EDF : Le premier dossier piège d’Élisabeth Borne
De façon unanime la grande presse a accordé des vertus de compétence sur tous les sujets à Élisabeth Borne qui pourtant ne peut faire la preuve que d’un bilan très insignifiant depuis qu’elle navigue dans les cabinets ministérielsde droite et de gauche. On va mesurer rapidement les limites de sa technicité avec le dossier EDF qui renaît sous la pression des salariés du groupe. La plupart des journalistes ne connaissent pas grand-chose. Pour eux, ingénieur des ponts et chaussées, le cas d’Élisabeth Borne, c’est la même chose qu’un ingénieur des mines. . Pour traiter un dossier aussi complexe il faut un ingénieur des mines que n’est pas Élisabeth borne. Et qui n’est pas non plus une grande stratège politique et sociale.
Les instances représentatives du personnel se préparent donc à un « match retour » pour défendre l’intégrité du groupe EDF et appellent au dialogue. Ils espèrent que les questions de souveraineté énergétique, devenues brûlantes depuis le début de la guerre en Ukraine, joueront en leur faveur. « Nous souhaitons qu’à partir d’aujourd’hui, la parole de celles et ceux qui ont des idées sur la conception du service public de l’énergie de demain puisse être entendue », expose le secrétaire général du CSEC d’EDF.
« Si nous avons un message à faire passer à Elisabeth Borne, c’est que l’avenir du service public de l’électricité ne doit pas se discuter dans les cursives, sous l’influence des banques d’affaires », Estiment les représentants des salariés
Les deux représentants des CSEC plaident, eux, pour « une renationalisation complète d’EDF » et pour « la sortie du dogme de la concurrence et donc l’émancipation de la France du marché européen de l’énergie ».
« Cela demande un courage politique très fort. Est-ce que Madame Borne l’aura ? » interroge Frédéric Fransois, secrétaire général CFE-CGC du CSEC d’Enedis.
Les instances représentatives du personnel remettent en cause l’ouverture du marché de l’électricité à la concurrence au début des années 2000, en application de la directive européenne de 1996, qui supprime ainsi les tarifs fixés par les pouvoirs publics. Depuis, les prix sont définis par le jeu de l’offre et de la demande sur les bourses nationales de l’électricité, interconnectées entre elles, et via des contrats de long terme entre producteurs et consommateurs.
Sur ces bourses, la formation du prix repose sur le principe de la vente au coût marginal. C’est-à-dire que les prix au mégawattheure (MWh) dépendent du coût nécessaire à la mise en route de la toute dernière centrale appelée afin de répondre à la demande dans chaque Etat membre, notamment aux heures de pointe. Or c’est généralement une centrale au gaz ou au charbon, qui est appelée en dernier recours en Allemagne, par exemple. Résultat : quel que soit leur mix national, ou presque, tous les pays membres de l’UE subissent peu ou prou la même hausse de prix, liée à la flambée des prix des hydrocarbures.
Les organisateurs du Conseil national de l’énergie exigent également « l’abrogation totale et définitive de l’Arenh », ce mécanisme qui oblige EDF à vendre un certain volume d’électricité nucléaire à prix cassés à ses concurrents. « L’Arenh a été mise en place il y a dix ans pour organiser la concurrence et permettre [aux fournisseurs alternatifs, ndlr] de pouvoir investir dans des moyens de production. La concurrence n’a pas investi dans l’appareil productif. L’Arenh ne repose plus sur aucun argumentaire législatif », estime Philippe Page Le Mérour.
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