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Archive mensuelle de juillet 2022

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Un curieux plaidoyer pour les cryptomonnaies

 

Un curieux plaidoyer pour les cryptomonnaies 

En ces temps de vacances nombres de journaux sont en mal de copie et  laisse passer des papiers largement inspirés par des intérêts corporatistes. C’est vraisemblablement le cas concernant un curieux plaidoyer de la Tribune pour les crytomonnaies ( Au caractère très aléatoire et qui ne repose sur aucun actif)  qui ont pourtant coûté très cher aux naïfs petits investisseurs.

 

le papier de la Tribune

Sur les marchés cryptos, il est indispensable de disposer d’une bonne stratégie d’investissement. Comment investir et à quel moment ? Ces questions sont essentielles, quel que soit l’actif choisi. Elles se posent de manière plus pointue encore lorsqu’il s’agit des cryptomonnaies. En effet, leur forte volatilité fait que le choix d’une bonne stratégie d’investissement fait souvent la différence entre la réussite et l’échec. Parmi les différentes stratégies utilisées par les investisseurs, deux d’entre elles sont particulièrement populaires chez les traders qui présentent une aversion au risque. Il s’agit d’une part de la stratégie « buy and hold », et d’autre part de la stratégie de l’investissement programmé.

La stratégie de l’investissement programmé

L’investissement programmé est utilisé pour de nombreuses classes d’actifs, y compris les cryptomonnaies. On peut même dire que les devises numériques s’y prêtent particulièrement. En quoi cela consiste-t-il ?

Appelé aussi DCA (Dollar CostAveraging), l’investissement programmé, qui est d’ailleurs également employée sur le marché des actions, consiste à étaler ses investissements dans le temps et en valeur. Concrètement, au lieu d’investir une grosse somme en une seule fois dans un actif (lump-sum en anglais), on choisit plutôt d’acheter de manière régulière une crypto, en plus petite quantité. L’investissement est donc étalé dans le temps avec des achats hebdomadaires ou mensuels. L’important est d’investir un montant identique à des intervalles réguliers.

Prenons un investisseur disposant d’une enveloppe globale de 10 000 euros. Au lieu d’acheter en une seule fois l’équivalent de cette somme en bitcoin, il choisira d’investir toutes les semaines 200 euros ou moins, mettons 192 euros chaque semaine pendant 52 semaines sur un marché crypto. De cette manière, l’investisseur achète des bitcoins à différents niveaux de prix, et paye en fait sur la période, sa cryptodevise au prix moyen, établi sur ces 52 semaines. Cette stratégie peut être mise en place quelle que soit la taille de l’investissement envisagé.

En quoi cela est-ce intéressant ? Cette stratégie permet, en fait, de lisser les hausses et les baisses du marché. Ce qui pour les cryptomonnaies, très volatiles, est un réel avantage. Acheter un peu, mais souvent permet de profiter d’une répartition du coût des achats dans le temps, et donc de réduire l’impact global d’une baisse brusque des prix. En cas de chute des cours, l’investisseur poursuit ses achats sans dévier de sa stratégie, ce qui lui permettra de rattraper d’éventuelles contre performances dès que les cours rebondissent.

Notons, toutefois, qu’il convient que l’investisseur vérifie attentivement si lors de chaque achat, le coût engagé est basé sur un pourcentage ou sur des fees. Dans ce second cas, cela pourrait lui coûter plus cher.

 

La stratégie buy and hold participe d’une autre vision de l’investissement. L’acheteur va tenir ses positions, en dépit des chutes ou des hausses de cours. Quelle que soit la panique qui peut s’emparer des marchés, il faut conserver ses actifs et ne pas les vendre.

C’est une stratégie très classique commune à tous les marchés (actions et cryptos). Ainsi, une personne ayant acheté 1 bitcoin au 1er janvier 2020 l’aura payé 6417 euros. Le 12 mars 2020, la déferlante Covid fait chuter le cours de la cryptomonnaie à moins de 4000 euros. L’investisseur décide de ne pas vendre. Quatre mois plus tard, le 15 août 2020, le bitcoin franchit la barre des 10 000 euros. Il va ensuite fluctuer, mais l’investisseur tient toujours bon et décide de ne pas vendre. Avec raison, car la monnaie virtuelle va entamer un rallye haussier l’amenant à des sommets. Le 8 novembre 2021, la cryptodevise clôture à un cours record proche des 58 000 euros. Le gain pour l’investisseur entre le 1er janvier 2020 et le 8 novembre 2021 est faramineux, s’il s’est décidé à vendre à cette date-là, avec un bitcoin qui se sera apprécié de +1218 % en près de deux ans.

Pour pouvoir gagner sur le marché des cryptos, il est donc très important de se fixer un but à atteindre en termes de valeur pour pouvoir vendre au bon moment. Ce bon moment, c’est donc celui qui permettra à l’investisseur de dégager des profits et d’échapper à un éventuel retournement de tendance.

Alors que les cours connaissent un recul plus important depuis mai 2022, la stratégie du buy and hold est-elle tenable ? Céder à la panique, c’est assurément perdre. Or, même si rien n’est garanti, l’histoire a prouvé que le marché des cryptomonnaies vu comme un tout est incroyablement résilient. Il a déjà connu des coups de mou, mais il n’a jamais manqué de repartir à la hausse (ce qui n’empêche pas les possibilités de pertes même en tendance globale ascendante du marché sur certaines cryptodevises en particulier).

Si vous souhaitez investir dans des cryptomonnaies comme Bitcoin et Ethereum, vous pouvez procéder à vos achats sur la plateforme LiteBit. Les clients français reçoivent 20 € de frais de bienvenue pour acheter leur première crypto sur notre plateforme après vérification. LiteBit est enregistrée auprès de l’Autorité des marchés financiers en tant que fournisseur de services pour les actifs numériques. LiteBit offre un service rapide, simple et sécurisé avec un support français pour l’achat, la vente et la gestion de plus de 75 cryptomonnaies.

Les perspectives mentionnées sur ce site sont susceptibles d’évoluer. Elles ne sont en aucun cas un engagement ou une garantie de la part de LiteBit et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissements ou des recommandations.

Nombre de followers: Une escroquerie pour gagner davantage en publicité

Nombre de followers: Une escroquerie pour gagner davantage en publicité

Le 8 juillet 2022, l’homme d’affaires Elon Musk a annoncé mettre fin à son projet de rachat du réseau social Twitter, au prix de 54,20 dollars par action, qui valorisait l’entreprise à environ 44 milliards de dollars (43 milliards d’euros). Le 13 mai, le milliardaire avait déjà annoncé suspendre le rachat à cause de son inquiétude quant au nombre réel de faux comptes sur le réseau social, faisant plonger l’action du groupe d’environ 20 %.

« Twitter n’a pas respecté de multiples clauses de l’accord et semble avoir donné des informations fausses et trompeuses sur lesquelles Elon Musk s’est basé pour s’engager dans l’accord d’acquisition », expliquent les avocats de l’entrepreneur à la SEC (Security and Exchange Commission), le gendarme de la bourse américaine.

Le désaccord repose principalement sur l’estimation du nombre d’utilisateurs de Twitter, les fameux followers, les faux comptes sont estimés selon les parties prenantes à plus ou moins de 5 %.

Les débats juridiques concernent donc la valorisation des utilisateurs de Twitter, c’est-à-dire ce que la finance appelle des actifs incorporels, et sur la publication d’informations financières à leur sujet. Si les marques, les brevets, le nombre de clients ou encore les technologies, savoir-faire et procédés de fabrication n’ont pas de substance physique, ces actifs incorporels contribuent néanmoins significativement à la création de valeur des sociétés qui les contrôlent. Pourtant, contrairement aux actifs corporels, les entreprises ne sont généralement pas tenues de publier des informations sur leurs actifs incorporels… sauf lors d’une acquisition.

Une information financière utile

Les actifs incorporels peuvent en effet jouer un rôle majeur lorsqu’une entreprise en rachète une autre. L’acquéreur peut par exemple réaliser l’opération dans le seul but de contrôler une marque ou une technologie détenue par une autre entreprise. Lors de ces opérations, l’acquéreur est donc obligé de reconnaître et de communiquer l’ensemble des actifs incorporels de l’entreprise acquise. Or cette obligation de publication est actuellement appliquée avec une rigueur variable d’une société à l’autre, conduisant à une information qui diffère grandement en fonction des opérations.

Pourtant, comme nous le montrons dans un article de recherche récent, la publication d’information sur les actifs incorporels constitue un outil particulièrement utile aux analystes financiers. Nous avons étudié le contenu des informations publiées sur les actifs incorporels à la suite près de 500 de regroupements d’entreprises réalisées entre 2002 et 2011 aux États-Unis.

Dans l’ensemble, nos résultats indiquent que les informations fournies et les montants relatifs aux actifs incorporels récemment acquis fournissent des informations pertinentes aux analystes financiers.

