Transition écologique : « Les entreprises masquent que leurs insuffisances
Les deux financiers Anaïs Cassagnes et Stéphane Cuau appellent, dans une tribune au « Monde », les entreprises à mettre en œuvre des méthodes d’évaluation permettant de rétablir la confiance des investisseurs dans les « promesses » affichées.
Le « greenwashing » se traduit le plus souvent par des promesses vagues de la part des entreprises : réduction des émissions, plantation d’arbres, etc. Or, quand ces objectifs ne sont ni chiffrés ni délimités dans un horizon d’action réaliste, ils sont peu engageants. D’autant plus si les entreprises utilisent leurs propres méthodes de calcul d’impact, car ces dernières, en l’absence de méthodologie établie et légitime, dissimulent souvent un traitement insuffisant ou partiel de la réalité des émissions de carbone.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces imprécisions. D’une part, les entreprises peinent parfois à établir une stratégie cohérente et chiffrée, ce qui est source d’erreurs ou de propositions fallacieuses : mauvaise qualité des données fournies par les agences spécialisées, manque d’experts qualifiés, etc.
D’autre part, si les informations financières des gestionnaires d’actifs et des entreprises cotées sont bien soumises au contrôle de l’Autorité des marchés financiers (AMF), les entreprises n’ont l’obligation légale de communiquer sur leur performance extra-financière qu’à partir de vingt millions d’euros de bilan pour les sociétés cotées et de 100 millions d’euros pour les entreprises non cotées.
Cela laisse la marge nécessaire aux entreprises concernées pour ne publier que les informations qui les accommodent, induisant en erreur tant les consommateurs que les investisseurs, dès lors que les fonds d’investissement ne peuvent obtenir les données nécessaires à une sélection rigoureuse. Ces communications sont pourtant nécessaires pour démontrer l’action concrète des entreprises.
Afin de contribuer à la décarbonation de l’économie, on peut en effet user de deux instruments. D’une part, la réduction des gaz à effet de serre tant directs qu’indirects, c’est-à-dire émis en amont et en aval de la chaîne de production, en intégrant la consommation énergétique de l’entreprise (c’est la notion de scope d’émission). Cela implique d’agir sur toutes les étapes de pollution, et pas uniquement sur les rejets directs, qui représentent souvent une part réduite des émissions totales.
D’autre part, la « séquestration carbone », c’est-à-dire la réduction des gaz à effet de serre par le stockage du carbone dans l’écosystème, souvent par la plantation d’arbres. Mais ces options n’ont d’impact que si elles sont combinées. En effet, la séquestration carbone seule ne fait effet qu’à long terme, tandis que la réduction des émissions appelle tout de même à une compensation de ces dernières. Méfiance, donc, si une entreprise n’évoque qu’une seule de ces initiatives.
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