Archive mensuelle de mai 2022

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Economie, politique, société: les plus lus (1er mai 2022- 8h00)

Poutine un jour devant la justice internationale ?

Politique: Le retour de Chevènement !

Politique: Le retour de Chevènement !

 

Enfin peut-être un représentant des seniors avec un jeune leader : Jean-Pierre Chevènement 83 ans. L’éternel recommencement même dans la plus grande confusion idéologique. Un peu d’histoire quand même, le très marxiste Chevènement avait écrit le programme socialiste avant 1981. Programme vite adopté par le parti socialiste est vite enterré par Mitterrand qui le remplaça par ses 101 propositions. Il ne les respecta d’ailleurs pas non plus ! Conséquence,  Chevènement depuis cette époque a affiché une sorte de posture de frondeur au parti socialiste. Il tente de renaître cette fois sous les auspices de l’ultra libérale Macron.

On se demande vraiment pourquoi faire à moins de combler un vide existentiel. Ces ralliements à Macron témoignent en tout cas de la fragilité des convictions des dirigeants du parti socialiste qui peuvent ainsi passer de l’idéologie marxiste, voire communiste, à l’idéologie libérale. Bien sûr, ils répondront qu’ils entendent peser. Évidemment ils ne pèseront pas davantage qu’avec Mitterrand.

L’ancien ministre socialiste a donc  lancé «Refondation républicaine», mercredi, avec pour but de présenter des candidats aux prochaines élections législatives sous l’étiquette de la majorité

Fin février, Jean-Pierre Chevènement avait appelé à soutenir Emmanuel Macron. Son discours du 13 avril 2020 au moment de la crise sanitaire l’aurait incité à agir : « L’indépendance industrielle, agricole, sanitaire… C’est ce fil rouge que nous voulons suivre pour bâtir un chemin. » L’ancien socialiste a informé le chef de l’Etat de sa démarche et l’a prévenu qu’il ne « renoncerait pas à sa grille de lecture ». « Evidemment, c’est ta plus-value », lui aurait rétorqué Emmanuel Macron. Tu parles !

 

Environnement- Un manque d’incarnation l’action climatique en France ?

Environnement- Un manque d’incarnation l’action climatique en France ?

De toute évidence l’action climatique manque d’incarnation en France même si les défenseurs de l’environnement sont nombreux. Le problème c’est qu’ils sont aussi nombreux que contradictoires : il n’y a pas beaucoup de choses en commun entre Yannick Jadot, Sandrine Rousseau , Mélenchon et encore moins avec Macron. La plupart instrumentalisent  l’environnement à des fins politiques. NDLR

Sur les réseaux sociaux, c’est l’ingénieur et consultant Jean-Marc Jancovici qui provoque le plus fort taux d’engagement, souligne une récente étude d’Impakt Faktor. Par Albin Wagener, Université Rennes 2

Les rapports du GIEC se succèdent, tirant de toujours plus nombreuses sonnettes d’alarme ; malgré cela, la prise en considération de l’urgence climatique semble très souvent en décalage avec les faits.

Dans ce sens, on peut dire qu’il existe un écart important entre l’action politique et les éléments mis en lumière par les scientifiques.

La campagne pour la présidentielle française 2022 a été à ce titre « exemplaire » : la question du climat aura peu occupé les débats entre candidats, malgré des demandes répétées pour une meilleure prise en compte et des propositions alternatives.

Ces différentes manières de « parler du climat », notamment sur les réseaux sociaux, ont fait l’objet de travaux récents réalisés dans le cadre de l’étude d’Impakt Faktor qui avait pour objet les narratifs climat pendant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron (2017-2022).

Un écosystème activiste très dynamique

L’un des nombreux enseignements de l’étude concerne la problématique de l’incarnation dans le champ de l’action climatique.

Sous le premier quinquennat Macron, le mouvement climat a été particulièrement actif, soit en organisant des marches au retentissement important, soit en proposant des actions médiatisées. Qu’il s’agisse de l’Affaire du siècle, des actions d’Extinction Rebellion ou de Greenpeace, ou encore des manifestations menées tambour abattant par Anv-Cop 21, les Amis de la Terre ou Alternatiba, sans parler des données compilées par RAC France, on sait que la France dispose d’un écosystème activiste particulièrement actif.

Une dynamique liée à la fois à la prise de conscience concernant le climat, et à un sentiment d’urgence concernant les actions à entreprendre, comme l’a souligné Jean Le Goff.

Mais on le sait : au-delà de ces mouvements essentiels et riches, l’espace public doit aussi permettre à des figures d’incarner ces luttes, afin de cristalliser une manière d’en parler et de les médiatiser plus aisément.

Jancovici… et les autres

C’est sur ce point que l’étude d’Impakt Faktor attire plus particulièrement l’attention : dans cette dimension, si l’on étudie les réseaux sociaux (YouTube, Facebook, Reddit et Instagram), une figure émerge nettement en France – et de très loin par rapport aux autres.

Cette figure, c’est celle de Jean-Marc Jancovici : ingénieur de l’École polytechnique, vulgarisateur hors pair, consultant, président du Shift Project et membre du Haut Conseil pour le climat, il participe depuis plusieurs années à sensibiliser l’opinion publique à la cause climatique, tout en co-signant des études scientifiques sur le sujet.

Du point de vue des réseaux sociaux, il est très clairement le plus présent, le plus lisible, le plus suivi ; bref, celui qui provoque le plus fort taux d’engagement et de commentaires.

Des figures encore très homogènes

Cette singularité n’a rien d’un accident. D’une certaine manière, la figure de l’ingénieur à la française apparaît particulièrement « câblée » pour incarner une forme de rationalité rassurante face à la crise climatique, tout en étant en capacité d’alerter l’opinion publique grâce à la légitimité professionnelle qui lui est publiquement conférée.

Là où, à l’international, ce sont des figures militantes comme Greta Thunberg qui sont préférées, la France semble faire figure d’exception. La jeune Suédoise est particulièrement mal perçue) dans notre pays.

Jean-Marc Jancovici n’est certainement pas le seul à engranger du soutien sur les réseaux sociaux : le journaliste militant Hugo Clément, l’astronaute Thomas Pesquet, le réalisateur Cyril Dion ou encore le scientifique Aurélien Barrau ont tous, à des degrés divers, rassemblé des taux d’engagement forts en fonction de leurs publications.

Toutes ces figures ont toutefois un point commun : elles représentent des hommes blancs, issus d’une certaine sociologie.

Il convient ici d’être immédiatement clair : il ne s’agit pas de critiquer leur présence, car elle est plus que nécessaire face à la crise climatique ; en revanche, on se doit de noter les spécificités sociologiques des figures climatiques en France. Les noter, c’est en souligner les évidences, mais aussi peut-être les limites.

Pour le moment, il y a peu de place en France pour des figures issues de la diversité ou pour des femmes, même si l’écoféminisme est en train d’émerger comme un courant légitime sur un certain nombre de questions. S’agit-il ici d’une limite qui empêche justement une prise en considération plus large des thématiques climatiques ? C’est une hypothèse qu’il ne faut pas s’interdire de questionner.

L’effet Greta Thunberg

Au-delà de ce constat, c’est le principe même de la figure ou de l’incarnation qui peut poser question.

Après tout, ce concept fait débat depuis longtemps en sciences politiques, et l’émergence de mouvements collectifs et de demandes d’une plus grande prise en considération de la représentativité citoyenne pourrait plaider pour un abandon de cette question.

Pourtant, on le voit bien : sur les réseaux sociaux, mais pas uniquement, la personnalisation fonctionne particulièrement bien pour relayer des messages, comme l’a souligné Nadia Hassani - sans aller bien sûr jusqu’à l’incarnation providentielle face à l’urgence climatique.

Néanmoins, la circulation médiatique des personnages publics, avec toutes les limites que cela comporte, permet de constituer un véhicule utile pour la transmission d’informations.

Ainsi, dans une étude collective particulièrement riche, plusieurs chercheurs britanniques et états-uniens faisaient état d’un « Greta Thunberg effect » auprès des populations engagées pour la cause climatique.

Cet effet n’a rien d’anodin et montre à quel point les figures populaires et médiatiques, lorsqu’elles incarnent des causes politiques, peuvent provoquer des effets d’entraînement à même de sensibiliser plus d’individus et, au final, de conquérir l’espace public et médiatique.

Cela pose aussi les limites et les risques de l’énonciation ventriloque, chère à Marie-Anne Paveau, mais mérite également de poser un fait : si nous ne nous sentons pas représentés et légitimés par les personnes qui parlent du climat, comment faire pour nous sentir nous-mêmes légitimes pour agir et nous engager ?

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Par Albin Wagener, Chercheur associé l’INALCO (PLIDAM) et au laboratoire PREFICS, Université Rennes 2.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Retraites: une réforme impossible ?

 

Pascale Coton, vice-présidente de la CFTC, Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, ainsi que l’économiste Patrick Artus et le politologue Jérôme Fourquet ont confronté leurs points de vue dans « le Monde », alors que la bataille contre la réforme voulue par Emmanuel Macron est déjà engagée.

 

Geoffroy Roux de Bézieux : Le président de la République a eu raison d’annoncer la couleur pendant la campagne présidentielle : il va falloir travailler plus longtemps, jusqu’à 64 ans ou 65 ans. J’ai toujours pensé que la réforme précédente avait échoué parce qu’elle n’avait pas été détaillée pendant la campagne de 2007. Là, les choses sont dites : le président de la République a, selon moi, la légitimité pour faire aboutir ce chantier.

Jérôme Fourquet : Je serais moins affirmatif que Geoffroy Roux de Bézieux. Depuis vingt ans, les Français sont très réticents à l’idée d’allonger la durée de la vie active. La seule catégorie de la population massivement acquise au report de l’âge du départ à la retraite, ce sont les retraités, qui traditionnellement votent à droite. Le basculement d’une partie de l’électorat de droite vers Emmanuel Macron est vraisemblablement lié à son annonce sur les retraites. Mais ce sera très compliqué de faire passer la pilule auprès du reste des électeurs, même si le sujet du financement de la dépendance engendre une réelle angoisse.

Pascale Coton : La façon dont le sujet est posé est très irritante. A chaque fois qu’un problème budgétaire se présente, on nous explique qu’il va falloir travailler plus longtemps. Les salariés ne veulent plus entendre cela. Ce qu’ils demandent, c’est de pouvoir travailler dans de bonnes conditions. Ils veulent également que les inégalités existantes soient corrigées. Par exemple, est-il normal que les femmes à bas salaires doivent travailler jusqu’à 67 ans pour bénéficier d’une retraite complète ? Une réforme des retraites digne de ce nom doit prendre en compte tous ces aspects.

G.R.B : Un pays qui dépense beaucoup a besoin de beaucoup de travail pour financer son modèle. L’idéal serait d’augmenter notre taux d’emploi pour nous rapprocher de celui de l’Allemagne, mais cela prendra du temps. En attendant, le plus efficace est d’allonger la durée de la vie active.

Patrick Artus : Aucune économie n’est possible en France, sauf sur les retraites. Quand on compare l’écart de la dépense publique avec l’Allemagne, on trouve ceci : 1,5 point de produit intérieur brut (PIB) au titre des d’aides de l’Etat aux entreprises, 1 point de PIB pour financer la politique familiale, 1 point de PIB pour les dépenses militaires, 0,5 point de PIB pour la culture. Tous ces postes sont intouchables. Il reste quatre points de PIB sur les retraites, qui constituent la seule marge de manœuvre.

J.F. : Un leitmotiv revient dans toutes les enquêtes que nous menons : qu’est-ce qui garantit que l’employeur gardera les salariés jusqu’à 63 ou 64 ans, étant donné que c’est souvent la chasse aux seniors et la placardisation dans les entreprises ?

G.R.B. : Il faut regarder ce qui se passe dans les pays d’Europe du Nord, qui ont mis en place des systèmes de retraite progressive. Il faut que les salariés acceptent de se dire que les deux dernières années seront moins bien payées, avec moins de responsabilités qu’en pleine carrière.

P.C. : Après trente ans de travail dans une entreprise, si on demande à un salarié de régresser de cadre à salarié moyen, ce n’est pas très sympathique. C’est très déstabilisant !

G.R.B. : Du point de vue managérial, je ne vois pas comment on peut garder des gens plus longtemps aux mêmes fonctions et responsabilités. Le salaire est un autre sujet. Une partie peut être prise en charge par le système de retraite. Je parle de l’aspect hiérarchique et du management des postes. Si tout le monde reste à son poste éternellement, il y a un problème.

L’intoxication russe

L’intoxication  russe

 

Inscrite depuis 2020 dans la Constitution russe, la glorification du rôle de l’URSS pendant la seconde guerre mondiale est utilisée par Vladimir Poutine pour justifier l’invasion de l’Ukraine. Une propagande datée directement héritée de l’époque soviétique.( papier « du Monde ».

L’un des mystères qui entourent l’invasion de l’Ukraine tient à l’absurdité apparente de la propagande russe. « Dénazification », lutte contre un gouvernement « pronazi »… L’agression, quels que soient ses buts réels, est invariablement mise en scène comme la guerre de libération d’un peuple ukrainien uni aux Russes « par des liens du sang » – selon les mots du président russe Vladimir Poutine prononcés le 21 février –, un peuple qui aurait « fait face à la montée de l’extrême droite nationaliste (…) rapidement développée en une russophobie agressive et en néonazisme ».

Le fait que de telles affirmations n’entretiennent aucun rapport avec la réalité, alors que le poids de l’extrême droite ukrainienne est aujourd’hui marginal, relève à ce point de l’évidence qu’on peut être tenté de les passer par pertes et profits. Quelle guerre n’entraîne pas son flot de mensonges ? Sauf qu’à tirer le fil de ce discours sur la longue durée, une autre évidence apparaît bientôt, dont on n’a peut-être pas mesuré toutes les implications : l’impossibilité dans laquelle se trouve désormais la Russie de se présenter au monde autrement que comme une puissance antinazie, tant le régime poutinien a fait de la victoire de 1945 contre le IIIe Reich le fondement de sa légitimité, voire de l’identité russe.

Une victoire par laquelle, disait Poutine en la commémorant le 9 mai 2021, « le peuple soviétique a (…) libéré les pays d’Europe de la peste brune ». Neuf ans plus tôt, le 9 mai 2012, il proclamait, dans les mêmes circonstances : « Notre pays (…) a offert la liberté aux peuples du monde entier. » C’est ce libérateur, cet héritier antinazi de l’URSS qui, le 24 février, est entré en Ukraine, poursuivant sa mission historique. Dans son intervention matinale à la télévision, ce jour-là, M. Poutine déclarait encore : « L’issue de la seconde guerre mondiale est sacrée. »

Dans un pays qui, en juillet 2020, a amendé sa Constitution en y introduisant la célébration de « la mémoire des défenseurs de la patrie » et l’interdiction de « minimiser la signification de [leur] héroïsme », il n’est pas étonnant qu’un rappel historique de cette nature apparaisse au cours de l’annonce d’une invasion, même si celle-ci n’a, en réalité, aucun rapport avec lui. Mais cela implique qu’il faut examiner la construction mémorielle qui se fait alors jour. Non pour y dégager ce qui formerait une cause unique des événements, mais parce qu’aucune explication ne vaudrait sans les replacer sur cet arrière-fond, alors que le régime poutinien ne cesse de le faire en célébrant la Grande Guerre patriotique, comme l’on disait en URSS et comme l’on dit toujours dans la Russie contemporaine.

Guerre en Ukraine : L’échec de Poutine et la spirale guerrière

Guerre en Ukraine : L’échec de Poutine et la spirale guerrière

 

Un papier du « Monde » constate  que la Russie enregistre déconvenue sur déconvenue, la parole publique du Kremlin s’hystérise, au risque de justifier une escalade encore plus incontrôlable. Solidaires sans pour autant parler d’une même voix, les soutiens occidentaux de Kiev sont pris dans cette spirale.

 

Plus de deux mois que Vladimir Poutine a lancé ses troupes à l’assaut d’un pays souverain, l’Ukraine, et déjà la guerre se nourrit de sa propre dynamique. L’annonce par le président des Etats-Unis, Joe Biden, jeudi 28 avril, d’une aide militaire massive de 20 milliards de dollars (18,9 milliards d’euros) en est la preuve. La montée en puissance est spectaculaire, après une première riposte centrée sur des sanctions contre la Russie, qui montrent leurs limites.

Le 24 février, après la stupeur initiale et la perspective d’un effondrement rapide des forces ukrainiennes, était venu le temps de la surprise. Celle-ci avait été alimentée à la fois par leur résilience et leur efficacité, et par les ratés inattendus d’un ennemi pourtant nettement supérieur en nombre et en matériel. Le fiasco de l’offensive sur Kiev, suivi d’une retraite piteuse et d’un redéploiement vers le Donbass, a révélé ensuite l’étendue des exactions imputées à une armée russe qui banalise le crime de guerre.

La perspective d’une stabilisation du conflit, d’un cessez-le-feu, voire d’un armistice, est devenue alors illusoire. Côté ukrainien, le prix exorbitant déjà acquitté par les militaires et les civils fait que l’heure n’est plus aux concessions pour éviter le pire, mais à une victoire totalement impensable quelques semaines plus tôt, pour laquelle les armes lourdes occidentales sont indispensables.

Les revers humiliants essuyés par Moscou, à l’image du croiseur Moskva envoyé par le fond en mer Noire, interdisent en retour à Vladimir Poutine de réviser à la baisse ses objectifs. Aucun gain significatif ne lui permet aujourd’hui de mettre fin à l’« opération spéciale » en vantant une mission accomplie. Les déconvenues ne cessent au contraire d’hystériser une parole publique russe, au risque de justifier une escalade encore plus incontrôlable.

Les soutiens occidentaux de l’Ukraine sont pris dans cette spirale. Le cas de l’un des plus timorés, l’Allemagne, l’illustre spectaculairement. Fin janvier, Berlin se contentait de l’envoi de… 5 000 casques, s’attirant les sarcasmes des Ukrainiens. Le 26 avril, Berlin a accepté de fournir des chars antiaériens Gepard et, deux jours plus tard, le Bundestag a donné, à son tour, son feu vert à la livraison d’armes lourdes, à l’unisson des partenaires de l’Allemagne.

Washington n’a pas peu contribué au virage que constituent de tels approvisionnements réclamés par un pays qui se défend, initialement écartés pour éviter le piège de la cobelligérance. Les Etats-Unis, qui tentaient depuis plus d’une décennie de se désengager du théâtre européen pour se recentrer sur la rivalité avec la Chine, ont fait machine arrière. Ils se sont engagés massivement dans le soutien à Kiev, convaincus d’être enfin dans le sens de l’histoire après une succession de fiascos, en Afghanistan comme en Irak.

Solidaires, les Occidentaux ne parlent toutefois pas toujours de la même voix. Là où les Américains adoptent une rhétorique et des objectifs sans nuances, dont celui de cette « Russie affaiblie » énoncé par le secrétaire à la défense, Lloyd Austin, les Européens restent plus prudents.

Tensions sur le gaz, explosions suspectes en Transnistrie, une région séparatiste moldave, les métastases du conflit ne peuvent que les inquiéter. D’autant que la diplomatie, comme l’ont montré les bombardements de Kiev pendant la visite du secrétaire général des Nations unies, le 28 avril, se réduit pour l’heure à la prolongation de la guerre par d’autres moyens.

Elections Législatives: LREM va payer le recrutement de députés venus de nulle part

Elections  Législatives: LREM va payer le recrutement de députés venus de nulle part

 

 

 

 Si elle part gagnante après la réélection d’Emmanuel Macron, la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale est épuisée par le précédent quinquennat et n’a pas su s’implanter localement, analyse l’universitaire dans le Figaro. .

Benjamin Morel est maître de conférences en Droit public à l’Université Paris II Panthéon-Assas.

 

 L’élection présidentielle vient à peine de désigner de vainqueur que les états-majors des partis planchent déjà sur le «troisième tour»: les législatives des 12 et 19 juin. La recomposition chez les oppositions de gauche et de droite, après leur bérézina à la présidentielle, devrait-elle à nouveau profiter à LREM ?

BENJAMIN MOREL. - La République en Marche, ou quel que soit le nom que portera la majorité présidentielle lors de ces élections, part en effet plutôt gagnante. Ses avantages sont de trois natures dans ce scrutin.

D’abord, le mode de scrutin majoritaire à deux tours favorise fortement les partis centristes. Pour vous maintenir au second tour, vous avez besoin de 12,5% des inscrits au premier. C’est un chiffre difficile à atteindre, surtout en cas de forte abstention. Or, s’il n’y a pas des triangulaires et que le centre se retrouve face à la droite, la gauche vient en renfort au second tout, et vice versa… De là vient la surreprésentation des partis de centre gauche et de centre droit dans notre vie politique.

Ensuite, le scrutin favorise les partis en situation d’alliance dès le premier tour. Pour arriver au second, il faut en effet avoir la capacité d’unir son camp, sinon vous prenez le risque de vous faire doubler par deux concurrents. Or LREM a mis en place un système d’alliance structuré qui couvre l’ensemble de son espace électoral. Les pôles de droite (notamment RN et Reconquête!), et pour l’instant de gauche, apparaissent encore désunis. Il est donc probable qu’à ce stade la plupart des candidats LREM soient en capacité d’atteindre le second tour, et si c’est le cas, pour les raisons que l’on a données, de l’emporter.

Il n’est pas certain que LR parte tout à fait perdant dans cette élection. Il faut se garder de plaquer les résultats par circonscription de la présidentielle pour en tirer des conclusions pour les législatives.

 

Enfin, dans les législatives post-quinquennat, on assiste à une élection de confirmation de la présidentielle. Cela n’est pas dû à l’éternelle antienne des éditorialistes selon laquelle «les Français sont cohérents et veulent donner une majorité au président élu». C’est simplement lié à un phénomène de participation différentielle. L’électorat d’opposition est groggy par sa défaite aux présidentielles et ne se mobilise pas, laissant l’électorat de la majorité dominer le jeu. Ce sera peut-être un peu moins vrai cette fois. Le temps entre les deux élections est important et l’on assiste à une volonté de revanche d’une partie des électeurs qui peut induire une remobilisation.

Une «majorité de coalition» sur quelques points de programme, avec des députés de droite notamment, est-elle la seule solution pour LREM afin d’obtenir une majorité confortable ? À l’inverse, LR devra-t-il passer par là pour survivre ?

Les députés LR peut-être ; LR en tant que tel, ce n’est pas évident. Si certains accords locaux peuvent permettre de sauver quelques sièges, un accord national impliquerait pour la droite de ne plus présenter de candidats dans la majorité des circonscriptions qui seraient campées par LREM, et de ne plus être présent que sans ses fiefs. Ce serait d’abord en rajouter aux difficultés financières, étant donné que le financement des partis pour les cinq années qui viennent est calculé sur la base du nombre de voix reçues aux législatives.

Par ailleurs, il n’est pas certain que LR parte tout à fait perdant dans cette élection. Il faut se garder de plaquer les résultats par circonscription de la présidentielle pour en tirer des conclusions pour les législatives. Les logiques de vote ne sont pas les mêmes. Cette élection va avoir une particularité. C’est la première fois depuis le début du quinquennat qu’un président est reconduit et demande la même chose pour sa majorité. La majorité de 2002 a été reconduite en 2007, mais avec un nouveau président de la République. Or, la majorité est non seulement épuisée par ces cinq années, mais elle n’a pas su s’implanter. Elle paie le recrutement il y a cinq ans de députés venus de nulle part, élus dans le souffle d’une présidentielle, mais qui devrait être moins fort cette fois-ci au regard des facteurs déjà vus et d’une réélection d’Emmanuel Macron en partie par défaut. Elle paie également la fin du cumul des mandats qui permettait à ses prédécesseurs de parier sur une notoriété et des appuis locaux. LR peut compter sur un personnel politique bien implanté qui, en cas de difficulté pour la majorité ou d’élection jugée peu lisible, a des arguments à faire valoir. On a vu combien ce point avait joué aux municipales, aux départementales et aux régionales. Si ces élections passent sous les radars et deviennent une addition de 577 petites élections, LR a tout pour tenir.

Le Rassemblement national a été historiquement handicapé par le scrutin majoritaire à deux tours. Malgré ses 13,2 % des voix au premier tour des législatives de 2017, le parti n’avait obtenu que sept députés. Insuffisant pour disposer d’un groupe. Une alliance avec le parti d’Éric Zemmour, Reconquête!, pourrait-elle changer la donne ?

Il y a là un dilemme compliqué pour le RN… On l’a dit, le mode de scrutin joue contre ce parti. Il favorise les partis centristes, mais défavorise les partis les plus polarisés qui dès lors qu’ils se retrouvent au second tour, sans alliance, doivent affronter l’ensemble du champ politique. Or en cas de division entre Reconquête et le RN, face à la majorité et à une gauche qui peut s’unir, la plupart des candidats de ce camp politique risquent de se voir écartés dès le premier tour. C’est d’autant plus vrai que si l’électorat zemmourien pèse peu relativement aux légions lepénistes, c’est un électorat peu abstentionniste. C’est toute la difficulté du RN aux élections législatives. Son électorat se déplace aux présidentielles, mais pas après.

La participation différentielle pourrait rééquilibrer le rapport de force entre les partis dans le cadre de cette élection. Pour le RN, il serait donc tactiquement nécessaire de se rapprocher de Reconquête!, sauf que, stratégiquement c’est faire la courte échelle à un concurrent. L’appel d’Éric Zemmour pourrait être traduit par la phrase de Racine: «J’embrasse mon ennemi, mais c’est pour mieux l’étouffer». En effet, aider Reconquête! dans cette élection, ce serait lui permettre d’avoir des députés, faciliter son financement à travers les dispositifs déjà décrits de financement des partis lors des législatives. Bref, ce serait lui permettre d’installer structurellement un parti rival cherchant explicitement à remplacer le RN dans la vie politique. Bref, l’alliance de la carpe et du lapin.

L’électorat de banlieue est très concentré géographiquement, ce qui fait que son abstention n’est pas si déterminante quand il s’agit de s’imposer dans une circonscription.

 

De leur côté, les Insoumis entendent bâtir une coalition avec les communistes et les écologistes, en quête d’élus pour former un groupe. Quelles sont les conditions nécessaires pour qu’un grand pôle «social-écologiste» face son entrée à l’Assemblée ?

Comme je l’ai dit, pour avoir une place au soleil lors des législatives, il y a trois conditions. Un réseau d’alliances vous permettant d’unifier votre espace politique ; un personnel politique implanté ; une capacité à trianguler au centre. A priori, LFI est mal doté sur les trois items sauf que, trois choses se sont produites ces dernières semaines qui rebattent les cartes. La première est que, malgré ce que l’on avait pu en dire et ce que socialistes et écologistes avaient cru, l’électorat de gauche n’a massivement pas craint de voter pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour. Il n’y a donc pas une frontière infranchissable entre le centre gauche et LFI. Ensuite, EELV a vu non seulement ses velléités hégémoniques battues en brèche, mais est ruinée et a vu son aile écoréaliste-centriste fragilisée par l’échec de la campagne de Jadot. Enfin, le conseil national du PS, dont les élus sont très implantés, a voté pour ouvrir des négociations avec LFI. Ces trois données changent fondamentalement la donne.

La gauche n’est pas majoritaire dans l’électorat mais LREM et ses alliés non plus. Les législatives accordent d’abord une prime à l’organisation d’un camp. Or, si la gauche y parvient, elle devient la principale menace pour la majorité. C’est d’autant plus le cas que si l’électorat Mélenchoniste est fortement abstentionniste, il est aussi plus singulier que celui du RN. L’électorat de banlieue est très concentré géographiquement, ce qui fait que son abstention n’est pas si déterminante quand il s’agit de s’imposer dans une circonscription. Ensuite, l’électorat de centre-ville qui vote plus traditionnellement EELV ou PS pourrait se retrouver sur des candidatures communes. Restent les zones rurales où l’implantation du personnel politique socialiste peut faire la différence. Bref, unie dans l’élection, même minoritaire et divisée sur le fond, la gauche pourrait devenir redoutable.

Politique monétaire et inflation : la fausse lutte des banquiers centraux !

Politique monétaire et inflation : la fausse lutte des banquiers centraux !

Les banquiers centraux multiplient les effets de manche afin de justifier la lutte contre l’inflation. Sauf que les taux d’intérêt proposés ne collent pas au danger annoncé. Par Karl Eychenne, stratégiste et économiste.

En clair, les banquiers centraux communiquent beaucoup sur les perspectives de relèvement des taux d’intérêt pour réguler l’inflation mais en vérité utilise cette inflation pour amortir les dettes et les énormes générosités monétaires pendant la crise sanitaire. Ils ne souhaitent pas non plus casser la fragile croissance avec un arrêt brutal de la politique monétaire accommodante Finalement la manière classique qui consiste à utiliser l’inflation pour amortir les excès de la planche à billets. NDLR 

« L’inflation risque de tout raser sur son passage, il faut agir vite et fort. »

Voilà un condensé de ce qui a pu être dit par les membres des banques centrales américaine (Fed) et européenne (BCE) au cours des dernières semaines. Agir vite et fort, mais pas trop vite quand même, précise Christine Lagarde dans son dernier discours. Globalement, on a quand même bien compris le message. Les banquiers centraux ourdissent des politiques monétaires plus restrictives.

Pourtant, quelque chose ne colle pas. Il y a un décalage étonnant entre les mots et les taux. Les mots employés pour parler du danger inflationniste ne se retrouvent pas dans les taux qui sont proposés pour juguler ce risque. En vérité, on est bien loin d’une politique monétaire qui deviendrait restrictive. Il conviendrait plutôt de parler de politique monétaire moins accommodante.

Le cas américain en est la plus parfaite illustration. Aujourd’hui, le taux d’intérêt directeur de la Fed s’établit dans une fourchette allant de 0,25 à 0,5%, alors que l’inflation est en orbite à 8,5%. Le coût de l’argent (taux) est donc bien inférieur au coût de la vie (inflation). On pourrait anticiper alors que la volonté de la Fed de lutter contre l’inflation se traduise par une remontée des taux significative. Oui, la hausse sera significative, de 0,5 à près de 2% fin 2022 si l’on en croit les anticipations. Mais ce coût de l’argent restera bien inférieur au coût de la vie qui devrait décélérer de 8,5% à près de 5%. Même à son acmé en 2023, le coût de l’argent ne parviendrait qu’à revenir au même niveau que l’inflation : 3%. Pas vraiment l’impression d’une politique qui se donne les moyens de lutter contre l’inflation galopante.

En vérité, la lecture devient plus troublante encore si l’on adopte une approche plus fine. En effet, les initiés ont pour habitude de consulter un éventail de règles de politiques monétaires proposées par la recherche académique. Ces règles leur permettent de calibrer un niveau adéquat de taux d’intérêt directeur en fonction des fondamentaux économiques, un niveau qu’ils confrontent alors au taux d’intérêt directeur en vigueur. Si le taux requis par la règle est supérieur au taux en vigueur, on dira alors que la politique monétaire est trop accommodante : la Fed devrait donc remonter ses taux. On peut même se projeter en comparant le taux prévu au taux requis en fonction de différents scénario économiques.

Le constat est sans appel. Sur 21 cas retenus (7 règles et 3 scénarios), 19 justifieraient un taux d’intérêt directeur supérieur aux niveaux actuels de 0,5% aujourd’hui même. A horizon 1 an, 17 cas sur 18 justifieraient un taux directeur supérieur au 2% qui sont prévus. Enfin à horizon 2 ans, 13 cas sur 14 justifieraient un taux directeur supérieur à 3%. Clairement, la politique monétaire n’est pas, ne deviendrait pas restrictive, si les taux prévus par les membres de la Fed ou les marchés sont ceux qui seront appliqués. La Fed restera très accommodante, certes un peu moins.

La BCE n’est pas en reste. Certes son niveau d’inflation est un peu en dessous de celui des Etats-Unis à 7,4%. Mais la BCE ne prévoit pas de remonter ses taux aussi fort et aussi vite que la Fed. Seule une hausse des taux de 0 à 0,25% serait envisagée par la majorité des membres d’ici la fin de l’année. On est bien loin des 2% de la Fed. On peut alors procéder au même type d’analyse que pour la Fed ci-dessus. Le résultat sera du même acabit : la BCE ne pratiquera pas de politique monétaire restrictive ni en 2022 ni en 2023, mais une politique légèrement moins accommodante.

Mais alors pourquoi une telle agressivité verbale des banquiers centraux, pour une politique monétaire tout juste moins accommodante ? La première explication qui vient à l’esprit, c’est qu’ils ne croient pas à ce qu’ils disent. Le risque inflationniste est survendu. Personne ne croit vraiment que cette inflation galopante, dopée par les confinements à répétition et le conflit Ukrainien, ne tisonne un jour les salaires. Personne ne croit vraiment aux effets de second tour sur l’ensemble des prix des biens et services. D’ailleurs, même les marchés obligataires n’y croient pas. Franchement, avec des taux d’intérêt à 10 ans à près de 3% aux Etats-Unis et 1% en Allemagne, alors que l’inflation est à 8,5 et 7,4%, peut – on parler de Krach obligataire ? La hausse des taux depuis le début de l’année est impressionnante, vive et rapide, sans nul doute. Mais on est plus proche de l’allegretto que de l’allegro. Certes, l’histoire n’est pas terminée.

Plus vraisemblablement, les banquiers centraux ne reconnaissent toujours pas le risque inflationniste. En leur for intérieur, ils restent convaincus que l’inflation va retomber comme un soufflet, et qu’il faut éviter à tout prix de pratiquer une politique monétaire restrictive. L’activité économique n’y résisterait pas, et les marchés n’y survivraient pas. Depuis 15 ans les crises successives (Subprime, dette souveraine, Covid) ont rendu la performance économique et financière bien trop dépendante d’une politique monétaire qui devint ultra – accommodante sans jamais motiver de tensions indésirables sur les prix. Un constat que l’on peut faire dans toutes les économies dites développées.

Convaincus que cette période fut marquée par le sceau de l’excellence en matière de politique monétaire, les banquier centraux se refusent de croire qu’elle peut se terminer aussi bêtement. Ils tentent alors de donner le change avec des mots plutôt qu’avec des taux. Ils exagèrent le verbe plutôt que le geste. En art aussi on connût ce genre de pratique au XVIe siècle: on appela cela le maniérisme. L’expression d’un courant qui cherchait sa voix après que les artistes phares de l’époque (XVIe siècle) eurent tutoyé la perfection. Plutôt que de se risquer à quitter l’ivresse du génie, on préféra seulement s’en éloigner un peu, en exagérant les traits, les figures, les motifs. Bref, de l’exubérance plutôt que de l’errance diagnostique.

MACRON II: « UNE MAUVAISE CHOSE POUR LE PAYS », SELON 55% DES FRANÇAIS

SONDAGE RÉÉLECTION DE MACRON : « UNE MAUVAISE CHOSE POUR LE PAYS », SELON 55% DES FRANÇAIS

 

Selon un nouveau sondage « Opinion 2022″ réalisé par Elabe pour BFMTV, L’Express , Emmanuel Macron est déjà en butte à la méfiance voire à l’hostilité d’une majorité de Français, en dépit de sa victoire dimanche au second tour de la présidentielle.

La sentence est sans équivoque: pour 55% de nos compatriotes, la réélection du sortant est « une mauvaise chose pour la France ».

Sur ces 55% voyant ce nouveau quinquennat arriver sous de sombres auspices, ils sont même 28% à juger que ce second mandat s’annonce comme une « très mauvaise chose » pour le pays. Cette défiance atteignait toutefois 56% le 2 février dernier. En revanche, 45% de nos concitoyens assurent que cette réélection est une « bonne chose ».

Emmanuel Macron fait le plein auprès de ses électeurs du premier tour, mais les électorats de Marine Le Pen – à hauteur de 89% – et de Jean-Luc Mélenchon – 72% – pensent que la prolongation de son bail à l’Élysée nuira à la nation. Toutes les catégories d’âge allant de 25 à 64 ans partagent cette vision pessimiste (selon des étiages variant de 55% à 62%).

D’un point de vue social, ce sont les classes populaires qui se montrent les plus critiques: parmi elles, ils sont 65% de répondants à pointer la victoire présidentielle d’Emmanuel Macron comme une « mauvaise chose pour la France ». À l’inverse, les cadres et professions supérieures sont positifs, pour 54% d’entre eux.

 

Environnement: Pour une vraie gouvernance de la planification écologique et énergétique

Environnement: Pour une vraie gouvernance de la planification écologique et énergétique

Pour le président du think-tank Cérémé, «il faut d’urgence redéfinir la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), en réformer la gouvernance en créant un grand ministère de l’Énergie rattaché à celui de l’Economie, et nommer un Défenseur de l’environnement» ( dans l »‘Opinion »)

 

 

Emmanuel Macron a annoncé vouloir faire de la transition écologique et énergétique une priorité de son nouveau quinquennat, sous le contrôle direct du Premier ministre. Il faut s’en réjouir, car les conséquences de la guerre en Ukraine et la hausse à venir des besoins en électricité montrent la nécessité de réformer en profondeur les priorités et la gouvernance de notre politique énergétique, qui sont aujourd’hui obsolètes et inefficaces. Comment ?

Il nous faut un grand ministère chargé de l’énergie, de l’industrie et de la recherche, rattaché au ministère de l’Economie. Depuis 2008, l’énergie est rattachée au ministère de l’Ecologie et la tutelle du secteur public de l’énergie est partagée entre Bercy et l’Ecologie. C’est une erreur car la politique énergétique ne peut en aucun cas se résumer à sa seule composante écologique. Elle comporte des enjeux industriels, de création d’emplois, de compétitivité, de ré-industrialisation, de souveraineté, de financement…

Il faut donc la remettre au centre du village gouvernemental, c’est-à-dire à Bercy, afin de doter le nouveau ministre chargé de la planification énergétique d’une administration puissante, implantée dans tout le territoire, habituée à opérer des arbitrages entre des intérêts divers, qui a directement la main sur la gestion des deniers publics et qui dispose d’une connaissance intime des acteurs de l’économie qui seront impliqués dans cette transition.

Nous devons aussi voter une nouvelle loi de programmation de l’énergie . Le décret d’avril 2020 fixant la PPE est inadaptée pour atteindre nos objectifs climatiques et obsolète au regard des annonces du Président sur la prolongation du parc nucléaire en activité et le lancement de nouvelles centrales.

La guerre en Ukraine et ses conséquences sur le gaz révèle de manière éclatante l’absurdité de l’objectif de réduction de la part du nucléaire en France pour la remplacer par le couple gaz/énergies renouvelables intermittentes. Ce choix, fait par l’Allemagne,la conduit aujourd’hui à rouvrir des centrales à charbon pour réduire sa dépendance au gaz russe alors que grâce au nucléaire et à l’hydraulique, la France bénéficie d’une électricité décarbonée à 92%, qu’elle produit elle-même et paie beaucoup moins cher que ses voisins européens !

L’objectif de réduction du nucléaire ne repose, en outre, sur aucun fondement climatique. Il procède d’un accord politique visant, pour François Hollande, puis pour Emmanuel Macron, à rallier les Verts dont le credo historique s’est construit sur la lutte contre le nucléaire civil, pour des raisons largement irrationnelles si l’on compare les nuisances du couple indissociable énergies renouvelables intermittentes/énergies fossiles, à celles du nucléaire civil.

Enfin, pour réaliser la décarbonation de notre économie, il faudra de plus en plus électrifier nos moyens de transport, les processus de production industrielle,la régulation thermique des bâtiments et produire de l’hydrogène par électrolyse. Or, comme le disent le GIEC et l’Agence Internationale de l’Energie, au regard de nos connaissances technologiques actuelles, le caractère pilotable, puissant et concentré sur des espaces réduits,  décarboné, et d’un coût compétitif du nucléaire, fait de cette énergie la meilleure option pour répondre à la hausse massive des besoins en électricité. Il est temps de tenir compte de ces réalités et de revoir la PPE en conséquence.

L’Environnement doit être défendu rationnellement. Un défenseur de l’environnement doit être nommé pour faire des citoyens les garants de la primauté donnée à l’environnement. La plupart des candidats à l’élection présidentielle ont appelé à donner aux citoyens plus d’influence sur les décisions publiques. Pour que la protection de l’environnement, haute priorité du Président élu, associe les citoyens aux décisions, il faut l’incarner dans une autorité indépendante qui transcende le foisonnement des procédures locales et qui veille à la cohérence des décisions concernant ce sujet aux multiples composantes.

La création d’un Défenseur de l’environnement, sur le modèle du Défenseur des droits, constituerait une avancée majeure. Elle donnerait progressivement au droit de l’environnement la même assise juridique qu’aux autres libertés publiques. Et elle garantirait que la défense de l’environnement soit respectée par les futurs gouvernements, quelle que soit leur orientation politique.

Choix énergétiques raisonnés, gouvernance efficace, pérennité et incarnation de la protection de l’environnement, telles sont les conditions de la réussite de la planification écologique.

Xavier Moreno est président du think-tank Cérémé (Cercle d’étude réalités écologiques et mix énergétique).

Economie, politique, société: les plus lus (1er mai 2022- 7h00)

Poutine un jour devant la justice internationale ?

Macronisme : un néo-libéralisme qui ne dit pas son nom

 Macronisme  : un néo-libéralisme qui ne dit pas son nom

Deux ouvrages dressent un bilan très néo-libéral du quinquennat d’Emmanuel Macron en matière de politiques publiques. Par Christophe Bouillaud, Université Grenoble Alpes (UGA) dans la « Tribune ».

Pour résumer à outrance, depuis Sarkozy notamment en passant par Hollande, l’orientation politique est d’installer derrière le masque du pragmatisme un projet de société de marché ou néo libéralisme.

De nombreux livres sur le style de gouvernance d’Emmanuel Macron ou sur certains aspects des politiques publiques menées de 2017 à 2022 ont été publiés par des journalistes pour aider le grand public à former son jugement à la veille de l’élection présidentielle. Ne serait-ce qu’en raison du temps nécessaire pour mener une recherche académique, ceux rédigés par des universitaires s’avèrent eux bien plus rares à ce stade.

Il faut donc saluer la publication en février 2022 de deux ouvrages qui tentent de faire un premier bilan à chaud des années 2017-2022 en respectant les contraintes de la vie académique. Le premier est le fruit d’un travail collectif dirigé par Bernard Dolez, Anne-Cécile Douillet, Julien Fretel, et Rémi Lefebvre, L’entreprise Macron à l’épreuve du pouvoir (PUG/UGA Editions, Fontaine/Grenoble).

En rassemblant pas moins de 29 spécialistes, l’ouvrage ambitionne d’établir un bilan de l’exercice du pouvoir par Emmanuel Macron et sa majorité. Le second, Les politiques sociales sous Macron (PUG/UGA Editions, Fontaine/Grenoble) résulte au contraire de l’enquête menée par un seul chercheur, Mehdi Arrignon. Ce dernier se focalise sur les seules politiques sociales, à la fois à travers les statistiques disponibles, les changements législatifs et réglementaires en la matière, et des entretiens avec des acteurs de ces dernières du haut en bas de la hiérarchie politico-administrative.

Pour ce qui concerne les politiques publiques proprement dites (en laissant ici de côté les aspects électoraux et partisans aussi traités par l’ouvrage collectif), les deux ouvrages se rejoignent dans leur diagnostic : le macronisme des années 2017-2022 fut bel et bien un néo-libéralisme.

Rappelons que le néo-libéralisme, c’est cette doctrine, énoncée par exemple par Milton Friedman ou Friedrich Hayek dès les années 1960, qui entend mettre la puissance de l’État au service du développement harmonieux de tous les marchés pour atteindre les optima sociaux désirables, que ce soit une meilleure santé, une meilleure éducation, une bonne retraite ou du travail pour tous.

De cette idéologie bien présente dans les discours de Margaret Thatcher ou de Ronald Reagan dans les années 1980, on ne trouve certes guère de trace aussi directe dans les discours tenus depuis 2017 par Emmanuel Macron ou ses proches, tous les auteurs ici cités en sont d’accord.

Le macronisme se présente lui-même, soit comme un pragmatisme qui applique au cas par cas les bonnes solutions aux problèmes rencontrés, soit comme un élan modernisateur qui ne dépend d’aucune idéologie autre qu’un vague progressisme. Seule la technophilie, l’idée d’un salut par l’innovation, distingue alors vraiment le macronisme.

Céder sur l’accessoire pour préserver l’essentiel

Tous les auteurs cités s’accordent cependant sur le fait que les changements ou inflexions de politiques publiques entre 2017 et 2022 sont toujours allés dans la direction qu’indique depuis des décennies désormais la boussole néo-libérale : plus de marchés ou plus de poids donné aux forces du marché (entreprises, concurrence, innovation) et moins de sources structurelles de dépenses publiques pour permettre des baisses d’impôt sur les « premiers de cordées » (en particulier moins de dépenses sociales dites « passives » d’indemnisation, comme celles du chômage).

Rappelons parmi les grandes décisions d’Emmanuel Macron la suppression de l’ISF (Impôt de solidarité sur la fortune) au nom de la théorie dite du « ruissellement » selon laquelle la moindre imposition des plus riches amène à plus d’investissements et donc à plus d’emplois et à une élévation à terme du niveau de vie des plus pauvres. Ou encore la baisse des APL de cinq euros par foyer au nom de la lutte contre la rente foncière censée capter à son seul profit les subventions publiques aux loyers des plus modestes.

Les diverses crises qu’a connues le mandat d’Emmanuel Macron (« gilets jaunes », Covid et désormais l’invasion russe de l’Ukraine) ont pu donner l’impression que les décisions prises au jour le jour s’éloignaient de cette intention fondamentale, avec le désormais célèbre « quoi qu’il en coûte ». Les auteurs montrent plutôt qu’Emmanuel Macron et ses proches ont su à chaque fois céder sur l’accessoire pour préserver l’essentiel.

L’essence du macronisme

Quel est cet essentiel ? En matière économique et sociale, c’est à une priorité au « retour au travail » de tous que l’on assiste depuis 2017. Comme le montre Mehdi Arrignon, dans son chapitre 14, « Justice sociale : les conceptions implicites » (p. 199-208), c’est de fait à un retournement complet de l’idée même de protection sociale que l’on assiste. Il s’agit de forcer tout un chacun à devenir économiquement autonome de toute aide publique, à prendre des risques, à « traverser la rue ».

Les diverses réformes étudiées par M. Arrignon vont en effet toutes dans ce sens : faire du retour au travail rémunéré la solution unique à tous les problèmes rencontrés par les individus.

Les contributions rassemblées dans l’ouvrage collectif portant sur d’autres politiques publiques (sans pouvoir les couvrir toutes cependant) dressent le même diagnostic : sur la politique du logement laissée aux bons soins du marché (Sylvie Fol, Matthieu Gimat, Yoan Miot), sur la fiscalité favorisant les hauts revenus issus du capital mobilier (Kevin Bernard, Camille Herlin-Giret), sur la politique territoriale misant sur l’autonomie de territoires mis en concurrence (Eleanor Breton, Patrick Le Lidec), sur la santé contrainte par un corset financier d’acier trempé (Frédéric Pierru), sur le sort des grandes réformes (retraites, assurances chômage, etc.) maintenues de fait pendant les crises des « gilets jaunes » et du Covid (Rafael Cos, Fabien Escalona).

Le néo-libéralisme demeure au cœur des décisions, à la fois sous son aspect financier, sous la priorité qu’il donne aux marchés et aux entreprises, et enfin pour responsabiliser chacun de son propre sort. Il est noter qu’aucune des contributions ici rassemblées ne fait allusion à un renouvellement de la réflexion au cours des années 2017-2022 de la part des acteurs aux commandes des différentes politiques étudiées. Il n’y a donc pas lieu d’attendre quelque correction de trajectoire de leur part pour les années à venir.

Une grande continuité avec les deux mandats présidentiels précédents

Cependant, tous ces auteurs insistent aussi sur la continuité de ces politiques néo-libérales avec les deux précédents quinquennats (Sarkozy, Hollande). Il n’y a donc pas véritablement rupture, pas de « révolution » telle que promise dans le livre-programme d’Emmanuel Macron de 2016, mais approfondissement d’un sillon déjà bien labouré.

Cette continuité et cet approfondissement que représente le macronisme au pouvoir, largement lié à une continuité des élites politico-administratives (hauts fonctionnaires déjà à la manœuvre dans un domaine de politique publique avant 2017 repérés par les diverses contributions des deux ouvrages cités entre 2017 et 2022, ou élus venus du Parti socialiste ou des Républicains et ralliés en 2017 ou après à Emmanuel Macron comme députés ou ministres) qui conçoivent et mettent en œuvre ces réformes, expliquent sans doute l’insatisfaction des Français face à une bonne part de ces politiques publiques, et surtout à l’égard des institutions où ces politiques publiques sont décidées.

Un programme visant à fonder une société de marché

Selon les données du Baromètre de la confiance politiquel’enquête régulière menée par le CEVIPOF), jamais aucune institution politique nationale ou européenne (Président de la République, Parlement, Sénat, Conseil constitutionnel, Conseil économique social et environnemental, Union européenne) n’a dépassé depuis qu’il existe (2009), et ce jusqu’en janvier 2022, le seuil des 50 % de satisfaits (vague 13, janvier 2022).

L’insatisfaction à l’égard des pouvoirs les plus éloignés est ainsi devenu un très majeur de notre démocratie. Seuls les pouvoirs locaux (Conseil municipal, et, dans une moindre mesure, Conseil départemental et Conseil régional) recueillent encore régulièrement la confiance de plus de 50 % des Français. Quant aux partis politiques, ils représentent de longue date l’institution dans laquelle les Français ont de loin le moins confiance (21 % en janvier 2022).

Le programme en matière économique et sociale présenté par E. Macron le 17 mars 2022 en vue de sa réélection s’avère pourtant en parfaite continuité avec les décisions du quinquennat qui s’achève (retraite à 65 ans, obligation d’avoir une activité partielle pour les bénéficiaires du RSA, fusion de toutes les aides sociales, etc.).

La réélection d’Emmanuel Macron validera donc ce choix d’une « société de marché », comme aurait dit Lionel Jospin (PS) en son temps, alors qu’il refusait justement l’évolution du socialisme français vers le néo-libéralisme.

Une « société de marché » correspondrait à l’idéal néo-libéral enfin réalisé, où le devenir de chaque personne serait très strictement indexé sur sa réussite économique sur le marché. Elle correspond aussi à la volonté d’E. Macron de garantir une égalité aussi parfaite que possible des chances au départ de cette lutte pour profiter des agréments de la vie ou pour éviter ses désagréments, mais de n’offrir que des filets de sécurité les plus minimaux possibles pour les perdants de cette course. Cependant il n’est pas sûr que la pérennisation de ce nouveau modèle (anti-)social français n’accroisse pas encore la défiance d’une bonne part de la population à l’encontre de l’État, des élites, de la politique, voire même de toute autorité instituée.

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Par Christophe Bouillaud Professeur de science politique, Université Grenoble Alpes (UGA)

Cet article a été publié dans le cadre du partenariat avec le site Poliverse.fr.

Présidentielle : quelle légitimité démocratique pour Macron !

Présidentielle : quelle légitimité démocratique  pour Macron ! 

Un cri de révolte pour protester contre le caractère d’illégitimité d’élection de Macron ; un cri qui peut s’entendre mais qui mériterait d’être encore approfondi sur ce qu’on entend par illégitimité. Indiscutablement, l’élection de Macron est juridiquement légitime mais le problème c’est que politiquement, elle ne l’est pas.

En effet, le reproche essentiel fait à Macron, c’est son ascension politique jusqu’au plus haut niveau sans jamais avoir eu le moindre passé social, la moindre expérience collective sociétale, la moindre représentativité collective.  Macron est un bourgeois technocrate choisi et financé par les plus grandes entreprises. Cela évidemment pour favoriser un projet de société de marché.

Les Français sont une majorité à le considérer comme moralement et politiquement illégitime. Pour preuve surtout le premier parti de France de 40 à 50 % d’abstention, de non-inscrits ou de mal inscrits. Même si par ailleurs juridiquement son élection n’est pas contestable . En fait Macron recueille seulement 15% des votants potentiels au premier tour. 

 

tribune

« J’ai accepté que mon candidat n’ait pas passé le premier tour. Et je me suis tournée vers celui qui correspondait le mieux à mes attentes parmi les deux finalistes, estime Mélanie Tellaa. C’est un choix légitime, un vote d’adhésion au regard du processus électoral de la Ve République. [...] Ce n’est pas un choix par défaut. »

Je ne suis personne mais je pense représenter une certaine opinion. Emmanuel Macron vient d’être réélu et je suis particulièrement choquée des réactions des personnalités politiques.

Je fais partie des gens qui ont voté pour lui. Pas au premier tour. J’ai voté pour lui au second tour. Et je voudrais m’inscrire en faux contre tout ce qui se dit en ce moment même. Non, ce n’est pas un choix par défaut. Oui, ce choix que j’ai fait et que des millions de gens ont fait, ce choix est un choix démocratique.

J’ai lu les programmes. J’ai évalué les candidats selon leur adéquation à mes principes, à mes valeurs et j’ai évalué leur capacité à faire des propositions réalistes. Tout ça a été le fruit de recherches personnelles, de réflexions. Et oui, j’ai choisi de voter pour Emmanuel Macron au deuxième tour. J’ai accepté que mon candidat n’ait pas passé le premier tour. Et je me suis tournée vers celui qui correspondait le mieux à mes attentes parmi les deux finalistes.

C’est un choix légitime, un vote d’adhésion au regard du processus électoral de la Ve République. Je rejette les accusations d’illégitimité démocratique.

Je refuse que les candidats qui n’ont pas conquis assez de voix pour passer au second tour osent parler de vote par défaut. Je regrette aussi qu’ils évoquent le vote « barrage » avec mépris. Car ce vote barrage n’est pas méprisable et n’est pas moins fort que le vote d’adhésion : c’est un vote d’adhésion aux valeurs de la République. C’est un vote contre l’extrême-droite dont le discours est banalisé.

Mais conforter le désespoir de certains citoyens qui voyaient dans le choix à faire un choix du pareil au même, c’est oublier que Marine Le Pen est la candidate d’un parti dont les propositions sont pour beaucoup contraires aux traités européens et à la Constitution française. Ses mesures visent à diviser les Français selon leurs origines ou leurs religions. Lutter contre cela est tout à fait légitime.

