La mutation écologique passe par l’industrialisation du pays

 La mutation écologique passe par l’industrialisation du pays

Le  directeur général de la Caisse des Dépôts ,Eric Lombard,  rappelle l’importance du développement maîtrisé des territoires ( papier de la  Tribune)

Le territoire n’a jamais été autant au coeur des attentions. Si on le regardait déjà différemment avant la crise, les changements et remises en question engendrés par celle-ci ont sans doute accélérer un mouvement de fond qui, certes, existait déjà mais de manière plus discrète.

Pour rappel, c’est déjà dans un contexte de pouvoir redonné aux élus que la Caisse des Dépôts a lancé la Banque des Territoires en 2018. L’idée était déjà de confier à nouveau les manettes décisionnelles aux élus, ceux qui sont sur le terrain et connaissent tout du besoin de leur territoire. Quatre ans après la naissance de cette marque, Eric Lombard n’est pas mécontent du bilan qu’il juge « positif » en rappelant que « le volume de l’investissement sur les territoires a été multiplié par 3 ». Des territoires « qui se transforment ». Vite. L’enjeu étant que cette transformation se fasse bien.

« Bottom up » plutôt que « top down »

Dans le rôle du levier, le programme « Action Cœur de Ville» a créé une appétence certaine auprès des élus. « C’est un bon modèle de l’action territoriale », reconnaît Eric Lombard. Parce que « nous avons mis à disposition une boîte à outils » et que le tout s’est fait avec les différentes associations d’élus. « Les outils sont à leur disposition. Ce sont les élus qui décident des projets », insiste encore Eric Lombard.  Une façon de dire que ce n’est pas un programme national dupliqué en région (comme le faisait l’ex-DATAR) mais qu’il appartient à chaque élu de développer les projets dont ont besoin leur territoire.  En langage startup, ça s’appelle «bottom up» plutôt que «top down». Et preuve du succès, sa prolongation jusqu’en 2026 par le Premier ministre, Jean Castex, il y a un an, lui accorde une plus grande longévité que prévu, initialement de quatre ans.

Et puisque l’état d’esprit fonctionne bien, c’est le même schéma qui a été dupliqué pour le programme «Petites Villes de demain». « Nous y injectons quatre fois plus d’ingénierie, soit 200 millions d’euros », indique Eric Lombard. Dédié aux communes de moins de 20.000 habitants qui représentent à la fois une centralité mais aussi une fragilité, le programme a connu un démarrage rapide dès 2021. Il faut dire qu’entre-temps, la crise sanitaire a créé un exode urbain qui a redonné encore plus d’appétence aux villes hors métropoles. « Ce programme est arrivé au bon moment, apportant une réponse à la fois aux Gilets jaunes qui ne se sentaient pas bien traités par la République et à la crise. Nous avons maintenant un sujet de construction de logements, notamment de logements sociaux. Nous devons accélérer le rythme de construction en étant soucieux de sujets comme l’artificialisation des sols et en intégrant la mobilité douce ».

Les friches, atout pour l’industrie durable

Dans ce contexte, les friches peuvent être un atout. Déjà pris en main par les Safer (les sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural) qui peinent à trouver toutes les solutions, le Fonds Friche, doté de 100 millions d’euros et réitéré pour la troisième fois depuis le début de l’année, doit aussi être un outil utile. « Les friches disponibles doivent être utilisées et ce travail doit être mené, lui aussi, avec les élus ».

Créé bien avant la crise, mais freiné par celle-ci, un autre programme pourrait bien accompagner le mouvement de réindustrialisation désiré. Car « Territoires d’industries » a vocation à rassembler les parties prenantes autour de problématiques industrielles partagées, en intégrant évidemment le volet durabilité. « La transformation écologique nécessite impérativement l’industrialisation du pays », affirme Eric Lombard. « Si l’on veut fabriquer durable, il faut des usines propres, des usines plus sobres en énergie, en gaz carboné et cela doit être fait de façon pérenne ». Favoriser une industrialisation verte, c’est aussi, rappelle le directeur général de la CDC, « créer des emplois, avoir un effet positif sur la balance commerciale… ». Et « Territoires d’industries est aussi un sujet lié à l’utilisation des friches. C’est un élément de la solution ».

Et Eric Lombard de rappeler que la Caisse des Dépôts est un partenaire qui choisit la durée. « Chaque ville à ses problématiques, nous nous inscrivons dans le temps long, nous accompagnons les élus dans la durée. Même si un programme venait à s’achever, nous serons présents ». De quoi jouer un effet réassurance.

Marseille en Grand, effet labo

Et puis il y a aussi l’effet expérimentation. Le « Plan Marseille en Grand » est de ces projets qui servent de laboratoire. Avec ses lieux d’incubations et ses tiers-lieux, la Cité phocéenne qu’Eric Lombard a beaucoup parcouru, est « une terre d’entreprenariat », reconnaît-il. La rénovation des écoles et la rénovation des bâtiments en n’oubliant pas le volet logement social – parts majeures du Plan – sont les deux sujets dans lesquels la CDC s’investit.

Pour son directeur général, le partage d’expérience entre élus est aussi une très bonne façon de faire infuser les idées, de dupliquer des modèles qui fonctionnent très bien dans d’autres endroits . C’est ce Printemps des territoires que la CDC organise chaque année et qui met tous les élus, de tous bords politiques dans un processus d’échange et de désir de changer leur ville. Autrement dit, « la politique au service de la ville ».

0 Réponses à “La mutation écologique passe par l’industrialisation du pays”


  • Aucun commentaire

Laisser un Commentaire




L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol