Une forte hausse des taux d’intérêt pour stopper l’inflation ?

Une forte hausse des taux d’intérêt pour stopper l’inflation ?

 

Les économistes Willem H. Buiter et Anne Sibert dénoncent, dans leur chronique, la faiblesse de la réaction des banques centrales face à l’inflation et plaident pour que celles-ci procèdent à une hausse significative des taux d’intérêt ( Le Monde)

 

Les deux économistes militent  pour une très forte hausse des taux d’intérêt qui  aurait le mérite de refroidir sérieusement la croissance. Le problème , c’est qu’en même temps ce remède de cheval risque de tuer l’activité sans nécessairement faire diminuer l’inflation de manière significative, à moins de tuer complètement l’activité. Pas vraiment une perspective souhaitable NDLR

 

Les banques centrales ont perdu la boussole de leur mandat de stabilité des prix. En avril, l’inflation aux Etats-Unis s’élevait à 8,3 % sur douze mois (8,5 % en mars). Après avoir rehaussé la zone cible du taux des fonds fédéraux de 50 points de base lors de sa réunion du mois de mai, puis de 75 points en juin, la Réserve fédérale américaine (Fed) a indiqué son intention d’appliquer de nouveau une hausse de 75 points fin juillet. Tous les participants de la réunion de mai ont convenu que l’économie américaine était très solide, le marché du travail extrêmement tendu et l’inflation bien supérieure à l’objectif. Pourtant, ils ont décidé qu’il incombait d’« orienter rapidement la politique monétaire vers une position neutre ». Or, il est nécessaire d’adopter une politique monétaire restrictive, et pas « neutre » !

Le resserrement du bilan de la Fed est, lui aussi, minimal. A partir de juin, ses actifs seront réduits de 47,5 milliards de dollars (44,8 milliards d’euros) chaque mois pendant trois mois, puis de 95 milliards par mois. Ces chiffres peuvent paraître considérables, mais il convient de rappeler que le bilan de la Fed avait atteint près de 9 000 milliards de dollars fin mars 2021 ! Au rythme actuel, il faudra plus de sept ans pour retrouver le niveau de septembre 2008, avant que la Fed ne commence à ériger sa muraille de liquidité autour des marchés financiers.

La Fed n’est pas la seule grande banque centrale à rester en retard par rapport à l’inflation. Le taux directeur de la Banque d’Angleterre (BOE) s’élève actuellement à 1,25 %, après le plus bas historique de 0,1 % en mars 2020. Or, la BOE a limité ses hausses à des paliers de 25 points de base et projette un taux bancaire implicite de marché d’environ 2,5 % mi-2023 et 2 % en 2025. Cette projection est bien trop basse ! L’inflation au Royaume-Uni est passée de 7 % en mars à 9 % en avril, et devrait dépasser 11 % courant 2022. La BOE s’attend à ce qu’un ralentissement de la croissance ramène l’inflation à sa cible de 2 % en 2024. Ce scénario est peu probable sans un effort supplémentaire de resserrement monétaire.

La politique monétaire est tout aussi inexplicable dans la zone euro, où l’inflation a atteint 8,1 % au mois de mai, après 7,4 % en avril. Le taux d’intérêt principal de la Banque centrale européenne (BCE) demeure à zéro, et son taux directeur des dépôts à − 0,5 %. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a confirmé le 9 juin que la BCE fixerait une cadence de 25 points de hausse en juillet et septembre. Mais même si la BCE les augmentait de 50 points, le taux des dépôts n’atteindrait que 0,5 %. L’inflation demeurerait ainsi nettement supérieure à l’objectif, et, compte tenu d’un faible taux de chômage à 6,8 % en avril, l’économie approchera de la surchauffe. La frilosité de la BCE dépasse celle de la Fed et de la BOE.

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