères ESG se développent très fort en Europe. Ne peuvent-ils pas contribuer à relocaliser ?

Oui, cela va jouer, un temps. Mais les autres suivront, et tant mieux. Et l’amélioration de la qualité ESG des chaînes de valeur ne signifie pas toujours qu’elles vont raccourcir. C’est la globalisation qui va servir de vecteur à la normalisation de certaines chaînes de valeur sous la pression des syndicats ou des consommateurs. Cela passera par la vérification de ce qui se passe en amont du point de vue du respect des droits de l’Homme, des régimes sociaux, des contraintes environnementales, des normes sanitaires et phytosanitaires.

La guerre en Ukraine provoque une onde de choc sur l’économie mondiale, notamment en Europe. Quel est l’impact à court et long terme sur le commerce international de cette guerre et des sanctions qui l’accompagnent ?

La Russie, du point de vue du commerce international et de la globalisation, est un épiphénomène. Ce qui se passe ne chamboule pas la globalisation. L’Europe aura moins de gaz russe, mais on ira chercher du gaz américain ou qatari. Ce n’est pas une contribution à la déglobalisation. C’est juste un changement de la carte des flux. La Russie est un cas intéressant, car c’est l’économie la moins globalisée qui soit à l’exportation. Elle pratique ce que les économistes appellent le commerce « fatal ». C’est-à-dire du commerce de surplus. Qu’exportent les Russes ? Des énergies fossiles, des minerais, des combinaisons de deux, acier ou aluminium, de l’agriculture et des armes. Ce n’est donc pas une économie globalisée au sens où elle ne crée pas des interdépendances qui naissent d’une division intelligente du travail international, au sens de l’intérêt qu’ont les pays à échanger des produits qu’ils font mieux que les autres contre des produits qu’ils font moins bien. Un intérêt qui pousse d’ailleurs à la paix. Les Russes ne sont pas dans ce jeu-là. Ils exportent ce qu’ils produisent en trop et sont obligés d’exporter. Et l’Europe importe, pour un court moment encore, du gaz russe parce qu’elle en a besoin, que son transport par gazoduc est moins cher, et son empreinte carbone moins mauvaise que celle du GNL américain.

Qui de l’Europe ou de la Russie sera la plus impactée au cours des prochaines années ?

A court terme, l’Europe souffrira et devra faire preuve de solidarité. On est en train de découvrir que l’autonomie stratégique a un prix. Politiquement ce n’est pas un hasard si en Allemagne et en France, on ne dit mot sur les rationnements d’énergie qui vont arriver à l’hiver 2023/2024. A long terme, c’est évidemment la Russie, qui est en train d’être éviscérée de tout ce qui l’avait modernisée depuis 30 ans : des investissements étrangers, des transferts de technologie, du savoir-faire occidental, des cerveaux russes qui partent.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Russie reprend elle aussi l’idée de commercer avec des pays amis. Les dirigeants russes et chinois n’ont d’ailleurs de cesse d’étaler au grand jour leur amitié et de montrer leur volonté de coopérer étroitement à l’avenir. Ne va-t-on pas vers la constitution d’un bloc sino-chinois sachant que la Chine pourrait facilement remplacer les Européens en Russie ?

Je n’y crois pas beaucoup. Il y a un bloc chinois, américain, un bloc européen. Ce n’est pas nouveau. Je ne pense pas que la Chine aura comme politique d’aider sérieusement la Russie au risque de sanctions. L’alliance sino-russe est plutôt une alliance narrative anti occidentale qui trouve un écho important dans le monde. La Chine fera en sorte de profiter de l’évolution de la situation. Ils ont désormais une taille, une masse, un niveau de sophistication, y compris technologique, des réseaux qui en font un acteur incontournable.

Même chose pour l’Inde ?

Probablement, à leur manière, qui n’est pas la même que celle de la Chine avec laquelle ils ont des différends, y compris territoriaux. J’ai de bonnes raisons de penser qu’ils vont se distancier des Chinois, avec qui ils ont un problème de frontières. L’Inde peut rester intelligemment neutre. Sur le plan intérieur, Narendra Modi a pris un virage anti-musulmans et pro-Hindous, qui ne va pas forcément trouver un écho favorable en Asie du Sud Est. De même, je pense que même si la Chine est en train d’essayer d’intégrer la zone du sud-est asiatique sous son influence, les pays de l’Asean vont résister. On voit comment l’Asean se renforce, c’est le seul processus d’intégration régionale, avec l’Union Européenne, qui ait progressé en permanence depuis 50 ans, pour la simple raison qu’ils ne veulent pas mettre tous leurs œufs dans le panier chinois.

La Chine est-elle une menace ?

Je pense que la Chine est une menace dans certains domaines, mais aussi qu’une Chine autarcisée est plus menaçante qu’une Chine globalisée. Aux Etats-Unis, on pense l’inverse. Par ailleurs l’idée européenne, française et américaine, sous une forme différente, d’une politique indo pacifique plus musclée fait du sens.

Vous ne croyez pas une « fragmentation » de la mondialisation pour les produits manufacturés. Qu’en est-il pour l’économie digitalisée ?

Elle sera globalisée de manière différente que la « vieille » économie. Dans certains cas davantage : les business modèles sont les mêmes partout, les plateformes, les réseaux sociaux se ressemblent, prennent du pouvoir de marché partout, et posent les mêmes problèmes de concurrence et de contenus. Mais aussi moins dans d’autres car la matière première, la donnée, n’est pas idéologiquement neutre et obéit à des préférences collectives différentes en termes de protection, de circulation, de stockage, de sécurité, de contrôle politique. Des reliefs qui n’ont rien à voir avec le monde philosophiquement plat des chemises, des voitures, des smartphones. D’où des écosystèmes différents, des principes de régulation plus variés, et donc une certaine fragmentation.

En combien de blocs ?

A mon avis ce sera en trois : Etats-Unis, Europe, Chine. Qui devront aménager convergences ici et coexistence là pour garder les bénéfices de l’ouverture et des économies d’échelle tout en satisfaisant des nécessités de sécurité. Une globalisation avec des pare-feux, en quelque sorte.

La poussée du protectionnisme observée ces dernières années un peu partout dans le monde n’est-elle pas une menace pour la globalisation ?

