Océans: vers un moratoire ?
Avec un volume d’émissions de CO2 qui a progressé de 40 % au cours des 60 dernières années, les océans, qui en absorbent la moitié, seront bientôt au bord de l’asphyxie. Leurs eaux montent sous l’effet du réchauffement lié aux gaz à effet de serre (GES) et elles s’acidifient, provoquant l’extinction de ces pompes à oxygène que sont les récifs coralliens et bien d’autres micro-organismes. ( Les Echos)
La ressource halieutique est soumise à une autre pression : la surpêche. « Au moins un tiers des stocks de poissons sauvages sont trop pêchés », signale Kathryn Mathews, directrice scientifique de l’ONG américaine Oceana. Une course à la ressource halieutique encouragée par les Etats, qui la soutiennent à coups de subventions. Près de 35 milliards de dollars sont déversés chaque année dans cette pratique, à laquelle l’Organisation mondiale du commerce (OMC) commence tout juste à mettre un frein.
La pollution des océans par les plastiques, quant à elle, prend des proportions dantesques . Mers, lacs et rivières, qui accumulent déjà 353 millions de tonnes de déchets, devraient en totaliser plus de 1.000 millions d’ici 2060 a récemment averti une étude de l’OCDE . Déjà, les microplastiques provoquent chaque année la mort d’un million d’oiseaux et de plus de 100.000 mammifères marins. On en trouve dans toutes les eaux, jusque dans les organismes de mini-crustacés qui vivent à près de 11 km de fonds.
Des profondeurs marines dont les richesses minières attisent bien des convoitises, mais aussi bien des craintes. A commencer par celle de voir ces sanctuaires de la biodiversité marine se faire dévaster par des engins lourds dévolus à l’extraction de roches contenant du cobalt, du manganèse et d’autres métaux rares.
Une trentaine de pays ont lancé un appel en faveur d’un moratoire sur cette activité. En tête desquels l’archipel des Palaos, dans l’océan pacifique, dont le président Surangel Whipps, a estimé qu’elle compromettait l’intégrité de l’habitat océanique.
Un dernier débat à l’écart duquel la France, qui détient le deuxième territoire maritime le plus vaste au monde, ne pouvait pas rester. « Nous devons créer un cadre juridique pour mettre fin à l’exploitation minière en eaux profondes et empêcher que de nouvelles activités ne mettent en danger ces écosystèmes », a estimé Emmanuel Macron, à Lisbonne. Mais « il est également nécessaire que nous donnions les moyens à nos scientifiques de mieux connaître les fonds marins. Nous devons mieux les comprendre pour mieux les protéger », a précisé le chef de l’Etat.
La France, qui a posé sa candidature pour organiser, avec le Costa Rica, la prochaine conférence onusienne sur les océans en 2025, n’entend pas compromettre l’avenir. Il est vrai qu’elle dispose d’un contrat d’exploration dans la région de Clarion-Clipperton, dans le Pacifique Nord, avec l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (IFREMER).
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