L’acquisition de Skype par eBay en 2005, par exemple, est particulièrement illustrative. Si les actionnaires d’eBay avaient su que Skype ne détenait pas de nombreux brevets liés à des programmes exploités dans son activité, cela aurait été une raison suffisante pour avoir un impact négatif sur l’intérêt de l’opération. L’information n’a pas été partagée car ce type de publication n’est, dans le contexte actuel, pas obligatoire. En outre, cette acquisition s’est terminée avec la reconnaissance d’un goodwill (une survalorisation) de 2 300 millions de dollars sur un prix d’acquisition total de 2 600 millions de dollars.

De même, après son acquisition de WhatsApp, Facebook a dû compléter l’affection du prix d’acquisition, c’est-à-dire allouer le prix d’acquisition consenti aux actifs acquis, notamment incorporels. Au moment de l’acquisition, le prix payé comprenait 4 milliards en cash, 12 milliards en actions et 3 milliards en actions bloquées (restricted stocks) pour les employés de WhatsApp. La valeur de l’action Facebook ayant grimpé depuis l’annonce de l’opération, le prix d’achat s’est finalement élevé à près de 22 milliards de dollars en 2014. Les actifs incorporels expliquaient manifestement une grande partie du prix consenti pour WhatsApp.

Dans une autre étude, nous avions par ailleurs montré qu’un faible niveau de transparence favorisait à la fois les désaccords entre analystes, traduisant l’incertitude de l’information, et les désaccords entre analystes et managers, indiquant une asymétrie de l’information. On voit avec le cas d’Elon Musk et de Twitter que ces désaccords peuvent concerner d’autres parties et aboutir à des actions en justice.

Ce problème est central pour toutes les sociétés qui cherchent à justifier une acquisition auprès de leurs actionnaires ou encore à éviter de mauvaises surprises. Si la valeur d’une entreprise dépend en grande partie de ces actifs incorporels, ne devrait-on pas alors exiger davantage d’information à leur sujet ?

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Par Anne Jeny, Professor, Accounting Department, IÉSEG School of Management.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Attention au boomerang de la « workation »

Attention au boomerang de la « workation »

Workation: Un véritable paradis qui permet aux nomades du digital de concilier vacances permanentes et travail depuis l’étranger grâce à l’ordinateur et à Internet. Il s’agit pour certains cadres de voyager librement ou de s’installer à l’étranger en travaillant sur ordinateur à distance. Le seul problème , c’est qu’un jour nombre de ces tâches effectuées de l’étranger pourront être transférées  sur les populations locales dont le niveau de compétences ne cesse d’augmenter chez les diplômés. Pourquoi dès lors payer des nomades occidentaux à 5000 ou 10 000 € par mois quand on pourra confier le même travail à des locaux pour 1000 € aux 1500. Bref le même risque que la délocalisation industrielle mais cette fois des cerveaux.Un seul exemple,  nombre de résultats d’analyses médicales réalisées en France sont désormais effectuées par des experts de l’étranger.Une tribune qui pour le moins mérite réflexion. (Par Mehdi Dziri, directeur général d’Ubiq dans la Tribune)

 

Tribune

 

 

Bienvenue dans l’ère du nomadisme digital. D’ici 2035, le monde entier comptera au total 1 milliard de travailleurs nomades, selon une étude de Levels.io. Exit les contraintes du quotidien comme le temps de trajet, le dress code ou les horaires fixes, le workation permettrait de diminuer considérablement le stress des salariés et d’améliorer leur qualité de vie. Stimulés par le changement d’environnement, les nouvelles rencontres et la découverte de nouveaux horizons, leur créativité et leur productivité n’en seraient que décuplées.

Mais si les français adeptes du workation sont deux fois plus nombreux depuis la crise sanitaire, la tendance made in USA soulève plusieurs interrogations au sein des entreprises. Est-ce un modèle de travail véritablement productif, ou au contraire, trop vacancier ? Quid de la frontière entre vie professionnelle et vie privée et des risques psycho-sociaux sur les salariés ? Comment gérer la problématique de l’impact carbone inhérent à ce mode de travail ?

 

La possibilité de pratiquer le workation est une décision qui ne s’instaure pas à la légère. Tout d’abord, l’entreprise doit définir en amont un protocole clair qui explicite un cadre et des règles précises. Il s’agit notamment de stipuler les obligations du salarié vis-à-vis de l’entreprise, comme par exemple, se rendre joignable sur une certaine plage horaire ou encore disposer d’une connexion internet fiable et sécurisée en toute circonstance.

Ensuite, l’entreprise doit fournir aux employés du matériel adapté comme un ordinateur et un téléphone professionnel avec webcam et micro fonctionnels. Enfin, il convient d’établir un planning avec des points réguliers pour veiller au bon déroulement des projets en cours et pouvoir échanger sur les éventuelles interrogations ou difficultés. Il est à noter qu’un nombre croissant d’entreprises font le choix d’encourager un modèle de workation responsable. Celui-ci restreint l’adoption de cette pratique au seul sol français dans une volonté de contribuer à l’équité territoriale et de limiter l’empreinte carbone de leurs collaborateurs.

Bon à savoir également : il existe désormais une communauté de workation pour accompagner les nomades digitaux en herbe et les aider à adopter les meilleures pratiques.

 

Pour accueillir la communauté grandissante des nomades digitaux, les tiers lieux, eux aussi, déploient leurs offres. On parle alors de « workstation », des espaces hybrides qui réunissent sous le même toit des bureaux à partager et des lieux favorisant la détente, les rencontres et les activités ludiques.

Bien entendu, il n’est pas obligatoire de fréquenter ces lieux lorsque l’on est en workation. Une chambre d’hôtel, un AirBnb, une maison d’hôte ou encore un bar peuvent tout à fait se convertir en workstation. Cependant, de nombreux espaces de coworking dédiés aux travailleurs nomades voient le jour partout dans le monde et offrent un service all inclusive pour mieux accommoder le workation. C’est le cas notamment du coliving, un espace de vie et de travail à mi-chemin entre le coworking et la colocation. Une chose est sûre, la révolution du travail est définitivement en marche et il est temps, pour les entreprises encore réticentes, de lui emboîter le pas.

Hypersonique : La France écartée au profit de pays incompétents

Hypersonique : La France écartée au profit de pays incompétents

Pour des motifs de fausse compétitivité chère aux technocrates de Bruxelles on a confié le projet de défense hypersonique à une société espagnole sans vraie compétence et au détriment du projet très sérieux  du missilier français MBDA. Le choix de la commission européenne pourrait se traduire par un véritable fiasco et au bout du compte par un recours aux produits des missiliers américains ( ce que dénonceun article de la tribune). Encore une fois, le critère du moins-disant constitue une supercherie surtout dans un domaine si complexe où les coûts finaux sont très difficiles à définir.En dépit de ses compétences dans le domaine de l’hypersonique, la France et le missilier MBDA ont donc  été recalés par la commission européenne dans le cadre du projet HYDEF (défense antimissile hypersonique). C’est l’Espagne, via l’industriel Sener, qui a raflé la mise.

Les causes de cet échec rappellent celles qui avaient également été identifiées quand Airbus Space (alors Astrium) avait perdu sans appel en 2010 la première compétition portant sur la fourniture de satellites de la constellation Galileo face à un petit nouveau dans le secteur, OHB. Tout comme pour MBDA pour l’intercepteur hypersonique, le programme de système européen de positionnement et de navigation par satellite lui était promis. Cet échec avait marqué pendant longtemps Airbus.

Le bilan de l’évaluation des deux propositions sur ce projet hypersonique, qui doit développer un intercepteur européen (supérieur à Mach 5) ayant la capacité à répondre aux menaces à grande vitesse, est semble-t-il sans appel, selon nos informations. Le consortium gagnant a-t-il quant à lui beaucoup trop promis, comme certains le pensent ? Possible mais au bout du compte, l’écart entre les deux consortiums ne permettait pas de « repêcher » le consortium mené par MBDA, qui avait rassemblé 51 sociétés de 14 pays différents pour ce programme majeur en termes de capacité opérationnelle pour l’Europe, explique-t-on à La Tribune. « Ils n’ont pas fait beaucoup d’efforts dans leur proposition », regrette une source proche du dossier.

Pour autant, le missilier européen pourrait revenir dans le jeu à la faveur de discussions avec le consortium gagnant et la Commission européenne. Cela semble encore jouable, estime cette même source. Mais au sein du consortium, on en doute. « Pourquoi Sener voudrait discuter », explique-t-on à La Tribune. Et le temps presse, le contrat doit être signé avant le 31 décembre pour une mise en vigueur début 2023.

 

« La France est nulle part » dans la défense antimissile européenne, regrette une source proche du dossier. La sélection par Bruxelles du consortium mené par Sener est catastrophique pour la France, qui avait pourtant initié ce projet d’intercepteur européen. Elle avait réussi à intéresser puis convaincre les Allemands et les Néerlandais, pourtant très dépendants des Etats-Unis dans ce domaine (Patriot), de lancer un programme de défense anti-missiles contre notamment les menaces hypersoniques. Elle avait également accroché l’Italie, déjà très proche dans le cadre du programme SAMP/T. « Cela fait plus de vingt ans que MBDA travaille sur les technologies liées à l’hypersonique et au programme ASN 4G », avait en outre expliqué début juin au Sénat le PDG de MBDA, Eric Béranger. La France apparaît comme très légitime dans ce domaine.

Dans le cadre de la Coopération structurée permanente européenne (Pesco), Français et Allemands s’étaient partagés le pilotage du programme Twister (Timely Warning and Interception with Space-based Theater surveillance) qui a été scindé en deux : aux Allemands (OHB), la coordination du système d’alerte précoce (« early-warning »), aux Français (MBDA), la coordination du pilier interception endo-atmosphérique. Ce projet ambitionne d’établir un système d’alerte avancé et de commandement et de contrôle (C2) associé à une gamme d’intercepteurs devant neutraliser des menaces balistiques et hypersoniques (missiles de croisière hypersoniques, planeurs hypersoniques, missiles balistiques manœuvrant). Ce projet capacitaire, qui a été validé en novembre 2019, implique six États membres de l’UE (France, Allemagne, Italie, Espagne, Pays-Bas et Finlande).

Puis dans le cadre du Programme Européen de Développement Industriel de Défense (EPIDP), la Commission européenne avait sélectionné en juin 2021 OHB pour le projet ODIN’S EYE (2021-2024) auquel participe également ArianeGroup mais aussi Airbus Defence and Space France, l’ONERA et Thales. Financé par l’UE à hauteur de  7,5 millions d’euros, ce projet traite de l’alerte avancée spatiale et vise à préparer le développement d’une capacité de détection des missiles balistiques et hypersoniques ainsi que des lanceurs civils depuis l’espace pour contribuer à la défense antimissile, à la surveillance de la prolifération et à la surveillance de l’espace. Présent depuis de nombreuses années dans ce domaine, ArianeGroup apporte son expertise dans les domaines de la menace balistique et hypersonique ainsi que dans le domaine de la défense antimissile.

 

A l’issue de la sélection de la Commission, qui avait identifié une lacune capacitaire face aux menaces hypersoniques, il manque aujourd’hui une jambe dans le projet franco-allemand, celle de l’intercepteur baptisé Aquila. Car Sener associé à l’allemand Diehl est loin d’atteindre le niveau d’expertise de MBDA bien plus légitime à comprendre et à caractériser la menace. Or, la guerre en Ukraine a confirmé de façon brutale la menace hypersonique. L’Allemagne, qui a 100 milliards d’euros à dépenser, aura-t-elle la patience d’attendre le développement d’un programme confié à l’Espagne, la Pologne, la Norvège, la Suède et la République tchèque ? Pas sûr. Elle pourrait tout comme les Pays-Bas revenir dans les bras des Américains prêts à dégainer une vente FMS (Foreign military sales).

En outre, la sélection de Sener ne va pas dans le sens d’une consolidation de l’industrie de défense européenne préconisée par la Commission mais plutôt dans celui de la duplication des compétences.

Pourquoi cette capacité est-elle devenue cruciale pour la France et l’Europe ? Outre la France (projet V-max, un planeur hypersonique capable d’atteindre des vitesses de 6.000 à 7.000 kilomètres par heure, autrement dit, parcourir la distance entre Dunkerque et Nice en 12 minutes), trois puissances développent des armes hypersoniques : la Russie, la Chine et les États-Unis. « Il faut se préparer à se défendre contre des attaques hypersoniques », avait d’ailleurs rappelé Eric Béranger devant les sénateurs de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.

« Les armes hypersoniques présentent de nombreux avantages opérationnels liés à leur domaine de vol couplé à leur vitesse, à leur manœuvrabilité et à leur intégration au sein d’architectures de combat complexes, explique dans la Revue Défense nationale Justine Vieu, doctorante sur les armements hypersoniques (Institut de recherche stratégique de l’École militaire). Ces armes sont capables d’atteindre des vitesses comparables à celles d’un ICBM (missile balistique intercontinental, ndlr) suivant des trajectoires non prévisibles, ce qui réduit considérablement la capacité de réaction de l’adversaire ».« Nous devons poursuivre notre investissement dans les technologies de rupture : les planeurs hypersoniques capables de parcourir 100 kilomètres en une seule minute », avait confirmé l’ancienne ministre des Armées, Florence Parly, en septembre 2020. Elle avait révélé en janvier 2019 l’existence du planeur hypersonique V-max (Véhicule Manœuvrant Expérimental) confié à ArianeGroup : « Nous avons décidé de notifier un contrat pour un démonstrateur de planeur hypersonique. Beaucoup de nations s’en dotent, nous disposons de toutes les compétences pour le réaliser : nous ne pouvions plus attendre. (…) Ce projet, V-max, sera un saut technologique pour bon nombre de nos a capacités ».  Soit un missile hypervéloce qui conjugue l’hypersonique et la manœuvrabilité.

Meta :Des futurs résultats très virtuels ?

 

 

Si effectivement certains grandes sociétés fournissent indéniablement des services comme Microsoft, Google, et Apple voire Amazone, par contre Facebook  ( ou Tweeter) est un fournisseur de services virtuels dans la mesure où ce sont surtout les utilisateurs qui créent le produit et les recettes publicitaires qui vont avec. Quant à métavers , cela demeure un vague projet pour l’instant très virtuel comme les futures résultats financiers sans doute.

Au deuxième trimestre, le chiffre d’affaires du groupe, qui provient presque exclusivement des ventes publicitaires, a décliné de 1% à 28,8 milliards de dollars, contre 29,1 milliards de dollars un an plus tôt.

Il s’agit d’un montant légèrement inférieur aux attentes de Wall Street, qui ressortaient à 28,9 milliards de dollars selon des données Refinitiv.

Quant au nombre d’utilisateurs de Facebook, les données sont contrastées et contestées ( comme sur Tweeter).

De même que de nombreuses compagnies américaines, Meta a vu ses revenus être impactés par le taux de change du dollar, les ventes en provenance de l’étranger ayant rapporté moins.

Le géant technologique a indiqué qu’il s’attendait à un « vente contraire » de 6% pour son chiffre d’affaires au troisième trimestre, sur la base des taux de change actuels.

Les résultats de Meta illustrent aussi les difficultés des réseaux sociaux en matière de ventes publicitaires, impactés davantage que les moteurs de recherche par les budgets revus à la baisse des annonceurs.

Sur la période avril-juin, la marge opérationnelle du groupe a chuté de 29%, contre 43%, du fait de la flambée de ses coûts et de la baisse de ses revenus.

 

Prison : une réinsertion bidon

Prison : une réinsertion bidon 

 

La crise du Covid, qui a vu la surpopulation carcérale refluer, démontre que la régulation n’a rien d’impossible, estime dans une tribune au « Monde » Georges Loss, vice-président de l’Association nationale des visiteurs de prison. La régulation passe, selon lui, par une concertation des principaux acteurs de la chaîne pénale.

 

Une opinion que je partage en tant qu’ancien visiteur à Fresnes (Gaston René Bessay)

 

Le 30 juin, Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, visitait de manière impromptue la prison de Gradignan (Gironde), près de Bordeaux. Avec un taux d’occupation de 230 %, elle n’a pu que constater des conditions d’incarcération particulièrement indignes et dégradantes, aggravées par la canicule, au point d’adresser des « recommandations d’urgence » à l’administration.

Gradignan n’est que la partie émergée de l’iceberg. Nos mille bénévoles qui rencontrent régulièrement des détenus voient bien les effets délétères de cette situation. Or, malgré un parc immobilier qui s’accroît en permanence, le nombre d’incarcérations augmente plus vite encore, générant une surpopulation chronique et croissante.

Que l’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas seulement le « confort de vie » des détenus qui est en jeu : la promiscuité, l’insalubrité, l’oisiveté, combinées avec des personnels fatigués et énervés, génèrent une configuration de chaudron, que la moindre étincelle peut faire exploser.

Sans parler des effets délétères à long terme sur le comportement des détenus : la pénurie aggravée de travail, de formations, et d’activités en général, obère les chances de réinsertion de nombreux détenus et augmente les risques de récidive contre laquelle l’administration investit par ailleurs des moyens significatifs.

Pourtant, pendant que nous incarcérons de plus en plus (plus 9,7 % sur un an, selon les chiffres du ministère de la justice), les pays voisins, notamment l’Allemagne et les Pays-Bas, réduisent le nombre de détenus et ferment des prisons. Les différents gouvernements qui se sont succédé depuis une quinzaine d’années ont pourtant bien essayé de mettre fin au « tout carcéral » en développant, entre autres, les peines alternatives (notamment la contrainte pénale, promue par Christiane Taubira).

