Sobriété ou efficacité énergétique ?

Sobriété ou efficacité énergétique ? 

L’économiste Matthieu Glachant estime, dans une tribune au « Monde », que la mise en place de bonus-malus est la meilleure manière de contrecarrer les inégalités d’usages entre riches et pauvres que provoquent les politiques en faveur de la sobriété.

Historiquement centré sur la production d’énergie et sa décarbonation, le débat public a intégré la question de la sobriété. La guerre en Ukraine pointant notre dépendance aux énergies fossiles russes contribue évidemment à cette évolution. Mais de quoi parle-t-on exactement ? Et comment la mettre en œuvre ?

Le constat de départ est simple : l’énergie ne nous est pas directement utile. Elle le devient quand nous la combinons avec une machine fournissant un service énergétique : une chaudière pour chauffer notre logement, une voiture pour partir en vacances, une lampe pour nous éclairer, un smartphone pour nous connecter aux réseaux sociaux, etc.

Deux stratégies sont alors disponibles pour réduire la consommation d’énergie : réduire l’usage du service, ou investir dans des machines consommant moins d’énergie pour un même niveau de service. Concrètement, diminuer nos déplacements ou acheter une voiture qui consomme moins de carburant, abaisser la température intérieure de notre appartement ou l’isoler. Conceptuellement, diminuer nos usages ou investir dans l’efficacité énergétique.

L’impact énergétique de la réduction des usages dépend évidemment du type d’action et de la vigueur avec laquelle on la met en œuvre. Réduire la température de son logement d’un degré réduit la consommation d’énergie de 7 %. Et donc le double si l’on passe de 20 degrés – la moyenne dans les logements français – à 18 degrés. Limiter sa vitesse à 110 km/h sur autoroute réduirait de 20 % la quantité de carburant consommée sur le trajet. Un covoiturage peut faire beaucoup mieux.

Investir dans l’efficacité énergétique a un effet plus complexe sur la consommation d’énergie. Une machine plus efficace verra en effet son coût énergétique d’utilisation réduit. Elle sera alors plus souvent utilisée. L’achat d’une voiture consommant moins d’essence au kilomètre permettra à son utilisateur d’effectuer plus de déplacements, la rénovation énergétique d’un logement incitera ses occupants à augmenter la température intérieure l’hiver.

Une part du bénéfice énergétique de l’investissement sera ainsi dissipée dans une augmentation de l’usage. C’est l’effet rebond. Annulera-t-il le bénéfice énergétique ? Exprimé autrement, la consommation d’énergie excédera-t-elle celle observée avant investissement ? Une réponse positive à ces questions ôterait toute pertinence à la stratégie de l’efficacité énergétique.

La recherche économique a beaucoup avancé sur la mesure de l’ampleur de l’effet rebond. Les résultats sont disponibles pour différents secteurs (la rénovation des bâtiments, la circulation automobile, l’industrie), et ils sont sans ambiguïté : le rebond existe bel et bien, mais il n’annule pas les bénéfices énergétiques de l’investissement (voir, par exemple, la synthèse de ces résultats réalisée par Gillingham, Rapson et Wagner en 2016).

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