Macron, pour remplacer la reine d’Angleterre ?

Macron, pour remplacer la reine d’Angleterre ?

 

Philippe Bernard, éditorialiste au « Monde » tente de faire une comparaison entre deux Etats qui ont conservé des aspects monarchiques : la France et l’Angleterre. Deux états évidemment démocratiques mais dans un cas, celui de l’Angleterre,  où on revendique clairement l’héritage monarchique tandis qu’en France on tente à la fois d’incarner l’héritage révolutionnaire mais dans une posture encore plus monarchique voire  jupitérienne. Au point  qu’on peut se demander si Emmanuel Macron   ne serait pas mieux  sa place pour remplacer la reine d’Angleterre plutôt que d’occuper un poste de président en France NDLR

 

Edito du Monde 

 

Britanniques et Français adorent jouer à ne pas se comprendre. A l’heure où le royaume célèbre les 70 ans de règne d’Elizabeth II, nombre de citoyens français masquent le respect, voire l’admiration qu’ils portent à la souveraine britannique derrière une condescendance républicaine amusée. Comme si, au Royaume-Uni, la survie de la monarchie n’avait pas été de pair avec la construction d’institutions démocratiques au moins aussi solides qu’en France. Comme si, en France, la République avait purement et simplement rompu avec le fonctionnement monarchique.

 

Personne ou presque, dans l’Hexagone, ne nourrit la moindre nostalgie à l’égard de l’Ancien Régime. Mais la façon dont ce dernier continue d’impressionner notre imaginaire et nos institutions est fascinante. Les institutions de la Ve République, explique de Gaulle dans ses Mémoires d’espoir, ont été explicitement conçues par référence à l’avant-1789. Le fondateur de nos institutions souhaitait, en 1958, « doter l’Etat d’institutions qui lui rendent (…) la stabilité et la continuité dont il est privé depuis cent soixante-neuf ans ». Comme s’il s’agissait de renouer les fils d’une histoire rompus par la Révolution.

Emmanuel Macron a annoncé encore plus clairement la couleur en désignant la « figure du roi » comme le grand « absent » de la politique française. « Je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort [du roi]expliquait-il, en 2015, à l’hebdomadaire Le 1. On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d’y placer d’autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l’espace. » Ni Jacques Chirac ni Nicolas Sarkozy n’ont tenté d’incarner la « monarchie républicaine » instituée en 1958. François Hollande s’est brûlé les ailes en prétendant être « normal ».

Un exercice du pouvoir vertical

Emmanuel Macron, lui, à l’instar de François Mitterrand, marque sa volonté de s’inscrire dans l’histoire et multiplie les références au passé monarchique. Il fête Noël 2017 au château de Chambord, convoque le Parlement en Congrès à Versailles et fait jouer du Lully à l’Elysée pour sa cérémonie d’investiture début mai 2022. Sans oublier l’essentiel : un exercice du pouvoir vertical marqué par la relégation des corps intermédiaires et des élus, et par la recherche d’un lien direct avec la population. Des pratiques qui nourrissent les analogies monarchiques et, dans les manifestations, les références cinglantes à la Révolution française.

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