En dépit de programmes massifs de construction, les magistrats ont continué à enfermer et l’administration à gérer des prisons de plus en plus saturées. Les raisons précises pour lesquelles nous ne parvenons pas en France à endiguer cette surpopulation croissante restent à analyser.

Faute de quoi nous continuerons à construire de plus en plus de prisons qui continueront à se remplir et à générer de plus en plus de récidives (de 65 % à 70 % de récidive après cinq ans !). Saturant ainsi très vite les constructions nouvelles. Ainsi, en l’absence d’une politique volontariste novatrice, la déflation carcérale, pourtant indispensable, n’est pas pour demain.

Le pouvoir d’achat enterre la transition énergétique

Le pouvoir d’achat enterre la transition énergétique

 

Un papier du monde critique la politique du pouvoir qui , au moins provisoirement, enterre la transition énergétique au profit du pouvoir d’achat. En défendant le pouvoir d’achat sans cibler les ménages les plus modestes, les oppositions mettent en péril le nécessaire désengagement des énergies fossiles et font preuve d’une coupable myopie.

 

L’urgence de la transition énergétique s’est encore manifestée au niveau européen, mardi 26 juillet, avec l’adoption d’un objectif coordonné des Vingt-Sept d’une réduction de 15 % de leur consommation de gaz d’ici à mars 2023. Cet accord vise à répondre à l’imminence d’une coupure des approvisionnements en provenance de Russie. Il s’agit clairement d’un geste de solidarité, alors que tous les pays ne sont pas dépendants au gaz russe dans les mêmes proportions. L’économie allemande fait partie de celles qui seraient les plus vulnérables à des pénuries. Mais, au regard de son poids au sein des échanges de l’UE, son affaiblissement aurait d’importantes répercussions dans les autres pays.

Dès lors, même si la Hongrie n’a pas signé l’accord, le principe d’une coordination des efforts à l’échelle européenne s’imposait, aussi bien sur le plan politique, pour faire bloc face à Vladimir Poutine, que sur le plan économique, pour limiter autant que possible l’impact d’une coupure totale de gaz russe.

La crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine doit être abordée comme une occasion d’accélérer la transition énergétique, qui, au-delà des impacts géopolitiques du conflit, s’impose à l’UE pour lutter contre le réchauffement climatique. C’est cet objectif qui doit maintenant primer. La France semble malheureusement avoir du mal à s’y résoudre. Par crainte de casser une croissance devenue très fragile, son gouvernement s’est tardivement converti à la sobriété, en affichant l’objectif de réduire de 10 % en deux ans sa consommation d’énergie. La première ministre, Elisabeth Borne, vient tout juste d’adresser une circulaire aux administrations pour leur demander de faire preuve d’exemplarité. Mais le gros de la bataille concerne les Français eux-mêmes, et rien, en l’état actuel, ne les prépare à la révolution, nécessairement douloureuse, qu’ils vont devoir accomplir.

Les débats tendus à l’Assemblée nationale autour des mesures destinées à préserver le pouvoir d’achat et à leur financement en sont une flagrante illustration. Pour atténuer l’impact de la flambée du prix du fuel et de l’essence, le gouvernement avait imaginé des dispositifs ciblés sur les ménages les plus modestes. Son but était de limiter le coût des subventions aux énergies fossiles, au moment où toutes les politiques publiques doivent tendre vers les économies et le développement des énergies propres.

Or, la droite a obtenu qu’une ristourne, portée à 30 centimes par litre d’essence, continue de s’appliquer à tous les consommateurs, quels que soient leurs revenus, à la rentrée. Avec l’appui du RN et de la Nupes, elle a également fait voter, contre l’avis du gouvernement, une aide de 230 millions d’euros destinée à aider les foyers à remplir leur cuve de fioul, sans distinction de revenus.

Après une campagne électorale presque exclusivement axée sur le pouvoir d’achat, on peut comprendre que chaque groupe d’opposition soit incité à faire assaut de surenchère sur le sujet. Les difficultés rencontrées par les ruraux sont indéniables, qu’ils soient actifs ou retraités, gros rouleurs ou non. Tout comme celles des bas revenus, qu’il faut aider. Mais la transition écologique est une affaire trop sérieuse pour être à ce point négligée. Plus les aides au pétrole perdureront, plus les habitudes de consommation seront difficiles à changer. Il est regrettable que, pour des raisons purement électoralistes, la représentation nationale ait fait à ce point mine de l’ignorer, ratant l’occasion d’un moment essentiel de pédagogie.

Transition écologique: Un manque général de compétences

 Transition écologique: Un manque général de compétences

 

Alors que la crise climatique oblige à accélérer la transition, les compétences manquent, estime, dans une tribune au « Monde », Justin Longuenesse, premier adjoint à la mairie de La Madeleine (Nord). Pour y remédier, l’élu municipal préconise de développer, sur le plan national, une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.

 

Du faîte d’un manque général de compétences, on assiste assez souvent à une sorte de délire aussi bien du côté « pour » que du côté « anti ». Un effort considérable doit être entrepris en amont en matière de recherche en matière de formation et de compétences opérationnelles . Faute de cela ,on continuera d’assister à un débat caricatural et à des politiques contradictoiressur l’enjeu central de la préservation de l’environnement NDLR

 

L’avertissement du GIEC, « le coût de l’inaction sera plus élevé que le coût de l’action », les jeunes diplômés français l’incarnent. Du « Manifeste pour un réveil écologique », en 2018, aux étudiants de Polytechnique, d’Agro Paris Tech et d’HEC cette année, leur message est clair : soit les entreprises refondent leurs activités en s’engageant pleinement dans la transition sociale et écologique, soit elles devront se passer de ces « têtes bien faites ».

Pour les entreprises, il y a pourtant urgence à se transformer : leurs modèles linéaires fondés sur une croissance de volumes infinis exercent une pression devenue insoutenable sur des ressources naturelles finies. L’augmentation spectaculaire du coût de l’énergie et des matières premières, symptôme de cette fuite en avant du « toujours plus », fragilise dangereusement nos sociétés dans leur ensemble.

Le décalage de plus en plus flagrant entre les convictions personnelles des collaborateurs et leurs objectifs professionnels participent au désengagement salarial. Nous constatons une fuite massive des talents vers les acteurs privés et associatifs les plus engagés dans la transition sociale et écologique qui assument clairement leur volonté d’œuvrer au bien commun.

Le véritable carburant de notre pays et de notre économie, ce n’est pas le pétrole. C’est le travail, cette ressource précieuse et renouvelable, fournie par les femmes et les hommes qui partagent leur énergie, leur volonté d’agir, leurs compétences et leurs expertises. Ce sont tous ces talents existants et en devenir qui s’engagent et s’engageront dans la transformation de notre pays.

Donc la principale question est : « Avons-nous aujourd’hui assez de têtes et de bras pour répondre au plus grand défi de notre siècle ? » Non ! Sur les secteurs des énergies renouvelables, du traitement de l’eau et de la valorisation des déchets, les compétences manquent cruellement quels que soient les profils recherchés.

Pour attirer les talents, les entreprises se livrent une véritable compétition dans un jeu à somme nulle, car nous ne formons pas assez, et pas assez vite pour pouvoir répondre à la demande. Avec une volonté affichée, les pouvoirs publics encouragent la mobilité douce et les transports en commun bas carbone.

Mais où sont les techniciens en charge de la réparation et de l’entretien des millions de vélos d’ores et déjà en circulation ? Où sont les architectes, les urbanistes et les ouvriers nécessaires à la construction des nouvelles infrastructures qui offriront des alternatives crédibles à la voiture ? Où sont les conducteurs de train, de tramway et de bus pour amplifier durablement ces changements vertueux ?

Mobilité urbaine: davantage de place pour les piétons et les vélos

 

 

Mobilité urbaine: davantage de place pour les piétons et les vélos

 

Les déplacements à pied ou à vélo ont chacun des spécificités en matière de vitesse comme de trajectoire, ce qui rend délicate leur cohabitation, relève Camille Gaumont, experte en mobilités actives. Dans une tribune au « Monde », elle appelle à élargir l’espace urbain attribué à ces usagers.

 

Les tensions entre cyclistes et piétons auraient-elles remplacé, dans les débats, les conflits entre cyclistes et automobilistes ? L’essor de l’usage du vélo en ville et le développement de politiques publiques en faveur de la marche font ressurgir les enjeux de cohabitation entre ces deux types de déplacements.

Selon le rapport du baromètre des villes cyclables de 2021, 43 % des cyclistes estiment que les conflits avec les piétons sont fréquents (baromètre réalisé par la Fédération des usagers de la bicyclette). Du côté des piétons, la cohabitation avec les cyclistes ou utilisateurs de trottinettes est également citée comme une préoccupation dans le cadre du baromètre des villes marchables de 2021 (baromètre réalisé par le collectif Place aux piétons). Pourtant, si ces conflits doivent être pris en compte par les pouvoirs publics, il ne s’agit pas de remettre en cause la légitimité de politiques ambitieuses en faveur du vélo et de la marche.

