Élisabeth Borne : un bilan insignifiant
.Franceinfo dresse péniblement le bilan de son action aux ministères Transports et de la Transition écologique . Un bilan très mince pour ne pas dire insignifiant
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Avant d’être nommée Première ministre, lundi 16 mai, Elisabeth Borne a fait partie du défilé de ministres de la Transition écologique lors du dernier quinquennat d’Emmanuel Macron. Entre Nicolas Hulot, François de Rugy et Barbara Pompili, elle a occupé les postes de ministre chargée des Transports, de mai 2017 à juillet 2019, puis elle a remplacé François de Rugy à la tête du ministère de la Transition écologique et solidaire de juillet 2019 à juillet 2020, pour ensuite être relayée par Barbara Pompili.
Emmanuel Macron l’a affirmé pendant la campagne présidentielle : elle sera désormais en charge de la planification écologique. Mais qu’a-t-elle accompli entre 2017 et 2020 ? « Grande connaisseuse des dossiers et ouverte au dialogue avec les parties prenantes, elle a pourtant obtenu peu d’avancées mémorables dans le domaine de la lutte contre le changement climatique », répond pour sa part le Réseau action climat dans un communiqué. Franceinfo fait le bilan.
Lors de ses deux mandats aux Transports et à la Transition écologique, les aides publiques en faveur des mobilités bas carbone et les dépenses globalement « favorables au climat » ont augmenté, suivant une tendance générale lors de la décennie, note un rapport de l’I4CE, l’Institut de l’économie pour le climat. L’organisme liste une série de dépenses telles que »l’augmentation rapide des aides à l’acquisition des véhicules propres depuis 2018″ ou le soutien du ferroviaire au travers du « rachat de 20 milliards d’euros de la dette de SNCF Réseau en 2020«
Toutefois, ces investissements n’ont pas permis de faire baisser suffisamment les émissions de gaz à effet de serre, responsables du dérèglement climatique, en 2017, 2018 et 2019. Sur les trois années pendant lesquelles Elisabeth Borne a joué un rôle dans la politique écologique du pays, les émissions de CO2 de la France n’ont pas atteint les objectifs de baisse fixés par la première Stratégie nationale bas carbone, la feuille de route française pour respecter l’accord de Paris.
Déjà sermonné en 2017, le gouvernement a de nouveau été contraint de prendre des mesures pour réduire la pollution de l’air, sous astreinte de 10 millions d’euros par semestre de retard. Peu après la fin du mandat d’Elisabeth Borne au ministère de la Transition écologique en juillet 2020, le Conseil d’Etat a constaté « que le gouvernement [n'avait] toujours pas pris les mesures demandées pour réduire la pollution de l’air dans huit zones en France », avait dénoncé la haute juridiction.
Durant ses mois en charge de ces enjeux, la ministre a mis un point final à des projets controversés. Le 7 novembre 2019, elle a annoncé l’abandon d’EuropaCity, vaste complexe de loisirs, d’hôtels et de commerces qui devait ouvrir à Gonesse (Val-d’Oise) et devenu le symbole de l’urbanisation des surfaces agricoles. Quelques jours avant de passer la main à Barbara Pompili, Elisabeth Borne a également acté l’arrêt définitif de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin). « Avec l’arrêt des deux réacteurs de Fessenheim, nous engageons à 50% la réduction de la part du nucléaire d’ici 2035 tout en développant massivement les énergies renouvelables. Pourquoi ? Parce qu’un système électrique plus diversifié est un système plus résilient », avait-elle alors défendu devant l’Assemblée nationale.
Pendant ses mandats, Elisabeth Borne a également mené à bien trois projets de loi initiés avant son arrivée. Il s’agit tout d’abord de la loi Energie-climat, adoptée le 8 novembre 2019. Le texte a fixé l’objectif d’une baisse de 40% de la consommation d’énergies fossiles d’ici à 2030 en France – contre 30% précédemment –, la fermeture des dernières centrales à charbon en 2022, mais aussi le report de 2025 à 2035 de la réduction à 50% de la part du nucléaire dans la production électrique. Toutefois, « elle n’a pas pu imprimer sa marque sur un texte dont les principaux objectifs avaient déjà été annoncés par Nicolas Hulot dès 2017″, notait Le Monde.
Quelques semaines plus tard, elle a également porté la loi d’Orientation des mobilités jusqu’à sa publication au Journal officiel, le 26 décembre 2019. »En France, cela faisait plus de trente ans qu’on n’avait pas eu de loi sur les enjeux transports et mobilité », a salué auprès de franceinfo David Zambon, directeur chargé des infrastructures au sein du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema). Clément Sénéchal, porte-parole de Greenpeace, modère de son côté la portée de la loi, auprès de franceinfo : « Elle ne comportait pas de mesures structurantes pour ramener ce secteur dans les clous des accords de Paris. Preuve en est, il déroge toujours aux objectifs. »
Enfin, elle était en poste lors de la promulgation, le 10 février 2020, de la loi relative à la Lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire. Mais cette « loi plutôt ambitieuse, qui encourage la réparation des produits, interdit la destruction des invendus non alimentaires, lutte contre les dépôts sauvages dans la nature ou renforce l’application du principe pollueur-payeur » a davantage été « préparée et portée par sa secrétaire d’Etat Brune Poirson », analyse Libération.
Un plan en faveur de la pratique du vélo !
Fin avril 2020, peu avant la sortie du premier confinement, Elisabeth Borne a annoncé un plan de 20 millions d’euros pour faciliter la pratique du vélo. « Pour encourager ce mouvement [vers le vélo], nous renforçons la sécurité des cyclistes en soutenant le développement des pistes cyclables temporaires et nous incitons le plus grand nombre à utiliser le vélo en prenant en charge des réparations, l’installation de places de stationnement ou encore des formations », a-t-elle alors défendu.
La vérité c’est que la plupart des mesures un peu importantes sont passées largement au-dessus de la tête d’Élisabeth Borne qui a toujours su naviguer pour pratiquer en même temps la langue de bois et l immobilisme.
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