Prendre en compte la sûreté nucléaire
Lanceur d’alerte et ancien membre de l’équipe de direction de la centrale nucléaire du Tricastin, Hugo appelle dans une tribune au « Monde » à l’urgence d’un « dialogue transparent » pour bâtir ensemble un plan de renforcement de la sûreté nucléaire en France, à l’heure où « la situation énergétique de notre pays n’aura jamais été aussi critique ».
Un rappel utile concernant la sûreté nucléaire mais qui n’apporte pas grand-chose de nouveau puisque précisément le grand carénage a pour objet de renforcer considérablement la sécurité et de permettre le prolongement les durées de vie des centrales. Une opération d’un coût de 50 milliards qui immobilise actuellement près de la moitié du parc nucléaire NDLR
La situation de crise énergétique que nous vivons en France et en Europe est telle que des concurrents historiques tels qu’EDF, ENGIE et TOTAL lancent un appel commun, avec mon PDG, Jean-Bernard Lévy, pour demander une réduction de notre consommation. Ils souhaitent également un « dialogue transparent » … C’est dans cet esprit de transparence, et en tant qu’expert en sûreté et exploitation nucléaire, que j’ai décidé d’écrire.
Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé le 10 février 2022, à Belfort, la construction de six nouveaux réacteurs EPR2 et le lancement d’une étude pour la construction de huit EPR2 supplémentaires, parallèlement à la prolongation de la durée de vie des centrales au-delà de cinquante ans.
Le parc nucléaire est vieillissant, les premiers réacteurs ont déjà fait l’objet de leur 4e visite décennale parmi lesquels Tricastin, centrale au sein de laquelle j’ai travaillé en tant que chef du service en charge de l’exploitation des quatre réacteurs, avec 400 salariés sous ma responsabilité. D’autres réacteurs vont ainsi prochainement atteindre le terme de leur durée de vie, initialement prévue dès 40 ans.
La question n’est plus pour ou contre le nucléaire
Le manque d’anticipation dans le développement des autres énergies décarbonées et dans le remplacement du parc nucléaire existant, la perte de compétences dans certains domaines du nucléaire, dont le retard dans la construction de l’EPR est le triste exemple, ainsi que les problèmes de corrosion sur des tuyauteries du circuit primaire, contraignant à l’arrêt plus d’une dizaine de réacteurs, font que la situation énergétique de notre pays n’a jamais été aussi critique.
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