Le passage du protectionnisme au précautionnisme reste la grande inconnue. Le protectionnisme consiste à protéger ses producteurs de la concurrence étrangère. Cela existe depuis 22 siècles et on sait, avec des quotas, des droits de douane, des subventions pourquoi et comment faire ou, de plus en plus, ne pas faire. Le précautionnisme consiste à protéger les populations de certains risques environnementaux, sanitaires, sécuritaires au moyen de normes, de régulations et de contrôles. C’est donc une tout autre approche parce que l’on crée des obstacles à l’échange international pour ceux qui veulent exporter sur plusieurs marchés qui ne viennent pas, comme dans le cas du protectionnisme, des mesures destinées à protéger les producteurs des pays importateurs, mais des différences de régulation entre les pays où l’on veut exporter. Par exemple, un exportateur rwandais de roses peut rencontrer de gros problèmes à exporter au Japon, aux Etats-Unis ou en Europe, non pas parce qu’il est confronté à des obstacles protectionnistes de la part de ces pays, mais parce que la régulation sur les pesticides est différente dans chacun de ces pays. Ce qui l’oblige à séparer trois champs pour cultiver ses roses de manière différente pour tenir compte des trois réglementations. Le précautionnisme, dont la montée est inéluctable, crée des frottements à l’échange international. Il est la manifestation de l’augmentation du prix du risque. C’est un dénivellement du champ concurrentiel. Si on regarde par exemple où l’on peut ouvrir davantage l’échange transatlantique, ce n’est pas dans les droits de douane, sauf de manière marginale dans l’agriculture, c’est dans le domaine réglementaire, les normes, les standards, les modes de certification. D’ailleurs, où constate-t-on la montée la plus rapide  de l’influence chinoise ? C’est dans les organismes de standardisation internationale.

Une éventuelle réélection de Donald Trump serait-il un coup frein à la globalisation ?

Non. Parce que l’expérience Trump a beaucoup vacciné. Un échec annoncé. Aujourd’hui avec l’inflation, les Américains se rendent compte qu’il faut retirer les droits de douane, lesquels ont fait augmenter les prix d’un certain nombre de biens de consommation de 30%. La leçon de Trump, c’est l’échec le plus complet du protectionnisme le plus brutal et le plus inculte, consistant à penser que les droits de douane sont payés par l’exportateur. Non, ils le sont par le consommateur. Les Républicains et Démocrates partagent le même point de vue. Certes, ils veulent découpler l’économie européenne de l’économie chinoise dans les secteurs de la Tech. Mais ça, ce n’est pas d’abord une affaire de politique commerciale mais plutôt de politique industrielle, de recherche, d’innovation de formation, de qualité des systèmes sociaux.

La transition écologique peut-elle influencer la carte de la globalisation ?

La transition écologique, en ce qu’elle modifie les prix relatifs, va bien sûr affecter la carte de la globalisation, mais ce sera toujours de la globalisation. S’il y a un facteur qui résume les évolutions, c’est le « repricing », la réévaluation du risque, et d’abord du risque le plus menaçant, le risque environnemental. Mais qui est perçu de manière très différente entre L’Europe et la Chine d’un côté et les Etats Unis de l’autre. D’où un autre risque de frottements.

Quand on sait qu’une grande partie des métaux stratégiques ou du raffinage sont en Chine ou en Russie, n’y a-t-il pas un risque sur la transition écologique des pays occidentaux ?

Il peut y avoir des raisons de la freiner à court terme, mais aussi de bonnes raisons de l’accélérer. On le voit bien avec l’impact de l’invasion de l’Ukraine sur le système énergétique européen. Une partie des pays se tournent vers le charbon tandis que d’autres veulent accélérer le développement des énergies renouvelables. L’un dans l’autre, le résultat va être une accélération de la décarbonation de l’énergie européenne. En matière agricole, cela est un peu différent. Des pressions s’exercent à Bruxelles pour alléger à moyen long terme les contraintes environnementales qui vont s’appliquer à notre système agroalimentaire auxquelles il serait infondé de céder, de mon point de vue. Je n’assimile pas, contrairement à d’autres opinions, la sécurité alimentaire et la souveraineté alimentaire.

Quelle sera la place de l’Europe demain ?

Avant l’invasion de l’Ukraine, je pensais qu’elle était entrée dans une nouvelle phase d’intégration dynamique autour du « pacte vert », de l’autonomie stratégique, du rattrapage digital. Depuis, j’en suis moins sûr parce que cette guerre est arrivée trop tôt du point de vue de de l’Europe de la défense. Poutine nous a inévitablement jetés dans les bras américains de l’OTAN et les Américains ont jeté Poutine dans ceux des Chinois. Les dés roulent. Et je ne sais pas très bien de quel côté ils vont tomber.

Certains observateurs disent pourtant que la crise, dans la capacité qu’ont eu les pays membres à pratiquer des sanctions communes à l’égard de la Russie, a renforcé l’Europe.

Ce n’est pas faux, à court terme. Il y a eu trois grandes étapes d’intégration européenne ces derniers temps, qui ont toujours résulté de crises extérieures auxquelles l’Union européenne a réagi en faisant riper l’ancre allemande : En 2008, où nous n’avons pas tenu compte du traité de Maastricht, pendant la crise du Covid avec un endettement commun, et aujourd’hui avec les sanctions contre la Russie et la décision de financer l’envoi d’armes à l’Ukraine au niveau européen.

Pour autant, cinq mois après le début de la guerre, je crois qu’il serait prématuré de considérer que la guerre en Ukraine a renforcé l’Europe. Je suis mal à l’aise quand j’entends à Washington, Londres, Pékin, Moscou, présenter ce conflit comme une affaire entre l’Ouest et le reste du monde qui considère, lui, que cette guerre n’est pas son affaire. Ce n’est pas bon signe, y compris pour l’Europe, dont j’ai toujours pensé qu’elle devait avoir son individualité. On fait partie du monde libre et c’est très bien. Mais quand j’entends certains responsables britanniques affirmer que le G7 c’est l’OTAN de l’économie, je me souviens de Trump au G7 et je frémis pour l’union des européens.

Plus que l’Occident contre le reste du monde, n’est-ce pas davantage les démocraties contre les régimes autoritaires ?

Non. Pour moi, l’Inde est une démocratie acceptable et elle n’est pas de notre côté, tandis que Singapour, qui n’en est pas une, est avec nous.

Que doit donc faire l’Europe ?

Accélérer son intégration tous azimuts. En 2050, l’UE comportera 35 membres.

Même si la dernière grande phase d’élargissement de l’Europe aux pays de l’Est en 2004 n’a pas été une réussite.

Le désir à l’époque était tellement fort, c’était impossible de faire autrement. Cela a conduit à certains raccourcis dans notre pensée de l’Europe centrale et orientale dont, on est en train de payer le prix maintenant. Pour autant, je ne suis pas d’accord pour dire que l’élargissement était précipité. Ces pays sont entrés dans l’UE une quinzaine d’années après la chute du mur de Berlin en 1989. Je rappelle que l’Espagne et le Portugal ont attendu douze ans après la fin de la dictature. A cette aune, une adhésion de l’Ukraine en dix ans serait une performance !

