La mort du BAC !

La mort  du BAC !

 

Le taux de réussite au baccalauréat s’élève à 91,1 % en 2022, ce qui confirme la démocratisation de l’examen. Pour les lycéens, Parcoursup devient désormais le véritable objectif des années lycée. Problème, ce processus d’accès à l’enseignement supérieur est particulièrement opaque.( papier du Monde)

En réalité, le bac est surtout victime de son taux de réussite exceptionnel en contradiction avec l’abaissement général du niveau NDLR

 

La complainte est aussi ancienne que la massification de l’enseignement secondaire, amorcée dans les années 1970 : « Le bac ne vaut plus rien », « On le donne à tout le monde ». La publication, début juillet, de statistiques avantageuses a relancé mécaniquement ces lamentations nostalgiques. Le taux de réussite de 91,1 % enregistré cette année, selon les chiffres rendus publics, samedi 9 juillet, par le ministère de l’éducation nationale, ne fait pas exception, même s’il marque une baisse de 2,8 points par rapport à la session de 2021, désorganisée par le Covid-19.

Sur le temps long, l’augmentation est indéniable. Jusqu’aux années 1980, seuls 65 % environ des candidats obtenaient leur « bachot ». Mais l’examen, longtemps réservé aux enfants des familles aisées, s’est démocratisé. Aujourd’hui, toutes séries confondues, il est passé par 83 % d’une classe d’âge. Cette politique, poursuivie par les gouvernements de droite comme de gauche, a rendu obsolète le baccalauréat d’antan, injuste, coûteux et inLa mort du bacadapté à sa fonction de porte d’entrée dans l’enseignement supérieur, car trop décalé par rapport aux exigences des différentes filières universitaires. Les principales innovations du « nouveau bac » introduit depuis 2020 – enseignement de spécialités, contrôle continu, grand oral, etc. – doivent permettre de mieux articuler le lycée et l’université et de réduire les échecs en premier cycle.

L’une des conséquences assumées de cette organisation est de faire de Parcoursup, processus de déclaration des vœux d’orientation et d’affectation dans l’enseignement supérieur, le véritable objectif des années de lycée. Connue en principe avant les résultats du bac, l’admission dans les différents cursus – décidée sur des critères plus larges que quelques notes à un examen final – régit ainsi désormais le travail scolaire.

Admettre que le bac n’est plus un objectif en soi, puisqu’il n’est plus seul à commander le passage dans l’enseignement supérieur, ne revient pas à en nier la valeur. La perpétuation du rituel d’affichage des notes dans les lycées et l’émotion des élèves qui s’y pressent l’illustrent : comme dans beaucoup d’autres pays, le bac sanctionne la fin des études secondaires. Rite de passage vers l’âge adulte, il demeure populaire tant chez les élèves que dans les familles, et indispensable comme reconnaissance par la République des efforts de chacun.

Dresser ce constat ne doit pas empêcher de dénoncer le poids des « non-dits » qui continuent de peser sur la transparence et l’équité du processus de passage du secondaire au supérieur. Alors que les responsables politiques peinent à assumer la réalité de la sélection dans de nombreuses filières de l’enseignement supérieur, celle-ci s’opère souvent brutalement, via Parcoursup, selon des principes et des critères incompréhensibles. Quant à l’inégalité entre lycées, masquée sous couvert de principes nationaux, elle peine à être prise en compte dans les mécanismes d’affectation. Ces angles morts et ces opacités tendent à perpétuer des privilèges, tout comme les graves faiblesses de l’information sur l’orientation, dont manquent les lycéens de milieux défavorisés.

Loin de la nostalgie pour le bac d’antan, Pap Ndiaye, le nouveau ministre de l’éducation nationale, qui dit avoir comme priorité majeure la lutte contre les inégalités sociales, sera observé sur sa capacité à agir sur ces points cruciaux.

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