Archive mensuelle de avril 2022

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Economie, politique, société: les plus lus (1er avril 2022- 6h00)

Poutine un jour devant la justice internationale ?

Présidentielle 2022 : Macron sur les sites de rencontre !

Société: L’impossible simplification administrative

 

Cacao : L’exploitation éhontée des grandes multinationales sur les petits producteurs

Cacao : L’exploitation éhontée des grandes multinationales sur les petits producteurs

 

 

La professeure de management Jovana Stanisljevic explique, dans une tribune au « Monde », pourquoi la politique conduite par l’Union européenne ne tient pas compte de la situation des revenus des agriculteurs dans les pays producteurs de cacao et menace ainsi le travail des producteurs plus faibles, qui sont aussi les plus essentiels.

Notons en effet par exemple que le kilo de cacao sur champ est payé un peu plus de 2 euros et que le kilo de chocolat transformé est revendu dans les commerces autour de 150 à 300 € le kilo! 

 

Tribune. L

e chocolat est la confiserie la plus prisée au monde, dégustée avec gourmandise par des milliards de personnes. A l’heure où les consommateurs attachent de plus en plus d’importance aux questions liées à l’environnement, la problématique de la durabilité du chocolat se retrouve au centre des débats. Au cœur du problème réside la pauvreté endémique dans laquelle se trouvent de nombreux producteurs de cacao.

Le 23 février, l’Union européenne (UE) a adopté la proposition de directive sur la diligence raisonnable des entreprises en matière de développement durable, qui vise à engager une plus grande responsabilité des entreprises dans le respect des droits de l’homme et les impacts environnementaux tout au long de leurs chaînes d’approvisionnement. Elle prévoit également d’interdire l’importation dans l’UE de produits associés à la déforestation, obligeant les entreprises à apporter la preuve que leur production ne contribue pas à la dégradation de l’environnement.

Le cacao, principal ingrédient du chocolat, est directement concerné. La directive proposée constitue en soi une avancée majeure, mais si elle s’adresse aux multinationales pour les responsabiliser, elle semble, pour le moment, manquer sa cible, car les multinationales se taillent toujours la part du lion. En l’état, le texte n’aborde pas la question cruciale des revenus des agriculteurs dans les pays producteurs de cacao, négligeant ainsi les acteurs ayant les plus faibles revenus et pourtant indispensables à la production de cette douceur mondialement consommée.

La chaîne d’approvisionnement mondiale du cacao se caractérise par une répartition profondément inégale des revenus entre ses différents acteurs. D’un côté, une industrie du chocolat dominée par un petit groupe de multinationales en plein essor avec un marché estimé à 138 milliards de dollars (124 milliards d’euros) en 2022. De l’autre, des millions d’agriculteurs issus des pays producteurs de cacao en Afrique, Amérique centrale et du Sud ainsi qu’en Asie.

Près de 95 % du cacao mondial sont cultivés dans de petites exploitations en autosubsistance, s’étendant sur 1 à 3 hectares. La production de cacao en Afrique de l’Ouest représente actuellement 74 % de la production mondiale. Plus spécifiquement, les deux premiers producteurs mondiaux sont la Côte d’Ivoire et le Ghana.

Cependant, alors que la filière du cacao est dépendante de la production de l’Afrique de l’Ouest, l’écart dans la répartition de la valeur semble plus large que jamais, car les agriculteurs locaux disposent des revenus les plus bas du secteur.

Macron : une campagne électorale d’une grande confusion et d’une grande insouciance

Macron : une campagne électorale d’une grande confusion et d’une grande insouciance

 

 

 

Percuté par la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron entend s’appuyer sur son bilan économique pour briguer un second mandat, malgré un programme qui semble peiner à convaincre, souligne Audrey Tonnelier, journaliste au « Monde », dans sa chronique.

Tellement certain d’être réélu face à Marine Le Pen, le président monarque n’a guère pris de temps et de soins pour préparer la campagne électorale. Il a sans doute considérer que sa personnalité et sa supériorité seront suffisantes pour lui assurer la victoire. Le problème c’est que d’une part le bilan n’est pas évident notamment sur le plan économique et que les promesses paraissent particulièrement brouillonnes et manquent sérieusement de hauteur et de perspectives .Bref le président s’aperçoit peut-être tardivement qu’il serait temps de prendre la campagne électorale un peu au sérieux car les sondages désormais menacent

 

 

Chronique.

