Politique Démocratiser les flux d’influence
La maîtrise des flux de communication et d’influence par un petit nombre d’entreprises qui favorisent le buzz contribue à maintenir un modèle injuste et insoutenable, souligne dans une tribune au « Monde » un collectif de onze universitaires et responsables associatifs, qui propose un renouveau du débat public.
La maîtrise de l’information constitue un enjeu fondamental pour formater l’opinion. L’ambiguïté sur cette question provient notamment que les grands médias ont désormais un modèle économique qui repose essentiellement sur la publicité qui diffuse une culture de consumérisme totalement contraire le plus souvent aux préoccupations environnementales .NDLR
La campagne présidentielle vient de le démontrer une nouvelle fois, notre démocratie est en souffrance. Notre incapacité à débattre sérieusement pour agir face aux défis qui s’imposent à nous, à commencer par celui de la crise climatique, est le symptôme d’un appauvrissement systémique du débat public. Paradoxalement, cette situation résulte en grande partie du rôle central pris dans notre société par l’industrie de la communication et de l’influence.
Le président réélu a indiqué vouloir mettre l’écologie au centre de son second mandat et adopter une nouvelle méthode pour lutter contre la fatigue démocratique. Nous croyons que les futurs élus de la nation doivent prendre leurs responsabilités pour montrer qu’une telle double transformation est possible.
Ils défendront à n’en pas douter la démocratie représentative, fortement attaquée sous la dernière législature. Dès lors, qu’ils défendent aussi la démocratie au-delà du cénacle parlementaire et des institutions, en soutenant, de manière transpartisane, une politique de régulation des activités de communication en faveur de la société civile.
Qu’il s’agisse de vendre aux personnes un « bonheur » par la consommation, ou bien de tromper les citoyens sur les pratiques sociales et environnementales réelles des grandes entreprises, le secteur de la communication dans toutes ses composantes – publicité, marketing promotionnel, communication « RSE » (responsabilité sociétale des entreprises) et relations publiques – n’a jamais déployé des activités d’influence aussi intenses sur nos sociétés et nos vies, encore renforcées par le basculement dans l’ère numérique.
En organisant l’obsolescence marketing de produits que beaucoup jettent et rachètent toujours plus rapidement, la communication commerciale maintient une économie de surconsommation de masse qui rend possible le modèle de surproduction et ses dérives. Elle contribue activement au dérèglement accéléré du climat et à l’épuisement des ressources naturelles. Indirectement, elle déstabilise aussi notre démocratie.
Les dépenses publicitaires colossales des marques leur permettent de diffuser leurs discours, mais aussi de contrôler une grande partie du financement des médias publicitaires et des industries culturelles.
Dans ce contexte, les frontières entre information, communication et divertissement se brouillent, et le clash et le buzz prennent le pas sur l’analyse et l’investigation. Sur Internet, une poignée d’entreprises géantes développent des stratégies de captation de l’attention pour augmenter leurs revenus tirés de la publicité ciblée et de la surveillance de masse.
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