Le concept de planification donne parfois lieu à des interprétations très différentes comme d’ailleurs leurs modalités. Pour ridiculiser le principe, on fait parfois référence à la planification soviétique qui intervenait dans tous les domaines. La planification constitue cependant un outil méthodologique qui permet avant d’agir d’analyser les grandes évolutions passées, les scénarios futurs de l’environnement et les stratégies possibles dans des secteurs clés qui exigent des actions à long terme et où l’action conjointe des acteurs économiques et des acteurs publics permet d’obtenir des synergies et des résultats efficaces. NDLR
L’idée qu’un Etat puisse organiser plus efficacement l’économie que le seul marché refait son apparition à la faveur des craintes suscitées par l’urgence climatique et l’enlisement de la guerre en Ukraine. ( papier du Monde)
Le terme de « planification » ressort des limbes dans lesquelles l’effondrement de l’Union soviétique, en 1991, l’avait enfoui. L’idée qu’un Etat puisse organiser plus efficacement l’économie que le fonctionnement « spontané » du marché semblait avoir démontré son inanité sur les étals vides des magasins de Moscou. Mais résumer l’idée de planification à sa variante soviétique est un effet d’optique causé par la guerre froide, lorsqu’il s’agissait d’opposer le « modèle » libéral au « modèle » communiste.Si la notion réapparaît aujourd’hui, affublée du qualificatif « écologique », dans le programme de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) comme dans l’intitulé d’un secrétariat général rattaché directement à la première ministre, c’est parce qu’elle semble être une parade possible à l’effondrement environnemental annoncé. Lorsqu’elle s’installe, au cours des années 1930-1940, dans un grand nombre de pays, autoritaires comme démocratiques, c’est pour parer à d’autres effondrements : celui de l’économie libérale entrée dans la « grande récession » après le krach financier de 1929 ; celui de l’ordre international brisé par la seconde guerre mondiale.
La planification devient alors une réalité opérationnelle : il s’agit, selon les pays et les périodes, de pallier la faillite des marchés et des entreprises incapables d’assurer la vie économique, d’organiser la production pour la diriger tout entière vers l’effort de guerre et le ravitaillement de la population mobilisée, de reconstruire et de moderniser l’appareil productif et les infrastructures détruits par la guerre.
Les méthodes sont variées, depuis le plan coercitif imposant aux entreprises des livraisons de quantités données à des prix fixes – comme dans l’URSS ou l’Allemagne des années 1930 –, jusqu’à la planification « incitative » où, comme en France de 1947 à 1957, l’Etat fixe un objectif de croissance, négocie dans les secteurs-clés avec les entreprises et les syndicats la déclinaison de cet objectif et s’assure de la cohérence des grands agrégats économiques (budgets, balance extérieure, circulation monétaire) avec ces objectifs. En passant par le Victory Program américain qui, à partir de 1942, réunit les grandes entreprises et les fonctionnaires de l’administration Roosevelt pour négocier les quantités, les prix, les salaires et l’organisation de la production de l’équipement des armées alliées tout en continuant à produire (presque) normalement pour la population civile – un modèle proche fonctionne au Royaume-Uni.
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