 

C’est peu dire qu’il était attendu. Après des semaines de spéculations en tous sens sur le fond et la forme, Emmanuel Macron a finalement choisi de présenter son programme lors d’une conférence de presse devant plusieurs dizaines de journalistes, le 17 mars. Exit, l’effervescence interrogative qui accompagnait le même exercice cinq ans plus tôt, en mars 2017. A l’époque, l’ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée et ministre de l’économie, qui avait démissionné quelques mois plus tôt pour se lancer en solo, faisait figure d’outsider, promettant de rebattre les cartes du jeu politique. Entouré d’économistes de renom (Jean Pisani-Ferry, Philippe Martin, Philippe Aghion…), il avait aussi à cœur d’asseoir sa crédibilité, notamment en matière de politique économique.

Cinq ans plus tard, c’est un président éprouvé par trois crises majeures – sociale, avec les « gilets jaunes », sanitaire, avec le Covid-19, géopolitique, avec la guerre en Ukraine – qui se présente pour un second mandat. Et c’est davantage comme un professeur devant ses élèves, avec une présentation en plusieurs parties et sous-parties égrenée durant plus de quatre heures, qu’est apparu le chef de l’Etat.

Mesures amendées dans les jours suivants par son entourage ou le gouvernement, comme le RSA conditionné à quinze ou vingt heures d’activité ou de formation, chiffrage approximatif ne disant rien de la réelle manière de faire les économies nécessaires pour financer les dépenses engagées… Le président candidat n’est pas parvenu à dissiper l’impression d’éparpillement et d’impréparation, les jours suivants.

Macron compte sur son bilan

Pourtant, jurent ses soutiens, en amont, le travail a été fait : réunions de commissions, envoi de notes… Alors, manque de temps ? D’intérêt ? Depuis un mois, l’invasion russe bouleverse le calendrier du président, qui a longtemps espéré bénéficier d’une « fenêtre » plus apaisée pour se présenter après les deux années de pandémie. Elle modifie aussi les priorités des Français, toujours plus soucieux de leur pouvoir d’achat.

« Soit Macron et Kohler [le secrétaire général de l’Elysée] n’ont pas eu le temps de se pencher sur les détails du projet, et d’arbitrer précisément – or, s’ils ne tranchent pas, personne ne le fait –, soit ils ont voulu se laisser de la marge de manœuvre », lâche, déconcerté, un soutien de la première heure.

idat compte sur un élément majeur pour continuer à le porter : son bilan. Bilan économique avec le redressement de l’économie et la baisse du chômage, qui a atteint 7,4 % fin 2021, et capacité à traverser lesdites crises. Le 17 mars, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), Emmanuel Macron a insisté sur sa « crédibilité liée aux cinq dernières années » : « Je tâche de faire ce que je dis et j’essaie de dire à chaque fois ce que je fais. »

Fin de vie: « Une convention citoyenne » pour se faire encore manipuler ?

Fin de vie: « Une convention citoyenne » pour se faire encore manipuler ? 

 

Dans une tribune au « Monde », la présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs approuve l’idée du candidat Macron de soumettre à un débat national cette grave question.

Il est notamment opposé de créer une convention citoyenne sur le sujet. Un thème qui évidemment mérite une réflexion éthique très approfondie mais qui ne saurait  être soumise au diktat de quelques citoyens savamment choisis pour être manipulés. NDLR

 

Tribune. 

 

Jeudi 17 mars, le président de la République et candidat Emmanuel Macron a présenté son programme. Parmi un grand nombre de mesures proposées, il a exprimé son souhait de consulter les Français afin de répondre aux questions qui se posent sur la fin de vie. Ce projet de consultation citoyenne aurait vocation à « ne céder à aucun raccourci » face à des situations « humaines et déontologiques irréductibles », ce à quoi la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) souscrit pleinement.

Chaque jour, les 10 000 soignants que la SFAP représente vivent ces situations toujours singulières aux côtés des patients et de leurs familles. Face à l’imminence de la mort, chaque malade ou proche aidant est confronté à des questions existentielles. Pourquoi la maladie ? Pourquoi la mort ? Pourquoi cette impuissance face à une issue inéluctable ? Aucune loi ne peut ni ne doit répondre à ces questions. La loi peut en revanche garantir à chacun les meilleures conditions pour traverser cette épreuve constitutive de notre humanité.

Depuis plus de vingt ans, c’est ce que le législateur français s’est efforcé de faire, souvent avec difficulté, parfois avec crainte, mais toujours dans le respect de l’équilibre. Trois grandes lois – Kouchner en 1999, Leonetti en 2005, Claeys-Leonetti en 2016 – ont dessiné un chemin singulier et respectueux, fondé sur la liberté du patient et le refus de l’acharnement, l’égalité des conditions d’accès aux soins palliatifs et la fraternité entre le mourant, ceux qui prennent soin de lui et son entourage qui l’accompagne. Fruits de processus délibératifs longs et fouillés, ces textes se distinguent par leur indifférence aux calculs politiques et par leur grand respect de la diversité des situations et des personnes. Ces trois lois adressent à toutes les personnes malades un message collectif : vous comptez pour notre société et nous allons tout mettre en œuvre pour vous soulager « quoi qu’il en coûte ».

La médecine palliative est née en France de cette volonté démocratique, en prenant le relais d’initiatives pionnières. Son objectif et ses pratiques révolutionnent le monde de la santé et constituent un grand progrès pour notre société. La médecine palliative ne s’attache pas à la pathologie, mais à la personne. Elle n’est pas une spécialité technique, mais un ensemble de pratiques et de rencontres, médicales, paramédicales et extra-médicales, organisées avec pour seule finalité d’offrir au patient et à son entourage un maximum de bien-être et un minimum de souffrance à l’approche de la mort. La médecine palliative est une révolution d’humilité pour le monde médical et pour notre société. Elle ne cherche ni la performance technique ni à repousser la mort à tout prix, mais plutôt à soutenir et soigner la personne pour lui permettre de vivre dignement jusqu’au terme de sa vie. En ce sens, elle renforce notre éthique médicale, fondée sur le serment d’Hippocrate : « Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. »

Relancer la production agricole : une erreur ?

Relancer la production agricole : une erreur ?

 

Un collectif de scientifiques, membres d’institutions, spécialistes de sécurité alimentaire mondiale et de marchés internationaux explique, dans une tribune au « Monde », que la mise en culture des surfaces européennes dédiées à la biodiversité, qui serait désastreuse sur le plan écologique, n’aurait qu’un rôle très marginal pour pallier la réduction de l’offre mondiale.

Des arguments écologiques pertinents mais des  explications sociales un peu douteuses quand on connaît le rapport des populations à la quête quotidienne de nourriture provenant en particulier des céréales dont le prix a doublé. NDLR

Tribune.

La guerre en Ukraine entraîne une hausse des prix du blé, du maïs et des huiles végétales qui menace certains pays fortement importateurs, dans l’est et le sud de la Méditerranée et en Afrique subsaharienne.

En France et en Europe, la profession agricole et de nombreux responsables politiques allèguent une responsabilité nourricière envers ces pays qui exigerait de relancer la production agricole. Le monde aurait changé et les préoccupations environnementales et sanitaires devraient être mises entre parenthèses au nom de la sécurité alimentaire mondiale.

Ce mot d’ordre de produire plus pour nourrir le monde était déjà réapparu en 2008 puis en 2011 à la suite d’une flambée des prix des céréales. Pourtant, pas plus qu’alors, la planète ne manque aujourd’hui de nourriture. D’après les Nations unies, elle en produit environ un tiers de plus que ses besoins nutritionnels.

L’excédent est encore plus élevé si l’on ajoute que près de la moitié de la production céréalière est utilisée en alimentation animale, et dans une moindre mesure pour produire des agrocarburants – cela alors que les pays les plus riches surconsomment des produits animaux bien au-delà des besoins nutritionnels, au détriment de la santé et de l’environnement.

Pourtant, la faim dans le monde augmente depuis cinq ans, changement de tendance historique après des décennies d’une trop lente diminution. La planète n’a jamais produit autant par personne, mais 700 à 800 millions de personnes sont trop pauvres pour accéder à des moyens de se nourrir ou ont dû fuir des crises climatiques ou politiques.

Le mot d’ordre, aujourd’hui, est qu’il faudrait augmenter la production agricole européenne parce que le monde a changé depuis que la guerre est aux portes de l’Europe. Mais le monde avait déjà changé avant cette guerre. Cette production, telle qu’elle est pratiquée, exacerbe différentes menaces : la biodiversité s’effondre, le changement climatique s’accélère, les pollutions (engrais, pesticides, plastique) s’aggravent, la nutrition et la santé se dégradent.

Ces menaces, un temps contestées pour protéger les intérêts de ceux qui y contribuent, sont désormais largement prouvées et connues. En mettant au jour la dépendance de l’Europe aux énergies fossiles importées, la guerre confirme l’absurdité de vouloir relancer l’agriculture industrielle. Car celle-ci est totalement dépendante du pétrole et du gaz naturel pour fabriquer ses intrants (pesticides, engrais, carburants) dont elle ne peut pas se passer, et du soja importé pour l’alimentation animale. Les inquiétudes générées par la flambée du prix de l’engrais azoté sont là pour nous le rappeler.

Gaz russe : Berlin dans la gueule du loup Poutine

Gaz russe : Berlin dans la gueule du loup Poutine

 

Le chancelier Olaf Scholz semblait ces derniers jours procrastiner devant la gravité des conséquences prévisibles pour l’économie allemande de sa dépendance au gaz russe. Mais après un intense débat, le gouvernement allemand a visiblement pris la mesure de l’urgence. (papier du « Monde »)

 

Editorial du « Monde ». 

 

Tel un cerf dans les phares d’une voiture, le gouvernement allemand est pris depuis un mois dans le piège du gaz russe, dont l’économie et les consommateurs d’outre-Rhin sont fortement dépendants. Ce qui était perçu depuis deux décennies à Berlin comme un marché gagnant-gagnant, y compris sous l’angle géopolitique, s’est révélé avec l’agression russe de l’Ukraine non seulement un redoutable levier de Moscou sur l’Europe, mais aussi une véritable bombe à retardement économique et sociale.

Il y a seulement deux mois, le chancelier Olaf Scholz pensait pouvoir résister à la pression de plusieurs de ses partenaires européens et à celle des Verts, ses partenaires de coalition, qui demandaient l’abandon du gazoduc Nord Stream 2. Il a dû céder. L’affaire du gazoduc apparaît aujourd’hui comme un sujet mineur, comparée à l’ampleur du défi qu’affronte à présent l’Union européenne : rompre totalement avec la Russie comme source d’énergies fossiles. Alors que les sanctions occidentales pleuvent sur le régime de Vladimir Poutine, il n’est plus acceptable que les économies européennes continuent de l’aider à financer sa guerre en Ukraine en lui versant chaque jour 700 millions de dollars (626 millions d’euros) en achats d’hydrocarbures.

Lucidité bienvenue

La tâche est la plus rude pour l’Allemagne, qui importe de Russie 55 % de son gaz. La menace formulée par M. Poutine d’exiger le paiement en roubles de ces hydrocarbures a ajouté à la confusion. Les Européens ont refusé ; le président russe a assoupli sa position en appelant M. Scholz et son collègue italien, Mario Draghi, mercredi 30 mars – trahissant ainsi sa propre dépendance aux ressources financières que lui rapporte le gaz. Mais Berlin sait désormais qu’il faut renoncer au gaz russe et que, dans le contexte de la guerre en Ukraine, la rupture peut être brutale. Le temps du déni est révolu.

Après quelques jours d’un intense débat, le gouvernement allemand a visiblement pris la mesure de l’urgence. Mercredi, il a évoqué le déclenchement de mesures de rationnement d’énergie et la mise sur pied d’une cellule de crise dans l’hypothèse d’un arrêt de l’approvisionnement russe. Le ministre de l’économie et du climat, Robert Habeck (Verts), a lancé une campagne d’information pour alerter l’opinion publique sur les effets possibles d’une telle décision : « Nous sommes dans une situation où je dois dire clairement que chaque kilowattheure d’énergie économisée est utile », dit-il.

Cette lucidité est bienvenue. Le chancelier Scholz avait en effet donné l’impression ces derniers jours de procrastiner, face à la gravité des conséquences prévisibles pour l’économie allemande. « La question, ce n’est pas de savoir si nous allons devoir baisser le chauffage de quelques degrés, a-t-il répondu dimanche dans une émission de télévision. La question, c’est de savoir si nous allons pouvoir approvisionner certaines structures. La question, c’est la mobilité. Et la question, c’est un nombre incroyable d’emplois, parce que beaucoup de processus industriels dépendent du charbon, du gaz et du pétrole. »

Mais ce n’est pas qu’une question allemande. Le poids de l’économie allemande en Europe et l’intégration des économies de l’UE font que l’urgence de la réaction de Berlin pour se passer du gaz russe concerne l’ensemble de ses partenaires européens. La perspective possible d’avoir à gérer une économie de guerre requiert une coordination et une solidarité européennes au moins équivalente à celles qui ont été mises en œuvre pour faire face aux effets de la pandémie de Covid-19.

Ukraine : Pour une coordination de l’aide humanitaire

Ukraine : Pour une coordination de l’aide humanitaire

 

Deux chercheurs et un professeur spécialistes des conflits contemporains, Adam Baczko, Arthur Quesnay et Gilles Dorronsoro, mettent en garde, dans une tribune au « Monde », contre les travers possibles d’une aide mal dirigée et non coordonnée pouvant peser sur les institutions ukrainiennes.

 

Tribune.

 

La résistance de l’Ukraine face à l’invasion russe laisse envisager la stabilisation des fronts et donc une guerre longue. Dans ce contexte, la résilience de la société et de l’Etat sera un aspect décisif du conflit. Cependant, l’afflux massif et rapide de l’aide, évidemment nécessaire, peut avoir des effets pervers. En particulier, la manière dont les financements vont s’organiser dans les premiers mois du conflit contraindra les pratiques des années à venir, créant potentiellement des cercles vicieux difficiles à briser par la suite.

Notre expérience des conflits contemporains (Afghanistan, Irak, Libye, Syrie, Mali) nous a appris que l’aide, quand elle est mal dirigée et non coordonnée, fait peser des risques sur les institutions et les sociétés. Premièrement, l’absence de stratégie et de coordination entre les bailleurs de fonds entraîne une allocation irrationnelle des ressources. En Afghanistan comme au Mali, on a assisté à la duplication constante des programmes, par exemple pour la réforme de la justice et de la police, la lutte contre la drogue, et la concentration de l’aide dans quelques provinces a produit d’importantes disparités régionales.

Deuxièmement, le contournement des institutions gouvernementales par les bailleurs de fonds a entraîné leur affaiblissement au profit d’entités ad hoc créées pour être des partenaires de l’aide internationale. Dans les conflits cités plus haut, les cadres les plus compétents sont partis vers les agences internationales et leurs prestataires, alors que les institutions publiques étaient confrontées à une difficulté croissante à acquérir les informations nécessaires à la régulation des agences d’aide.

Troisièmement, l’afflux rapide de ressources a pour effet l’appel à de multiples prestataires – grandes entreprises ou ONG spécialisées – pour réaliser les programmes des bailleurs de fonds occidentaux. Cela entraîne une sous-traitance en cascade, avec pour conséquence que la majeure partie des fonds n’arrive jamais à leurs destinataires.

Par rapport aux conflits que nous avons étudiés, l’Etat ukrainien est bien plus fonctionnel et légitime auprès de la population. La priorité est donc de préserver les structures existantes, notamment en payant les fonctionnaires qui assurent la continuité des services publics (eau, électricité, ramassage des ordures, distribution d’aide sociale, transports publics). Avec les pensions de retraite, les salaires versés par l’Etat jouent un rôle de stabilisateur économique dans un contexte d’appauvrissement généralisé. De plus, les institutions nationales et locales sont les plus à même d’organiser la vie quotidienne, à commencer par l’accueil des déplacés internes (plus de six millions de personnes). La continuité du service public assurée par les agents ukrainiens des chemins de fer ou de l’électricité dans des circonstances particulièrement éprouvantes vient ici à l’esprit. Plus largement, la survie de l’administration ukrainienne est le meilleur moyen d’assurer à terme le maintien de la cohésion sociale et le soutien populaire qui ont si fortement contribué à enrayer l’offensive russe.

Pour la promotion des mathématiques chez les filles »

Pour la promotion des  mathématiques chez les filles 

 

Les mathématiques offrent des possibilités de carrières infinies et une rigueur nécessaire dans un monde surinformé, expliquent, dans une tribune au « Monde », cinquante polytechniciennes, parmi lesquelles Karine Berger, Nathalie Kosciusko, Catherine Sueur et Estelle Brachlianoff.

 

Tribune.

 

En 2022, deux femmes viennent rejoindre Catherine MacGregor (Engie) à la tête d’une entreprise du CAC 40. Toutes trois sont ingénieures, deux d’entre elles sont polytechniciennes. Christel Heydemann (Orange) et Estelle Brachlianoff (Veolia) sont deux femmes qui ont mis les maths au cœur de leur formation.

L’Ecole polytechnique fête cette année les 50 ans de l’ouverture de son concours aux femmes. Pour la première fois cette année, avec la réforme du baccalauréat, certains bacheliers peuvent débuter leur enseignement supérieur sans avoir suivi aucun cours de mathématiques en terminale. Et c’est malheureusement le choix de beaucoup de jeunes filles. Nous, polytechniciennes, nous nous unissons pour promouvoir les mathématiques auprès d’elles.

Il y a de la beauté dans les mathématiques. Il y a du plaisir à en faire. Pour comprendre la Terre et l’Univers, pour explorer la Lune et l’Antarctique, les maths sont indispensables. Dans l’art et la musique, il y a des maths. Pour protéger la planète et lutter contre le réchauffement climatique, la transition énergétique s’appuiera sur des maths. L’esprit rationnel qui accompagne les mathématiques sert à tous les métiers bien au-delà des ingénieurs et des médecins. C’est une passerelle entre le monde des idées et leur réalisation. Jeunes filles, avec les maths, vous choisirez le métier qui vous plaira.

Par la rigueur et la logique, les maths permettent de se défendre contre l’emprise de l’information continue où la parole scientifique est régulièrement discréditée. Savoir discerner la vérité de l’opinion est devenu essentiel dans notre société. Sans mathématiques, pas de recensement, pas de démocratie.

Se mesurer au raisonnement mathématique, c’est se préparer à construire un point de vue argumenté. Sortons du cliché du mathématicien solitaire. Les maths invitent à la créativité, se pratiquent en communauté, établissent des réseaux professionnels.

En entreprise, les maths développent la capacité à convaincre par le raisonnement et permettent l’abstraction qui est nécessaire pour résoudre le cas général – et non le seul cas isolé. Les maths permettent la hiérarchie des tâches en utilisant les ordres de grandeurs ou la vérification chiffrée des arguments. Toutes ces qualités sont attendues par les employeurs et les décideurs. Jeunes filles, avec les maths, vous pourrez créer.

 

Selon les associations de professeurs, en 2022, ce sont plus de 50 % des filles qui abandonnent les mathématiques après la 2de. Autant de carrières passionnantes qui leur échappent et d’absence de mixité femmes-hommes dans des pans entiers de l’entreprise. Décideurs du monde public et du monde privé, remettez les mathématiques au cœur de l’enseignement et de la formation.

Politique -Corse: résister à l’extrêmisme

 

Politique -Corse: résister à l’extrêmisme 

 

Alors que la tension ne retombe pas depuis l’assassinat d’Yvan Colonna, Jean-Charles Orsucci, le maire (LRM) de Bonifacio, salue la volonté de dialogue du gouvernement. Dans une tribune au « Monde », il assure le président du conseil exécutif de Corse de son soutien « pour trouver la voie de l’apaisement ».

 

Tribune.

Je suis né à Aulnay-sous-Bois au début des années 1970. Je suis le fils de deux fonctionnaires corses qui n’aspiraient qu’à retrouver leur île natale, le dernier d’une fratrie dont l’enfance a baigné dans la nostalgie d’une Corse idéalisée en vacances.

Revenu à l’âge de l’adolescence à Bonifacio (Corse-du-Sud), mon berceau familial, j’y ai grandi durant les années difficiles que connut notre région.

J’ai étudié à l’université de Corse, où j’ai connu mes premiers débats enfiévrés sur l’autonomie et les manières turbulentes de les exprimer. J’y ai forgé ma conscience politique propre où mêlent la ferme assurance de faire partie d’un petit peuple fier et l’idéal républicain, ouvert et tolérant, cher à mon mentor, Michel Rocard.

Je me définis comme corse par mes origines et français par ma naissance. Je suis la synthèse complexe de cette double filiation et je ne compte renoncer ni à l’une ni à l’autre.

