«FUTURS ÉNERGÉTIQUES 2050» (RTE)
Dans le cadre de ses missions légales (Bilan prévisionnel) et en réponse à une saisine du Gouvernement, RTE a lancé en 2019 une large étude sur l’évolution du système électrique intitulée «Futurs énergétiques 2050» ( résumé). Cependant l’objectif de neutralité carbone en 2050 risques de se trouver remis en cause par la situation géopolitique et notamment le manque de gaz et d’électricité. Un manque qui sera compensé en partie par un recours accru à des énergies polluantes.
Ce travail intervient à un moment clé du débat public sur l’énergie et le climat, au cours duquel se décident les stratégies nécessaires pour sortir des énergies fossiles, atteindre la neutralité carbone en 2050 et ainsi respecter les objectifs de l’Accord de Paris. Cela implique une transformation profonde de l’économie et des bouleversements dans le secteur des transports, de l’industrie et du bâtiment aujourd’hui encore très dépendants du pétrole, du gaz d’origine fossile, et parfois même encore du charbon. Il n’existe plus aucun doute scientifique sur l’urgence à agir. Le récent rapport du GIEC, publié en août 2021, a rappelé s’il en était encore besoin l’importance de réduire très rapidement les émissions de gaz à effet de serre pour limiter les effets potentiellement catastrophiques du changement climatique.
La prochaine COP, organisée à Glasgow à partir de novembre 2021, doit en prendre acte et conduire à des nouveaux engagements chiffrés, pour la décennie qui vient. La transformation nécessaire pour sortir des énergies fossiles doit être menée à bien en seulement trois décennies et accélérer de manière substantielle d’ici 2030. Certains pourraient considérer vains ou négligeables les efforts à entreprendre en France pour respecter les engagements climatiques compte tenu de la part du pays dans les émissions mondiales (environ 1%). Pourtant, les émissions de la France par habitant demeurent au-dessus de la moyenne mondiale et ce constat est encore plus criant une fois pris en compte l’impact carbone des imports («empreinte carbone»).
En outre, les solutions technologiques et industrielles pour y parvenir sont susceptibles de développer, en France et en Europe, des avantages compétitifs substantiels dans le concert mondial. La crise énergétique de la fin 2021 montre que sortir des énergies fossiles n’est pas uniquement un impératif climatique : elle vient rappeler que la forte dépendance de l’Europe aux pays producteurs d’hydrocarbures peut avoir un coût économique, et que disposer de sources de production bas-carbone sur le territoire est également un enjeu d’indépendance.
Différentes options sont sur la table pour y parvenir. Elles présentent des points communs (baisse de la consommation d’énergie, augmentation de la part de l’électricité, recours aux énergies renouvelables) mais également des différences importantes en ce qui concerne le rythme d’évolution de la consommation et sa répartition par usage, le développement de l’industrie, l’avenir du nucléaire, le rôle de l’hydrogène, etc. Les «Futurs énergétiques 2050» de RTE répondent au besoin de documenter ces options en décrivant les évolutions du système sur le plan technique, en chiffrant les coûts associés, en détaillant les conséquences environnementales au sens large et en explicitant les implications en matière de modes de vie. L’étude consiste, en premier lieu, en un travail technique de grande ampleur, qui s’est appuyé sur un important effort de simulation et de calcul pour caractériser de manière rigoureuse une grande variété de systèmes électriques permettant d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
Elle implique également une démarche inédite en matière de concertation : les scénarios sont élaborés au grand jour, tous les paramètres de l’étude sont discutés, tracés et débattus dans des groupes de travail et dans le cadre d’une instance plénière de concertation, selon une méthode ouverte et transparente visant à ce que chaque partie intéressée puisse s’exprimer et être entendue. Le planning de l’étude a notamment évolué pour prendre en compte les remarques et enrichir le dispositif en intégrant de nombreux scénarios et variantes qui n’étaient pas initialement prévus.
Au total, 40 réunions ont été menées, et ont rassemblé des experts d’une centaine d’organismes différents (entreprises du secteur de l’énergie, ONG, associations, think-tanks et instituts, autorités de régulation, administrations publiques, etc.). Le dispositif de concertation a été complété d’un conseil scientifique qui aura suivi l’ensemble des travaux depuis le printemps 2021. La phase I de l’étude, consacrée au cadrage des objectifs, des méthodes et des hypothèses, s’est achevée au premier trimestre 2021.
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