Pour vous l’entrée de l’Ukraine dans l’UE est donc une certitude  ?

Une forte probabilité, quand elle sera reconstruite. On est en train d’organiser deux parcours parallèles qui sont le parcours d’ajustement de l’Ukraine aux normes européennes et le parcours de reconstruction de ce pays. Reste à trouver les 500 milliards nécessaires, une addition qui va sans doute augmenter dans les mois qui viennent. L’invasion russe a rendu inévitable l’accession de l’Ukraine à l’UE, mais pas forcément à l’OTAN dans le même temps.

J’ai bien connu l’Ukraine. J’ai travaillé pour l’aider à faire entrer dans l’OMC un pays gangréné par la corruption à l’époque. Je découvre aujourd’hui un pays différent, avec une armée qui a été formée pendant 10 ans par l’OTAN. Cela n’a pas échappé aux Russes. Le fait que l’UE ait commencé, récemment il est vrai, à réfléchir à son indépendance énergétique à l’égard de la Russie et que l’Ukraine se soit renforcée a pu jouer dans la décision de lancer l’invasion le 24 février dernier.

Quand on voit les différentes oppositions entre la Commission européenne et la Pologne et la Hongrie, ou encore les liens étroits de Varsovie avec Washington qui se traduit souvent par des contrats industriels passés aux entreprises américaines plutôt qu’européennes, notamment dans la défense, ces deux pays ne sont-ils pas opposés à l’intégration européenne ?

Ces deux pays ne sont pas du tout opposés à l’intégration européenne. Ils la souhaitent, mais à leur manière, avec une idéologie politique qui n’est pas en ligne avec les règles européennes et de manière plus prononcée en Hongrie qu’en Pologne. L’illibéralisme est allé plus loin en Hongrie. Donald Tusk a une chance de gagner les prochaines élections en Pologne. Et puis, Vladimir Poutine a fait de la Pologne une telle priorité géopolitique aujourd’hui qu’on ne peut plus raisonner tout à fait de la même manière. Les conséquences du choc de l’invasion de l’Ukraine obligent à réviser la carte géopolitique de l’Europe. Les pays d’Europe Centrale et Orientale vont peser davantage dans l’espace européen.

Beaucoup en Pologne pensent que les Etats-Unis les protégeront en cas d’attaque russe. Partagez-vous cette analyse ?

Probable, oui, et les européens aussi, s’ils parviennent à s’organiser pour cela.

Craignez-vous une accentuation de la fracture Nord-Sud ?

L’augmentation de la fracture Nord-Sud est un phénomène qui m’inquiète davantage que la déglobalisation. L’apartheid vaccinal COVID que nous avons laissé s’installer aura laissé des traces durables dans le monde en développement et notamment en Afrique. La COP de Glasgow a également endommagé les relations Nord-Sud puisque le Nord a demandé au Sud de sortir rapidement des énergies fossiles sans s’engager vraiment à soutenir les investissements nécessaires. Une bonne partie de ces frustrations nourrit la réaction, qui a pu nous étonner, de beaucoup de pays à l’invasion de l’Ukraine. Pour l’Europe, l’Afrique est le problème numéro 1. Je conçois que les Etats-Unis et la Chine sont des questions géopolitiques et géoéconomiques importantes pour l’Europe, mais la vérité, dans la vie de tous les jours, est que si l’Afrique ne gagne pas la course de l’économie contre la démographie dans les vingt ans à venir, nous aurons un gros problème.

Peut-on envisager un changement du système monétaire international ?

Je ne crois pas à une modification à court terme du système monétaire international. On peut mesurer les forces respectives des monnaies par la facturation, ou leur part dans les réserves des banques centrales, mais la mesure ultime, c’est le stock d’actifs disponibles pour les investisseurs. Et ce n’est pas demain la veille que les stocks en euros ou en yuans vont dépasser les stocks en dollars. Le vrai facteur limitant, il est là. Tant que les Chinois n’auront pas changé de position sur le fait qu’un change ouvert, c’est bon pour l’économie, cela ne changera pas. C’est d’ailleurs curieux qu’on puisse être membre du FMI et ne pas avoir un change ouvert. Mais c’est le cas.

Dans les pays occidentaux, en Europe et France notamment, il y a une certaine remise en cause de la mondialisation par une partie de la population, pensez-vous qu’elle peut encore de l’ampleur ?

J’ai toujours pensé et dit que la mondialisation est à la fois efficace et douloureuse je crois aujourd’hui que et que la démondialisation est inefficace et douloureuse. Il y a eu une période où les antimondialistes disaient que la globalisation serait nuisible pour les pays en développement. La réalité a démontré le contraire. L’impact pour les pays développés a été inégal, mais d’autant plus ressenti négativement que les systèmes sociaux ont moins bien pris en charge l’insécurité sociale des changements rapides dans l’emploi qui sont intervenus, et qui proviennent pour à 85% de la technologie, et à 15% de la globalisation. Et ces 15% ont mordu dans les pays où les systèmes sociaux étaient les plus médiocres comme aux Etats-Unis et en partie en Angleterre, qui après la crise de 2008 a subi un programme d’austérité nettement plus sévère que sur le continent. D’où le Brexit, ou l’élection de Trump. Il y a effectivement une partie de l’opinion occidentale qui considère que la globalisation est négative pour l’emploi, mais ce n’est pas le cas partout. Ce n’est pas le cas dans les petits pays, un peu en France, pas beaucoup en Allemagne, ni en Italie ni en Espagne.

Comment l’expliquez-vous en France ?

La France a toujours été une exception, un angle mort du commerce international. C’est l’une de nos constantes culturelles. Il y a eu seulement une brève période de vrai libéralisme économique et commercial en France, sous Napoléon III. Avant il y avait Colbert, après il y a eu Méline. L’une des raisons pour lesquelles les Anglais sont restés libres échangistes et les Français sont devenus protectionnistes, tient à la structure foncière. En Angleterre, de grands domaines agricoles ont été conservés. Quand le prix du blé s’est effondré sur le commerce transatlantique au 19ème siècle, l’État a refusé de mettre des droits de douane pour éviter de faire monter le prix du pain et protéger les pauvres. Cette décision allait à l’encontre des landlords. En France, parce que la révolution française avait morcelé les propriétés foncières, il fallait bien protéger les petits paysans et pour éviter qu’ils soient en difficulté, l’Etat a mis des droits de douane. Dans nos mentalités collectives, la terre fermée compte plus que la mer ouverte.

