Environnement : La faute aux 30 glorieuses ?
Les deux historiens Yann Brunet et Stéphane Frioux montrent, dans une tribune au « Monde », la simultanéité entre une croissance porteuse de bouleversements des paysages urbains et la naissance d’une contestation qui se transformera en prise de conscience écologiste.
Un article intéressant mais qui procède un peu par amalgame un peu grossier pour discréditer la croissance par rapport à l’environnement. L’histoire de la naissance de l’écologie est sans doute plus ancienne et démarre des la fins de la seconde guerre mondiale avec le développement des machines et notamment dans l’agriculture où les ouvriers agricoles ont été chassés vers la ville.. Finalement ce n’est pas tellement la croissance qui est en cause mais plutôt son contenu et la manière de la produire. NDLR
Plus haut, plus loin, plus vite : c’est dans cet esprit qu’on a pu se représenter les progrès techniques de la France du général de Gaulle et de ses successeurs : le pays du Concorde, du TGV, ou bien encore du programme électronucléaire censé apporter l’indépendance énergétique.
Cette France s’urbanise et se périurbanise à grande vitesse et participe à ce que l’historien américain John McNeill a qualifié de « grande accélération » de l’emprise environnementale des économies et sociétés contemporaines (Du nouveau sous le soleil. Une histoire de l’environnement mondial au XXe siècle, Champ Vallon, 2010).
En trente ans, l’Hexagone accueille près de vingt millions d’urbains pendant que la population du pays s’accroît de douze millions : autrement dit, comme le chante Jean Ferrat dans La Montagne, les jeunes partent gagner leur vie dans les villes, et habiter en HLM ou en immeuble locatif avant de s’acheter, pour beaucoup, un pavillon individuel.
La croissance économique exceptionnelle de ces années d’après-guerre, qui a inspiré, en plus du progrès matériel des conditions de vie symbolisé par les biens électroménagers, la formule de l’économiste Jean Fourastié (1907-1990) les « trente glorieuses », a cependant eu son revers de la médaille, en particulier au plan environnemental.
C’est dans ce contexte d’inquiétude intellectuelle face au gigantisme de certaines cités, comme la tentaculaire agglomération parisienne que l’on essaye de maîtriser au moyen de « villes nouvelles », que naît également un mouvement écologiste, composite, mais qui va s’ancrer dans les villes au point de percer dès les élections municipales de 1977.
Une enquête menée sur l’agglomération lyonnaise a révélé la multiplicité des terrains de contestation d’une croissance économique et urbaine dont les habitants ont souligné, très vite, les nuisances pour leur mode de vie, voire pour l’environnement en général (Une France en transition. Urbanisation, risques environnementaux et horizon écologique dans le second XXe siècle, sous la direction de Stéphane Frioux, Champ Vallon, 2021).
Ce sont tout d’abord les nombreuses voies autoroutières, planifiées parfois depuis les années 1930, et destinées à absorber un flux toujours plus considérable de véhicules individuels et de poids lourds. Des transformations massives sont opérées au nom d’une mécanique des fluides : abattage d’arbres, rabotage de trottoirs, destruction d’immeubles frappés d’alignement. Viennent ensuite les grands ensembles et leurs nombreuses nuisances environnementales : mauvaise isolation phonique, problèmes de chauffage, remplacement des espaces collectifs prévus à l’origine par des parkings, etc.
0 Réponses à “Environnement : La faute aux 30 glorieuses ?”