Environnement: Pas seulement une affaire de puissance publique
Si aujourd’hui la planification écologique s’impose dans le débat public, les deux conseillers en stratégie Thibaut Cournarie et François-Régis de Guenyveau précisent, dans une tribune au « Monde » ses conditions de mise en œuvre et plaident pour une approche globale qui associe citoyens, entreprises et pouvoirs publics
L’écologie a gagné la bataille des idées. Elle n’a pas encore remporté celle de l’engagement. Aussi assiste-t-on, depuis quelques semaines, à l’apparition d’un nouveau concept dans le débat public : la planification écologique. Victoire sémantique de Jean-Luc Mélenchon et de son centralisme jacobin, cette planification s’incarne dans le gouvernement Borne par la création de deux ministères [transition écologique et cohésion des territoires, confié à Amélie de Montchalin, transition énergétique, dirigé par Agnès Pannier-Runacher] et d’un tout récent secrétariat général.
L’intention est louable : puisque nous soutenons collectivement la transition mais que nous ne parvenons pas à nous y plier individuellement, déléguons à l’Etat la construction d’un plan. Outre ses vertus d’ordonnancement, celui-ci aura le mérite de nous offrir un cap, ingrédient précieux pour une époque qui se cherche, tiraillée entre les crises et les revirements permanents.
L’idée a pourtant fait polémique. Qui fixe le plan ? Qui distribue les bons points ? Plus globalement, que fait-on des leçons du XXe siècle, joyeusetés bureaucratiques en tête ? Comme toute politique centralisatrice, la planification écologique péchera par sa rigidité. Entre chiffres à répétition et réglementations à rallonge, les effets de bord sont déjà connus. Ils se doublent d’une difficulté propre au sujet environnemental : quel intérêt de planifier en France s’il n’y a pas d’alignement à l’échelle mondiale ? Eternel dilemme du prisonnier…
En réalité, la question n’est pas de savoir s’il faut ou non planifier. Il le faut. Sans quoi le marché continuera d’innover dans des technologies sales, même avec des rendements décroissants, phénomène de « dépendance au sentier » bien décrit par Philippe Aghion dans ses cours au Collège de France. La question est de savoir comment compléter la planification écologique par d’autres méthodes moins dirigistes, susceptibles de créer les conditions d’une mobilisation collective de masse.
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