La gauche pas très représentative du monde populaire
La Nupes se veut une « union populaire écologique et sociale » mais c’est sur l’écologie et le social qu’elle est incomprise, voire défaite, dans une partie de la France populaire analyse, dans une tribune au « Monde », Catherine Tricot, directrice de la revue Regards, appelant la gauche à répondre au défi.
Passé le premier soulagement d’être toujours là, vivante et même renforcée à l’Assemblée nationale, la gauche est groggy par l’exceptionnelle progression du Rassemblement national (RN) : 89 députés élus au scrutin majoritaire un peu partout en France, sauf dans les très grandes villes et leurs banlieues.
La gauche voit les lieux historiques de son implantation disputés. Le Nord, l’Est, mais aussi la Picardie, la Normandie et désormais le Midi rouge, le Centre, qui fut terre de résistance. Même Carmaux ! Le front républicain marquait un principe. Il fut efficace. Il ne pouvait pas se suffire longtemps à lui-même.
Le front républicain s’est affaissé faute d’avoir été relayé par une alternative comprise comme telle par ces Français qui désormais ne votent pas RN seulement parce que « tout a été essayé, sauf ça ». Le vote Le Pen n’est pas non plus amnésique. On ne vote pas extrême droite sans connaitre l’histoire de ce parti et son fondement xénophobe.
Il faut regarder une réalité en face : Marine Le Pen et, après elle, les candidats du RN, emportent l’adhésion d’une part parfois majoritaire du peuple. La Nupes se veut une « union populaire écologique et sociale ». Mais c’est sur l’écologie et le social qu’elle est incomprise, voire défaite, dans une partie de la France populaire.
Sur le social, le discours du RN est une charge contre « l’assistanat », englobant les plus pauvres et les migrants. C’est un exutoire, une explication et une solution pour ce monde qui travaille et ne s’en sort pas. La multiplication des aides conditionnées fait enrager ces ménages qui gagnent un peu plus de deux fois le smic.
Pas d’aide personnalisée au logement (APL), pas de bourse pour les enfants, pas d’accès au logement social… Même les aides à l’isolation thermique sont drastiquement soumises à conditions de revenus. Face à la crainte du « ras le bol fiscal » des plus riches, on a conditionné les droits sociaux et affaibli les services publics. Bilan : une France en rupture politique.
Sur l’écologie, le discours du RN fait un virage. Il ne nie plus le réchauffement climatique et fait du « grand déménagement des usines » le centre de son analyse et, partant, de ses réponses. Il se moque de ceux qui portent une alternative au règne de la marchandise et de la surconsommation.
Le RN se fait le défenseur de ceux qui ont besoin de leur voiture, se saignent pour acheter leur pavillon, se détendent autour d’un barbecue et rêvent d’un jacuzzi. Pour eux, l’écologie est synonyme d’éoliennes, de cuve à mazout à changer à grands frais, de voiture condamnée alors qu’elle roule encore. L’incompréhension est totale.
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