Pour prendre du recul sur les conflits entre piétons et cyclistes, un premier constat s’impose : les accidents mortels entre ces usagers restent très rares. Selon le rapport de l’observatoire faisant le bilan de la sécurité routière en 2021, en agglomération trois piétons sont morts dans un accident avec une cycliste, deux à la suite d’une collision avec un usager d’engin de déplacement personnel motorisé, tandis que les véhicules motorisés personnels, utilitaires ainsi que les poids lourds sont impliqués dans le décès de 264 piétons.

Cependant, l’analyse des accidents mortels ne suffit pas pour appréhender la complexité des situations qui peuvent générer des tensions entre les usagers. Une étude de 2020 sur un campus universitaire à Vancouver où cyclistes et piétons partagent l’espace public montre que, si les accidents avec blessures entre ces usagers sont rares et font l’objet de peu de signalements, les tensions sont fréquentes et ont un impact sur l’expérience de mobilité (Filippos Gkekas, Alexander Bigazzi & Gurdiljot Gill, « Perceived safety and experienced incidents between pedestrians ans cyclists in a high volume non-motorized shared space », Transportation Research Interdisciplinary Perspectives, 2020, volume 4). Il est donc nécessaire de s’intéresser aux enjeux de perception de la sécurité par les usagers, et non seulement aux accidents recensés pour appréhender les particularités des conflits entre piétons et cyclistes.

Ces deux types d’usagers ont progressivement été regroupés dans des catégories communes : « modes non motorisés », « modes doux » et, aujourd’hui, « modes actifs ». Or, les déplacements à pied ou à vélo ont chacun des spécificités en matière de vitesse comme de trajectoire, rendant délicate la cohabitation sur des espaces partagés comme les rues piétonnes, les abords des gares ou des itinéraires de loisirs.

Covid France 28 juillet 2022: encore 58 638 nouveaux cas en 24 heures

Covid France 28 juillet 2022 : encore 58 638 nouveaux cas en 24 heures

 

On enregistre ce mercredi 27 juillet 2022 : encore 58 638 nouveaux cas en 24 heures,  151.782 morts au total, +103 morts supplémentaires. Le nombre de décès en EHPAD et EMS fait état de 29.000 (+8) décès au total. Le nombre total de décès en milieu hospitalier est lui de 122.782 (+95 en 24h).

Le taux de reproductivité R est de 0,75 le taux d’incidence à 742,26 et la tension hospitalière à 24,8 %. Le taux de positivité est à 13,1 %.

La France compte actuellement 20.662 (-262) personnes hospitalisées et 1.253 (-64) malades en réanimation.

Bilan des régions :

  • Ile-de-France : 5.553 (-63) hospitalisées, 375 (-21) en réanimation et +14 décès en 24h
  • Grand Est : 1.489 (-49) hospitalisés, 93 (-2) en réanimation et +8 décès en 24h
  • Hauts de France : 1.885 (-3) hospitalisés, 113 (-4) en réanimation et +18 décès en 24h
  • Auvergne Rhône Alpes : 1.962 (-11) hospitalisés, 100 (0) en réanimation et +11 décès en 24h
  • Provence-Alpes Côte d’Azur : 1.873 (+10) hospitalisé, 102 (-1) en réanimation et +5 décès en 24h
  • Bretagne: 754 (-13) hospitalisés, 35 (-7) en réanimation et +11 décès en 24h
  • Normandie : 1.173 (-12) hospitalisés, 49 (-2) en réanimation et +3 décès en 24h
  • Nouvelle-Aquitaine : 1.505 (-16) hospitalisés, 90 (-5) en réanimation et +9 décès en 24h
  • Pays de la Loire : 514 (-9) hospitalisés, 36 (-6) en réanimation et +5 décès en 24h
  • Occitanie: 1.580 (-51) hospitalisés, , 123 (-9) en réanimation et +5 décès en 24h
  • Centre-Val de Loire : 914 (-22) hospitalisés, 44 (-3) en réanimation et +3 décès en 24h
  • Bourgogne-Franche-Comté : 867 (-21) hospitalisés, 49 (-1) en réanimation et +1 décès en 24h

 

Economie, politique, société: les plus lus (27 juillet 2022- 6h35)

Valeur Travail: une activité politique

 

Valeur  Travail:  une activité politique

 

Quel sens donner à la valeur travail ?  interogent des experts*  dans the Conversation 

Dans un contexte politique, économique et social tendu autour des questions du pouvoir d’achat, du recul de l’âge de la retraite et du changement climatique (entre autres), le travail revêt plus que jamais une dimension politique. C’est d’ailleurs le message que semblent nous envoyer les jeunes diplômés de grandes écoles qui revendiquent le droit à une activité professionnelle en phase avec les enjeux du changement climatique ou les salariés qui démissionnent en masse en partie à cause du manque de sens dans leur travail.

Loin de constituer un milieu étanche aux troubles du monde et de la société, le monde du travail occupe dans ses différentes dimensions – individuelles, collectives, organisationnelles – une place centrale à la fois comme révélateur des désordres mondiaux, comme espace de luttes et comme voie d’émancipation individuelle et collective.

Un temps éclipsés par la domination des doctrines politique et économique néo-libérales, les débats politiques relatifs au travail (particulièrement vifs aux XIXe et XXe siècles où s’opposaient les doctrines libérales, associationnistes, anarchosyndicalistes, communistes, etc.) se trouvent ainsi réactualisés devant les enjeux contemporains.

Cela étant, on peut observer que les débats actuels sur le travail – notamment à l’occasion des campagnes présidentielles et législatives – se focalisent principalement sur le nombre de trimestres à cotiser et l’âge de départ à la retraite, débats au sein desquels le travail semble perçu comme une forme de souffrance inévitable mise au service d’une économie productiviste. C’est notamment le sens donné à la fameuse « valeur travail », maintes fois défendue par le président de la république ces dernières années et dont elle semble principalement renvoyer au nombre d’années qu’il nous faudrait travailler.

Si les débats sur le temps et la productivité du travail sont importants, il est urgent d’appréhender le travail autrement que sous le seul prisme quantitatif. Dans un contexte de bouleversements environnementaux, sociaux et technologiques, le travail réapparaît comme bien plus qu’une simple activité de production : il participe à écrire notre histoire commune.

Ceci est l’un des enseignements principaux que nous retirons d’un programme de recherche ayant mobilisé 31 universitaires durant quatre années et ayant donné lieu à l’ouvrage Nouvelles pratiques de travail et nouvelles dynamiques organisationnelles publié aux éditions des Presses de l’Université de Laval.

La dimension politique du travail s’observe dans de nombreuses pratiques et secteurs. Par exemple, les personnes exerçant dans des espaces collaboratifs – comme les espaces de coworking – ne cherchent pas uniquement un enrichissement économique. Leur activité relève souvent d’une démarche politique, c’est-à-dire d’un engagement particulier dans la cité. C’est ce que relève Christelle Baron, auteure d’un chapitre sur les communautés de travailleurs dans les espaces de coworking.

Cette dernière nous explique qu’en cherchant à créer ou à rejoindre une communauté, les « co-workers » étudiées souhaitent faire de leur activité professionnelle un levier de transformation de leurs vies et de la société. Dans certains espaces collaboratifs, il est ainsi difficile de discerner les activités qui relèvent du travail, de la vie privée et du militantisme.

Réactivant d’anciens projets fondés sur le management participatif voire autogestionnaire, de nouvelles dynamiques organisationnelles et pratiques de management se développent : raccourcissement des lignes hiérarchiques, création des espaces de délibération, autogouvernance, etc. On observe ainsi divers mouvements qui se réfèrent à la nécessaire émancipation du travail.

Par exemple, les coopératives, que l’on croyait un temps oubliées, connaissent aujourd’hui un fort regain d’intérêt. Selon la Confédération générale des Scop, le nombre de sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) a augmenté de 88 % en cinq ans avec une augmentation de 160 % des effectifs, atteignant 13 190 salariés à la fin 2021.

Cependant, ces tentatives ne produisent pas toujours les effets escomptés et les résultats sont parfois contrastés. C’est notamment ce que constate la chercheuse Antonella Corsani, dans un chapitre interrogeant les nouvelles formes de travail : ces dernières peuvent certes déboucher sur des espaces d’autonomie renouvelés mais également construire de nouvelles dynamiques de précarisation des emplois.

D’ailleurs, toutes les évolutions du travail ne sont pas motivées par l’émancipation des travailleurs. C’est ce que montre, par exemple, le chercheur Yoann Bazin dans son chapitre sur le management algorithmique et ses effets délétères sur le travail des livreurs indépendants à vélo.