Je regrette que ceux qui essuient encore leur défaite n’arrivent pas à relever la tête pour respecter ces électeurs dont je fais partie et qui ont participé à la réélection du président de la République. Je regrette que l’on nie mon choix. Je regrette que l’on compare les dangers de l’extrémisme à un choix républicain.

Et je leur dis à tous : l’offre politique existe. Chacun doit s’en saisir et prendre ses responsabilités. Pour ma part, c’est clair. J’ai voté Macron et je l’ai fait exprès.

Mélanie Tellaa, Angresse (Landes)


« J’ai accepté que mon candidat n’ait pas passé le premier tour. Et je me suis tournée vers celui qui correspondait le mieux à mes attentes parmi les deux finalistes, estime Mélanie Tellaa. C’est un choix légitime, un vote d’adhésion au regard du processus électoral de la Ve République. [...] Ce n’est pas un choix par défaut. »(tribune d’un lecteur du « Monde »)

 

Je ne suis personne mais je pense représenter une certaine opinion. Emmanuel Macron vient d’être réélu et je suis particulièrement choquée des réactions des personnalités politiques.

Je fais partie des gens qui ont voté pour lui. Pas au premier tour. J’ai voté pour lui au second tour. Et je voudrais m’inscrire en faux contre tout ce qui se dit en ce moment même. Non, ce n’est pas un choix par défaut. Oui, ce choix que j’ai fait et que des millions de gens ont fait, ce choix est un choix démocratique.

J’ai lu les programmes. J’ai évalué les candidats selon leur adéquation à mes principes, à mes valeurs et j’ai évalué leur capacité à faire des propositions réalistes. Tout ça a été le fruit de recherches personnelles, de réflexions. Et oui, j’ai choisi de voter pour Emmanuel Macron au deuxième tour. J’ai accepté que mon candidat n’ait pas passé le premier tour. Et je me suis tournée vers celui qui correspondait le mieux à mes attentes parmi les deux finalistes.

C’est un choix légitime, un vote d’adhésion au regard du processus électoral de la Ve République. Je rejette les accusations d’illégitimité démocratique.

Je refuse que les candidats qui n’ont pas conquis assez de voix pour passer au second tour osent parler de vote par défaut. Je regrette aussi qu’ils évoquent le vote « barrage » avec mépris. Car ce vote barrage n’est pas méprisable et n’est pas moins fort que le vote d’adhésion : c’est un vote d’adhésion aux valeurs de la République. C’est un vote contre l’extrême-droite dont le discours est banalisé.

Mais conforter le désespoir de certains citoyens qui voyaient dans le choix à faire un choix du pareil au même, c’est oublier que Marine Le Pen est la candidate d’un parti dont les propositions sont pour beaucoup contraires aux traités européens et à la Constitution française. Ses mesures visent à diviser les Français selon leurs origines ou leurs religions. Lutter contre cela est tout à fait légitime.

Je regrette que ceux qui essuient encore leur défaite n’arrivent pas à relever la tête pour respecter ces électeurs dont je fais partie et qui ont participé à la réélection du président de la République. Je regrette que l’on nie mon choix. Je regrette que l’on compare les dangers de l’extrémisme à un choix républicain.

Et je leur dis à tous : l’offre politique existe. Chacun doit s’en saisir et prendre ses responsabilités. Pour ma part, c’est clair. J’ai voté Macron et je l’ai fait exprès.

Mélanie Tellaa, Angresse (Landes)

Économie et inflation : changement de paradigme avec le retour de la stagflation

Économie et inflation  : changement de paradigme avec le retour de la stagflation

 

Il est clair que la plupart des programmes électoraux n’ont  tenu aucun compte de l’évolution économique et que de ce point de vue,  ils sont largement obsolètes car les moyens évoqués notamment financiers sont illusoires.

Bref, un changement de paradigme avec le retour de la stagflation

Jusque-là en effet on se réjouissait à juste titre d’une nette reprise de la croissance et d’une grande maîtrise de l’inflation. Or aujourd’hui, on connaît l’inverse avec un net ralentissement de l’activité qui se traduit notamment en France pour le premier trimestre par une absence de croissance du PIB. Dans le même temps l’inflation se situe sur une perspective de 5 à 6 %. Du coup,le pouvoir d’achat des consommateurs est largement entamé  puisque salaires, épargne et pensions ne suivent pas. La conséquence est une baisse de la consommation qui vient impacter la croissance. Malheureusement avec le maintien d’un très haut niveau des prix du fait des perturbations logistiques qui perdurent notamment avec la Chine, de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine.

La consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance tricolore a reculé au cours du premier trimestre à -1,3% après 0,6%.

La flambée des contaminations due au virus Omicron en fin d’année 2021 au moment des fêtes de Noël et pendant les premières semaines de 2022 a considérablement pesé sur le moral des ménages. Du côté des investissements, les chiffres montrent une lente progression à 0,2% contre 0,3% au T4. La dynamique est principalement portée par les entreprises et les administrations publiques. En revanche, les dépenses d’investissement des ménages sont en repli de -1,1%.

Politique: Les risques d’un quinquennat de chaos

Politique: Les risques d’un quinquennat de chaos          

 

Rarement sans doute une élection aura aussi peu intéressé les Français qui a près de 70 % n’attendent  pas grand-chose de cette échéance. D’une certaine manière, ils ont raison. Pire, ce quinquennat pourrait être celui du chaos tellement de problèmes restent  en suspens.

Les principaux concernent le manque de compétitivité de l’économie, la bureaucratie étatique, le poids de la fiscalité sans parler des problèmes sociétaux de démocratie, de drogue, d’insécurité voire de terrorisme.

Sur l’ensemble de ces questions Macron a  joué au président caméléon : un coup à gauche, un coup à droite et retour à la case immobilisme.

Ce nouveau quinquennat comporte  le risque d’additionner les crises.

La première crise concernera sans doute le domaine démocratique ;  le président élu comme d’ailleurs les députés ne seront représentatifs que d’une faible majorité. En gros , les trois quarts des Français ne se reconnaîtront pas dans ces élus.

La seconde crise pourrait découler de la question socio économique très impactée par l’inflation. Une inflation en train discrètement mais sûrement de grignoter le pouvoir d’achat des ménages , donc de la consommation et de la croissance. Et plus loin derrière de l’emploi. En gros, en moyenne les Français vont voir leur pouvoir d’achat augmenter de 2 à 3 % qu’en inflation aura atteints cette année autour de 6 %.

La question économique centrale concerne le manque de compétitivité de la France qui en moyenne par an accuse toujours autour de 70 milliards de déficits quand les Allemands dégagent un bénéfice de près de 200 milliards. En cause, un ultralibéralisme qui  a tué notamment l’industrie et favorisé les délocalisations.

En cause, le poids de la fiscalité qui pèse sur les coûts de production. En cause aussi,  un problème tabou : le manque de productivité des actifs. Un manque de productivité qui a reçu le coup de grâce avec les 35 heures de la gauche irresponsable et incompétente. Les Français potentiellement actifs sont ceux parmi les pays développés qui travaillent le moins au cours de leur vie. Cette question va rapidement resurgir à l’occasion de la réforme des retraites sera forcément contestée.

Au-delà de la question économique se pose tout autant- et en interconnexion- la question financière avec l’accumulation d’une dette qui prouve que la France ne peut maintenir son train de vie qu’à crédit. Une dette qu’il faudra bien rembourser à terme   d’une manière ou d’une autre par la fiscalité ou l’inflation.

En matière sociétale, les questions de la sécurité et de la drogue devront être prises autrement en compte car elles gangrènent  progressivement non seulement certaines banlieues mais la plupart des villes mêmes les plus petites avec des contagions jusque dans la ruralité.

Évidemment d’autres problèmes non évoqués ici viendront aussi marquer ce quinquennat. Un quinquennat qui pourrait surtout être celui du chaos avec soit une présidente complètement incompétente, soit un président caméléon immature  qui confond bavardage et progressisme.

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