Les résultats du RN et de LFI montrent que le discours anti-mondialisation a une forte résonance en France

Si on regarde les sondages en France, l’opinion est à près de 60% en faveur de la globalisation. Mais chez LFI et RN, 80% sont contre. C’est très polarisé. De mon point de vue, les économies ouvertes se développent mieux que les économies fermées. Mais je n’ai jamais été un inconditionnel de l’ouverture des échanges. Il y a simplement beaucoup plus de cas où cela donne de bons résultats que l’inverse. Mais c’est l’un parmi beaucoup d’autres instruments de politiques publiques destinées à améliorer la croissance et la qualité de vie et à réduire les inégalités. Si l’on compare les réussites et les échecs des pays dans le monde depuis cinquante ans, l’ouverture des échanges compte, mais l’éducation, la formation, le niveau des connaissances, l’innovation, la cohésion sociale, viennent loin devant.

Sondage–la planification écologique plébiscitée

 

 

Sondage–la planification écologique plébiscitée

La sortie des énergies fossiles, rencontre le soutien de près de trois sur quatre d’entre (71 %), selon un sondage OpinionWay-Square pour « Les Echos » et Radio classique.

Pour autant, l’ambition écologique de l’exécutif est loin d’être unanimement partagée. Alors que les jeunes et la quasi-totalité des électeurs de gauche et du centre le suivent dans cette voie, ceux de Valérie Pécresse traînent un peu les pieds, seuls 58 % d’entre eux déclarant approuver le dessein du gouvernement. Les électeurs de Marine Le Pen et plus encore ceux d’Eric Zemmour sont, quant à eux, majoritairement opposés à la décarbonation de la France.

Ils sont seulement 46 % chez les premiers et 36 % chez les seconds à se dire favorables à voir la France se hisser au rang de grande nation écologique. C’est-à-dire qu’elle devienne le premier pays développé au monde à sortir des fossiles, comme le projette Emmanuel Macron.

En dehors du sentiment de fierté nationale qu’éveille chez elle cet objectif, l’opinion est très majoritairement acquise aux solutions qui visent à l’atteindre. L’amplification du programme d’aides aux travaux « MaPrimeRénov » fait l’unanimité avec 89 % de jugement favorables. La proposition d’aligner la rémunération des chefs d’entreprise selon qu’ils touchent ou ratent les cibles environnementales qui leur sont imparties bénéficie de l’assentiment de 78 % des sondés. Idem pour l’instauration d’un dispositif de location longue durée d’un véhicule électrique pour moins de 100 euros par mois avec 70 % d’avis favorables.

Ce mouvement d’approbation s’érode un peu sur la question du nucléaire. Près de deux Français sur trois (65 %) approuvent la construction de nouveaux réacteurs. Les  Français s’inquiètent pour l’avenir de la planète. Ils sont 44 % à considérer qu’il est déjà trop tard pour agir contre le réchauffement climatique. Parmi les personnes interrogées qui jugent nécessaire d’investir pour s’en préserver, c’est-à-dire pratiquement toutes (96 %), une forte minorité (42 %) considère qu’il faut le faire pour s’adapter à ses effets plutôt que pour s’attaquer à ses causes.

 

Sondage–La confiance dans les gouvernements européens s’écroule

Un facteur explicatif sans doute de la montée des populismes en Europe, la confiance des citoyens européens dans leur gouvernement s’écroule de 25% en deux ans. 

D’après une étude de la fondation européenne Eurofound , less Européens accordent de moins en moins de confiance aux grandes institutions qui régissent leur vie : le gouvernement, la police et le système de santé. Sollicitées pour donner une note de 1 à 10 sur leur confiance dans les institutions, les 200.000 personnes interrogées ont donné une note moyenne de 5 au printemps 2022 contre une note 5,8 au printemps 2020, soit un recul de 14%.

Au niveau des Etats, la note de confiance accordée au gouvernement baisse brutalement de 4,8 à 3,6 (-25%). Celles accordées à la police et aux systèmes de santé reculent aussi mais plus modestement, respectivement de 6,2 à 5,7 (-8%) pour la santé et de 6,4 à 5,7 (-10%) pour la police. Le niveau de confiance dont bénéficient la police et les systèmes de santé restent donc positifs, bien supérieurs à ceux des gouvernements.

Les auteurs de l’étude soulignent le lien de corrélation entre les difficultés économiques des personnes interrogées et leur faible confiance dans les institutions. Dans tous les pays européens, les gens qui ont du mal à « joindre les deux bouts » (selon l’expression du sondage), de plus en plus nombreux d’après l’étude, expriment moins de confiance que les classes sociales plus aisées.

« Le coût de la vie dans l’Union européenne s’envole à un rythme jamais vu jusqu’ici. (…) Le sondage prouve que la hausse du coût de la vie affecte la confiance des gens dans les institutions », notent les auteurs.  Plus intéressant encore, l’étude montre que les citoyens qui s’informent sur les réseaux sociaux font moins confiance aux institutions en général tandis que ceux qui ont recours aux médias traditionnels leur font davantage confiance.

« Avec l’envolée du coût de la vie et les conséquences dévastatrices de la guerre en Ukraine qui aggrave l’incertitude sur le continent, il sera extrêmement difficile de revenir au niveau de confiance d’avant-pandémie », prédit l’agence Eurofound. Ses travaux font écho à une précédente étude de l’OCDE publiée mi-juillet qui fait état des mêmes niveaux de défiance, notamment dans le gouvernement en qui une minorité (40%) de citoyens de l’OCDE disent avoir confiance.

Pour une IA transparente, sûre et responsable

Pour une IA  transparente, sûre et responsable

 Par Julien Chiaroni, Confiance.AI (Grand Défi IA) et Arno Pons, Digital New Deal (Think-tank), Co-auteurs de la note « IA de confiance » (1).( la Tribune)

 

L’Intelligence Artificielle (IA) est au cœur des préoccupations et des fantasmes. Sa simple définition constitue un défi en soi. Il est donc crucial que nous puissions y contribuer, afin de pouvoir offrir au monde une vision européenne, c’est-à-dire humaniste, de ce sujet complexe qui devient de plus en plus structurant dans les champs économiques, sociaux, écologiques et démocratiques.

L’Europe, France en tête avec « AI for humanity », doit donc être capable de penser et opérer une « IA des Lumières » qui soit transparente, sûre et responsable, refusant que des biais technologiques deviennent des biais idéologiques avec tous les impacts que l’on connaît. Pour que l’IA soit garante de ces valeurs, au service des citoyens, nous devons faire preuve envers elle d’une exigence éthique et politique sans faille, et donc faire de l’IA de confiance européenne une valeur étalon mondiale.

