Inflation : une guerre volontairement perdue par la BCE ?

Inflation : une guerre volontairement perdue par la BCE ?

 

Un papier de la Tribune s’interroge pour savoir si les banques centrales n’ont pas déjà perdu la bataille de l’inflation. Il est clair que ce n’est pas à coup de 0.25 ou 0.50 point qu’on va juguler une inflation qui monte à 7 ou 8 %. D’une certaine manière, on peut même dire que les Banques Centrales entretiennent volontairement l’inflation pour amortir l’énorme endettement mondial faisant suite notamment à la crise sanitaire. Un endettement dont par ailleurs des financiers se sont gavés permettant ainsi à des entreprises de réaliser des profits records et à la bourse de se régaler. Certes des plans d’aide économique et sociaux étaient nécessaires pour faire face à la vague sanitaire mais les aides ont été distribuées  sans discernement notamment à ceux qui n’en avaient pas besoin. Notons d’ailleurs que nombre d’entreprises en France  qui ont sollicité prêts aidés ne les ont jamais utilisés. Tous les verrous d’endettement ont sauté. La France en particulier passant d’un taux d’endettement déjà record à 100 % du PIB à environ 120 % du PIB. Et pour amortir cet endettement, on reprend la recette traditionnelle à savoir l’inflation comme mode d’amortissement. En quelque sorte un transfert de poids de la dette sur la masse des consommateurs et des épargnants. Maintenant il est trop tard pour réagir car la conjoncture économique mondiale particulièrement dégradée ne supporterait pas sans doute une remontée significative du taux de l’argent. Conclusion la facture continuera d’être réglée par les ménages et les petits épargnants qui vont perdre 3 à 4 % de pouvoir d’achat. Le problème c’est que cette perte de pouvoir d’achat va aussi contribuer à plomber la croissance ! Bref un vrai cercle vicieux qui témoigne du piège dans lequel se trouve l’économie. 

 

Tribune

 

Le problème avec la guerre, c’est qu’on sait quand ça commence – le 24 février pour l’invasion de l’Ukraine – mais jamais quand et comment cela finit. Personne ne sait dire quand Poutine aura atteint les objectifs de sa désormais fameuse « opération militaire spéciale » en Ukraine. Ni d’ailleurs qui de la Russie ou de l’Ukraine gagnera cette guerre. Et donc impossible de prédire quand l’impact à double tranchant des sanctions notamment l’embargo sur le pétrole (peut-être bientôt sur le gaz) russe cessera de faire monter les prix de l’énergie. Selon Robert Jules, des prévisions à plus de 150 dollars le baril sont en train de faire leur apparition, un scénario catastrophe pour les économies occidentales.

Pour l’inflation, c’est un peu la même chose. On a beau tenter d’en prédire le pic, celui-ci a de fortes probabilités d’être reporté dans le temps parce que des éléments imprévus en allongent l’horizon. Ainsi, après l’avoir qualifiée de « temporaire », puis de « danger majeur » pour l’économie, les banques centrales sont peut-être en train de perdre le contrôle de l’inflation, faute de savoir ou de pouvoir agir avec suffisamment de force et à temps. Taper trop vite et trop fort, c’est risquer de faire plonger l’économie en récession ; mais le faire avec retard, ou trop mollement, peut faire perdre le contrôle dans une spirale prix-salaires sans fin. Tel est le dilemme dans lequel nous allons nous enfermer.

À défaut de pouvoir bloquer les prix, l’arme anti-inflation par excellence, c’est le resserrement des politiques monétaires. La Réserve fédérale américaine (Fed), qui a déjà relevé de 0,25 point en mars puis de 0,50 point en mai son principal taux directeur, programme deux hausses de 0,50 point en juin et juillet. Malgré cela, la hausse des prix a accéléré en mai aux Etats-Unis, et rien ne dit que l’action de la Fed sera suffisante, même si commence à poindre la crainte d’une récession américaine.