Ce que nous faisons dans le cadre de notre activité professionnelle a des conséquences politiques et participe à définir la société dans laquelle nous vivons. Les réponses qu’il s’agit d’apporter aux grands enjeux contemporains ne relèvent donc pas uniquement de la représentation politique ou de la société civile. Elles engagent également les travailleurs et en premier lieu celles et ceux qui occupent des postes de management et de direction dans les entreprises.

La lutte contre le réchauffement climatique dans les entreprises, par exemple, appelle le développement de nouvelles façons de collaborer et d’exploiter les ressources naturelles. L’erreur consisterait à penser que cette lutte reposerait uniquement sur l’usage de nouvelles technologies. Comme le soulignent les chercheurs Alexis Catanzaro et Hervé Goy dans leur chapitre sur le management et le risque d’effondrement, la lutte contre le réchauffement climatique est aussi affaire de pratiques de management et d’organisation.

Ce constat invite ainsi à questionner les positions qu’adoptent les entreprises face aux grands enjeux technologiques, sociaux ou environnementaux, car la question du travail et de son organisation pose toujours celle du monde commun dans lequel nous voulons vivre. En cela, le travail n’est jamais neutre. Il est toujours une forme d’engagement dans la vie sociale.

 

* auteurs

  1. Anthony Hussenot

Professor in Organization Studies, Université Côte d’Azur

  1. Emilie Lanciano

Professeure des Universités, chercheure au laboratoire Coactis, Université Lumière Lyon 2

  1. Jonathan Sambugaro

Maître de conférences en sciences de gestion, Université de Lille

  1. Philippe Lorino

Emeritus Professor, ESSEC

Santé, alimentation et environnement: Quelle cohérence ?

Santé, alimentation et environnement: Quelle cohérence  ?

 

Plusieurs experts*s’interrogent  dans The Conversation  sur la cohérence entre santé, alimentation et environnement

 

Les acteurs des politiques publiques se disent conscients de l’urgence à lutter contre les pollutions, la perte de biodiversité, le changement climatique et contre les maladies chroniques liées à l’alimentation et à l’environnement. Les politiques propres à chaque ministère n’abordent cependant souvent qu’une facette de ces problèmes, très interdépendants.

Ces politiques en silo échouent souvent à atteindre les objectifs qu’elles se sont fixés ou génèrent des effets rebonds, c’est-à-dire des effets indésirables dans un autre domaine.

C’est pourquoi des politiques plus transversales, à l’image de ce qui est initié pour la planification écologique, devraient être renforcées, et étendues aux enjeux de santé. La coordination de ces différentes politiques est aussi à renforcer à l’échelle des territoires où il plus facile de mobiliser les différents acteurs du système alimentaire.Pilotée par le Ministère de la transition écologique, la stratégie nationale bas carbone comprend un volet agricole pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, augmenter la séquestration de carbone dans les sols et produire de l’énergie.

L’objectif fixé en 2015 était de diviser les émissions par deux pour 2050. Le Haut Conseil pour le climat alerte aujourd’hui sur le rythme de réduction insuffisant au vu des enjeux d’atténuation. Les recherches montrent que les bonnes pratiques agricoles ne suffiront pas à elles seules à atteindre les objectifs ; il faudrait par exemple réduire d’environ 50 % la consommation de viande, ce qui nécessiterait un redimensionnement de l’élevage.

Depuis peu, les agriculteurs se saisissent du label « bas carbone » pour stocker du carbone dans les sols moyennant rétribution. Sachant que pour aboutir à de la matière organique stable encapsulant ce carbone il faut apporter 100 g d’azote par kg de carbone, cet apport d’azote devrait provenir des légumineuses plutôt que des engrais de synthèse dont la fabrication nécessite du gaz naturel et contribue à d’importantes émissions de protoxyde d’azote dans l’atmosphère.

Par ailleurs, la méthanisation alimentée par des déjections animales risque de créer un appel à plus d’élevage, maintenant l’objectif productiviste de l’agriculture.

Pour éviter ces déviances, il faut donc concevoir une politique répondant conjointement aux trois objectifs : production alimentaire et énergie, séquestration de carbone.

Le programme national nutrition santé recommande aujourd’hui de consommer plus de légumineuses, de fruits et légumes, si possible bio, et moins de viande (limitée à 500 grammes de viande rouge et 150 grammes de charcuteries/semaine).

Tout en respectant [la recommandation de 1 gramme de protéines par kg de poids corporel pour un adulte] sédentaire (contre 1,4 d’après les études INCAs), il est possible de diviser en moyenne par deux la quantité de viande consommée, voire plus en ne consommant qu’un tiers de protéines animales grâce à une plus grande végétalisation de l’assiette.

Les ministères concernés doivent l’encourager pour la santé des consommateurs et de l’environnement, tout en accompagnant la transformation requise des filières.

Consommer des légumineuses deux fois par semaine nécessiterait, par exemple, de quintupler leur surface cultivée ! Or le ministère de l’Agriculture ne précise pas comment libérer ces surfaces, alors même qu’il veut réduire les importations de tourteaux de soja américain. Or, sans réduction préalable de l’élevage et sans réattribution des terres à la culture de légumineuses, il est impossible de répondre aux enjeux de santé et de climat.

Soulignons que notre consommation de fruits et légumes frais est en grande partie importée – à 31 % pour les légumes et 60 % pour les fruits. Pour les noix, par exemple, décupler les surfaces couvrirait à peine plus de 50 % des besoins théoriques des Français en fruits à coque. La production de fruits et légumes doit donc être bien plus soutenue qu’elle ne l’est par les politiques publiques (0,11 %) de la PAC.

Le programme national nutrition santé encourage aussi la consommation de céréales complètes bio pour leur apport en fibres et leur qualité sanitaire, mais nous en importons déjà 75 000 tonnes alors que 90 % des Français ne consomment pas suffisamment de fibres et d’antioxydants.

Il est dès lors évident que la proposition du gouvernement de soutenir dans un premier temps l’agriculture biologique (AB) et la certification haute valeur environnementale (HVE) au même niveau témoigne du manque d’ambition pour une forte transition agroécologique comme le souligne la Commission européenne dans un récent avis.

En effet, l’HVE réduit bien moins l’exposition aux pesticides. D’autre part, il est prévu de supprimer les aides au maintien de l’agriculture biologique.

Enfin, les programmes actuels de financement de la recherche poussent à investir sur l’ultra-transformation des protéines végétales, au lieu de favoriser la transformation sobre des graines entières.

Mais cette ultra-transformation (cause) – associée le plus souvent à de l’« ultra-formulation » (effet) pour corriger la dégradation excessive des matrices alimentaires d’origine (ajout de nombreux agents cosmétiques type arômes, modificateurs de goûts, texturants, colorants…) – s’accompagne de risques accrus de maladies chroniques.

Les différents plans Ecophyto (2015, 2018, 2020) ne sont pas parvenus à leur objectif de diviser par deux l’utilisation des pesticides malgré un soutien financier conséquent.

Les efforts ont porté sur l’amélioration de l’efficience (le bon produit, au bon moment, à la bonne dose) ou la substitution (remplacer un pesticide de synthèse par un produit de biocontrôle), et non sur une reconception des systèmes permettant une diversification des cultures et de notre alimentation.

Pour renforcer la protection des cultures par les « ennemis » naturels, la recherche souligne la nécessité de combiner plusieurs leviers : diversité des espèces cultivées, des sols en bonne santé, des surfaces des parcelles réduites et 20 % d’infrastructures paysagères… Or ces leviers sont encore peu pris en compte dans les politiques agricoles.

En outre, les normes actuelles sur les limites maximales de résidus de pesticides ne suffisent pas : leur danger pour notre santé provient des effets cocktails qui sont plus qu’additifs, ainsi que des effets non considérés sur notre microbiote intestinal.

Malgré les politiques dédiées depuis 1991, les émissions d’azote dans l’environnement (nappes phréatiques autant qu’eaux de surface) restent à un niveau critique.

Entre 2000 et 2018, le nombre de captages abandonnés pour cause de pollution a doublé. Repenser la place de l’élevage et des légumineuses est urgent : pour produire 100 g de protéines, les pertes d’azote sont de 250 g pour le bœuf contre 4,5 g pour les légumineuses !

Le ministère de la Santé ne prend pas certaines mesures essentielles pour atteindre ses propres objectifs. Le 4e programme national nutrition santé propose de réduire de 20 % la consommation d’aliments ultra-transformés (35 % des calories chez les adultes et 46 % chez les enfants), mais le NutriScore, pilier des politiques de santé censé accompagner le consommateur dans ses choix, ne tient pas compte de cette caractéristique en premier choix, alors que 57 % des produits industriels notés A et B sont des aliments ultra-transformés.

Autrement dit, les objectifs de santé publique ne peuvent être atteints.

Par ailleurs, l’objectif de l’affichage environnemental en cours d’élaboration est louable : sensibiliser les consommateurs aux impacts environnementaux de leur alimentation, notamment la consommation trop élevée de protéines animales. Mais des divergences existent selon le modèle de production.