Comme tous les Corses, j’ai été horrifié par l’assassinat abject du préfet Claude Erignac [le 6 février 1998, à Ajaccio], que rien ne peut justifier. J’ai défilé au lendemain de ce drame avec 40 000 compatriotes pour exprimer ma plus profonde désapprobation et mon rejet de cette violence.

Mais j’ai aussi été meurtri par la culpabilisation générale et la responsabilité collective que certains ont voulu nous imputer après ce crime : aux yeux de certains, les Corses étaient tous coupables. Ces faux procès, ces accusations injustes, ont instillé le poison d’une incompréhension réciproque.

Je suis devenu maire de Bonifacio en 2008, puis conseiller à l’Assemblée de Corse en 2010. Fidèle à mon engagement politique, je n’ai eu de cesse d’œuvrer pour trouver une issue politique pacifiée aux problèmes que rencontrent les Corses : la pauvreté, la précarité, les difficultés à accéder à l’emploi et à la propriété, la vie chère.

Figurent aussi des abcès plus symboliques, comme le rapprochement des prisonniers corses près de leur famille, conformément à la loi. A cet égard, j’ai participé à l’écriture et au vote de plusieurs délibérations demandant que soit respecté ce droit que l’on reconnaît ailleurs aux tueurs d’enfants ou aux assassins djihadistes. En retour, un silence méprisant nous a été opposé, ou le maintien abusif d’un statut de « détenu particulièrement signalé » (DPS) (on a vu ce qu’il en était [c’était le cas d’Yvan Colonna]). Tout cela a été mal vécu.

Aussi, lorsque le 2 mars, un terroriste salafo-islamiste a tenté d’assassiner Yvan Colonna [mort le 21 mars], j’ai immédiatement craint et anticipé un embrasement en Corse. Yvan Colonna ne devait pas mourir en prison et certainement pas de cette façon horrible.

Covid 1er avril :en hausse avec 169 324 cas en 24 heures

Covid 1er avril :en hausse  avec 169 324 cas en 24 heures

On enregistre ce jeudi 31 mars 2022 : 169 324 cas en 24, 142.273 morts au total, +139 morts supplémentaires. Le nombre de décès en EHPAD et EMS fait état de 28.494 (+19) décès au total. Le nombre total de décès en milieu hospitalier est lui de 113.779 (+120 en 24h).

Le taux de reproductivité R est de 1,35 le taux d’incidence à 1.399,65 et la tension hospitalière à 30,7 %. Le taux de positivité est à 31,8 %.

La France compte actuellement 21.922 (+234) personnes hospitalisées et 1.551 (+5) malades en réanimation.

Selon les données de Santé Publique France, Découvrez le bilan des différentes régions françaises et leur évolution :

  • Ile-de-France : 4.457 (+55) hospitalisées, 370 (-3) en réanimation et +12 décès en 24h
  • Grand Est : 1.945 (+42) hospitalisés, 139 (-6) en réanimation et +9 décès en 24h
  • Hauts de France : 2.166 (-16) hospitalisés, 135 (-10) en réanimation et +22 décès en 24h
  • Auvergne Rhône Alpes : 2.233 (+66) hospitalisés, 154 (+6) en réanimation et +14 décès en 24h
  • Provence-Alpes Côte d’Azur : 2.136 (-32) hospitalisé, 163 (-4) en réanimation et +14 décès en 24h
  • Bretagne: 1.100 (+26) hospitalisés, 52 (-1) en réanimation et +12 décès en 24h
  • Normandie : 1.415 (+65) hospitalisés, 77 (+10) en réanimation et +5 décès en 24h
  • Nouvelle-Aquitaine : 1.470 (-5) hospitalisés, 112 (+10) en réanimation et +11 décès en 24h
  • Pays de la Loire : 801 (+21) hospitalisés, 56 (+3) en réanimation et +3 décès en 24h
  • Occitanie: 1.769 (-9) hospitalisés, , 126 (-3) en réanimation et +5 décès en 24h
  • Centre-Val de Loire : 883 (+16) hospitalisés, 58 (+3) en réanimation et +3 décès en 24h
  • Bourgogne-Franche-Comté : 888 (+20) hospitalisés, 60 (+2) en réanimation et +6 décès en 24h

 

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