Cameroun et droits humains
Des chercheurs de Human Rights Watch et Amnesty International posent dans le Monde la question des droits humains à l’occasion de la visite du chef d’État français au Cameroun. Une question légitime mais qui doit aussi intégrer le fait que la France est de plus en plus marginaliséeen Afrique par de grandes puissances qui ne prêtent guère attention à ces droits voire même y portent atteinte ( Chine, Russie et autres). Il ne faudrait pas accepter une partition des responsabilités et des rôles entre grandes puissances : la France chargée de rappeler les droits, la Chine détournant les richesses et la Russie développant partout des régimes de dictature NDLR.
Tribune.
Le président français, Emmanuel Macron, est attendu au Cameroun, les lundi 25 et mardi 26 juillet, dans un contexte de répression aggravée et deux ans et demi après avoir promis à un citoyen camerounais qui l’interpellait à Paris au sujet de la situation des droits humains au Cameroun qu’il mettrait « le maximum de pression [sur le président camerounais Paul Biya] pour que cette situation cesse ».
Depuis, la situation a empiré. C’est pourquoi il est crucial que le président français ne se contente pas de renforcer les relations économiques, politiques et culturelles entre les deux pays et d’exprimer la solidarité de la France dans le conflit qui oppose depuis 2013 les forces de sécurité camerounaises au groupe armé Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord.
En rencontrant le président Paul Biya, arrivé au pouvoir en 1982, le président français devrait clairement exprimer son inquiétude quant aux violations des droits humains commises par les forces de sécurité dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis 2016, et à la répression à l’encontre de toute personne dans le pays qui ose critiquer le pouvoir. Aujourd’hui au Cameroun, arrestations, détentions arbitraires et torture sont monnaie courante.
Depuis la violente répression, en 2016 et 2017, des manifestations contre la marginalisation ressentie par la minorité anglophone en matière d’éducation et de justice, le quotidien des habitants du Nord-Ouest et du Sud-Ouest est rythmé par les affrontements entre l’armée et des groupes séparatistes armés de mieux en mieux équipés. Ces derniers diffusent les images de leurs exactions sur les réseaux sociaux : notamment des tueries visant des élèves et des attaques contre des enseignants et des écoles. En réponse, l’armée tue des personnes et incendie des villages entiers accusés de soutenir les séparatistes. Les défenseurs des droits humains qui dénoncent ces exactions sont menacés de mort.
Les conséquences humanitaires de ces violences sont désastreuses. Près de 600 000 personnes sont déplacées dans les deux régions anglophones, plus de 75 000 ont fui au Nigeria voisin.
L’impunité reste l’un des principaux moteurs de la violence et alimente de nouveaux abus. La reconnaissance par l’armée de sa responsabilité dans la mort de neuf personnes dans le village de Missong, le 1er juin, est une étape importante dans la lutte contre l’impunité. Mais l’affirmation de la volonté des autorités de sanctionner les crimes reste encore à démontrer, le gouvernement n’ayant, à maintes reprises, pas tenu ses engagements dans ce sens. Plus de deux ans après le massacre de Ngarbuh, le 14 février 2020, au sujet duquel le gouvernement a également reconnu l’implication de l’armée, le procès de 21 individus accusés d’être impliqués dans le meurtre de 21 personnes traîne depuis dix-neuf mois.
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