« Public », le retour de l’Etat ?

« Public », le   retour de l’Etat ? 

Le politiste Antoine Vauchez scrute, dans son livre, le retour en grâce du vocable de l’action publique dans les débats actuels, tout en décryptant les métamorphoses de l’action de l’Etat sous influence néolibérale. Un ouvrage intéressant au moment où sont critiqués les excès des politiques néolibérales dans des champs qui relèvent de la responsabilité régalienne. Reste qu’une confusion peut encore être entretenue entre précisément les champs d’intérêts généraux, les institutions publiques et les statuts des personnels. Trois aspects qui peuvent être liés mais dont l’amalgame rend la problématique complètement confuse.

 

analyse du Monde

 

 

 

 

« Les mots du “public” sont de retour. » Ainsi débute Public, le nouvel ouvrage d’Antoine Vauchez, politiste, directeur de recherche au CNRS et membre du Centre européen de sociologie et de science politique. Après trois décennies de politiques néolibérales qui n’ont cessé d’accabler les déficiences de l’action publique et d’affirmer la supériorité des solutions du marché, les mots du public (services publics, décisions publiques, personnes publiques, etc.) sont sur toutes les lèvres, développe le chercheur. Nous en avons, plus que jamais, besoin.Il faut dire que la crise engendrée par la pandémie de Covid-19 comme l’urgence climatique nous rappellent avec force le rôle fondamental des services publics universels et la nécessité de plans d’investissements publics massifs. En parallèle, poursuit-il, le privé tombe de son piédestal. L’inquiétude monte face aux risques d’une concentration de pouvoirs inédite dans les mains d’un petit nombre de « superstar firms » (Gafam et autres), qui influencent toujours davantage nos destins collectifs.

 

Mais nous sommes mal préparés pour répondre à cette demande renouvelée de « public ». Les mots eux-mêmes ont perdu de leur sens. Que peut-il bien vouloir dire à l’heure de la dérégulation générale et du néolibéralisme vorace ? Il ne détermine plus « ni un régime juridique (statut des agents, conditions d’accès et d’usage), ni un mode de production (non marchand), ni un horizon social (égalité, universalité, etc.), ni même un circuit politique (responsabilité politique, contrôle démocratique, etc.», regrette le politiste. De leur côté, les entreprises privées consacrent beaucoup d’efforts à placer leur action sous le label factice de l’intérêt général (les fameux « washing » de toutes sortes).

Bref, les repères sont brouillés. Et on a longtemps fait l’autruche. Privatisations, externalisations des services publics, partenariats public-privé, tournant managérial de l’Etat, pantouflages… La liste des accrocs est longue, constate l’auteur. Malgré tout, « le grand manteau public dont se drapait l’Etat tenait bon », masquant les déchirures.

Mais aujourd’hui le château s’effondre : l’association automatique entre Etat et intérêt public s’effrite, et, avec elle, sa légitimité à exercer des pouvoirs exorbitants. Les citoyens prennent progressivement conscience, crise après crise, des « carences de l’action gouvernementale », désormais incapable de tenir les promesses « publiques » d’un Etat-providence.

 


 

La crise du public s’accompagne d’une crise démocratique : ces dernières décennies furent celles d’une disjonction croissante entre les citoyens et la décision collective. Tout cela génère une crise de confiance, d’autant plus délétère qu’elle nous frappe à l’heure où les Etats et l’Union européenne en ont le plus besoin, pour faire face à un foisonnement de crises (sociales, économiques, sanitaires) et pour conduire une transition écologique plus que pressante.

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