Le danger d’une trop grande dépendance de l’Europe aux métaux stratégiques

Le danger d’une trop grande dépendance de l’Europe aux métaux stratégiques

 

 

Experts de l’industrie minière, Vincent Donnen, Alexandre Nominé et François Rousseau appellent, dans une tribune au « Monde », à prendre conscience de la dépendance de l’Europe aux « métaux stratégiques » indispensables à la transition énergétique.

 

L’Europe, dont l’activité minière en matériaux stratégiques est extraordinairement réduite au regard de son poids économique, n’intègre pas assez rapidement la transformation rapide et brutale du monde et de ses règles du jeu. En l’absence d’une réaction forte et rapide, sa stratégie économique pourrait être mise à mal par l’absence de souveraineté sur les nouvelles matières premières stratégiques (essentiellement des métaux comme le cobalt, nickel, néodyme, rhénium, etc.), au point d’essuyer des pénuries, de se mettre en situation de dépendance face à des puissances étrangères ou de n’avoir d’autre alternative que d’importer des produits finis.

La doctrine établie depuis des décennies en matière d’approvisionnements stratégiques est celle qui maximalise les indicateurs financiers. Les concepts de main invisible du marché, zéro stock, juste à temps, contrats à terme, se sont imposés comme un objectif dans un monde où mondialisation et libéralisme étaient synonymes de progrès. C’est une opinion toujours répandue.

L’Europe peut-elle encore s’appuyer sur ce théorème pour son développement et sa souveraineté ? Il est permis d’en douter. Car le monde doit réussir d’ici 30 ans un chantier titanesque, sans précédent dans l’histoire de l’Humanité, la transition énergétique.

Or les nouvelles énergies sont intermittentes et diluées dans l’espace : il faut stocker et mobiliser plus de matériaux pour produire et distribuer une même quantité d’énergie. Nous passons donc d’un monde intensif en hydrocarbures à un monde intensif en métaux. Les travaux scientifiques qui permettent de quantifier les implications de cette transition (comme ceux du directeur de recherche à l’Institut des sciences de la Terre de Grenoble, Olivier Vidal) font tourner la tête. Rien que d’ici 2050, il faudra extraire autant de métaux que nous l’avons fait depuis l’aube de l’Humanité. Et aucun modèle n’est soutenable jusqu’à la fin du siècle sans un taux de recyclage encore jamais atteint.

Nous avons connu un monde stable, globalisé, prédictible, dominé par le gendarme américain, un état qui a pu sembler intangible. Nous sommes entrés dans un monde multipolaire, instable, fragmenté (notamment par la rivalité sino-américaine) : les approvisionnements ne sont plus acquis, ni de façon permanente, ni indépendamment des frontières.

L’optimisation qui a jusqu’alors prévalu était une optimisation de la performance, un renoncement au coût de la résilience. Les chaînes d’approvisionnement n’étant plus garanties – comme on a pu le constater avec les semi-conducteurs et comme on peut s’y attendre pour les matières premières agricoles – l’optimum doit désormais inclure la résilience de notre économie.

0 Réponses à “Le danger d’une trop grande dépendance de l’Europe aux métaux stratégiques”


  • Aucun commentaire

Laisser un Commentaire




L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol