Archive mensuelle de mai 2022

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« Nous tous » : Vraie orientation ou slogan électoral ? (*Tarik Ghezali, fondateur de La Fabrique du Nous)

« Nous tous » : Vraie orientation ou slogan électoral ? (*Tarik Ghezali, fondateur de La Fabrique du Nous)

Sommes-nous encore capables de bien vivre ensemble, tous ensemble, dans un minimum de respect, de compréhension mutuelle et de « communs » ? En un mot, pouvons-nous encore faire Nation ? Rien n’est moins sûr aujourd’hui.

Tribune

La France se fracture socialement (banlieues en 2005, gilets jaunes en 2018, par exemple) et se divise politiquement, comme en témoigne encore la dernière élection présidentielle. La France se polarise : le moindre sujet controversé enflamme la société, le combat l’emporte sur le débat, l’agressivité sur l’empathie.

La France se « tribalise » : les algorithmes des réseaux sociaux, les marchés de l’emploi et de l’immobilier nous enferment dans l’entre-soi de semblables qui pensent et vivent pareil, en défiance vis-à-vis des autres. Pour 6 Français sur 10, « on n’est jamais assez méfiant vis-à-vis des autres », 10 % de plus qu’en 2012 (Credoc). La France isole : la solitude explose depuis 10 ans, notamment chez les personnes âgées et, fait nouveau depuis la Covid, chez les jeunes ; d’après la Fondation de France, 1 Français sur 4 est désormais en situation d’isolement ! Enfin, la France se fige : il faut 6 générations pour sortir de la pauvreté, l’un des plus mauvais scores de l’OCDE.

Il y a donc urgence. Urgence à refabriquer du commun, à retisser un « Nous » national, maille par maille… Comment ? En mobilisant à la fois la main, le cœur et la tête.
« La main » de l’action : paradoxalement, il n’y a jamais eu autant d’initiatives créatrices de lien social, à l’œuvre sur le terrain. Elles connectent des milieux sociaux différents, relient les générations, brisent la solitude, désenclavent les territoires… Elles rapprochent les gens à coup de mentorat, d’habitats inclusifs avec des personnes vulnérables, de tiers-lieux, de communautés d’entraide, d’écoles ouvertes et « augmentées », d’Ehpad « hors les murs » et de bien d’autres innovations qui bénéficient à tous.

Aujourd’hui formidables mais marginales, ces forces de lien peuvent demain devenir majoritaires et banales… Cela est à la fois socialement souhaitable, économiquement efficient et techniquement faisable, sous réserve d’une double volonté politique et citoyenne.

« Le cœur » qui fait vibrer : qu’est-ce qui nous émeut encore ensemble, au-delà des grandes victoires sportives ou hélas des attentats terroristes ? Formulons ici une hypothèse : nous pouvons retrouver de l’émotion partagée dans l’acte de s’engager pour les autres ; de donner un peu de son temps, de son argent, de son réseau, de ses compétences ou tout simplement de sa chaleur humaine à des personnes qui en ont besoin.

Nous sommes des êtres sensibles, interdépendants et « endettés » les uns envers les autres, avec des devoirs d’attention réciproque. D’autant plus que, par la magie de la fraternité, lorsque l’on s’engage, on reçoit bien davantage ! Reconnectons-nous donc émotionnellement par l’altruisme. Pour que demain, l’engagement devienne un réflexe français, accessible et désirable par toutes et tous.

La « tête », enfin, celle qui produit et défend des idées : nous, « progressistes », qu’avons nous à opposer au « grand remplacement », à la « remigration » et à tous ces récits de division qui, s’ils n’ont pas gagné dans les urnes, ont néanmoins gagné du terrain dans les esprits ?

Soyons lucides et reconnaissons que « nos » mots – vivre-ensemble, diversité, intégration… – ne fonctionnent plus. Ils apparaissent galvaudés et à bout de souffle. Relevons donc ce beau défi de réinvention narrative ! De ces nouveaux récits à venir découleront aussi de nouvelles propositions de politiques publiques, à même de faire la différence.

Dans une France fatiguée et aux mille fractures, l’unité nationale ne se décrète pas, c’est un combat de tous les jours et de « chacun pour tous ».
Ce chantier du « Nous tous » constitue ainsi l’autre grand défi du quinquennat, à côté de celui, déjà explicité, de la planification écologique. Il a vocation à être porté également au plus haut niveau du gouvernement, celui de la Première ministre, et incarné par le président de la République.

Ce n’est pas un luxe mais un impératif : nous devons apprendre à nous mélanger ou nous sommes condamnés à nous déranger.

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*Tarik Ghezali a 44 ans et vit à Marseille. Entrepreneur du bien commun, il a co-fondé et co-développé plusieurs initiatives dédiées à l’intérêt général : le Mouvement des entrepreneurs sociaux (devenu Impact France), réseau de dirigeants engagés sur leurs territoires ; le Labo de l’économie sociale et solidaire (think tank) ; Marseille Solutions, accélérateur d’innovations territoriales. Et depuis peu, la Fabrique du Nous, fabrique d’idées et de projets pour une société plus fraternelle. Ingénieur de formation (Centrale Paris), co-auteur de Démocratiser l’économie (Grasset, 2010), Tarik Ghezali est aussi fellow 2013 du German marshall fund of United States et chevalier de l’ordre national du mérite (2018).

Tarik Ghezali, fondateur de La Fabrique du Nous

La taxe carbone qui va tuer l’industrie européenne

La taxe carbone qui va tuer l’industrie européenne

 

 

Pour une fois et paradoxalement les écolos et la plupart des économistes étaient convenus qu’ils avaient trouvé la martingale pour lutter avec efficacité à la fois contre les conditions de concurrence faussée de l’étranger et pour améliorer la qualité de l’environnement notamment les émissions mondiales de dioxyde de carbone.

Le problème c’est qu’on a vécu presque en temps réel l’impact d’une surtarification des importations nécessaires à notre industrie et la perte de compétitivité de nos exportations plombée par l’envol des prix . Certains objecteront qu’il ne s’agissait pas d’une taxe à proprement dit ; mais dans les prix de revient la hausse a le même effet qu’il s’agisse d’une fiscalité ou d’une hausse des tarifs.

 

Concrètement, les producteurs européens soumis au marché de tarification du carbone – le système d’échanges de quotas d’émissions de l’UE (SEQE) – et exposés à un risque important de concurrence internationale, bénéficient déjà depuis plusieurs années d’un soutien contre la distorsion de compétitivité : les quotas gratuits. Autrement dit des « droits à polluer » qui leur sont gracieusement distribués, afin d’éviter de gonfler leurs prix et leur permettre de tenir le coup sur un marché mondialisé fortement concurrentiel.

Mais en parallèle de la mise en place du MACF, ces allocations disparaîtraient peu à peu, afin d’éviter une « double protection ». Les entreprises concernées devraient donc acheter tous leurs quotas sur le marché, ce qui fera automatiquement grimper leurs coûts de production, à l’heure où la tonne de CO2 dépasse les 80 euros.

Surtout, le texte voté par les parlementaires accélère cette suppression, désormais prévue dès janvier 2029, soit sept ans plus tôt que ce que proposait jusqu’ici l’exécutif bruxellois. Une « énorme ligne rouge », qui pourrait « décourager les investissements nécessaires dans les technologies » et présenterait « des risques sans précédent pour l’emploi, l’investissement et l’inflation », s’alarme AEGIS Europe.

« Cette accélération du calendrier inquiète d’autant plus les industriels qu’ils ont peur que ce qui remplace les quotas gratuits s’avère inefficace. En plus, la proposition de la commission parlementaire ne dessine pas de plan B », souligne Caroline Mini, cheffe de projet au groupe de réflexion La Fabrique de l’industrie et auteure d’une note sur le sujet.

D’autant que le texte raccourcit également de trois à deux ans la période de transition avant la mise en œuvre progressive, lors de laquelle les exigences en matière de déclaration seraient en vigueur, mais aucune redevance à la frontière ne serait imposée. « On va juste collecter des données, ça ne permettra pas d’avoir une étude d’impact sérieuse », déplore Bernard Lombard, directeur de la Confédération européenne des industries papetières.

 L’impact sera d’autant plus fort que l’Europe traverse une crise du gaz sans précédent, avec des prix multipliés par quatre sur les marchés boursiers par rapport à l’été dernier. A cela s’ajoute une hausse sans précédent du tarif du CO2 dans l’UE, qui a largement dépassé les prévisions ces derniers mois, malgré une récente baisse de 90 à 80 euros la tonne. « Il faut faire attention à ne pas fragiliser des entreprises qui traversent déjà une période difficile », fait-on ainsi valoir chez d’AEGIS Europe.

 Ainsi, selon une autre note récente de La Fabrique de l’Industrie, un prix de la tonne de CO2 au-delà des 100 euros pourrait handicaper certaines industries européennes, au moment même où celles-ci doivent investir considérablement dans la transition. Si ce prix continue d’augmenter pour atteindre 250€ en 2030, les émissions des producteurs français coûteraient même 58 milliards d’euros (autour de 2,5 points de PIB), selon les calculs du think tank. « Ce qui forcerait les industriels à choisir entre préserver leur marge ou leurs parts de marché », notamment en cas de suppression des quotas gratuits et de hausse des prix de l’énergie, avertissent les auteurs.

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Dans ces conditions, les industriels pourraient demander à exclure du marché du CO2 européen les émissions liées à la production de biens exportés. « Mais il y aurait un risque de contournement : les industriels de l’UE qui développent deux techniques de production, dont l’une plus polluante que l’autre, exporteraient leurs biens les plus polluants, puisque ça leur éviterait de payer un prix CO2 là-dessus », avertit Philippe Quirion. Une autre option consisterait à exempter une partie de la production située en Europe du prix du CO2, en retenant des facteurs d’émissions par défaut. « Mais cette solution ne semble pas retenue aujourd’hui », note Caroline Mini. Pour l’heure, la question reste donc entièrement en suspens. En même temps que l’efficacité de la taxation du carbone. La seule taxation ne pouvant remplacer l’action régulatrice.

Recomposition politique de Macron: Un parfum de IVe République

Recomposition politique de Macron: Un parfum de IVe République

 

 

La volonté de mettre en valeur un centre rationnel contribue aussi à doper les idéologies radicales, comme le montre la campagne électorale des législatives, explique, dans sa chronique, Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde ».

Une recomposition qui ne s’ancre sur aucune réalité de terrain. Plutôt une sorte de pêche aux individualités IVe République. L’exemple le plus significatif étend sans doute le choix d’une première ministre complètement hors sol sur le plan social, politique et qui ne dispose évidemment pas de l’autorité et du charisme nécessaire animé un gouvernement aussi composite NDLR

tribune

 

 

Au moment où commence la campagne des élections législatives, après le dépôt des candidatures, vendredi 20 mai, l’absence dans le débat électoral de quelques grands enjeux qui vont marquer les prochaines années (dette, déficits, risque de récession, emploi) saute aux yeux. A l’inverse, le thème du pouvoir d’achat est survalorisé depuis des mois, déconnecté de tous les autres sujets, mais vigoureusement porté par Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.

Pour Emmanuel Macron, sorti doublement vainqueur de l’élection présidentielle de 2017 et de 2022, l’avertissement est de taille : il ne suffit pas d’avoir, très tôt, prédit la mort du Parti socialiste (PS) et des Républicains (LR), puis œuvré à la constitution d’un grand centre européen, libéral et social, pour rationaliser le débat public. Présentée par les macronistes comme un gage d’efficacité, la recomposition politique en cours a aussi pour effet de valoriser des idéologies fortes qui n’ont qu’un lointain rapport avec le réel.

L’intuition de départ d’Emmanuel Macron était que les deux partis de gouvernement qui avaient dominé la vie politique de la Ve République finiraient par mourir, faute de pouvoir surmonter leurs contradictions internes. « Aujourd’hui, les grandes questions qui traversent notre époque sont le rapport au travail, profondément bouleversé par les questions environnementales et numériques, les nouvelles inégalités, le rapport au monde et à l’Europe, la protection des libertés individuelles et d’une société ouverte dans un monde de risques, écrivait le primo-candidat dans son livre Révolution (XO Editions, 2016). Sur chacun de ces sujets, la gauche et la droite sont profondément divisées et, de ce fait, empêchées d’agir. »

La quasi-disparition du PS et de LR est aujourd’hui actée. Minée par les frondes, la formation qui dominait la gauche a été touchée à mort dès 2017, au point que François Hollande n’a même pas pu prétendre concourir à sa succession. Accroché à l’idée qu’il bénéficiait d’une forte implantation locale et qu’il régnait en maître sur le Sénat, le parti qui dominait la droite a été brutalement dessillé par le score désastreux enregistré par Valérie Pécresse, le 10 avril (4,78 %) .

Dès l’origine, le macronisme a valorisé, par contraste, les notions de clarté dans le débat public et d’efficacité dans la conduite des politiques publiques. Conçu comme un antidote au déclinisme, affirmé comme une réponse à la montée de la défiance politique, il repose sur l’idée que, pour espérer obtenir des résultats, le politique doit partir du réel au lieu de se conformer à une grille idéologique préétablie.

 

 

 

Projet de “communauté politique européenne”: Une proposition qui a déjà échoué

 Projet de “communauté politique européenne”: Une proposition qui a déjà échoué 

 

La création d’une nouvelle structure politique sur le continent, proposée par Emmanuel Macron, ne convainc pas les Vingt-Sept. Comme le projet mort-né qu’avait lancé François Mitterrand, rappelle l’historienne Laurence Badel, dans une tribune au « Monde ».

 

Le projet confus de Macron a rencontré peu d’enthousiasme aussi bien des pays candidats à l’union européenne qu’auprès des grandes nations qui voient à  juste titre une sorte de double emploi avec l’union européenne voire une concurrence si la nouvelle institution prend un sens fédéraliste. NDLR

 

En juin 1991, à l’initiative de François Mitterrand, s’étaient tenues à Prague les assises de la Confédération européenne. Elles avaient pour but de définir une structure destinée à accueillir les Etats d’Europe centrale et orientale libérés de la tutelle soviétique. Le projet fut un échec, sapé par les réticences des Etats-Unis, de l’Allemagne et de la Tchécoslovaquie. En s’inscrivant dans la continuité de cette proposition mais en l’habillant d’une expression propre aux années 1950, celle de « communauté politique européenne », Emmanuel Macron sème le trouble malgré lui. Il paraît donner à la notion de confédération un sens fédéraliste, aux antipodes de ses intentions.

Rappelons-le à ceux qui l’ont oublié : un projet de « communauté politique européenne » a déjà existé, et son histoire est aussi celle d’un échec. Ce projet, aussi appelé « autorité politique européenne » à l’époque, a émergé au lendemain de la signature des accords de Paris sur la Communauté européenne de défense (CED), le 27 mai 1952, d’une initiative franco-italienne portée par Robert Schuman et Alcide de Gasperi. L’Assemblée de la seule communauté européenne alors existante, la Communauté européenne du charbon et de l’acier, avait été invitée à élaborer, avant le 10 mars 1953, un projet de traité instituant une « communauté politique européenne ».

Question séculaire

Celle-ci serait venue coiffer les communautés déjà existantes, assortie d’une fonction de coordination des politiques extérieures des Etats membres et porteuse du germe d’un marché commun, soutenu par les Pays-Bas. Consubstantiellement liée à l’idée de CED, elle s’ancrait dans ce que l’historien Georges-Henri Soutou a qualifié de période « très audacieuse, très supranationale et intégrationniste » [L’Alliance incertaine, Fayard, 1996] de toute l’histoire de la construction européenne. L’idée resurgit au début des années 1960 comme « union politique » avec les plans Fouchet, mais selon une dynamique intergouvernementale. Elle connut, au début des années 1970, une réalisation limitée au domaine de la politique étrangère, avec la naissance de la coopération politique européenne, processus de coordination politique et administrative des ministères des affaires étrangères établi en dehors du processus communautaire.

La « confédération » que le président Macron a en tête est tout autre. Elle propose aux Etats aux marges de la Russie (Ukraine, Moldavie, Géorgie), désireux d’intégrer l’Union européenne, une structure politique qui les associe pleinement à la famille européenne pour des coopérations essentiellement économiques et sociales, tout en leur donnant le temps de mettre au niveau, en premier lieu, le fonctionnement de leur administration et de leur marché. Au-delà, l’enjeu est de stabiliser l’ensemble des frontières de l’Europe et d’établir une relation nouvelle avec ces grands Etats que sont le Royaume-Uni, la Turquie et, un jour, la Russie.

Electricité : une Agence nationale indépendante pour réguler les prix ?

Electricité : une  Agence nationale indépendante pour réguler les prix ?

 

Marchés et planification, c’est la proposition des  économistes Etienne Beeker, Dominique Finon et Jacques Percebois préconisent, dans une tribune au « Monde », la création d’une agence nationale indépendante chargée d’acheter la totalité de l’électricité de gros aux producteurs et de la revendre aux distributeurs, de façon à stabiliser les prix tout en garantissant à la filière des horizons d’investissement.

Une idée intéressante mais qui pose la question de la réalité de l’indépendance d’une telle agence vis-à-vis d’une énergie au caractère très stratégique surtout pour la France qui a choisi une voie particulière  NDLR

 

Le modèle actuel du marché européen de l’électricité présente deux défauts importants : le mode de formation des prix de court terme sur un marché horaire, ce qui expose les consommateurs à un risque excessif de volatilité des prix comme on le voit actuellement, et le défaut d’incitation à investir dans tous les types d’équipement, dont ceux contribuant à la transition énergétique.

Pour remédier à ces défauts, une solution efficace combinant planification et marché existe : il s’agit du modèle de l’« acheteur central », qui reprend des propositions d’amélioration envisagées par Bruxelles dans sa communication du 18 mai « REPowerEU », en poussant leur logique jusqu’au bout.

Commençons par les défauts. Les prix de gros du kilowattheure (kWh) résultent de l’organisation en marché « à pas horaires », où le prix s’aligne heure par heure sur le coût marginal de la dernière unité de production appelée à fournir sur le réseau européen interconnecté, souvent une centrale à gaz.

Cette organisation du marché présente le triple inconvénient de donner des prix de court terme ne reflétant pas les coûts de production des kWh, de suivre la volatilité des prix des combustibles (ce qui expose les consommateurs à des épisodes prolongés de prix élevés) et enfin de rendre impossibles les anticipations de long terme pour un investisseur potentiel.

Ce dernier point explique que le marché à terme (à un horizon plurimensuel) associé au marché « spot » (au « pas horaire » et journalier) ne puisse pas offrir de produits de couverture de risques à horizon éloigné, à l’inverse des marchés de matières premières.

L’Agence de coopération des régulateurs de l’énergie (ACER), que la Commission européenne a mandatée pour analyser les problèmes d’organisation des marchés électriques, considère pourtant que cette organisation « garantit un approvisionnement en électricité efficace et sûr dans des conditions de marché relativement normales », et à ce titre mérite d’être conservée (« ACER’s final assessement of the EU wholesale electricity market design », avril 2022).

L’ACER met alors en garde contre des mesures pour protéger les consommateurs, comme les plafonds de prix demandés par l’Espagne (ce qui vient d’être accepté pour le gaz) et la France, car ils généreraient trop de distorsions du fonctionnement du marché intégré. Elle recommande de n’utiliser que les mesures compensatoires que l’on connaît (chèque énergie, déductions fiscales).

Le rapport reconnaît toutefois que les aspects de long terme ne sont pas suffisamment pris en compte pour assurer la transition énergétique.

Prendre la mesure du marasme démocratique

 Prendre la mesure du marasme démocratique 

 

L’historien Claude Lelièvrerappelle la place donnée à l’éducation morale et civique après la Libération.

 

Avec des taux d’abstentions qui peuvent aller jusqu’à presque 70 % on peut s’interroger sur la légitimité de certaines élections et sur l’état de notre démocratie. En outre la situation de notre démocratie ne serait se réduire à l’aune des élections. L’analyse du déficit démocratique apparaît ici assez superficielle. NDLR

 

Ce devrait être l’un des deux grands objectifs de l’école si l’on suit ce qu’a déclaré le président de la République, Emmanuel Macron, lors de son discours d’investiture du 7 mai : « Agir (…) pour une école toujours plus inclusive, formant aux savoirs fondamentaux et forgeant des esprits républicains. » Et il se peut que la nomination surprise, ce 20 mai, de Pap Ndiaye à la tête d’un ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse – un libellé et un périmètre très rares – puisse être ainsi comprise.

S’il s’agit de « forger des esprits », il convient de se souvenir du sous-titre donné par Nietzsche à son ouvrage Crépuscule des idoles : « Comment philosopher à coups de marteau » – c’est-à-dire « évaluer à coups de marteau », pour entendre si cela sonne creux ou non… S’agit-il, en particulier, d’aller nettement au-delà de la posture traditionnelle qui consiste à « frapper les esprits » de « principes républicains » réitérés et péremptoires ?

On notera en tout cas que, lors de son premier discours de campagne, le 7 mars à Poissy (Yvelines), Emmanuel Macron a prôné le « décloisonnement » de l’école, qui devrait se faire « avec les familles, les associations et les communes qui s’occupent du périscolaire, parce que faire des républicains, ça ne commence pas le matin à 9 heures pour s’arrêter à 17 heures, quatre ou cinq jours par semaine ».

Sondage gouvernement Borne : déjà discrédité

Sondage gouvernement Borne : déjà discrédité

 

Elabe pour BFMTV et L’Express en partenariat avec SFR. 58% des répondants se disent mécontents de la composition du nouvel exécutif. Emmanuel Macron avait promis « un renouvellement complet » lors d’un meeting de l’entre-deux-tours à Marseille. Mais les débuts de son nouveau quinquennat se placent plutôt sous le sceau de la continuité. Il a par exemple fait le choix de reconduire ses fidèles comme Gérald Darmanin à l’Intérieur ou Bruno Le Maire à Bercy.

Seule vraie surprise de ce gouvernement: l’arrivée de l’historien spécialiste des États-Unis Pap Ndiaye à l’Éducation nationale, et antithèse de son prédécesseur Jean-Michel Blanquer.

De quoi faire dire à 70% des personnes interrogées dans ce sondage Elabe que le gouvernement n’incarne pas la nouveauté, tout en se félicitant à 38% de la parité homme-femme sur les bancs du Conseil des ministres.

Un gouvernement incompétent face à la hausse des prix

65% des Français pensent que ce nouvel exécutif ne sera pas efficace pour répondre aux problèmes du pays.

Conscient de l’urgence économique alors que les prix de l’alimentaire pourraient augmenter de 5% d’ici l’été dans les supermarchés, la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire a promis lundi qu’un projet de loi sur le pouvoir d’achat serait présenté avant les législatives. Elle a finalement rétropédalé ce mardi.En fait le projet de loi pourrait n’être adopté qu’après les législatives. Sur plusieurs sujets la nouvelle porte-parole du gouvernement s’est déjà prie les pieds dans le tapis

Quant au choix de nommer deux ministres dédiées à la lutte contre le réchauffement climatique, elle laisse également dubitatif. 68% des personnes interrogées doutent que le gouvernement soit efficace en la matière.Rien d’étonnant à cela puisque les deux énarques nommés n’ont jamais manifesté la moindre compétence et le moindre intérêt à la problématique environnementale

Ce sondage a été réalisé sur un échantillon de 1001 personnes représentatif des résidents de France métropolitaine âgée de 18 ans et plus avec la méthode des quotas. Le recueil des informations s’est fait en ligne du 23 au 24 mai 2022.

Variole du singe : cinq cas en France


Proche de la variole, cette maladie est à ce jour considérée comme beaucoup moins grave et moins contagieuse.

Cinq cas confirmés de variole du singe ont été enregistrés en France mardi 24 mai, selon un communiqué de Santé publique France. Trois personnes infectées ont été identifiées en Ile-de-France, une dans la région Auvergne-Rhône-Alpes et une dernière en Occitanie. « A ce jour, en Europe, ces cas sont survenus principalement, mais pas uniquement, chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, sans liens directs avec des personnes de retour de zone endémique », ajoute Santé publique France.

Proche de la variole, cette maladie est à ce jour considérée comme beaucoup moins grave et moins contagieuse.

 

La variole du singe, dont plusieurs cas ont été détectés en Europe et en Amérique du Nord, est une maladie rare originaire d’Afrique dont on guérit en général spontanément. Proche de la variole, elle est toutefois à ce jour considérée comme beaucoup moins grave et moins contagieuse.

Il s’agit d’une maladie infectieuse qui est causée par un virus transmis à l’être humain par des animaux infectés, le plus souvent des rongeurs. Mais le virus a été découvert pour la première fois en 1958 au sein d’un groupe de macaques qui étaient étudiés à des fins de recherche, d’où son nom, explique l’Inserm.

Face aux cas recensés la Haute autorité de Santé a recommandé mardi de vacciner les adultes, y compris des professionnels de santé, ayant eu un contact à risque avec un malade.

Covid France 25 mai 2022 :32 000 cas supplémentaires 24 heures

 

Covid France 25 mai 2022 :32 000 cas supplémentaires 24 heures

 

On enregistre ce mardi 24 mai 2022 : 32 000 cas supplémentaires 24 heures, 148.005 morts au total, +88 morts supplémentaires. Le nombre de décès en EHPAD et EMS fait état de 28.859 (0) décès au total. Le nombre total de décès en milieu hospitalier est lui de 119.146 (+88 en 24h).

Le taux de reproductivité R est de 0,74 le taux d’incidence à 252,71 et la tension hospitalière à 21,2 %. Le taux de positivité est à 13,1 %.

La France compte actuellement 16.510 (-275) personnes hospitalisées et 1.072 (-2) malades en réanimation.

Bilan des régions :

  • Ile-de-France : 4.129 (-1) hospitalisées, 329 (0) en réanimation et +14 décès en 24h
  • Grand Est : 1.210 (-19) hospitalisés, 83 (-2) en réanimation et +6 décès en 24h
  • Hauts de France : 1.403 (-34) hospitalisés, 115 (-1) en réanimation et +6 décès en 24h
  • Auvergne Rhône Alpes : 1.707 (-14) hospitalisés, 97 (-1) en réanimation et +12 décès en 24h
  • Provence-Alpes Côte d’Azur : 1.542 (-59) hospitalisé, 97 (+4) en réanimation et +12 décès en 24h
  • Bretagne: 540 (-27) hospitalisés, 35 (-1) en réanimation et +3 décès en 24h
  • Normandie : 1.274 (-8) hospitalisés, 33 (-3) en réanimation et +2 décès en 24h
  • Nouvelle-Aquitaine : 1.082 (-9) hospitalisés, 66 (-2) en réanimation et +5 décès en 24h
  • Pays de la Loire : 309 (-30) hospitalisés, 25 (+1) en réanimation et +5 décès en 24h
  • Occitanie: 1.324 (-53) hospitalisés, , 93 (0) en réanimation et +9 décès en 24h
  • Centre-Val de Loire : 746 (0) hospitalisés, 40 (+4) en réanimation et +3 décès en 24h
  • Bourgogne-Franche-Comté : 650 (-25) hospitalisés, 30 (-2) en réanimation et +7 décès en 24h

Economie, politique, société: les plus lus (24 mai 2022- 7h40)

Bicoin et Cryptomonnaies : le piège des pauvres

Bicoin et Cryptomonnaies : le piège des  pauvres

Elles n’ont rien de monnaies, même si l’engouement et l’appât du gain universels les affublent du qualificatif flatteur de «cryptomonnaies», dans une tentative vouée d’avance à l’échec de les crédibiliser et d’attirer le chaland. Par Michel Santi, économiste (*) (la Tribune)

 

 

Il faut en effet avoir et le cœur et l’estomac bien accrochés pour prétendre traiter et échanger de telles monnaies à la volatilité inouïe. Elles ne sont, en réalité, qu’un instrument – un énième – de pure spéculation offrant une valeur intrinsèque nulle !

 

Achetez un bien immobilier et vous l’aurez toujours si le marché venait à se dégrader. Achetez une action en bourse et vous serez toujours propriétaire d’une partie de l’entreprise si le marché venait à s’effondrer. Achetez des bitcoins et vous n’aurez plus qu’à jeter votre ordinateur à la poubelle si sa valeur venait à se liquéfier (comme c’est le cas actuellement) car ce machin ne représente qu’un bout de code dont vous ne pouvez strictement rien faire et que quelqu’un d’autre au bout de la pyramide a eu la bonne idée de vous vendre.

Cette hystérie généralisée raconte en fait banalement une histoire maintes fois vécue. Elle reflète une contagion collective ayant gonflé par le passé la valorisation d’actifs bien plus tangibles qu’une cryptomonnaie – aussi éphémère qu’un amour d’été – mais tout aussi banale que le jeu des chaises musicales où les places sont limitées et dont seuls s’en sortent ceux qui vendent les premiers.

Ce marché – qui vaut aujourd’hui quelques trillions de dollars et d’euros de moins pour s’être déjà largement dévalorisé ces derniers mois – ne vaut que grâce à d’autres joueurs qui sont d’accords de pousser plus haut et plus loin le « schmilblick ».

 

Plus grave – bien plus inquiétant et plus triste aussi : la crypto a prospéré sur un terreau de spéculateurs et d’investisseurs jeunes et précaires qui n’avaient pas les moyens de placer en bourse ni dans l’immobilier, trop chers pour eux. Soyons réalistes et honnêtes : dans un environnement où les nouvelles générations sont nettement moins bien loties que leurs aînés, dans un contexte où il semble si facile de gagner en spéculant par la grâce de la dérégulation et de la libéralisation totales des flux de capitaux, la crypto a vendu du rêve à la jeunesse, qui y a trouvé une manière idéale de se démarquer des anciens. Dans un monde où les inégalités sont aberrantes, où l’immense majorité des jeunes du monde entier sont désormais les nouveaux pauvres, la seule et unique arme à disposition de cette caste d’intouchables leur permettant de se distinguer fut la crypto qui a pu un temps les convaincre qu’ils se mettraient sur les pas des riches et des puissants, en usant accessoirement d’un instrument avant-gardiste.

Hélas pour ces jeunes et pour ces démunis pour lesquels la crypto fut littéralement une idéologie tant ils ne jurèrent plus que par elle, les riches investisseurs s’enrichirent davantage car c’est eux seuls qui étaient aux manettes de ces plateformes et de ce simulacre de marché. Aujourd’hui, des milliers d’investisseurs crédules – jeunes et moins jeunes mais pauvres – subissent frontalement et jusque dans leurs ultimes deniers ce dernier avatar en date d’un capitalisme sauvage qui ne sait ni ne peut prospérer que sur les cadavres des plus fragiles. C’est encore et toujours ceux qui peuvent le moins se permettre de perdre qui sont lésés et ratiboisés.

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(*) Michel Santi est macro-économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et directeur général d’Art Trading & Finance.
Il vient de publier « Fauteuil 37 » préfacé par Edgar Morin. Il est également l’auteur d’un nouvel ouvrage : « Le testament d’un économiste désabusé ».
Sa page Facebook et son fil Twitter.

Crise Covid: un révélateur de crise mondiale ( Adam Tooze)

 

 Crise Covid: un révélateur de  crise mondiale ( Adam Tooze)

Dans son nouveau livre, « L’Arrêt » (1) (éd. Les Belles Lettres), l’historien de l’université de Columbia (Etats-Unis) signe la suite de son best-seller « Crashed », qui analysait les conséquences de la crise de 2008. Il n’aura fallu qu’une mutation marginale d’un virus dans une ville du centre de la Chine pour achever de remettre en cause un système économique basé sur le néolibéralisme, considère l’historien. ( le « Monde »)

 

Son nouvel ouvrage, « L’Arrêt. Comment le Covid a ébranlé l’économie mondiale » (1), dont la traduction paraît aux éditions Les Belles Lettres, apparaît comme la suite logique de « Crashed », avec toujours la capacité de cet historien – ce qui fait l’attrait de sa recherche – à identifier et synthétiser à travers le flux massif d’informations quotidiennes les tendances lourdes de la marche du monde qu’il reconstitue en un récit vivant et captivant, fourmillant de détails.

Entre 2014 et 2018, l’accumulation de crises avait ébranlé le monde: l’Ukraine, déjà là avec l’annexion de la Crimée par la Russie, la plongée du prix des matières premières, notamment celui du pétrole, la crise des réfugiés syriens, la crise de la dette de la Grèce, celle de la finance en Chine, le Brexit, la victoire de Trump ou encore le surgissement des Gilets jaunes en France. Or, même si, rétrospectivement, certains spécialistes avaient bien alerté sur le risque potentiel d’une pandémie, la propagation du Covid-19 en 2020 a plongé l’auteur comme la majorité de la population mondiale dans « l’incrédulité ».

Qui aurait pu imaginer que durant ces quelques semaines de mars l’économie mondiale allait se retrouver quasiment à l’arrêt, le PIB mondial se contractant de 20%, avec la mise hors service dans la plupart des pays de l’appareil productif et des services, notamment le transport, et le confinement de la majorité de la population mondiale. Outre ses conséquences économiques, le bilan de cette pandémie est lourd. Quelque 6,27 millions de personnes sont mortes, selon le décompte du site Our World in Data.

L’un des premiers enseignements de cette pandémie pour Adam Tooze est que « l’année 2020 a mis en lumière l’extrême dépendance de l’activité économique à la stabilité de son environnement naturel », autrement dit l’anthropocène, cette « transformation de la planète due à la croissance économique capitaliste et qui met en question la séparation de la nature et l’histoire de l’humanité », qui n’est pas seulement un concept mais bien une réalité à prendre en compte. Il a suffi d’une mutation virale marginale dans un microbe à Wuhan, une ville située dans le centre de la Chine, pour stopper net la « mondialisation ». Une perspective qui paraissait proprement inconcevable, tant elle s’était imposée comme un horizon indépassable. Désormais, pour Adam Tooze, cette mondialisation façonnée par « des cadres de pensée de l’âge du néolibéralisme » a vécu, marquant la fin d’une trajectoire dont l’origine remonte aux années 1970. »

Car ce que nous a appris cette pandémie, remarque-t-il, est « que le système monétaire et financier pouvait être réorienté, in extremis, vers le soutien aux marchés et aux ménages, ce qui imposait de poser la question de qui était aidé et comment ». Tout à coup, l’argent n’était plus un problème, « quoi qu’il en coûte », selon la formule d’Emmanuel Macron, car cette crise aura exhibé aux yeux de tous « l’impréparation institutionnelle et l’irresponsabilité organisée des élites économiques et politiques des pays riches », découlant, selon l’auteur, des « interactions entre l’organisation sociale, les intérêts politiques, les lobbies d’affaires et la politique économique (qui) peuvent avoir des conséquences humaines dévastatrices, des services d’urgence aux travailleurs migrants sans droits ».

Si l’impéritie politique est montrée du doigt, Adam Tooze pointe également une sous-estimation quant aux solutions à envisager : « En raison même des limites de nos capacités d’adaptation politiques, sociales et culturelles, nous dépendons en définitive de solutions techno-scientifiques. » Aussi, contrairement au concert de louanges qui a entouré l’apparition de vaccins contre le Covid-19 en à peine un an, il estime que les sommes investies dans la recherche, la production et la distribution – notamment vers les pays qui n’en disposaient pas – des vaccins n’ont représenté qu’une part infime du total que les Etats ont consacré à la lutte contre la crise, alors que c’était pourtant la réponse appropriée et urgente qu’il fallait massivement financer.

Pour l’avenir, il plaide d’ailleurs en faveur de l’augmentation de l’investissement dans la recherche et le développement dans des technologies dans le but de bâtir des économies et des sociétés plus durables et plus résilientes, de façon à pouvoir faire face à des « crises imprévisibles et mobiles » ou alors « nous prendrons de plein fouet le retour de bâton de notre milieu naturel ». Autrement dit, il s’agit « de faire précisément ce qui est habituellement qualifié d’irréaliste et balayé avec mépris d’un revers de la main » par les décideurs politiques.

Car au delà des perturbations des chaînes logistiques, qui ont focalisé l’attention lors de la la reprise économique de 2021, l’historien montre que cette crise a révélé les conséquences des « politiques de démolition des services publics menées depuis des dizaines d’années au nom de la performance et de l’efficacité, qu’il s’agisse des systèmes de santé, de l’école et des services sociaux ». Ces politiques qui étaient créatrices d’inégalités, déjà mises en évidence en 2008 et qui n’avaient toujours pas été réglées en 2021, malgré « les efforts faits par les élites mondiales pour contenir la crise », ironise l’auteur.

Pourtant l’élection aux Etats-Unis de Joe Biden qui disait vouloir « unir et mobiliser le pays pour répondre aux grands défis de notre temps: la crise climatique et les ambitions d’une Chine autocratique » en promettant des plans de relance keynésiens de centaines de milliards de dollars d’argent public ciblant les infrastructures et le soutien des ménages modestes et à la classe moyenne américaine lui semblaient aller dans le bon sens. Mais ils arrivent trop tard, juge Adam Tooze. « Le Green New Deal était brillamment d’actualité. Mais il partait de l’idée que la menace la plus urgente de l’anthropocène était le climat. Et il a été, lui aussi, dépassé, débordé par la pandémie. Ces révisions n’impliquent pas l’absence de tout principe directeur intellectuel ou politique. Elles sont seulement une ouverture à la mesure des temps dans lesquels nous vivions », écrit-il.

Non pas que la pandémie ait favorisé un repli sur le cadre national, comme on a pu le penser avec le retour sur le devant de la scène d’un besoin de souveraineté, en réalité du protectionnisme et de la fermeture des frontières pour certains politiques. L’auteur montre au contraire combien la crise sanitaire et sa gestion ont mis en évidence l’imbrication de chaque pays dans le système des relations internationales et de la circulation des biens et des individus. En revanche, ce qui n’existe plus, c’est un monde unipolaire dominé par les Etats-Unis auquel l’ascension de la Chine avait déjà mis un terme. « Le nouvel âge de la globalisation produit une multipolarité centrifuge », avec une prolifération de grandes puissances régionales qui multiplient les alliances ou les oppositions de façon mouvante. A l’exemple du Moyen-Orient, où s’affrontent deux camps, l’un soutenu par l’Arabie Saoudite et l’autre par l’Iran, où la Turquie joue sa propre partition. Ou bien encore dans la remise en cause par Pékin de l’accord global sur les investissements (AGI) signé au bout de 7 ans de négociations entre la Chine et l’Union européenne, en raison de la critique par des eurodéputés du traitement à l’égard de la minorité des Ouïghours. Toutefois, l’imbrication entre l’UE et la Chine est trop avancée, selon l’historien, pour en rester là, d’autant que la Chine « joue un rôle central dans les nouvelles technologies de la transition énergétique ». En 2020, la Chine était la première destination des investissements internationaux, rappelle-t-il.

Quant aux Etats-Unis, même si leur rôle dominant a été remis en cause, ils occupent une place centrale dans l’économie de la planète. « L’équilibre de l’économie mondiale dépend du quadrilatère qui relie le marché du travail américain, le marché obligataire américain, la politique budgétaire du gouvernement américain et les interventions de la Fed », souligne Adam Tooze. La banque centrale est d’ailleurs l’institution qui prend de plus en plus de poids dans nos économies modernes. « Ces interventions massives ont été motivées par la fragilité et les inégalités d’une dynamique de croissance alimentée par la dette. Ce qui a donné une place centrale aux banquiers centraux dans le combat contre la crise, c’est le vide créé par la démolition des syndicats, par l’absence de pression inflationniste et, plus généralement, par l’absence de tout défi anti-systématique. »

Toutefois, les banquiers centraux du XXIe siècle ne sont pas comme des keynésiens de l’après-guerre mais plutôt comme des conservateurs bismarckiens du XIXe siècle pour qui « tout doit changer pour que rien ne change », ironise l’auteur qui rappelle que « le 27 janvier 2021, quand on lui demanda, dans une conférence de presse, s’il pensait qu’il y avait un risque d’inflation, Jay Powell (président de la Fed) eut cette réponse remarquable : »Franchement, nous aimerions une inflation légèrement supérieure (…) L’inflation problématique avec laquelle des gens comme moi ont grandi ensemble semble loin de nous et assez improbable dans le contexte extérieur et extérieur dans lequel nous sommes depuis déjà longtemps. » »

A peine un an plus tard, cette prophétie a été démentie rappelant à Jay Powell ses années de jeunesse. Le taux d’inflation qui est au plus haut depuis 40 ans, obligeant la Fed à remonter ses taux ce qui ne va pas être sans conséquence pour « les marchés émergents (qui) sont devenus des noyaux centraux du système globalisé de la finance dollarisée », et pour l’économie mondiale plus largement.