Nous ne pouvons tolérer que des IA opaques orientent nos choix, sans que nous en soyons conscients, et sans que nous puissions faire de recours. Le grand public et les acteurs économiques doivent pouvoir avoir « confiance » dans ces IA qui ont un impact tangible sur leurs vies (accès aux crédits, recommandations d’emplois, santé, etc.).

Face à l’algorithmisation de nos vies et ses potentielles dérives, nous devons en effet reprendre en main nos destins numériques en faisant de l’IA un sujet politique. Cette impérieuse nécessité doit nous engager à traduire nos valeurs en standards mondiaux grâce au paquet réglementaire européen (DSA, DMA, DGA, DA, AI Act). Ils permettent d’imposer un cadre de confiance pour commercialiser son produit ou service au sein de l’UE conférant de facto à nos standards une portée extraterritoriale, à l’instar du RGPD qui a été adapté dans la plupart des pays. Nous sommes intimement convaincus qu’en faisant de l’IA de confiance une valeur étalon, l’Europe pourra devenir une troisième voie numérique crédible, attractive, et compétitive, à condition bien-sûr que cette fois-ci tous se saisissent des opportunités que font naître ces nouvelles régulations.

L’IA de confiance constitue selon nous un véritable éclaireur de notre souveraineté numérique et de notre compétitivité industrielle.

Souveraineté d’abord. Nous définissons dans ce rapport la souveraineté en fonction de notre autonomie, c’est-à-dire notre capacité à choisir le niveau et la nature de nos dépendances : « L’autonomie stratégique est une capacité à générer et défendre un écosystème de confiance qui organise nos interdépendances« . La souveraineté numérique est un idéal, l’autonomie stratégique un objectif politique, et le niveau de dépendance une mesure.

À l’instar de la souveraineté énergétique qui conduit un État à orienter ses choix pour ne pas dépendre d’un seul fournisseur, ni d’une seule énergie, la souveraineté numérique cherche elle aussi à contrôler ses dépendances. À défaut de garantir une chaîne de valeur pleinement souveraine (auto-suffisante), l’enjeu majeur est de sanctuariser une « chaîne ou un réseau de confiance » pour atteindre un degré d’autonomie stratégique jugé satisfaisant.

Cet écosystème de confiance s’appuie sur le tryptique « cloud, data et IA », d’où notre recommandation de déployer une gouvernance partagée entre data et IA, couplée à une approche conjointe par les usages via les Data spaces (Gaia-X).

Compétitivité ensuite. L’IA de confiance est une opportunité de (re)conquête pour nos filières qui ont tant souffert de la désindustrialisation. Mais pour que notre excellence en recherche d’IA se traduise en capacité́ de leadership industriel, la réglementation seule ne suffit pas. Nous devons impérativement créer une coopération industrielle au niveau européen à la hauteur de nos ambitions. Nous proposons pour cela de créer une « Infratech », c’est à dire un écosystème d’acteurs européens spécialisés dans le logiciel, souvent start-ups et PME, qui se fédèrent en vue de proposer une offre de bout en bout autour d’une infrastructure logicielle. Elle doit porter intrinsèquement les valeurs et la réglementation européenne, des normes harmonisées ou des standards partagés. Elles s’appuient sur des communs numériques qu’il s’agira de valoriser collectivement sur le marché irriguant ainsi l’ensemble des secteurs stratégiques pour l’Europe (emploi, éducation, santé, finance, tourisme, mobilité, administration, etc.) Enfin, elle permettra mécaniquement d’abaisser les barrières à l’entrée du marché de l’IA de confiance :

« L’infratech, socle de la confiance, et levier de scalabilité pour la Frenchtech ».

L’autre pari défendu dans ce rapport, consiste à capitaliser sur la culture européenne des systèmes critiques, où les exigences en terme de confiance sont les plus fortes, pour en faire un avantage compétitif et une garantie pour les citoyens. Les développements de l’IA sont aujourd’hui fortement « tirés et influencés » par les acteurs du B2C comme les GAFAM. Or leur culture est basée sur les usages et l’expérimentation continue. L’Europe peut adopter à contrario une approche fondée sur l’apport de preuves, de performances et pas uniquement processus, fondée sur une analyse des risques et des exigences fortes qui caractérisent les systèmes critiques ou à « haut risque », ainsi que définit dans le cadre de la réglementation européenne. C’est ce que les citoyens et utilisateurs attendent. Ainsi, nous rapprocherons de facto IA et IA de confiance, nous permettant d’adresser un marché global de l’IA (231 milliards d’euros) et de faire de l’IA de confiance une véritable « force » de l’Europe.

La confiance est une arme défensive contre les monopoles que l’on subit et offensive pour les coopérations que l’on choisit. L’Union Européenne doit se donner tous les moyens de ses ambitions, à la fois réglementaire et industriel. Nous sommes convaincus que c’est en s’appuyant sur ces leviers que l’UE pourra bâtir son autonomie stratégique et édicter ses propres conditions extraterritoriales au marché mondial, offrant ainsi une opportunité d’export à nos entreprises. Pour cela, l’Europe ne doit pas reproduire les erreurs du passé. La « jurisprudence internet », avec toutes les conséquences que l’on connaît, nous oblige à plus d’anticipation et à une collaboration renforcée pour que le développement de la confiance dans l’IA soit au cœur des standards de demain.

 

RESUME DES PROPOSITIONS

# REGULATION

Se saisir de l’opportunité de l’IA de confiance pour bâtir notre souveraineté industrielle, en :

Capitalisant sur l’idée qu’IA et IA de confiance deviendront quasi-synonymes

  • Réguler pour que les sujets deviennent tous critiques (Societal/Business critical)
  • Viser le lead du marché Trustworthy AI de 50 Mds pour conquérir le global à 230 Mds

Imposant la confiance dans l’IA comme valeur étalon mondiale

  • S’appuyer sur notre régulation pour exporter nos critères juridiques
  • Capitaliser sur notre avantage compétitif via notre culture des systèmes critiques

Établissant la normalisation en priorité stratégique

  • Devenir des standard-setter

# COOPERATION

Se donner les moyens pour que l’IA de confiance devienne vectrice de notre compétitivité industrielle, en :

Finançant une InfraTech

  • Mutualiser les coûts pour contenir et surtout conquérir le marché des BigTech
  • Créer une couche intermédiaire d’acteurs souverains packagé de bout en bout

Accompagner la création de communs numériquesDistribution 

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(1) Julien Chiaroni, Confiance.AI (Grand Défi IA) et Arno Pons, Digital New Deal (Think-tank), Co-auteurs de la note « IA de confiance ».