Ainsi, un modèle agroécologique s’affranchissant au maximum des intrants conduira à favoriser un élevage à l’herbe, cohérent avec les enjeux environnementaux, alors qu’un modèle basé sur les technologies de la robotique, du numérique et de la génétique favorise des animaux élevés en bâtiment.

Ces politiques publiques « en silos », sectorielles (agriculture, alimentation, environnement, santé) et réductionnistes, ne permettent donc pas structurellement de relever les défis sanitaires et environnementaux : elles ne les traitent chacune qu’en partie et génèrent des effets rebond.

L’excès d’utilisation d’azote, de pesticides, de consommation de viande et d’aliments ultra-transformés, entraîne des coûts cachés non payés directement par le consommateur : pour 1 euro dépensé en alimentation, la société doit en dépenser presque 2 pour réparer la santé et l’environnement

Pour la nécessaire refonte de notre système alimentaire, il faut donc dépasser les outils classiques d’action publique (subventions et taxes, normes et étiquetages) en les coordonnant au sein d’un pôle composé par ces quatre domaines d’action.

Pour cela, seules des politiques territorialisées permettront de décliner les ambitions nationales pour tenir compte à la fois des spécificités des territoires (sol, climat, entreprises…) et faciliter la concertation entre la société civile et les acteurs économiques. En ce sens, les projets alimentaires territoriaux constitueraient une échelle d’action privilégiée.

*auteurs

  1. Michel Duru

Directeur de recherche, UMR AGIR (Agroécologie, innovations et territoires), Inrae

  1. Anthony Fardet

Chargé de recherche, UMR 1019 – Unité de Nutrition humaine, Université de Clermont-Auvergne, Inrae

  1. Jean-Pierre Sarthou

Professeur INP-ENSAT en agronomie et agroécologie, Inrae

  1. Marie-Benoît Magrini

Économiste, Inrae

La crise en vue va-t-elle favoriser la grande restructuration

La crise en vue va-t-elle favoriser la grande restructuration

 

 Les facteurs de crise ne se comptent plus. Pire, ils s’entraînent mutuellement : c’est le fameux cercle vicieux de Nurkse. Pandémie, niveaux d’endettement élevés, guerre en Ukraine, pénuries de matières premières, inflation, hausse des taux d’intérêt… Par Noam Ankri, Avocat associé, Ashurst ; Président de la commission Retournement de Paris Europlace et Chargé d’enseignement à l’université.( dans la Tribune)

 

Pourtant, grâce aux nombreuses aides gouvernementales (prêts garantis par l’Etat (PGE), chômage partiel, assouplissement des réglementations…), on a rarement vu aussi peu de procédures collectives, autrement dit de faillites, que ces deux dernières années. A l’inverse, sur la même période, le marché des fusions-acquisitions a été très dynamique, notamment dans le private equity et y compris encore pendant ce premier semestre 2022 qui a compté plus de 150 LBO réalisés.

Ce sont généralement les indicateurs d’une économie qui se porte bien. Alors, où est cette fameuse crise que tous les analystes ne cessent d’annoncer ?

Certes, les marchés boursiers ont commencé à tousser, avec une baisse généralisée des indices européens sur les six derniers mois. Mais le CAC 40 reste encore au-dessus de son niveau de 2019. De la même façon, on voit le niveau des faillites repartir à la hausse. Encore ici, leur nombre au premier trimestre (près de 10.000, soit +35% par rapport à 2020) restait inférieur à celui constaté en 2019 (environ 14.000).

La tendance négative est néanmoins bien installée et elle pourrait durer, ce qui inquiète profondément les investisseurs. Conséquence directe de cette inquiétude, le marché des financements internationaux est quasiment à l’arrêt : depuis le début de la guerre en Ukraine, on a observé un nombre très faible de nouveaux CLOs et les émissions d’obligations high yield ont été largement inexistantes. Or, de nombreuses entreprises dont la dette financière arrive bientôt à maturité comptaient sur ces outils pour se refinancer.

Des dossiers de cette nature arrivent déjà. Pour les plus chanceuses, ce refinancement pourra se faire, mais à des taux d’intérêts bien plus élevés qu’auparavant. Pour les autres, une restructuration de leur dette s’imposera.

Parmi cette dette figurera souvent un ou plusieurs PGE, ce qui entraînera pour les PGE les plus importants une discussion avec l’Etat quant aux termes de cette restructuration, notamment à travers le Comité Interministériel de Restructuration Industrielle (CIRI). Ce dernier vient d’ailleurs de fêter ses 40 ans et Bruno Le Maire y a rappelé à cette occasion que la politique du « quoi qu’il en coûte » était bien derrière nous. Traduction si besoin était : il n’y aura plus d’aides financières de l’Etat.

Il faut enfin et surtout s’inquiéter de l’inflation.

S’agissant de l’énergie d’abord, les prix atteignent des sommets. Par exemple, le mégawatt-heure (MWh) d’électricité est passé d’environ 35€ il y a deux ans, à 90€ il y a un an, pour atteindre environ 555€ aujourd’hui, soit une augmentation de plus de 500% sur la dernière année et de plus de 1400% en deux ans ! Les praticiens constatent déjà un nombre significatif de dossiers d’entreprises qui sont étranglées par le coût de l’électricité et qui entendent renégocier celui-ci. Aucun secteur n’est épargné.

D’autres secteurs subissent une inflation plus ciblée, notamment les céréaliers, exposés à la pénurie de blé, ou encore le secteur de l’automobile, exposé à la pénurie des composants, sans compter les entreprises exposées au marché russe qui ne peuvent plus faire grand-chose sans encourir de sanctions.

Les entreprises commencent donc bien à souffrir de difficultés profondes. Si la description qui précède n’est que le résultat de nos observations de praticien, la question reste de savoir si nous sommes juridiquement bien équipés pour traiter ces difficultés.

Les outils juridiques pour accompagner les restructurations sont nombreux, qu’il s’agisse de procédures de prévention, comme la conciliation ou le mandat ad hoc, ou de procédures collectives, comme la sauvegarde, la sauvegarde accélérée, le redressement judiciaire, etc.

Ces dernières ont récemment évolué de façon très significative avec la transposition en droit français de la directive européenne 2019/1023 du 20 juin 2019 par l’ordonnance 2021-1193 du 15 septembre 2021, entrée en vigueur le 1er octobre de la même année.

Avec cette transposition, un certain équilibre entre créanciers et débiteurs a été restauré dans les procédures collectives, avec une approche plus financière et plus conforme à celle de nos voisins européens et anglo-saxons. Par exemple, au-dessus d’un certain seuil de chiffre d’affaires et/ou d’employés (apprécié au niveau consolidé), il n’est plus possible pour une société d’imposer en sauvegarde un rééchelonnement de ses créances à 10 ans sans le consentement de ses créanciers. Avant la transposition, cette possibilité était l’épouvantail des investisseurs, tant décriée à l’occasion des récentes sauvegardes des sociétés Rallye ou Comexposium. A l’inverse, le droit de véto dont disposaient les créanciers obligataires qui leur permettait de refuser un plan de restructuration qui ne leur était pas favorable, alors même qu’il serait voulu par l’ensemble des autres partenaires de l’entreprise, a été supprimé. En effet, les créanciers sont désormais classés en fonction de la séniorité de leur créance, ce qui n’était pas le cas avant. Par ailleurs, il faut citer l’instauration de la désormais célèbre application forcée interclasses, qui permet au débiteur et à ses créanciers seniors d’effacer, sous certaines conditions, une dette qui aurait perdu sa valeur, voire de diluer ses actionnaires. La première illustration significative de ce nouveau régime est en cours dans le dossier Pierre & Vacances où, entre autres, un PGE a été intégralement converti en actions. Nul doute que cet exemple sera utilisé dans d’autres restructurations à venir.

Les procédures françaises de prévention, devenues des modèles du genre au niveau européen, ont quant à elles un fonctionnement qui n’a quasiment pas été touché par l’ordonnance de transposition. Elles demeurent néanmoins l’outil privilégié des restructurations, mettant en avant une approche amiable et négociée, sous l’égide d’un professionnel compétent nommé par le tribunal et, pour les dossiers les plus importants, l’égide également du CIRI. Ces procédures permettent dans une grande majorité des cas de trouver une sortie satisfaisante pour tous. Protégée par une obligation de confidentialité, l’activité des entreprises concernées souffre moins que lors d’une procédure collective, publique par nature. De plus, en conciliation (et désormais également en sauvegarde et en redressement judiciaire), l’accès à de nouveaux financements est aidé par la mise en place d’un privilège dit d’argent frais qui permet au nouveau prêteur d’être protégé en cas de nouvelle défaillance. L’ordonnance de transposition a néanmoins eu un effet indirect, voulu, sur ces procédures car elle en a profondément bouleversé la dynamique de négociation. En effet, la perspective, en cas d’échec de la négociation, d’une application forcée interclasses ou de l’impossibilité d’imposer, ou à l’inverse de bloquer, un plan ont modifié les équilibres.

