Pour un vaste plan écologique et social de l’Europe

Pour un vaste plan écologique et social de l’Europe

 

Dans une tribune au « Monde », un collectif d’économistes, dont Lucas Chancel, Anne-Laure Delatte et Thomas Piketty, forme le vœu de créer un vaste plan européen pour sortir de la dépendance aux énergies fossiles et soutenir le pouvoir d’achat des ménages.

 

La guerre en Ukraine met cruellement en lumière la dépendance énergétique des Européens. Depuis le début du conflit, l’Union européenne (UE) a importé 39 milliards d’euros d’énergies fossiles de la Russie. La flambée des prix du pétrole et du gaz, atteignant des niveaux que l’on n’avait plus connus depuis la crise pétrolière de 1973, menace de causer des tensions sociales majeures. Les mesures prises dans l’urgence par les Etats européens au cours des derniers mois apparaissent à la fois trop lentes, trop faibles et trop peu coordonnées.

Mettre fin aux importations de gaz et de pétrole russe, tout en soutenant le pouvoir d’achat des ménages dans le cadre d’une trajectoire planifiée de décarbonation de nos économies est certes une équation compliquée, mais cela est à la fois indispensable et à notre portée.

Le Green Deal porté par l’Union européenne constitue un premier signal, mais ses objectifs et ses moyens actuels ne permettront pas de répondre adéquatement à l’urgence climatique et à ses conséquences sociales, surtout dans un contexte de tensions accrues sur les marchés de l’énergie. La présidence française du Conseil de l’UE devrait, sans délai, remettre sur la table la proposition d’adopter un nouveau traité européen autour des enjeux de la transition énergétique, avancée naguère par Jacques Delors. Ce traité devrait être articulé autour de trois piliers, et coordonné selon une méthode commune.

Premier pilier : un plan massif d’investissement. Les moyens dégagés par le Green Deal et le fonds de relance et de résilience sont totalement insuffisants. Décarboner nos économies et nos sociétés, et nous libérer du même coup de notre dépendance énergétique à l’égard des pays producteurs d’énergies fossiles, suppose d’isoler massivement les bâtiments publics et les logements, d’électrifier l’ensemble de la production industrielle et agricole, de développer massivement les transports ferroviaires et fluviaux, tant pour le transport des personnes que le fret, et d’atteindre 100 % d’énergie renouvelable. Cela suppose des investissements verts supplémentaires de 1,5 % à 2 % du PIB européen chaque année, selon la Commission.

Deuxième pilier : une véritable stratégie de transition professionnelle. La transition énergétique fera émerger de nombreux emplois nouveaux, mais elle affectera aussi des millions de travailleurs actifs dans les secteurs actuels des économies carbonées (automobile, transport maritime et aérien, extraction et raffinage des énergies fossiles, logistique…). A l’instar de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), le nouveau traité doit comporter un volet de soutien à la transition professionnelle des travailleurs affectés par cette transition, ainsi qu’un fonds de soutien aux classes moyennes et populaires pour faire face aux aléas des prix de l’énergie. Le fonds « transition juste » existant représente seulement 0,02 % du PIB européen, ce qui est totalement insuffisant par rapport aux besoins des ménages et aux entreprises vulnérables.

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