France : vers une « économie de guerre »

France : vers une « économie de guerre »

 Avec des pénuries d’énergies, une hausse des prix qui va se prolonger, une guerre en Ukraine qui plombe l’économie, une augmentation du budget de l’armée le gouvernement doit rediriger une part importante des dépenses de paix vers des dépenses de guerre. Va-t-il recourir aux impôts, aux emprunts ou à la réforme du modèle social ? Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière. ( la Tribune )

 

Le Président a annoncé le 15 juin 2022 que la France est entrée dans une « économie de guerre », c’est-à-dire une économie dans laquelle les besoins de la guerre sont satisfaits prioritairement. Dans une telle économie le pouvoir d’achat d’une population est ponctionné au profit d’un appareil de guerre. Le président souhaite faire voter en 2023 une nouvelle loi de programmation militaire :

« nous aurons besoin d’une nouvelle planification, d’investissements ajustés dans la durée et des investissements qui s’inscriront dans une vision large qui articule notre souveraineté, notre indépendance de décision, notre vision du monde, avec les engagements et les réponses élaborées avec nos alliés dans le cadre de la Boussole stratégique de l’Union européenne, du concept stratégique de l’OTAN et des partenariats stratégiques qui structurent notre action ».

En même temps dans son interview télévisée du 14 juillet 2022, il a réaffirmé : « il n’y a pas de modèle social s’il n’y a pas de travail pour le financer« , c’est la raison pour laquelle il faut réformer l’assurance-chômage, le RSA, le régime de retraite, etc.

Mais avec des pénuries, une inflation qui dure, un euro faible on ne peut pas ne pas songer avec anxiété aux conséquences monétaires de ces réformes qui nous attendent. Comment la France va-t-elle financer ce choc : à crédit, par des nouveaux impôts ou par une « rigueur » sociale ?

L’origine des pénuries sont les déséquilibres apparus sur les marchés des biens à la suite de la pandémie de la covid-19. Les pénuries d’énergie sont la conséquence d’origine géopolitique et de la guerre ukrainienne. De nombreux produits commencent à se faire rares sous l’effet de multiples facteurs : la covid-19 qui a créé une pénurie de travailleurs et qui a réduit la capacité de production dans le monde, des distorsions de la demande dues aux changements de comportement d’achat des citoyens et le fait que les systèmes de fabrication et de logistique fonctionnaient à leur capacité maximale. L’inflation actuelle en est le résultat.

L’hyperinflation peut être créée par l’injection massive de liquidités par la Banque centrale européenne BCE. La véritable origine est le « quoi qu’il en coûte », le plan de relance européen et le programme d’achat d’urgence des dettes des États par la BCE face à la pandémie (PEPP). Cette création massive de monnaie conduit à un affaiblissement de celle-ci.

Dans un marché financier énergique, les prix du marché indiquent la valeur réelle d’un actif. Avec beaucoup de liquidités cette valeur n’est plus en accord avec la vie économique réelle. Les épargnants se jettent sur des actifs plus risqués tels que la cryptomonnaie ou les obligations « pourries ». Avec l’arrivé de plusieurs indices d’augmentation de l’inflation et de récession, les agents économiques ont alors tendance à fuir devant la monnaie, ici l’euro. Il y a moins de confiance et un recours à des devises ou des valeurs fortes et stables tel que le dollar américain. On se retrouve avec un euro affaibli pour régler les importations en dollars. Il y a une augmentation progressive du niveau général de prix et du coût de la vie et conduit à une inflation supplémentaire.

Cela fait vingt ans que l’euro s’est négocié pour la dernière fois en dessous d’un dollar américain. Il y a plusieurs raisons à cela, la plus récente est la crainte que l’Europe ne soit confrontée à une crise énergétique cet hiver. Si cela arrive, il y a un risque accru de récession dans la zone euro. Mais la faiblesse du dollar est due aussi à l’amplification de la valeur du dollar. Les investisseurs affluent vers la devise américaine en période d’incertitude : guerre en Europe, inflation, mesures de restriction en Chine. Les facteurs économiques poussent à la hausse du dollar, les États-Unis sont plus avancés sur la voie de la reprise économique. La Banque centrale américaine ne fait pas de politique, elle a été plus rapide dans son choix d’augmentation des taux d’intérêts pour lutter contre l’inflation.

la durée de l’inflation et du conflit ukrainien exige du gouvernement qu’il soit capable de financer un effort de guerre et des « aides inflation ». Il peut recourir en temps normal aux impôts ou aux emprunts.

Dans le premier cas il faut obtenir le consentement à l’impôt dans une période qui selon Eurostat, à titre indicatif, le taux des prélèvements obligatoires en France en 2019 représentait 47,4% du PIB, soit un niveau supérieur de 5,8 points à celui de la moyenne de la zone euro. Selon le ministre de l’Économie, invité le 8 juillet 2022 à franceinfo : « non seulement, il n’y aura pas d’augmentation d’impôts, mais que nous continuerons de baisser les impôts ».

Dans le second cas, il faut reporter la charge du financement de la guerre et de l’inflation sur les générations futures, et donc in fine sur les futurs contribuables qui rembourseraient les dettes contractées. Mais voilà, la barre de 2 900 milliards d’euros d’endettement public a été franchie fin mars 2022. Le gouvernement s’apprête à payer deux fois l’inflation en 2022 : une première fois pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages et une deuxième fois pour le coût de la dette. Le gouverneur de la Banque de France au Figaro le 21 juin 2022 : « il serait illusoire de penser que notre dette est encore sans coût et sans limites« . Alors quel est le plan du Président ?

Il est nécessaire de réduire la consommation du secteur privé, réduire l’épargne des ménages et mettre la totalité des Français au travail pour transférer une part importante de pouvoir d’achat au profit de l’État.

Avec la diminution de l’offre de bien et une inflation importée, l’approche gouvernementale est de réduire la consommation énergétique des ménages français. Lors de son interview du 14 juillet, le Président s’est montré clair : « On doit rentrer collectivement dans une logique de sobriété. On va préparer un plan pour se mettre en situation de consommer moins« . Ce qui impliquerait des sacrifices pour les plus pauvres et la classe moyenne. Dans son plan le Président n’a pas parler d’empêcher la réalisation de profits excessifs pour participer à cet effort.

