Guerre en Ukraine: Russes et Biélorusses interdits de compétition internationale ?
En recommandant aux différentes fédérations de bannir les athlètes russes et biélorusses, le Comité international olympique montre enfin sa clarté.
Par Nicolas Lepeltier dans le « Monde »
Analyse.
En excluant la Russie et la Biélorussie des compétitions internationales dans une quasi-unanimité, le mouvement sportif a donné l’image d’une « famille » unie comme rarement. Le Comité international olympique (CIO), patron du sport mondial, a réagi dès le 28 février, quatre jours après l’invasion militaire russe en Ukraine.
Dans son communiqué, le CIO recommandait « aux fédérations internationales de sport et aux organisateurs d’événements sportifs de ne pas inviter ou de permettre la participation d’athlètes et d’officiels russes et biélorusses aux compétitions internationales ».
Message reçu et suivi d’effet le jour même par la Fédération internationale de football (FIFA) et par l’Union européenne de football (UEFA) : dans une décision conjointe, les deux puissantes organisations privaient l’équipe russe du Mondial de football au Qatar (du 21 novembre au 18 décembre) et les clubs russes de toute compétition européenne, dont la lucrative Ligue des champions – la finale a été délocalisée de Saint-Pétersbourg au Stade de France, à Paris.
Par un effet domino, l’écrasante majorité des fédérations sportives, sauf l’ITF notamment, qui régit le tennis – les organisateurs du tournoi de Wimbledon (Royaume-Uni) ont toutefois décidé, le 20 avril, d’exclure les joueurs russes et biélorusses du prochain tournoi en juillet – ont suivi l’appel du CIO, réduisant ainsi le sport russe à l’état de paria. Un sort jusqu’alors réservé à l’ex-Yougoslavie du début des années 1990 et à l’Afrique du Sud de l’apartheid.
Rapide, historique, la prise de position de l’instance olympique, basée à Lausanne (Suisse), a surpris. « En l’espace de quelques jours, la famille du sport était presque au grand complet pour expliquer à quel point il fallait prendre des sanctions dures contre la Russie », s’étonne encore Carole Gomez, directrice de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques.
Une position surprenante en effet quand, ces dernières années, le CIO s’était plutôt fait remarquer par sa frilosité, au nom de sa traditionnelle « neutralité politique », à s’engager sur le terrain du respect des droits humains.
Mais, à y regarder de près, le CIO ne s’est pas mué en ardent défenseur des droits humains dès les premiers coups de canon tirés sur Kiev. Dans son texte du 28 février, l’organisation, qui compte plus de comités nationaux olympiques (206) qu’il n’y a d’Etats membres aux Nations unies, ne fait que « recommander » le bannissement des athlètes russes et biélorusses ; elle ne prend pas cette décision elle-même, mais laisse le soin aux fédérations internationales d’y procéder.
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