« Parcoursup » : Toujours la grande pagaille

« Parcoursup » : Toujours la grande pagaille

 

En l’absence d’harmonisation nationale des critères de classement, il est impossible de prédire quelle place auront les lycéens sur les listes d’attente, dénonce l’enseignant en classe de terminale Emmanuel Zemmour, dans une tribune au « Monde ».

 

Le 2 juin est de ces dates que l’on ne risque pas d’oublier : entourée en rouge dans tous les agendas – parfois des smartphones – des élèves des classes de terminale depuis des semaines. Le jeudi 2 juin, à partir de 19 heures, sont « tombés » les résultats de Parcoursup. Et pour plusieurs centaines de milliers d’élèves et de familles, il faut ajouter « comme un coup de massue ».

Car, à la place de l’orientation attendue, il faut très souvent se contenter de deux mots : « En attente ». Deux mots accompagnés d’un chiffre que les élèves auront d’abord du mal à comprendre. Un chiffre effrayant qui leur indique une place au milieu d’une file d’attente virtuelle qui leur barre pour l’instant la route vers les études supérieures.

Parcoursup n’est pas une procédure d’affectation, c’est un système de classement. Peu importent les préférences des élèves, peu importe leur motivation ou leur projet personnel. Seuls celles et ceux qui auront été bien classés auront le droit de choisir l’orientation qui leur convient le mieux. Les autres devront se contenter de prendre ce qu’on leur aura laissé.

Alors les élèves refont le fil des deux années passées pour chercher à comprendre. « Pourquoi suis-je 2 156e dans cette formation alors que j’avais les mêmes notes cette année que cet autre, qui lui est 132e ? » Ils font des conjectures. « Peut-être est-ce que c’est mon 9/20 en EPS [éducation physique et sportive] qui m’a pénalisé… Ou alors je n’étais pas dans le bon lycée… » Ils peuvent continuer de chercher longtemps, personne ne leur donnera d’explication. Au fond, rien ne peut justifier le numéro qui leur a été attribué.

Depuis quatre ans, tous les enseignants en auront fait l’expérience : en l’absence d’harmonisation nationale des critères de classement, il est impossible de prédire quelle place auront les lycéens sur les listes d’attente. Les élèves ont été évalués différemment, par des enseignants différents, en suivant des matières différentes dans des établissements différents.

Vouloir à tout prix les départager sur la foi d’un dossier composite est une absurdité qui transforme l’orientation dans le supérieur en une grande loterie nationale, et qui laisse les familles démunies face au rang attribué à leur enfant.

Le fait d’être obligés de participer à cette entreprise de fabrication des « bons » et des « mauvais », en contribuant à une grande partie des dossiers scolaires, est peut-être ce qui rend les enseignants le plus furieux. Nous savons très bien que ces classements n’apportent rien, si ce n’est la possibilité de dire à nos jeunes que s’ils n’ont pas été pris dans la formation de leur choix, c’est d’abord de leur faute.

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