L’objectif de la Banque centrale européenne est de maintenir la stabilité des prix, en d’autres termes de sauvegarder la valeur de l’euro. Jusqu’à cette date l’inflation grimpe et l’euro chute. Pour ramener l’inflation à son objectif de 2%, la Banque centrale américaine FED a annoncé le mercredi 15 juin 2022 une hausse des taux de trois quarts de points de pourcentage, soit la plus forte hausse depuis 1994. Mais la BCE tarde à réagir, la raison : éviter la fragmentation de la zone euro. Il apparait clair aujourd’hui que la politique monétaire de la Banque centrale européenne privilégie la soutenabilité des dettes publiques de la zone euro, par rapport au pouvoir d’achat des Européens.

Inspiré par le Conseil national de la Résistance, le « modèle social » français s’est structuré autour de trois axes : un régime de retraite par répartition (1946), l’assurance maladie (1946) et l’assurance chômage (1958). Il a été suivi par plusieurs avancées sociales : statut de la fonction publique, l’assistance aux handicapés, la politique familiale, le SMIC, le RSA, etc. Selon le Président il faut travailler pour financer notre modèle social. C’est la raison pour laquelle il faut réformer l’assurance-chômage, la RSA, le régime de la retraite, etc. Que voulait-il dire ? L’État doit se préoccuper davantage de la création de la richesse, le social sera conditionné à la croissance et à l’emploi ? L’État doit être moins interventionniste et créer un modèle recentré sur l’égalité des contributions ? L’État doit alléger la charge du modèle social en élargissant l’assiette des contributaires par la réapparition de l’idée de la TVA sociale, qui consiste à diminuer les cotisations patronales et à augmenter le taux de la TVA pour financer les actions sociales ? Seul l’avenir nous le dira.

Transition énergétique : Recourir davantage à l’innovation

 Transition énergétique : Recourir davantage à l’innovation

La transition énergétique pour réduire notre dépendance aux hydrocarbures est devenue un enjeu majeur, notamment en Europe. Plusieurs pistes existent mais certaines, notamment celles qui font appel à l’innovation et à l’intelligence artificielle, mériteraient d’être plus amplement développées. Par José Iván García, PDG de Substrate AI, et Christopher Dembik, économiste et membre du conseil d’administration de Substrate AI. (dans la Tribune)

 

Au cours des dernières années, l’Union européenne a activement financé les sources d’énergie renouvelables intermittentes dans le cadre de la transition vers une économie faiblement carbonée. Jusqu’à présent, c’est un échec. L’objectif initial d’être moins dépendant des énergies fossiles n’est pas atteint. Dans les faits, notre dépendance s’est accrue. Les importations de gaz naturel ont augmenté (pour la première fois de notre histoire, nous importons plus de gaz naturel des Etats-Unis que de Russie, du fait de la guerre en Ukraine). Les centrales à charbon rouvrent par crainte des pénuries (celle de de Saint-Avold en Moselle, par exemple). Nous sommes loin d’être en mesure de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990 comme nous nous y étions engagés en 2021. Le gaz naturel est le principal vainqueur de la transition énergétique en Europe. C’est la triste réalité. Mais les choses peuvent changer en comptant sur les derniers développements technologiques.

Comment réussir à développer une économie faiblement carbonée ? Il y a deux leviers principaux : soit agir sur la demande, soit agir sur l’offre. Agir sur la demande implique de mieux voire de moins consommer. C’est le sens de l’appel formulé par les dirigeants d’EDF, d’Engie et de TotalEnergies il y a un peu plus d’une semaine. Concrètement, cela s’appelle la décroissance. Beaucoup d’Européens sont prêts à changer leur mode de consommation. Mais pas tous. Peu sont prêts à ce que le changement soit radical. Dans tous les cas, mieux voire moins consommer est un processus qui prendra du temps et qui est certainement en partie un changement générationnel. Pour des raisons évidentes, les jeunes générations (génération X de 1980 à 2000 et génération Z à partir de 2000) sont plus sensibilisées à la question climatique que la génération du baby-boom.

Agir sur l’offre est un levier plus pertinent et efficace à court-terme, selon nous. Cela implique d’investir davantage dans les infrastructures énergétiques (y compris dans les infrastructures de raffinage qui sont essentielles dans le processus de transition) et dans les nouvelles technologies afin d’améliorer l’efficacité énergétique et d’obtenir des gains de productivité. Le champ des possibles en la matière est infini. Les énergies renouvelables non-pilotages (solaire et éolien) ont une utilité actuellement faible dans le mix énergétique car elles ne peuvent pas fournir une source d’énergie constante. Mais la technologie peut aider. De grands projets industriels cherchent aujourd’hui à résoudre le problème de l’intermittence liée à l’énergie éolienne, par exemple. Au lieu d’augmenter le nombre de parcs éoliens offshore connectés individuellement aux réseaux nationaux (ce qui accroît les coûts et réduit l’efficacité systémique), l’opérateur d’électricité néerlandais TenneT promeut l’idée d’îles artificielles en mer du Nord servant de hubs pour distribuer l’électricité de manière optimisée aux pays voisins. Il s’agit d’un projet pilote. Il faudra des années pour le déployer. Mais s’il réussit, il pourrait accélérer l’adoption en masse de l’énergie éolienne.

Les nouvelles technologies sont également prometteuses pour favoriser l’émergence d’une économie décarbonée. La start-up danoise Copenhagen Atomics construit actuellement un premier réacteur de thorium à sels fondus et à eau lourde. Une fois qu’il sera opérationnel, il sera en mesure de détruire les déchets nucléaires et d’être fabriqué en masse. Le thorium est à l’origine d’une révolution dans le domaine de l’énergie nucléaire. Ce métal, découvert en 1829, est légèrement radioactif, énergétiquement dense (1kg de thorium équivaut à 3,5 millions de kilos de charbon), quatre fois plus abondants que l’uranium et surtout il produit moins de déchets que ce dernier (83 % des volumes des déchets sont neutralisé en dix ans). La Chine projette d’avoir ses premières centrales au thorium opérationnelles en 2030. Grâce à Copenhague Atomics, l’Europe pourrait rattraper son retard.

Les récentes innovations technologiques permettent aussi d’espérer pouvoir tirer parti des forces de l’océan. La start-up française Sweet Energy a développé une technologie adaptée pour l’énergie osmotique – c’est l’énergie produite lorsqu’un flux d’eau douce rencontre un flux d’eau salée. La production générée chaque année au niveau mondial est en mesure, en théorie, de couvrir les besoins en consommation de la planète entière sur un an. C’est énorme. Cela fait à peu près 75 ans qu’on a identifié le potentiel de l’énergie osmotique. Jusqu’à présent, les technologies mises au point fonctionnaient mais elles restaient très chères. Ce sont des technologies de membranes (concrètement, on fait circuler des flux d’eau douce et d’eau salée pour qu’il y ait un échange ionique qui se crée dans la membrane). Le coût de fabrication des membranes était trop important, faisant que la production d’énergie n’était pas abordable. La recherche française a récemment réussi à produire des membres qui sont environ dix fois moins chères et dix fois plus performantes.