Il est ainsi indispensable de parfaitement comprendre et anticiper les subtilités du nouveau régime (même en l’absence de jurisprudence à ce stade) pour correctement négocier les dossiers de restructuration qui commencent déjà à arriver.

Le cauchemar du chauffeur Uber

Le cauchemar du chauffeur Uber

 

Par Lucie Enel, Université du Québec à Montréal (UQAM)

 

À la mi-juin, la plate-forme Uber a étendu ses services à tout le territoire québécois. À l’échelle mondiale, la multinationale est implantée dans près de 10 000 villes et 71 pays, et compte plus de 3,5 millions de travailleurs.

Ce modèle, basé sur le travail à la demande et la distribution algorithmique des tâches, transforme fondamentalement les manières de penser, de faire et d’organiser le travail, individuellement et collectivement.

L’étendue du service Uber à l’ensemble de la province offre l’occasion de se pencher sur la réalité du travail de ces milliers de chauffeurs et livreurs du Québec. À quoi ressemble leur travail au quotidien ? Comment créent-ils des liens sociaux ? Afin de tenter de répondre à ces questions, j’ai effectué de l’observation sur des groupes Facebook de chauffeurs et interrogé une cinquantaine de travailleurs Uber du Québec.

Doctorante en communication à l’UQAM et étudiante chercheure à l’INRS, ma thèse se penche sur leur profil et leurs motivations, le rapport qu’ils entretiennent au collectif et à la mobilisation et plus globalement les enjeux psychosociaux du travail médié par les algorithmes.

Bien que les travailleurs Uber soient amenés à croiser de nombreuses personnes au quotidien (clients, restaurateurs, passagers), leur activité est essentiellement solitaire sur le plan professionnel. D’une part, leur travail se déroule sans jamais rencontrer un humain de chez Uber ; leur inscription sur la plate-forme s’effectue en ligne, et leurs tâches quotidiennes leur sont distribuées par un algorithme via l’application.

Si un problème les pousse à contacter le service technique de la compagnie, les personnes avec qui ils échangent sont situées dans des centres d’appels délocalisés à l’extérieur du pays. Qui plus est, les réponses qu’ils obtiennent sont le plus souvent formatées par des scripts, prolongeant ainsi le rapport robotisé au travail.

Concernant les quelques moments où les travailleurs peuvent se croiser, dans les restaurants en attendant les commandes ou dans la zone d’attente de l’aéroport, les interactions se résument à des formules de politesse ou à des échanges brefs à propos du nombre de commandes obtenues dans la journée, comme l’exprime Katia, livreuse Uber Eats à Montréal :

Quand je croise un autre livreur, je lui dis « Salut ! Ah Uber, ça roule ce soir ! » ou « Ça roule pas », puis c’est tout. Après, je m’en vais et j’ai peu de chances de le revoir. Si je le recroise, je lui dis bonjour, mais je connais même pas son nom.

Certes, les groupes Facebook de chauffeurs Uber constituent un lieu d’échange pour partager des informations et ventiler à propos de situations frustrantes. Cependant, ces espaces jouent un rôle très limité dans la construction d’un collectif, se révélant inadéquats pour des conversations élaborées sur le travail.

L’architecture des groupes favorise les interactions sur un temps court, les publications s’évanouissant rapidement dans le fil de discussion. Des échanges constructifs demanderaient des conversations sur un temps long, dans un climat d’écoute et de confiance. Or, la compétition ressentie par les chauffeurs conjuguée au mode d’interaction bref et anonyme des réseaux socionumériques contribue plutôt à un climat hostile, comme le dit Diane, livreuse Uber Eats à Laval :

Je pense que les commentaires négatifs sont faits pour décourager les autres parce que c’est pas un groupe où on s’encourage, c’est un groupe où on essaie de décourager les autres parce que c’est la compétition. Moi si je veux gagner ma vie, faut que je pogne plus de courses que toi.

Étonnamment, cette absence de collectif n’est globalement pas perçue comme un manque par la plupart des travailleurs interrogés dans le cadre de ma thèse. Malgré des conditions de travail difficiles sur lesquelles ils n’ont pas de contrôle, les travailleurs n’ont pas tendance à se tourner vers le rassemblement et la mobilisation dans le but d’établir un rapport de force avec Uber.

À l’inverse, le collectif est plutôt perçu comme une menace pour la plupart d’entre eux. Le climat compétitif ressenti par les chauffeurs les pousse à développer tout un répertoire de tactiques et de bricolages individuels pour se démarquer des autres, comme en témoigne Bertrand, chauffeur Uber à Québec.

On va tous sur le groupe Facebook pour la même chose, trouver des semblables et voir s’ils peuvent nous donner des trucs et des astuces pour mieux comprendre comment ça marche, avoir des informations. Mais on comprend vite que non, on est tous dans le même bain, on est tous là pour travailler pour notre poche.

Parmi les tactiques utilisées pour optimiser leurs revenus, certains chauffeurs vont par exemple appeler le client pour connaître sa destination avant d’aller le chercher. S’ils jugent que la course est trop peu rentable au regard de la distance à parcourir jusqu’au client, ils annuleront la course. D’autres encore utilisent deux téléphones pour conserver un accès à la carte indiquant où se situent les zones de majoration pendant qu’ils réalisent une course.

Dans ce contexte, un collectif de travail qui proposerait d’harmoniser les pratiques et de remplacer les tactiques individuelles par des stratégies collectives, s’apparente pour bien des travailleurs à une perte de leur avantage concurrentiel.

Maintenant que les luttes des chauffeurs Uber contre les taxis, la Ville de Montréal et le gouvernement se sont épuisées avec l’adoption de la loi 17 en 2020, il n’existe plus pour eux d’ennemi commun.

Pour se définir, ils doivent maintenant se construire une identité à partir de leur propre groupe d’appartenance. Or, lorsqu’ils se comparent à leurs collègues, ils ont tendance à le faire par la négative. Ils cherchent à se détacher de la figure du chauffeur précaire et miséreux qui travaille 60 heures par semaine, ou encore de celle du chauffeur victime qui ne sait pas utiliser l’application intelligemment. Ainsi, les travailleurs Uber partagent une pratique commune, sans toutefois faire partie d’une communauté caractérisée par un sentiment d’appartenance.

L’organisation du travail du modèle Uber, en atomisant les travailleurs, les amène à se définir exclusivement par rapport à eux-mêmes, engendrant plusieurs conséquences.

Chacun doit apprendre seul comment fonctionne l’activité et se débrouiller avec ses propres défis, en bricolant ses propres tactiques, sachant que tous les chauffeurs n’ont pas les mêmes ressources. Par ailleurs, sans possibilité de rassemblement et de dialogue, les travailleurs sont privés de l’occasion de développer une réflexivité critique collective sur leurs conditions de travail. L’absence d’échanges, d’écoute et de présence à l’autre entrave toute relation significative et toute solidarité ; l’activité est réduite à son seul rapport à l’objet technique.

De fait, sans pouvoir d’agir collectif face à une organisation du travail rigide et intransformable, les dysfonctionnements et les problèmes de santé des travailleurs sont toujours traités comme des réalités singulières plutôt que relevant de l’organisation du travail, comme le dit Kader, chauffeur Uber à Montréal :

Je ne me suis jamais vidé le cœur sur le groupe Facebook. Quand je fais un simple commentaire, je me sens attaqué par d’autres. Souvent, des chauffeurs qui parlent honnêtement se font attaquer verbalement. Il y a des souffrances parmi les chauffeurs, on pourrait en discuter. Mais le climat sérieux que ça demanderait, ça n’existe pas dans le groupe.

Les profils de chauffeurs Uber québécois sont très variés. Par exemple, l’impossibilité de négocier les faibles revenus n’a pas les mêmes conséquences pour un ingénieur en Tesla qui exerce l’activité 3 heures par semaine dans le but de se changer les idées, ou pour un immigrant qui travaille 60 heures par semaine pour faire vivre sa famille.

Si l’activité Uber constitue un complément de revenu pour certains individus, le modèle exploite aussi la précarité existante d’une partie de la population ; chez ceux qui exercent l’activité comme seule source de revenus, il s’agit le plus souvent d’un choix faute de mieux.

Bien que la majorité des chauffeurs interrogés, tous profils confondus, n’aspirent pas à devenir salariés et se montrent frileux à l’idée de se syndiquer, nombreux sont ceux qui déplorent les faibles revenus et le manque de transparence de la plate-forme relativement au fonctionnement de l’algorithme et du système de rémunération.

Devant cette situation, ils voient dans le gouvernement la seule partie prenante qui soit réellement en mesure d’instaurer un rapport de force avec Uber afin de forcer la plate-forme à offrir de meilleures conditions de travail à ses chauffeurs.

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Par Lucie Enel, Doctorante en communication, Université du Québec à Montréal (UQAM)

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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