Guerre en Ukraine: Assumer le coût
Inévitable, le coût économique et social du soutien à l’Ukraine ne sera assumé durablement par les Français que s’il est justement réparti, faute de quoi le régime russe exploiterait nos divisions, souligne, dans une tribune au « Monde », Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité.
Ce sont les Ukrainiennes et les Ukrainiens – sans oublier les opposants russes – qui en paient le prix le plus fort par les dévastations, la peur, les viols, les tortures, la mort, l’exil. Mais ne prétendons pas que ce sera sans douleur pour nous. Disons-le clairement : ce combat commun a et aura aussi un coût pour les Françaises et les Français.
Les sanctions imposées à la Russie s’ajoutent aux désordres provoqués par le conflit, relayés par la spéculation, pour amplifier la hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation. Ils pèsent sur le pouvoir d’achat des Français, sur la croissance et l’emploi. Ce coût grandira lorsque les Européens décideront enfin un embargo total sur le gaz et le pétrole russes.
Aucune alternative
Le régime russe sait combien la dépendance énergétique et alimentaire, pesant sur les conditions de vie des Européens, affaiblit leur esprit de résistance et peut fracturer l’Union européenne. Il suffit d’entendre celles et ceux qui n’ont jamais rien trouvé à redire à la brutalité de Poutine, évoquer les conséquences de l’appui à l’Ukraine pour tenter de l’amenuiser. De plus, l’attitude de Vladimir Poutine n’offre pour l’heure aucune alternative au renforcement constant de l’aide militaire pour seconder l’héroïsme des Ukrainiens.
En réponse, il sait jouer de nos peurs. C’est la vocation de ses gesticulations nucléaires face auxquelles il revient aux Européens et à leurs alliés de conserver détermination, cohésion et sang-froid. L’objectif demeure un cessez-le-feu, le retrait des troupes russes sur les lignes du 24 février 2022, l’ouverture de négociations bilatérales puis multilatérales pour garantir la liberté et la sécurité de tous – y compris de la Russie. Mais tant que l’Ukraine ne sera pas en situation de discuter autrement qu’en position d’agressée, il ne peut y avoir de désescalade à l’initiative des Européens. Ce serait accepter la primauté du recours à la force.
Ne faisons pas à Vladimir Poutine le cadeau de nos faiblesses. Il ne peut pas l’emporter. Son seul atout réside dans la peur qu’il suscite et dans l’instrumentalisation du désordre économique et social provoqué par le conflit qu’il a déclenché, dans une Europe déjà socialement et culturellement fragilisée, où de plus en plus de citoyens semblent tentés – lassitude, découragement, colère ou oubli – par des formes de relativisation du caractère sacré de la démocratie.
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