« Renationalisation « EDF : tout reste à faire

« Renationalisation « EDF : tout reste à faire

Cette « renationalisation »n’est que la première étape d’un processus de redressement de l’entreprise qui s’annonce long et difficile estime un papier du Monde

 

Ce papier du Monde  évoque une partie de la problématique EDF. Mais pour l’instant, cette renationalisation ne change pas grand chose puisque l’État détenait déjà près de 85 % du capital. Si la question est stratégique,  elle est  aussi surtout financière; de ce point de vue  il ne faudrait pas que le gouvernement se limite comme pour la SNCF aux seuls changements juridiques et à une prise en compte partielle  de l’endettement et du financement des investissements. NDLR

 

Se préparer à l’après-pétrole, consolider l’avantage du choix du nucléaire, renforcer les fonds propres et rééquilibrer le bilan comptable d’EDF. Tels étaient les arguments mis en avant en 2005, à la veille de la privatisation de l’entreprise, par le ministre de l’économie de l’époque, Thierry Breton.

Dix-sept ans plus tard, le gouvernement s’appuie sur les mêmes éléments de langage pour emprunter le chemin inverse, en faisant du groupe une entreprise à nouveau publique à 100 %, comme l’a confirmé, le 6 juillet, la première ministre, Elisabeth Borne, dans sa déclaration de politique générale. Cette ironie en dit long sur l’état dans lequel se trouve la filière nucléaire française, qui, faute de cap, donne le sentiment d’effectuer un retour vers le futur.

Cette décision est censée marquer la fin d’une séquence des plus chaotiques, qui laisse notre fleuron national en piteux état. Au cours de la dernière décennie, EDF a accumulé les revers. Le groupe a été ballotté, de revirements en reniements, sur la place que doit occuper le nucléaire dans notre mix énergétique.

Les réacteurs de dernière génération sont devenus des gouffres financiers du fait de retards récurrents. Le parc nucléaire, vieillissant et défectueux, fonctionne à la moitié de ses capacités, alors que la crise énergétique est à son acmé. Face à l’envolée des tarifs, l’électricien a, sur ordre de l’Etat, financé un bouclier énergétique sur ses propres deniers au détriment de ses capacités d’investissement.

C’est une entreprise surendettée et gravement fragilisée sur le plan tant financier que stratégique qui est donc appelée à retourner à part entière dans le giron de l’Etat. Cette décision s’impose aux pouvoirs publics au moment où EDF n’a clairement plus les moyens de répondre aux ambitions qui lui ont été fixées. Entre la mise à niveau du parc, la soutenabilité de sa dette, son développement à l’international comme sur les énergies renouvelables et le financement des six réacteurs de dernière génération que le président de la République appelle de ses vœux, l’entreprise n’a plus d’autre choix que de s’abriter derrière l’Etat pour faire face à ces enjeux.

Il est heureux que le gouvernement prenne enfin la mesure de l’urgence de la situation. En décidant sans délai de ce mouvement capitalistique, tout en anticipant la fin du mandat de l’actuel PDG, Jean-Bernard Lévy, l’Etat montre qu’il est résolu à tourner la page de cette séquence désastreuse. Cette pseudo-nationalisation n’est cependant en rien une garantie que la filière nucléaire va reprendre la maîtrise de son destin. Au cours des dernières années, les augmentations de capital se sont succédé sans donner de perspectives claires à EDF. Outre d’argent, le groupe a besoin de cohérence et de rigueur industrielle.

Bruno Le Maire, le ministre de l’économie et des finances, explique que l’opération est un choix stratégique « parce que l’indépendance énergétique n’a pas de prix ». Certes, mais elle a un coût, et le gouvernement va devoir expliquer comment il compte l’assumer et quel sera son impact sur les ménages français. Ceux-ci doivent prendre conscience que, quelles que soient les options retenues, l’électricité va coûter de plus en plus cher. Raison de plus pour remettre davantage de rationalité dans une filière qui en a cruellement manqué ces dernières années.

Les apparences sont trompeuses : reprendre le contrôle à 100 % du capital d’EDF ne constitue pas un retour au bon vieux temps du monopole public, il ne s’agit, en réalité, que de la première étape d’un processus qui s’annonce long et difficile.

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