L’économie chinoise en grande difficulté
Un industriel européen, un économiste américain et un financier chinois s’inquiètent, chacun de leur côté, de la santé économique de la deuxième économie mondiale.
La Chine n’en finit pas de s’enfoncer dans sa politique paralysante du zéro Covid. La conséquence est une paralysie de près d’un tiers de l’économie sans parler des atteintes de plus en plus insupportable aux libertés et même à la mobilité. S’y ajoute le processus de production en cours de restructuration au plan mondial qui pèse sur les exportations chinoises. Bref l’économie et la société chinoise va mal un facteur explicatif supplémentaire à la menace sur la croissance mondiale NDLR
Quand trois de vos fervents supporteurs vous indiquent, à quelques heures d’intervalle, que vous foncez droit dans le mur, votre intérêt est de prendre leurs avis en considération. Même si vous vous appelez Xi Jinping et êtes à la tête d’un pays de 1,4 milliard d’habitants. Or, trois hommes d’affaires influents – un industriel européen, un économiste américain et un financier chinois – viennent, chacun de son côté, de tirer la sonnette d’alarme : la Chine va mal, disent-ils.
Commençons par Weijian Shan, le financier chinois. Né en 1954, quelques mois après l’actuel président, il a, comme lui, été envoyé « en rééducation » durant la Révolution culturelle. Mais Weijian Shan a quitté le pays dès la mort de Mao. Direction : les Etats-Unis. Passé par la Banque mondiale, la banque JP Morgan et le fonds d’investissement TPG, il dirige désormais PAG, un fonds d’investissement installé à Hongkong, doté de plus de 50 milliards de dollars (47,5 milliards d’euros) de capital.
Cet ancien administrateur de Lenovo et récemment nommé dans celui d’Alibaba incarne l’ouverture de la Chine sur le monde. Or, dans une vidéo adressée à ses clients – qu’a interceptée le Financial Times –, Weijian Shan estime que la Chine subit actuellement « une crise économique profonde » comparable à ce que l’Occident a vécu en 2008. D’après lui, « l’économie chinoise n’a jamais été dans une forme aussi mauvaise depuis trente ans ». Même constat pour « le mécontentement populaire », qui n’a, selon lui, jamais été aussi élevé depuis les années 1990. S’il reste « confiant à long terme sur la croissance chinoise », il se dit « très prudent » sur d’éventuels investissements financiers dans le pays.
Le deuxième, Stephen Roach, est un ancien président de Morgan Stanley Asie et a gagné beaucoup d’argent grâce à la Chine. Quand, sous Donald Trump, la propagande chinoise avait besoin d’un avocat américain, c’est souvent à lui qu’elle faisait appel.
Jeudi 28 avril, au moment même où le Financial Times révélait les propos de Weijian Shan, cet économiste aussi écouté à Wall Street qu’à Pékin accordait un entretien à SupChina, un média en ligne spécialisé sur la Chine : selon lui, les principaux problèmes chinois – la politique zéro Covid, la proximité avec la Russie, la mise au pas de la tech… – relèvent « d’un processus de prise de décision étonnamment rigide, qui, premièrement, est incapable de reconnaître ses erreurs et, deuxièmement, n’est pas assez souple pour adopter une stratégie différente ». Pour lui, « même un parti unique et un Etat autoritaire ont besoin d’avoir des débats et d’être capables de se regarder dans le miroir ».
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