En Europe, Christine Lagarde, la présidente française de la BCE, a enfin décidé de donner un calendrier pour mettre fin au crédit facile et quasi gratuit. Outre l’arrêt de sa politique de rachats d’actifs, le fameux « Quantitative Easing » mis en place lors de la crise financière de 2008 et amplifié à l’occasion de celles des dettes souveraines, qui a fait gonfler son bilan de 1.200 à près de 9.000 milliards d’euros, l’institution monétaire européenne a durci le ton et programmé une série de hausse des taux : 0,25 point en juillet, pour la première fois depuis onze ans, un autre tour de vis en septembre qui pourrait atteindre le double en fonction du niveau de l’inflation, puis, probablement, une hausse des taux régulière jusqu’à la fin du premier trimestre de 2023 lorsque serait atteint, selon ses prévisions, le fameux pic d’inflation.

Cela suffira-t-il ou bien la BCE est-elle déjà en retard, sachant que l’Europe est beaucoup plus exposée à une inflation par la hausse des prix de l’énergie en raison de sa dépendance plus forte, en particulier en Allemagne, aux hydrocarbures russes ? Coline Vazquez fait le point en six questions clefs.

Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que ce tournant dans les politiques monétaires change la donne pour l’économie mondiale et les marchés financiers. Pour l’économie française, la hausse des taux intervient néanmoins comme une assurance anti-dérive budgétaire, sauf à organiser un « Frexit » plus ou moins implicite, ce que n’exclut pas Jean-Luc Mélenchon prêt à un bras de fer avec l’Europe pour imposer son plan de relance à 250 milliards d’euros. Mais une victoire de la coalition de la gauche unie autour de la Nupes aux Législatives est improbable. La hausse des taux de la BCE va réduire les marges de manœuvre d’Emmanuel Macron pour soutenir le pouvoir d’achat et risque de porter un coup à la promesse de retour au plein emploi, une promesse qui apparaît de plus en plus comme un mirage, souligne Fanny Guinochet.

L’été sera-t-il meurtrier sur les marchés ? s’interroge Eric Benhamou. Pour les marchés financiers, la hausse des taux de la BCE est aussi un coup dur avec une forte chute des bourses européennes et du CAC 40 et surtout la crainte d’un krach obligataire qui pourrait par contrecoup affecter l’épargne investie dans l’assurance-vie. Face au risque d’une rapide remontée des taux, les épargnants pourraient être tentés de faire des arbitrages en faveur du Livret A dont la rémunération pourrait être relevée vers les 2% en août. Des experts commencent déjà à réclamer au gouvernement des mesures conservatoires pour éviter un blocage des fonds en euros comme le prévoit la loi Sapin 2.

Et le pire est peut-être à venir avec le risque de coupures d’électricité, voire de gaz cet hiver. Contrairement à ce qu’affirme Emmanuel Macron, qui dit que cela n’arrivera pas, de nombreux experts de l’énergie s’attendent à de possibles coupures organisées auprès des industriels, et même auprès des particuliers, ce qui n’est pas arrivé depuis le début des années 1950, écrit Juliette Raynal.

Alors que l’OCDE et le FMI noircissent leurs prévisions pour l’économie mondiale, les économistes de l’OFCE ont révisé en baisse à 2,4% contre 2,7% la croissance attendue en France cette année, explique Grégoire Normand. Le plongeon brutal de la consommation au premier trimestre, la croissance économique moins forte que prévu en 2021 (6,8% au lieu de 7%) et l’inflation élevée ont amené les économistes à assombrir leurs projections.

Le virage va être assez difficile à négocier et il est plus que temps que la France sorte de son interminable séquence électorale pour se mettre à agir. D’après un grand industriel allemand, on en est déjà outre-Rhin à prévoir un plan de résilience « What if » au cas où la guerre en Ukraine s’aggraverait et conduirait à un nouveau durcissement des sanctions avec des coupures de gaz. Un plan secret, mais qui prévoit quelles usines seront mises à l’arrêt, avec chômage partiel, ou maintenues en priorité.

 

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