Monnaie: « La fin du cash »

 

 Monnaie: « La fin du cash » 

 

par David Lacombled, David Lacombled , président de la Villa numéris ( dans l’Opinion)

 

 

 

Aucun objet ou support ne semblent échapper à la dématérialisation fut-elle la plupart du temps une rematérialisation. Certes les CD ont disparu au profit de fichiers mais il faut toujours une machine, hier un lecteur, aujourd’hui un smartphone, pour écouter de la musique. Il en va de même pour la monnaie qui semble vouée à disparaître. La crise sanitaire est passée par là. Le «sans contact» est désormais bien pris en main. Neuf Français sur dix l’utilisent. Le changement de plafond, de 30 à 50 euros en mai 2020 a servi d’accélérateur. Les solutions mobiles permettent de s’en affranchir et d’aller au-delà. Même si les transactions du quotidien se font encore majoritairement en espèces sonnantes et trébuchantes, le volume du «sans contact» est multiplié par deux chaque année, depuis 2016, selon une étude de la Banque centrale européenne.

Autre signe du recul des espèces, le nombre de distributeurs automatiques de billets (DAB) baisse significativement selon un « Etat des lieux de l’accès du public aux espèces en France métropolitaine » publié lundi par la Banque de France. Sur un total de 48 831 distributeurs, près de 1000 ont été enlevés au cours de l’année écoulée, essentiellement dans « les villes les plus peuplées et les mieux équipées ». Pour des établissements bancaires soucieux d’optimiser leurs circuits de distribution, le défi sera de maintenir un réseau sur l’ensemble du territoire, au plus proche de personnes plus âgées et moins connectées, donc plus coûteux.

 

 

Les décideurs publics l’ont bien compris. Hâter le mouvement serait explosif. Les transformations sont toujours plus efficaces quand elles ne sont pas imposées. La démonétisation à marche forcée en Inde, à partir de 2016, s’est soldée par un échec, faisant perdre au pays un point de produit intérieur brut (PIB) sans pour autant stopper les circuits illicites, l’argent au noir et recouvrir plus de taxes. Le cash a retrouvé ses niveaux d’antan et continue d’irriguer des économies parallèles.

Intraçable, le liquide est la monnaie de l’économie souterraine. Le travail au noir ou au gris (seule une partie des heures travaillées est déclarée) constitue une réalité palpable. Difficile à quantifier par nature, son poids est estimé à 12% du PIB en France. Il existe de fortes disparités y compris en Europe. Y couper court radicalement mettrait à mal l’édifice tant l’économie de plus en plus en plus dématérialisée a aussi besoin de petites mains qui s’avèrent précieuses. Certainement de nombreux métiers viendraient-ils à disparaître sans la circulation de liquide car ils ne résisteraient pas à l’accumulation des charges. En cela, la défiscalisation des pourboires versés dans l’hôtellerie ou la restauration, quel que soit le mode de règlement, est un signal encourageant même si elle reste cantonnée aux années 2022 et 2023. Un bilan s’imposera pour en apprécier pleinement la portée sur des métiers dont on voit bien qu’il faudrait des mesures autrement plus incitatives pour les revaloriser, à commencer par une baisse des charges.

Alors que l’inflation des prix accroît les tensions du quotidien, où de nombreuses familles comptent à l’euro près, face au marché, une nouvelle économie de subsistance se fait jour, faite d’entraide et de débrouille aussi parfois, d’échanges non monétaires la plupart du temps. Loin d’être irréconciliables, ces économies se nourrissent l’une de l’autre sans jamais se croiser. Sans être encouragée, l’économie parallèle ne saurait être niée. C’est bien là que la puissance publique se doit d’être imaginative pour inventer de nouveaux modèles dans lesquels les citoyens se retrouvent parce qu’ils peuvent être utiles aux autres aussi.

David Lacombled est président de la Villa numéris.

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