Cette montée inflationniste qui se répand à travers la planète à laquelle s’ajoute la guerre en Ukraine et la transformation de la Russie en État paria, au moins aux yeux des Occidentaux, représente des risques que Tooze ne traite pas dans son ouvrage, achevé avant. Mais la leçon de « L’Arrêt » reste d’actualité : « Que nous le fassions ou non, pour le meilleur et pour le pire, il ne nous sera pas possible d’échapper au fait que « des choses énormes » vont arriver. La continuation du statu quo est la seule option que nous n’ayons pas », alerte-t-il.

L’auteur suggère pour s’y préparer de se mettre à l’écoute d’autres voix pour comprendre ces crises qui arrivent. Par exemple, celle de Chen Yixin, proche conseiller de Xi Jinping, dont la théorie des « six effets » sur les convergences des crises est bien plus pertinente et plus éclairante selon lui que « le concept de polycrise de l’Union européenne ou l’obsession solipsiste des Etats-Unis pour leur propre de récit national ».

Dans un texte de 2019, Chen Yixin proposait en effet une approche dite des « six effets » pour répondre aux questions suivantes : « comment les risques se conjuguent-ils? Comment les risques économiques et financiers se transforment-ils en risques politiques et sociaux? Comment les « risques du cyber-espace » finissent-ils par se traduire par des « risques sociaux réels »? Comment des risques intérieurs deviennent-ils intérieurs? »

On ignore si la gestion des futures crises pourra trouver une solution dans cette théorie de ces « six effets ». Pour le moment, le conseiller de Xi Jinping, secrétaire général de la Commission des Affaires politiques et légales, s’est surtout fait remarquer par sa « campagne de rectification » visant à purger l’appareil du parti communiste chinois des éléments qui mettent en doute la ligne du président à vie.

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(1) Adam Tooze « L’Arrêt. Comment le Covid a ébranlé l’économie mondiale », éditions Les Belles Lettres, 2022 (2021), traduit de l’anglais par Christophe Jacquet, 410 pages.

(2) Adam Tooze « Crashed. Comment une décennie de crise financière a changé le monde », éditions Les Belles Lettres, 2018, traduit de l’anglais par Leslie Talaga et Raymond Clarinard, 766 pages, 25,90 euros.

Ecologie: deux ministres spécialisées mais complètement incompétentes !

Ecologie:  deux ministres spécialisées mais  complètement incompétentes !

 

Les médias pourtant particulièrement tolérants sur le gouvernement fantoche d’Élisabeth Borne ont quant même observé que les deux ministres spécialisés chargés de l’écologie n’y connaissaient c’est strictement rien. Pire qu’elles n’avaient jamais manifesté le moindre intérêt cette problématique.

Enarques libérales, Amélie de Montchalin et Agnès Pannier-Runacher étaient respectivement chargées de la Fonction publique et de l’Industrie au sein du gouvernement de Jean Castex. « Elles sont plutôt dans le moule de ce qu’on a vu des gouvernements précédents, loin d’être à la hauteur sur les enjeux climatiques », a commenté Jean-François Julliard, le directeur général de Greenpeace, sur franceinfo.

« Ce sont deux ministres qui n’ont pas une grande expérience de la transition écologique », ajoute Anne Bringault, coordinatrice des programmes au sein du Réseau Action Climat. Comme le rappellent Le Monde et Libération, Amélie de Montchalin, diplômée de HEC et de Harvard, a travaillé au sein de BNP Paribas et d’Axa, avant de devenir députée de l’Essonne en 2017. L’élue a ensuite été nommée secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, puis ministre en charge de la Transformation et de la Fonction publiques en juillet 2020.

« On ne voit pas son expérience sur la transition écologique alors que ce sujet est présenté comme une priorité par Emmanuel Macron. »

 

Gouvernement : Borne oublie le logement

Gouvernement  : Borne  oublie le logement 

Henry Buzy-Cazaux, président fondateur de l’Institut du Management des Services Immobiliers, dénonce l’absence de portefeuille dédié au premier budget des ménages dans le nouveau gouvernement d’Elisabeth Borne.(dans capital)

Emmanuel Macron est un homme libre. Il n’est d’aucun parti et le mouvement qu’il a créé au moment de sa première campagne n’aspire pas à entrer dans cette catégorie. Il ne fait pas allégeance. Il aime être où l’on ne l’attend pas. Il veut aussi montrer qu’il est maître du temps : il a ainsi fait attendre au pays la nomination de son nouveau gouvernement et n’a pas hésité à faire des choix hétérodoxes, tel celui du ministre de l’Education, historien et chercheur combattant de la cause de la diversité, mais aussi de femmes et d’hommes sans densité politique, sélectionnées pour leur compétence sectorielle. La plus grosse surprise est d’une autre nature que l’audace du casting. Elle prend à revers tous ceux, nombreux, qui se demandaient si le logement, premier poste budgétaire des ménages, à l’heure de la dégradation du pouvoir d’achat, ferait partie des attributions d’un grand ministère, d’un simple portefeuille ou d’un secrétariat d’État. Toute la communauté immobilière, mais aussi le monde du logement social, espérait que le périmètre de responsabilité inclût l’aménagement du territoire, voire la ville durable ou encore la construction. Eh bien, rien de tout cela, rien du tout, ni secrétaire d’État, ni ministre, ni ministre d’État. Nada (les Espagnols en ont un). Nichts (les Allemands aussi).

Pour la première fois depuis le début de la cinquième République, impasse sur le logement. Pour être honnête, il y a un précédent : le premier gouvernement d’Édouard Philippe ne comportait pas de titulaire du logement et il a été reconnu dans les heures qui ont suivi la nomination que c’était un fâcheux oubli et qu’en fait l’éphémère ministre en charge de la cohésion des territoires, Richard Ferrand, un mois aux affaires, était bel et bien chargé du logement. D’ailleurs son successeur, Jacques Mézard, sera flanqué d’un secrétaire d’État, Julien Denormandie, plus tard promu ministre de plein exercice. Bref, c’était une gaffe, une bévue, une bavure, une bourde et le décret d’attribution a été retouché d’un trait de plume. On ne fait pas deux fois le même oubli. Cette fois, le Président Macron a délibérément allégé l’organigramme gouvernemental du logement. Pour être précis, il faudra prendre connaissance des décrets d’attribution, lorsqu’ils paraîtront au Journal officiel, et on y trouvera peut-être le logement dans le giron d’un ministre. Il reste que le logement n’aura pas été cité. Il n’aura pas été mis au fronton du gouvernement de la République et ce n’est pas seulement un surprise, c’est une erreur démocratique grave.

