Démocratie : une constitution devenue obsolète

Démocratie : une constitution devenue obsolète 

 

L’essayiste Christian Salmon explique que les institutions politiques françaises sont fondées sur des mythes, tels des vestiges surgis des « Mythologies » de Roland Barthes, et ne sont plus adaptées à notre époque.

 

Loin d’ouvrir un nouveau chapitre de la vie politique, l’élection présidentielle de 2022 marque plutôt la fin d’une époque. Un certain régime du politique s’achève dont Emmanuel Macron serait l’épilogue. C’est à la fois la fin d’un régime dans le sens politico-institutionnel – l’hyperprésidentialisme et l’affaiblissement des contre-pouvoirs –, mais aussi l’épuisement d’un certain régime de « croyance » dans le politique, c’est-à-dire le crédit que l’on fait aux hommes et aux institutions. C’est une crise symbolique autant que juridico-politique.

Dans l’esprit du général de Gaulle, le régime présidentiel à la française devait permettre de réaffirmer l’indépendance et la souveraineté de la France dans le monde bipolaire de la guerre froide. Jamais l’une et l’autre n’ont paru aussi menacées. Le déclin de la souveraineté étatique est un phénomène mondial à la croisée de plusieurs révolutions simultanées : dans l’histoire du capitalisme avec la financiarisation et la mondialisation des marchés et les nouveaux acteurs supranationaux que sont les multinationales ; dans l’histoire institutionnelle de l’Europe avec la construction européenne qui opère une déconstruction des Etats-nations qui la composent ; dans l’histoire des technologies de l’information et de la communication avec l’émergence des GAFA [Google, Apple, Facebook, Amazon] et la nouvelle gouvernementalité algorithmique qui s’impose aux Etats et aux citoyens ; dans l’histoire stratégique de l’Europe avec la fin de la guerre froide et l’intégration de la France au bloc occidental sous l’égide de l’OTAN.

 

A la lumière de l’hypercrise actuelle (économique, sociale, sanitaire, militaire…), la Constitution de la Ve République apparaît caduque, d’un autre temps. Elle se dresse dans un monde en mutation accélérée comme l’une des dernières grandes cathédrales gothiques de la vie politique française. Parmi ses défenseurs, elle fait l’objet d’un culte, comme un objet de collection, une survivance digne de figurer dans les Mythologies de Roland Barthes avec le plastique et le Formica, le catch, l’abbé Pierre et la DS Citroën. Ces mythes sont au nombre de cinq.

Le mythe de la souveraineté nationale

La France est le pays européen où la crise de la souveraineté étatique est la plus aiguë, car la Ve République entretient l’illusion d’un « décisionnisme » politique incarné par un président tout-puissant. La mondialisation néolibérale a porté atteinte à tout l’échafaudage de la souveraineté : non seulement dans la dimension effective du pouvoir et de son exercice, mais aussi dans sa dimension symbolique qui représente et reproduit la croyance dans les pouvoirs de l’Etat. Les gestes, les formes, les rites de l’Etat-nation ne sont plus les signes de sa puissance ni les figures de son pouvoir, mais les membres fantômes d’un Etat impuissant, privé de sa souveraineté.

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