De toutes les technologies évoquées, l’intelligence artificielle est certainement celle qui est la plus prometteuse à court terme afin de résoudre les problèmes d’intermittence propres à l’éolien et au solaire. Substrate AI travaille avec Canadian Solar, l’une des plus grandes sociétés productrices d’énergie solaire et de stockage d’énergie mondial, sur deux projets pilotes dont l’un devrait entrer en phase commercialisable cette année. Le premier projet concerne la maintenance prédictive – l’un des casse-têtes récurrents du secteur de l’énergie. Les onduleurs (qui servent à convertir l’énergie produite vers le réseau électrique) sont les éléments qui provoquent le plus de problèmes pour la production d’énergie solaire. Quatre facteurs principaux peuvent provoquer des pannes : une utilisation excessive, une surtension et une sous-tension, des vibrations ultrasonores (qui peuvent provoquer des frottements et endommager les onduleurs) et l’usure des condensateurs (ils ont une durée de vie limitée et vieillissent plus rapidement que les autres composants, provoquant ainsi une panne de l’onduleur). Lorsque cela se produit, la production d’énergie solaire peut chuter de plus de 20 % en moyenne. Grâce à l’intelligence artificielle (ici, on parle bien de machine learning qui soit en mesure d’apprendre et de s’adapter aux évènements), il est possible de détecter en amont les anomalies et de prévoir les pannes avant qu’elles ne se produisent au niveau des onduleurs, évitant ainsi la diminution de production qui en résulterait. A la clef, des gains d’efficacité opérationnelle et des économies de coût importantes.

Prévoir l’évolution de la production d’énergie solaire grâce à l’intelligence artificielle est le second angle de recherche. Aujourd’hui, dans la plupart des pays, des négociants achètent pour revendre (ou inversement) l’énergie solaire avant que celle-ci ne soit livrée aux clients finaux via le réseau. Cela assure la liquidité du système (ce qui est essentiel puisque nous ne sommes pas en mesure de prévoir l’évolution de la production !). Mais cela accroît le coût final. L’objectif est de désintermédier le marché en permettant aux opérateurs énergétiques de vendre directement l’énergie, à un bon prix (à la fois pour le producteur et le consommateur). Selon des estimations préliminaires, cela pourrait permettre d’augmenter la rentabilité des centrales photovoltaïques de 40 % en moyenne. C’est énorme. Mais pour y parvenir, les opérateurs ont besoin de mieux comprendre le fonctionnement de leurs usines et de prévoir de manière plus fiable l’évolution de la production. L’intelligence artificielle est un outil indispensable pour y parvenir.

Beaucoup reste à faire, à la fois au niveau de la recherche et de l’accès aux financements pour verdir notre économie. Cela implique de mieux canaliser les fonds publics et privés vers les projets disruptifs. Il y a encore peu de soutien en France et en Europe pour la recherche dans le thorium. Il y a beaucoup de capitaux qui vont vers des projets dans l’intelligence artificielle. En témoigne la levée de fonds de 5 millions d’euros de la start-up française EasyPicky fin juin (application de reconnaissance instantanée à base d’intelligence artificielle, destinée aux acteurs du commerce de détail). Mais parmi tous ces projets, peu sont consacrés au thème crucial de la transition énergétique et de l’intermittence. La transition énergétique telle qu’elle est menée en Europe est inflationniste. Il n’y a pas de débat à ce propos. Mais si on parvient à combiner les avancées dans l’intelligence artificielle aux projets industriels existants dans la transition énergétique, nous serons en mesure de baisser les coûts durablement. Historiquement, les choix de politiques publiques dans l’énergie ont abouti à une baisse de l’inflation. Pas cette fois-ci car nous avons fait primer l’idéologie (le tout-renouvelable) sur la rationalité économique en négligeant l’importance des évolutions technologiques. Il est encore temps

Immobilier : bientôt l’éclatement de la bulle ?

Immobilier : bientôt l’éclatement de la bulle ?

 

 

Du fait de la remontée en cours des taux d’intérêt, la bulle immobilière pourrait bien éclater. Le marché du crédit immobilier chute fortement avec une baisse de la production qui s’accélère au second trimestre et pourrait atteindre 15% en 2022, selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA. Le taux moyen d’emprunt est encore faible (hors assurance), il  s’est établi à 1,4% au second trimestre, contre 1,12% au trimestre précédent. En juin, ce taux moyen atteint 1,52%, ce qui confirme une accélération en cours depuis mars dernier. Ce taux moyen pourrait atteindre 1,9% en fin d’année, voire 2,25% sur un scénario de rentrée plus dur en termes d’inflation.

La baisse de la production trouve une autre explication , à savoir la baisse des revenus du fait de l’inflation,  « La production recule car des ménages ne peuvent plus entrer dans le marché »,  « Les clientèles qui se présentent aujourd’hui sur le marché ont des revenus supérieurs », note l’observatoire.

Selon l’Observatoire, le revenu moyen a progressé de 4,7% entre 2021 et 2022, ce qui est une augmentation bien plus forte que celle du pouvoir d’achat. Dans le même temps, les emprunteurs réalisent des opérations immobilières plus importantes, ce qui explique la progression de près de 10% du montant moyen d’un crédit. « Nous avons rarement vu une telle évolution », souligne Michel Mouillart.

Avec des prix de l’immobilier qui ne faiblissent pas (encore), des surfaces achetées qui augmentent, et surun apport personnel qui progresse « comme jamais » – près de 17% d’une année sur l’autre », c’est bien un bouleversement du marché du crédit immobilier qui s’opère actuellement en faveur des clientèles les plus favorisées.

« La production recule parce que, peut-être, les banques respectent aujourd’hui ces recommandations, qui réduisent les possibilités d’une partie de la clientèle d’entrer sur le marché, notamment celle qui est la moins dotée en apport personnel », suggère ainsi Michel Mouillart de l’Observatoire . Avec la conjugaison de tous ces facteurs (taux, HCSF, taux d’usure, prix de l’immobilier élevé…), la clientèle modeste n’a tout simplement plus sa place sur le marché du crédit immobilier.

Il faut surtout prendre en compte la baisse des revenus faces à l’inflation qui rend les ménages insolvables et dont certains se sont engagés de façon imprudente dans des opérations immobilières

 

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