Pourquoi ? Parce que le rapport des ménages français au logement, de trop d’entre eux, n’est ni simple ni indolore ni léger. On l’a cru ou on a fait semblant de le croire depuis quinze ans, malgré la hausse des prix éprouvant la solvabilité des familles, malgré l’insuffisance de l’offre privée et sociale, en grande partie grâce aux taux d’intérêt  bas et à l’accès ouvert au crédit, qui en atténuaient les effets. Depuis deux ans, on fait aussi semblant de croire que la crise sanitaire n’a pas troublé le marché immobilier résidentiel, oubliant que le « quoi qu’il en coûte » a neutralisé la fragilisation des ménages, que les acheteurs avaient néanmoins monté en gamme, ou encore que 80% de l’épargne supplémentaire constituée pendant la covid l’avait été par 20% des ménages. Oubliant aussi que les aides s’arrêteraient, que les entreprises devraient rembourser les prêts garantis par l’État – nous sommes dans cette période -, occultant qu’il faudrait en payant plus de taxes et d’impôts rembourser la dette publique abyssale, négligeant l’impact insondable des travaux de transition environnementale sur les budgets domestiques et la valeur des actifs immobiliers.

La communauté immobilière n’est-elle pas coupable d’avoir témoigné trop d’optimisme, d’avoir tenu des discours trop enthousiastes et à courte vue ? Au point qu’un Président de la République, déjà peu enclin à estimer l’immobilier, ait pu penser qu’il n’était pas un sujet d’urgence politique. Quoi qu’il en soit, que la filière le lui ait bien ou mal expliqué, ne lui appartient-il pas d’avoir la pleine conscience de la réalité de son pays ? N’a-t-il pas arpenté la France pour sa campagne et au cours de son premier mandat? N’a-t-il pas perçu le désarroi des Gilets jaunes, certes éprouvés par le prix du gas oil, mais également atteints par la dépréciation de leur pavillon, construit dans des communes en déprise économique, périmé selon les normes écologiques du moment ? À cet égard, ne sommes-nous pas presque tous dans cette situation de désarroi face aux contraintes climatiques, au point d’avoir besoin de boussole et d’accompagnement ? A supposer que le Président de la République et sa Première ministre se reprennent, ce sera du réchauffé. On apprend dans les bonnes écoles de commerce qu’ « on n’a pas deux occasions de faire une première bonne impression ». Les ménages français, les professionnels et les associations à leur service ont lu le signe: le logement ne compte pas pour Emmanuel Macron.

Pourtant, au rang des mesures annoncées comme devant figurer dans le projet de loi pour soutenir le pouvoir d’achat en période d’inflation, la désindexation des loyers a été citée. La tête de l’exécutif voit la souffrance des locataires, sans d’ailleurs noter que les propriétaires n’ont pas sans aide à consentir l’effort qu’on leur demanderait, et ne considère pas le logement comme un sujet majeur. Singulier. Les enseignements de cette mésestime officielle du logement sont de deux ordres : au sommet de l’État, on ne comprend pas que le pays a bel et bien un problème logement, et que c’est une équation complexe que la polytechnicienne cheffe du gouvernement ne pourra pas ne pas équilibrer ; ensuite, la communauté du logement ne fera pas l’économie de se demander collégialement pourquoi sa voix est si ténue que le son n’en parvienne ni Faubourg Saint-Honoré, jusqu’à l’Élysée, ni rue de Varenne, jusqu’à l’hôtel de Matignon.

Nouveau Gouvernement Borne : de la tambouille politicienne digne de la IVe République

Nouveau Gouvernement Borne  : de la tambouille politicienne digne de la IVe République

Il est clair que la composition du gouvernement Borne résulte d’une infâme tambouille politicienne d’un autre temps. Pour parler clair, on s’inspire largement des combinaisons de la IVe République avec de savants dosages supposés ménager les différents courants.

 

Ainsi clairement , Marcon a voulu s’afficher à gauche avec la composition de ce gouvernement. L’objectif est évidemment de pomper les voix des couches sociales qui seraient tentées de s’abstenir ou de voter pour Mélenchon et ou Le Pen. À noter d’ailleurs que la première ministre a été choisie par défaut au dernier moment. C’est en effet Catherine Vautrin femme politique de droite qui avait les faveurs du pouvoir. Mais on a choisi à la place Élisabeth Borne  dont on dit qu’elle serait issue de la gauche, mais on se demande bien de quelle gauche il s’agit sinon celle des salons du septième arrondissement. Bref , cette « goche » qui a fait mourir le parti socialiste quand les technocrates ont pris le pouvoir sur les militants.

La contrainte la plus importante était sans doute de limiter le nombre d’hommes pour satisfaire à la parité. Alors Macron souffre cruellement de personnalités à la fois charismatiques et compétentes. Du coup, trouver des femmes responsables était un exercice particulièrement complexe.

Le problème de Macron ce qu’il fait lui en même temps à gauche mais aussi à droite. Il a ainsi réussi à débaucher l’ancien responsable du groupe parlementaire des « républicains » passé du jour au lendemain avec armes et bagages chez l’ennemi sans état d’âme en échange d’un petit Marocain. Le débauchage va évidemment continuer pour dépecer à la fois ce qui reste  du parti socialiste et des républicains

. Finalement , on aboutit ,comme précédemment d’ailleur,s à un gouvernement très conformiste composé pour l’essentiel de professionnels de la politique et dont les valeurs se confondent le plus souvent avec leur intérêt personnel. Bref un personnel politique médiocre et qui va se révéler rapidement incompétent compte tenu de l’aggravation d’une conjoncture de plus en plus complexe voire dramatique.

Dans le dispositif, il est clair qu’Élisabeth Borne ne joue aucun rôle. Elle ne représente d’ailleurs aucun courant politique, aucune tendance. Il s’agit d’une techno pure et dure, par ailleurs psychorigide, qui ne résistera pas au premier vent de tempête. Il est vraisemblable qu’elle n’a pas eu le moindre mot à dire sur le choix de ses ministres voire de leur entourage.

On voit mal l’intéressée en capacité d’affronter les vents mauvais comme par exemple l’inflation qui ronge croissance et pouvoir d’achat, la réforme des retraites, la transformation de l’État, les banlieues, l’endettement, l’insécurité ou encore la question centrale de la crise du système sanitaire.

De toute manière ce gouvernement aura une durée de vie limitée et on assistera vraisemblablement à la mise en place d’un nouveau gouvernement sitôt les législatives passées.

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