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Législatives : cette gauche lutte qui cautionne l’oppression ailleurs

Législatives : cette  gauche lutte qui  cautionne l’oppression ailleurs Pour les électeurs de gauche qui épousent le programme social et écologique de Jean-Luc Mélenchon, il est douloureux de devoir composer avec ses positions sur le pouvoir russe, sur la Syrie ou ses silences sur le sort des Ouïgours en Chine Par Jean Birnbaum dans le Monde   En 1936, un écrivain signe une lettre magnifique, qui tient une place d’honneur dans les archives de la lucidité. Le militant libertaire Victor Serge (1890-1947) s’adresse à André Gide, compagnon de route du Parti communiste français. Quand il interpelle le célèbre auteur français, Victor Serge sort à peine des geôles soviétiques. Né à Bruxelles dans une famille modeste, il aura été de tous les combats. En 1919, il se bat aux côtés des bolcheviques. Exclu du Parti en 1928, puis arrêté, il a connu les procès truqués, les camps, le climat de délation généralisée, qu’il décrira dans ses romans, à commencer par S’il est minuit dans le siècle (1939), son chef-d’œuvre. Il est libéré en 1936 grâce à une campagne internationale menée par André Malraux, Romain Rolland et André Gide. La lettre qu’il envoie plus tard à ce dernier conjugue gratitude et franchise. Il y exhorte l’auteur des Nourritures terrestres à rompre avec l’aveuglement et à reconnaître les immenses crimes commis au nom de l’idéal communiste : « Si je vous comprends vraiment, cher André Gide, votre courage a toujours été de vivre les yeux ouverts, note-t-il. Vous ne pouvez pas les fermer aujourd’hui sur cette réalité. » Ainsi, demande Victor Serge, peut-on prétendre combattre le fascisme en Europe quand on cautionne l’épuration de masse en Russie ? Il prévient : « Nous faisons front contre le fascisme. Comment lui barrer la route avec tant de camps de concentration derrière nous ? »

 

Un paradoxe douloureux Avec ce courrier, Victor Serge transmettait le flambeau d’une tradition certes minoritaire mais longtemps prestigieuse parmi les progressistes : celle d’une gauche antitotalitaire et internationaliste qui voulait maintenir vivante l’espérance socialiste malgré le cauchemar soviétique. Cet internationalisme antistalinien, qui héritait lui-même du cosmopolitisme des Lumières, affirmait un principe simple : on ne peut prétendre lutter pour l’émancipation ici quand on cautionne l’oppression ailleurs. Ce principe a largement structuré ce qu’on appelle « la gauche », bien au-delà de ses seules franges révolutionnaires. Au fil du temps et à travers les épreuves (guerre d’Espagne, conflits coloniaux…), il aura été maintes fois malmené. Notre époque nous permet de vérifier qu’il est maintenant mort et enterré. Paradoxe douloureux : en France, l’homme qui aura joué le rôle de fossoyeur est aussi celui dont on aurait pu attendre qu’il sauve cette morale internationaliste. Car enfin, Jean-Luc Mélenchon, désormais chef tout-puissant des gauches françaises, n’a-t-il pas été formé à l’école du trotskisme ? N’a-t-il pas lu les textes des dissidents antistaliniens, et notamment ceux de Victor Serge, qu’aimaient citer ses anciens camarades lambertistes ? N’a-t-il pas été imprégné par le souci du monde qui fait depuis toujours l’identité de cette maigre troupe révolutionnaire ? En théorie, si. Dans un entretien publié par la Revue internationale et stratégique (n° 100, 2015), il déclarait d’ailleurs : « J’ai toujours considéré que la géopolitique commandait la politique. » Mais, justement, si l’on prend M. Mélenchon au mot, et si l’on admet que sa géopolitique « commande » sa politique, alors il apparaît que celle-ci vise autre chose qu’un avenir d’émancipation. L’histoire de ses prises de position, même récentes, l’atteste.

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